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Vu de la place Victor-Hugo - Page 619

  • Ces jeunes lycéens qui quittent tout pour faire le djihad en Syrie

    Les lycéens de Toulouse qui partent faire la djihad en Syrie

    J’avais en tête au moins deux autres sujets de politique internationale, notamment les suites du référendum en Egypte et l’attentat particulièrement sanglant à Kaboul qui visait un restaurant libanais très fréquenté, notamment par la communauté des expatriés. Il y aurait plus de 20 morts sans compter les blessés. Mais lorsque j’ai vu ce couple de maghrébins, particulièrement bien intégrés, n’ayant aucun signe distinctif, parlant parfaitement bien le français, pleurer le départ de leur enfant de 15 ans pour la Syrie où ils comptent se battre contre le régime de Bachar, je n’ai plus hésité : il fallait en parler et aider ces parents éplorés à retrouver leur progéniture et empêcher que leur cas ne fasse école. Il y avait déjà eu la semaine dernière les pleurs de cette femme française de souche dont les enfants, convertis à l’islam à son insu, ont du jour au lendemain, changé leurs habitudes et enfin pris le chemin la Syrie où ils ont péri au combat…

    Le problème est grave et le ministre français de l’intérieur en personne a pris les choses en mains et ses indications ne laissent pas d’inquiéter : le cas n’est pas isolé et je me demande même pour quelles raisons ces drames se produisent à Toulouse.. Est ce dû à l’activité particulièrement virulente des propagandistes islamistes sur place ? Ou bien est ce dû à d’autres facteurs qui nous échappent ?

    En tout état de cause, il convient pour le gouvernement de prendre ces affaires au sérieux car on n’imagine pas les catastrophes à venir si, un jour, ces jeunes fanatisés et endoctrinés revenaient dans leur pays, la France, pour y semer la terreur et la destruction… La question qui se pose ne relève pas uniquement de la stratégie policière ou de la manière dont on peut contrecarrer de telles dérives. Il s’agit de briser le cycle de l’endoctrinement et du recrutement…… Ce qui relève d’un tout autre raisonnement.

    Comment de jeunes enfants, tout juste âgés de 15 ans, partent d’un coup, rompent tous les liens affectifs, sociaux et culturels pour basculer dans le djihad, dans l’inconnu ? Comment sont ils sensibles aux prêches de fous qui leur rabâchent du matin au soir que leur Dieu les a élus pour se sacrifier et pour aller au paradis ? Cette aliénation, cette néantisation du lien social et familial, sont incompréhensibles, de prime abord.

    Plus grave encore : comment la grande civilisation européenne, d’extraction judéo-chrétienne,  prêchant l’amour de l’autre, la commisération et la compassion ne parviennent elle pas à s’ancrer dans l’esprit de ces pré adolescents, pourtant nés et éduqués en France et d’en chasser les éléments délétères de cette culture de mort ? Sont- ce la permissivité, la perte de tous repères, la dislocation des liens familiaux qui expliquent une telle dérive sectaire ? Que trouvent ces enfants chez les terroristes qu’ils ne trouvent pas ici, sur place, chez eux et avec leurs parents qui les aiment, les nourrissent et les élèvent ?

    L’affaire est grave et il convient de ne pas se tromper de diagnostic. Il semble pourtant que nos démocraties, suisse, française ou européenne, n’aient pas vraiment saisi la nature ni la gravité de l’enjeu. Pendant des décennies, on a fait confiance à un processus d’intégration qui ne tenait pas ses promesses. Pendant des décennies on a laissé s’accumuler les problèmes de ces nouveaux venus qui devaient, par leurs seuls moyens, trouver leur place dans une société complexe et difficile à laquelle ils n’avaient pas été préparés, avec des parents qu’ils n’admiraient plus, des grands parents auxquels ils adressaient des reproches, bref sans modèles ni repères..

    Que font les pouvoirs publics ? Pensent-ils attendre l’apparition dévastatrice d’un nouveau Mohammed Merah pour réagir enfin ?

  • Le monde de l'entreprise sera t il un jour reconnu en France?

     Le monde de l’entreprise libérale sera t il un jour pleinement reconnu en France ?

    C’est bien la question que l’on est en droit de se poser quand on prend connaissance des déclarations assez surprenantes d’un ministre français chargé justement de la production et  donc de la lutte contre les fermetures d’entreprises et du chômage que cela génère.. Tout le monde aura reconnu de qui il s’agit…

    Ce ministre a cru bien agir en faisant de la surenchère, il demande au MEDEF de créer non pas un mais deux millions d’emplois en contrepartie des avantages octroyés il y a quelques jours par le président de la République. Une telle demande a suscité les commentaires amusés et ironiques des observateurs qui font remarquer à juste titre que l’on ne crée pas des emplois comme un pommier donne des pommes : les emplois émanent de la croissance et de la bonne santé des entreprises. Si les gains sont bons et prometteurs, les emplois arrivent presque automatiquement. On recrute car on veut se développer, mieux écouler ses propres produits. Ce n’est pas une affaire de donnant-donnant : je vous aide et vous me créez des emplois, cela dénote, ajoutent les journalistes spécialisés, une mentalité étatique et un dirigisme économique. Or, pour que l’économie redémarre et que la croissance revienne, il faut des gens mus par l’appât du gain et la volonté de réussir, deux attitudes éminemment suspectes aux yeux du socialisme et du dirigisme économique.

    Doit on comprendre que les entrepreneurs et les facteurs économiques sont encore considérés comme l’anti-France, une France frileuse, faite de fonctionnaires, voire la phrase de Jean-Pierre Chevènement, «une France moisie» ? Je ne plaide pas pour ma paroisse puisque je ne suis pas un entrepreneur, mais j’avoue nourrir une certaine admiration pour ceux en France ou en Suisse qui quittent les sentiers battus et se lancent à leurs risques et périls dans l’inconnu…

    Savez vous à quoi me fait penser cette nouvelle alliance, ce partenariat gouvernement / entrepreneurs ? A ce proverbe chinois, jadis mis en avant par l’éditorialiste André Fontaine qui l’a même pris comme titre d’un livre : un lit pour deux rêves…… L’idée est simple au lieu de rêver la même chose, la même vie, on vit dans un monde autre, différent, voire opposé à celui du partenaire. En l’occurrence, le gouvernement attend désespérément une création massive d’emplois pour se renflouer et sauver son pari économique alors que les entrepreneurs sont mus par d’autres motivations. Je n’exclus pas qu’au final ils se rejoignent, mais pour l’heure, il y a loin de la coupe aux lèvres.

    L’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, sans même parler de la Hollande s’en tirent nettement mieux car il n y a pas cet héritage égalitariste hérité de la révolution française et d’une conception mal comprise de l’idée de nation.

    Or, entrepreneurs et salariés font partie de la même nation, pas au même niveau, c’est vrai, mais de la même nation.

    Parfois, il est bon de le rappeler.

  • Le scepticisme grandit après la conférence de presse du président français..

    Le scepticisme grandit après la conférence de presse de François Hollande Bien que seul un tiers des Français jugent positivement la conférence de presse de leur président, celui-ci a au moins marqué un point : il a largement perturbé l’opposition de la droite républicaine qui part au combat en ordre dispersé : certains se disent prêts à soutenir les efforts du président Hollande, d’autres entendent le juger sur ses actes, et d’autres enfin relèvent qu’il s’oriente enfin vers la bonne direction. Que peut-on dire, en gros, sans prendre de position partisane marquée ? Deux choses : a) d’abord que le président a reconnu publiquement le rôle indispensable des entreprises dans la vie économique du pays et son apport crucial dans un éventuel redressement. Notamment lorsqu’il a parlé de l’offre qui doit précéder la redistribution, ce qui est un schéma préconisé par Dominique Strauss-Kahn b) ensuite la nécessaire réforme de l’Etat et la compression des dépenses publiques. Et même s’il a affirmé vouloir préserver le modèle social français, il a reconnu entre les lignes que de nombreuses prestations, devenues insoutenables, allaient progressivement disparaitre. Ce qui signifie, en clair, que la fiscalité a atteint des sommets et qu’elle apparaît déjà comme une mesure confiscatoire aux yeux des citoyens. Ces deux principes sont vertueux mais depuis hier leur mise en pratique apparaît très aléatoire. Il y a d’abord le financement des allègements de charges consentis aux entreprises, à charge pour ces dernières d’embaucher le maximum de chômeurs. Le président a enfin admis que ce n’est pas à l’Etat de se substituer aux forces vives de l’économie nationale ou mondiale. Les entreprises doivent jouer leur rôle, mais voilà il y a la tradition colbertiste du pays et la main mise de l’Etat sur l’économie et les rapports sociaux : chaque fois qu’un conflit social éclate, et l’on comprend la légitime colère des salariés, ces derniers bloquent les routes, retiennent les cadres en otage ou occupent leur usine. Et immédiatement après ils en appellent à l’Etat qui se voit contraint de s’occuper de sujets qui, en principe, ne le concernent pas. C’est la ligne de démarcation entre le social-démocrate (dont la matrice est bien l’Allemagne de Bismarck et de Guillaume II) et le social-libéral qui réduit, autant que faire se peut, le rôle de l’Etat. On se souvient encore de la cuisante remarque de Lionel Jospin qui eut le malheur de dire aux gens de se prendre en main ; eh bien, avant le coucher du soleil il dut revenir sur ses propos tant l’indignation était grande dans son propre camp. Or, c’est là le point nodal du problème : le président Hollande a, assez habilement, il faut le reconnaître, affirmé qu’il comblerait ou compenserait la disparition des rentrées fiscales consenties aux entreprises par des économies réalisées sur les dépenses de l’Etat : réduire le mille-feuille administratif dans les régions, les départements et les communes, concentrer et mutualiser les échelons administratifs ( ce qui était déjà dans le rapport de la commission Attali), bref faire ensemble ce que tant d’autres font séparément. L’idée est brillante, géniale même, mais quelque peu aléatoire car tous les gouvernements s’y sont risqués sans succès. Un exemple criant, qui saute aux yeux : il y a trop de députés, trop de régions, en gros, trop d’élus. Mais voilà, aucune assemblée, aucun groupe ne voudra se faire hara-kiri, réduire le nombre de ses membres, alors qu’il faudrait le faire. Il suffisait, ce matin même, de regarder la revue de presse des quotidiens régionaux pour s’en convaincre. Il y a enfin cette batterie de comités ou d’observatoires que le président appelle de ses vœux qui vont venir se surajouter à ce qui existe déjà. Et je n’évoque même pas le divorce entre les Français et leurs élites dont les citoyens pensent (à tort ou à raison ?) qu’ils ne vivent pas sur la même planète.. Tout en souhaitant, pour la France, que le président Hollande rallie à sa cause la majorité des Français, on ne peut méconnaître le caractère risqué de son pari. C’est particulièrement vrai ce matin, un peu comme si il a fallu attendre que les choses se décantent et que les commentateurs puissent enfin affiner leurs analyses, pour y voir clair. Le seul pari gagné, je me répète, c’est la division de l’opposition qui, une fois le calme revenu, ne tardera pas à reconstituer son unité. C’est habile, c’est astucieux, c’est un exercice réussi, mais est-ce ainsi que l’on doit diriger un grand pays comme la France ? J’ai lu dans Le Monde daté du 9 janvier que le secrétaire général adjoint de l’Elysée, M. Emmanuel Macron, avait déployé de gros efforts pour rallier le chef de l’Etat à ses thèses. Si c’est le cas, c’est bien. Il faut l’en féliciter. Mais un immense chantier attend le chef de l’Etat s’il tente vraiment de réformer cet ingouvernable mille feuille qu’est devenue la France : il faudra réduire de manière drastique les dépenses sociales et reconsidérer largement le modèle social français… Et c’est une mesure urgente qui n’attendra pas 2017, une année dont les observateurs ont relevé qu’elle était souvent évoquée par le discours dans son propos liminaire. Et que fait-on en 2014, 2015 et 2016 ? Le pays attendra – t-il ?