CONFÉRENCE DU JEUDI 9 JANVIER 2014 MAIRIE DU XVIE ARRONDISSEMENT DE PARIS LE DECALOGUE Ce terme lui-même mérite d’être explicité car il s’agit de déterminer s’il s’agit vraiment de lois, de préceptes,, de commandements ou de simples règles. Ensuite de déterminer s’il s’agit d’éléments relevant de l’éthique pure ou d’un système religieux précis. Il faut donc revenir à la terminologie hébraïque elle-même qui recourt à l’expression assérét ha-dibberot. Le mot ne connaît pas d’autres occurrences dans la Bible. Dibberot est le pluriel (rare) de dibbéra ou dibbérét (mot, parole). Cette remarque d’ordre philologique a son importance car la Bible n’a pas jeté son dévolu sur d’autres termes en rapport avec l’idée de commandement ou de préceptes, comme mitswa, hoq, pekuda, ou même Tora. La Bible a eu recours à un terme spécifique formé sur la racine DBR signifiant à la fois une chose, une parole… Il est important que la Tora parle de assérét ha-dibbérot et non de assérét ha mitswot, pour bien montrer qu’il y a là quelque chose de totalement à part.
Vu de la place Victor-Hugo - Page 620
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Le Décalogue
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Oradour sur Glane, soixante-dix ans après...
Oradour sur Glane, soixante-dix ans après
On vient d’apprend qu’un homme de 88 ans, vivant paisiblement à Cologne, a été inculpé pour le meurtre de près de 25 personnes dans le village martyre d’Oradour, alors qu’il était un jeune SS de 19 ans ! On peut dire que la justice a pris son temps.
On l’oublie parfois mais les règles de justice portent atteinte à sa manifestation au motif qu’il faut que la justice soit équitable et qu’elle ne doit accuser ni condamner sans preuves suffisantes.
Je me demande s’il y a là une véritable avancée de la justice quand met près d’un siècle avant d’engager une procédure surtout lorsqu’il s’agit d’actes de barbarie, commis dans des conditions et des circonstances atroces : des centaines d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants, enfermés dans une église et qui y seront brûlés vifs. Et avoir ainsi agi, alors qu’on n’avait que 19 ans……
Une telle annonce intervient alors qu’en France on se trouve en présence d’un personnage qui nourrit ses «spectacles» de telles références en les tournant évidemment en dérision. Il y a un passé qui ne passe pas, il y a des haines qui ne s’expliquent pas et comme me le disait un ami médecin qui relèvent de la pathologie mentale la plus caractérisée : allez expliquer à un schizophrène qui se prend pour Napoléon ou pour autre chose qu’il ne l’est pas..
Nous vivons une drôle d’époque.
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Et si Dieudonné se rétractait, se repentait et changeait ne devrait on pas lui pardonner?
Et si Dieudonné se rétractait, se repentait et changeait, ne devrions nous pas lui pardonner ?
Evidemment, je vais passer pour un aimable rêveur ou pour un philosophe utopiste, ce dernier adjectif pris dans son sens le plus péjoratif , comme quelqu’un qui veut échapper à la loi d’airain de la réalité. Et c’est même pire dans le cas d’un germaniste, censé ne jamais ignorer das Realitätsprinzip, le principe de réalité ? Je ne vous cacherai pas que dans cette sinistre affaire Dieudonné, quelque chose m’inquiète.
Mais soyons clairs et sans ambiguïté aucune : comme l’a dit la ministre de la culture, cet homme s’est égaré, il a depuis bien longtemps quitté le territoire de l’amuseur publique, du satiriste ou du caricaturiste pour s’engager, de sa pleine volonté, dans l’espace boueux et marécageux de l’antisémitisme le plus abject. Je ne voudrais pas faire de la publicité à ce que l’on doit combattre : donc, je ne citerai pas ici les phrases de Dieudonné, rapportées sur LCI, par un maire qui s’en est servi pour justifier l’interdiction du «spectacle» de cet homme dans sa ville… Quand j’ai entendu cela, j’ai frémi et je me suis renseigné auprès de mes amis de la rédaction qui m’ont dit que cet homme avait dit, au cours de ses «spectacles», des choses bien plus insoutenables……
Depuis quelques jours, la France entière ne parle que de cela : depuis les plus hautes autorités de l’Etat jusqu’aux journalistes les mieux connus, tous le répètent à l’envi, même ceux qui estiment que la circulaire de Monsieur Valls n’est pas inattaquable, pensent tout de même qu’on peut réduire cet homme au silence par des voies judicaires plus probantes. Quelques amis, travaillant au Conseil d’Etat, ses contentent, par respect pour leur obligation de réserve et des règles du droit, d’émettre quelques doutes sur le caractère réellement inattaquable de la circulaire ministérielle… Mais ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus.
Je ne veux pas que cet homme fasse figure de victime expiatoire, qu’il apparaisse, aux yeux de quelques uns, comme un homme traqué dont on nie la liberté d’expression, un contribuable qui va bientôt voir s’abattre sur lui les limiers du ministère des fiances.. On entend déjà dire que le fisc l’accuse de blanchiment d’argent, que des mouvements suspects de fonds en direction du Cameroun ont été détectés, qu’il doit au trésor public des sommes considérables, que son «théâtre» ne veut plus renouveler son bail, bref cet homme, par sa propre faute et son aveuglement antisémite, court à sa perte à une vitesse supersonique. L’horizon semble totalement bouché pour lui, sans le moindre espace de ciel bleu.. Pourtant, il ne tient qu’à lui de se régénérer.
Cet homme doit retrouver l’usage de son libre arbitre, il doit faire son examen de conscience et ne pas choisir ce que le Psalmiste nomme une «terre de désolation» (Eréts guezéra) où règne la culture de la mort et du nihilisme. Pourquoi ai je recours à la Bible hébraïque ? Eh bien, tout simplement parce que cet homme qui s’est si gravement fourvoyé porte (sans le savoir) un nom d’origine hébraïque qui correspond aussi au prénom français littéralement Natanaël : Dieu a donné !!
Tout le monde peut se tromper, tout le monde peut se fourvoyer mais les portes du repentir sont largement ouvertes. Qu’il se repente donc et les choses iront mieux pour lui. Qu’il fasse teshuva, qu’il se détourne de son chemin vicieux et s’en tienne à ce qu’il fut jadis avant que l’esprit du mal et de la perversité ne s’emparent de lui.
Mais pourquoi donc trouve t il un malin plaisir à tourner en dérision la Shoah ? Pourquoi donc flatte t il les bas instincts d’un public minable et désorienté qui se dit prêt à tout, juste pour rire sottement de tout et de n’importe quoi ?
J’ignore la dénomination religieuse de Dieudonné et au fond elle ne m’intéresse pas, il est libre de croire ou de ne pas croire. Mais j’aimerais lui suggérer une lecture attentive du chapitre 18 d’Ezéchiel dans la traduction de la Pléiade. On y expose les fondements de l’individualisme religieux, c’est-à-dire en termes plus clairs, que personne ne paie pour les péchés de son père ou de son fils, seule l’âme pécheresse comparaîtra pour être jugée. Mais ce n’est pas sur ce point que je veux attirer l’attention, c’est sur la merveilleuse phrase que le prophète Ezéchiel met dans la bouche de Dieu: je ne recherche pas la mort du pécheur mais je souhaite qu’il abandonne ses mauvaises voies et qu’il VIVE !
En fait, si Dieudonné ne veut pas démentir son propre prénom, et s’il veut vraiment se montrer digne du prénom que ses parents lui ont donné, il doit changer, se rétracter, se repentir. Il retrouvera alors le sentier de la vie (orah hayyim) dont parle livre des Proverbes lequel ajoute : le sentier de la vie, POUR L’HOMME INTELLIGENT.
Il doit faire preuve d’humilité mais aussi et surtout d’intelligence. Cette dimension lui a cruellement manqué depuis quelques années.
Qu’il cesse de se fourvoyer et après tout, il lui sera pardonné. Une vieille tradition situe l’existence de la miséricorde et du pardon aux fondements de l’univers. Le monde ne pourrait pas subsister s’il était soumis exclusivement à la rigueur implacable du jugement. Il faut aussi une grâce dispensatrice de bienfaits.
Encore faut il que ce Dieudonné (si mal nommé) accepte d’être enfin touché, à tout le moins, d’être effleuré, par la Grâce..