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Vu de la place Victor-Hugo - Page 623

  • Les essais de philosophie juive d'Esther Starobinski-Safran

    Les essais de philosophie juive d’Esther Starobinski-Safran

     

    Madame Esther Starobinski-Safran (E.S-S) professeur honoraire au département de philosophie de l’université Jean Calvin de Genève, vient de publier aux éditions Albin Michel un remarquable recueil regroupant différentes études de philosophie juive : l’auteur commence par une belle présentation des notions de paix et de guerre chez Philon d’Alexandrie et mène, par la suite, ses pénétrantes analyses jusqu’au XXe siècle avec Franz Rosenzweig, Martin Buber et Emmanuel Levinas.

     

    Lire ou relire certains extraits de l’œuvre Ô combien sublime de Philon, constitue toujours une délectation. Et ceux que l’on retrouve dans cette première étude de E. S-S ne font pas exception à la règle. Philon spiritualise et idéalise tout ce qu’il touche. Toutes son ouvre en est l’illustration, même s’il continue à garder les pieds sur terre. En jetant son dévolu sur ces deux notions opposées, la paix et la guerre, E.S-S montre que le maître alexandrin a su réintroduire sa vision idéaliste dans les récits bibliques et notamment les légendes patriarcales du livre de la Genèse. Les noms de Melchisédék et de Yérusalem sont interprétés dans ce sens : un roi de justice et d’équité pour une ville de paix. Dieu lui-même est présenté comme la seule entité qui connaît la sérénité absolue. Quant aux hommes, et notamment les plus sages d’entre eux, la paix tant interne qu’externe, reste leur objectif premier. Le sabbat est aussi considéré comme un maillon indispensable conduisant à la paix sur terre. Depuis le livre de Job  (25 ;1) jusqu’aux grands prophètes d’Israël (notamment Isaïe et Jérémie) Dieu lui-même constate que rien n’est plus profitable à Israël que la paix. Aaron le grand pontife est caractérisé par son amour et sa recherche constante de la paix. Mais la notion de guerre défensive, c’est-à-dire de légitime défense est aussi présente chez Philon. C’est l’idée du combattant pacifique qui se défend pour sauver sa vie et préserver la paix. Quand on réfléchit sur de si beaux textes, on ne peut s’empêcher de s’interroger : que serait devenue la philosophie juive, à quoi aurait elle ressemblé aujourd’hui si Philon et le midrash ne s’étaient pas mutuellement ignorés, ou si l’on n’avait pas attendu Azaria de Rossi pour redécouvrir Philon ? Ce contournement voulu ou accidentel de la pensée philonienne a pu profiter au christianisme primitif qui a absorbé une telle substance, se l’est incorporé et a pu bâtir sur son fondement l’antinomisme paulinien.

     

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  • Le cas Dieudonné et Pierre Joxe

    Le cas Dieudonné et Pierre Joxe

    Certains d’entre vous, à Genève comme en Israël, se sont étonnés de mon silence concernant l’affaire Dieudonné. J’ai eu la chance d’écouter ce matin un homme que je connais et admire beaucoup, Pierre Joxe, qui était interrogé sur I-Télé. J’ai trouvé son intervention remarquable. Cet homme a été ministre de l’intérieur sous François Mitterrand et maintenant il est devenu avocat pour défendre une clientèle spécifique, celle de mineurs, français ou étrangers : un long article du Monde lui avait été consacré il y a quelques années. Il y rappelait ses origines judéo-protestantes dont il est fier et expliquait qu’ajoutées à ses convictions républicaines, elles lui commandaient de faire ce qu’il fait.

    Concernant l’humoriste en question, il trouve que le personnage est absolument inintéressant et qu’on lui a donné une surface médiatique qu’il ne méritait point. Je pense comme lui mais il a eu la sagesse d’ajouter que l’on ne pouvait pas en rester là et qu’il fallait agir. Il a raison. Il a aussi expliqué que cette affaire est devenue un sujet gouvernemental puisque le président de la République et le premier ministre se sont manifestés publiquement sur ce point.

    Alors que faire ? Les amis de ce personnage si controversé arguent de la liberté d’opinion et de l’autonomie des artistes et des humoristes qui ont le droit de dire tout ce qu’ils veulent. Soit, mais pas en se moquant des victimes de la Shoah.

    Par ailleurs, les préfets vont prendre dès cette semaine des arrêtés d’interdiction de ces spectacles en raison de troubles à l’ordre public. Il est regrettable qu’en 2014 on soit encore confronté à ce genre de choses.

    Mais je pense, pour ma part, que les choses seraient mortes de leur propre venin si l’on avait évité cette boursouflure médiatique d’un spectacle et d’un individu qui n’en valaient vraiment pas la peine.

  • L'Irak et Al-Quaida

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    L’Irak et al-Quaida

     

     

     

    Ce qui est en train de se passer en Irak dans les villes de Falloudja et de Ramadié est vraiment inquiétant. Les insurgés affiliés à la mouvance islamique d’Al-Quaida, ont, à moins que tout ne trompe, mis l’armée irakienne en échec et contrôleraient l’ensemble d’au moins l’une de ces deux villes. Il faudrait que le torchon brûlait depuis un certain temps dans cette province de l’Anbar qui échappait lentement mais sûrement à l’autorité du gouvernement de Nouri al-Maliki, le Premier Ministre chiite accusé de marginaliser les Sunnites qui ont gouverné le pays sous Saddam Hussein, alors qu’ils n’étaient que 20% de la population globale … Aujourd’hui et depuis la chute du dictateur, les Chiites ont pris leur revanche et cherchent à faire sécession. M. El Maliki ne l’entend pas de cette oreille et a envoyé les forces spéciales reprendre la province, au lieu d’ouvrir de véritables négociations.

     

     

     

    Depuis que le premier ministre chiite a exigé le départ des Américains de son pays, les troubles ont fini des centaines de morts et l’Iran s’est infiltré dans le pays au grand dam des autres composantes de la mosaïque irakienne qui crient à l’ingérence. M. Al Maliki a beau rappeler que le pays est uni et doit le rester, il faut bien reconnaître que les Kurdes ont, par exemple, cimenté leur propre unité et gagné leur autonomie. Ils ont même leur propre milice armée qui veille sur la sécurité de leur province.

     

     

     

    La situation ne serait pas alarmante si le voisin syrien n’était pas en pleine déliquescence. Or, les groupes d’Al-Quaida livrent en Syrie un combat intense afin de faire chuter Bachar. Que se passerait il si les groupes des deux pays faisaient alliance ou unissaient leurs forces ? Aurions nous un nouvel Afghanistan en plein Proche Orient ? On n’imagine pas ce qui se passerait alors.. En outre, la coalition anti –al Maliki se renforce et risque fort de ne pas se tenir tranquille si les urnes ne lui donnaient pas raison dans un avenir relativement proche.

     

     

     

    Cela fait beaucoup dans cette région du monde : le Liban, l’Egypte, la Libye, la Syrie et l’Irak.. Mon Dieu, mais où allons nous ?