Les lycéens de Toulouse qui partent faire la djihad en Syrie
J’avais en tête au moins deux autres sujets de politique internationale, notamment les suites du référendum en Egypte et l’attentat particulièrement sanglant à Kaboul qui visait un restaurant libanais très fréquenté, notamment par la communauté des expatriés. Il y aurait plus de 20 morts sans compter les blessés. Mais lorsque j’ai vu ce couple de maghrébins, particulièrement bien intégrés, n’ayant aucun signe distinctif, parlant parfaitement bien le français, pleurer le départ de leur enfant de 15 ans pour la Syrie où ils comptent se battre contre le régime de Bachar, je n’ai plus hésité : il fallait en parler et aider ces parents éplorés à retrouver leur progéniture et empêcher que leur cas ne fasse école. Il y avait déjà eu la semaine dernière les pleurs de cette femme française de souche dont les enfants, convertis à l’islam à son insu, ont du jour au lendemain, changé leurs habitudes et enfin pris le chemin la Syrie où ils ont péri au combat…
Le problème est grave et le ministre français de l’intérieur en personne a pris les choses en mains et ses indications ne laissent pas d’inquiéter : le cas n’est pas isolé et je me demande même pour quelles raisons ces drames se produisent à Toulouse.. Est ce dû à l’activité particulièrement virulente des propagandistes islamistes sur place ? Ou bien est ce dû à d’autres facteurs qui nous échappent ?
En tout état de cause, il convient pour le gouvernement de prendre ces affaires au sérieux car on n’imagine pas les catastrophes à venir si, un jour, ces jeunes fanatisés et endoctrinés revenaient dans leur pays, la France, pour y semer la terreur et la destruction… La question qui se pose ne relève pas uniquement de la stratégie policière ou de la manière dont on peut contrecarrer de telles dérives. Il s’agit de briser le cycle de l’endoctrinement et du recrutement…… Ce qui relève d’un tout autre raisonnement.
Comment de jeunes enfants, tout juste âgés de 15 ans, partent d’un coup, rompent tous les liens affectifs, sociaux et culturels pour basculer dans le djihad, dans l’inconnu ? Comment sont ils sensibles aux prêches de fous qui leur rabâchent du matin au soir que leur Dieu les a élus pour se sacrifier et pour aller au paradis ? Cette aliénation, cette néantisation du lien social et familial, sont incompréhensibles, de prime abord.
Plus grave encore : comment la grande civilisation européenne, d’extraction judéo-chrétienne, prêchant l’amour de l’autre, la commisération et la compassion ne parviennent elle pas à s’ancrer dans l’esprit de ces pré adolescents, pourtant nés et éduqués en France et d’en chasser les éléments délétères de cette culture de mort ? Sont- ce la permissivité, la perte de tous repères, la dislocation des liens familiaux qui expliquent une telle dérive sectaire ? Que trouvent ces enfants chez les terroristes qu’ils ne trouvent pas ici, sur place, chez eux et avec leurs parents qui les aiment, les nourrissent et les élèvent ?
L’affaire est grave et il convient de ne pas se tromper de diagnostic. Il semble pourtant que nos démocraties, suisse, française ou européenne, n’aient pas vraiment saisi la nature ni la gravité de l’enjeu. Pendant des décennies, on a fait confiance à un processus d’intégration qui ne tenait pas ses promesses. Pendant des décennies on a laissé s’accumuler les problèmes de ces nouveaux venus qui devaient, par leurs seuls moyens, trouver leur place dans une société complexe et difficile à laquelle ils n’avaient pas été préparés, avec des parents qu’ils n’admiraient plus, des grands parents auxquels ils adressaient des reproches, bref sans modèles ni repères..
Que font les pouvoirs publics ? Pensent-ils attendre l’apparition dévastatrice d’un nouveau Mohammed Merah pour réagir enfin ?