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Vu de la place Victor-Hugo - Page 644

  • Les dessous de l'attentat du Kenya

    Les dessous de l’attentat au Kenya

    Est ce que l’Afrique est devenue le maillon faible du monde au point que les islamistes de tout bord y élisent domicile et cherchent à en expulser par la violence tous les chrétiens ? C’est bien ce qui semble se passer dans cette partie du monde dont même le Pr Obama a parlé, en spécifiant qu’il avait en tête l’Afrique du Nord. En effet, tous les prodromes pointent dans la même direction : l’attaque en Algérie, un pays surarmé et riche de ses revenus en hydrocarbures, la Libye ravagée par une véritable guerre civile et plus à l’ouest le Mali où la France est intervenue et enfin, le Kenya, chrétien à 85 ou 90 %. Ce qui est encore plus inquiétant mais ne fait peut-être pas partie de ce vaste plan d’ensemble, c’est la défection de groupes de combattants islamistes qui ne reconnaissent plus l’autorité du général syrien rebelle Selim mais ont fait allégeance à al Quaida, offrant à l’organisation terroriste une implantation inespérée dans la région. L’organisation est déjà bien implantée en Irak, elle va donc menacer le petit royaume de Jordanie, provoquant, en cas de crise, l’embrasement général de la région. Cette affiliation des groupes islamistes anti Bachar à Al Quaida va empêcher les Occidentaux de livrer de véritables armes de guerre, et donc prolonger les souffrances du peuple de Syrie, puisque rien ne bouge.

    La question qui se pose aujourd’hui à la lumière des événements du Kenya est la suivante : est ce la France n’a pas mis le doigt dans un engrenage dangereux en intervenant au Mali puisque tous ces pauvres pays d’Afrique, y compris le Nigéria et le Soudan, sont toujours dans l’incapacité d’assurer eux mêmes leur propre sécurité. Il faut dire que leurs armées respectives servent plus à faire des coups d’état qu’à remplir leur mission d’origine. Le ministre français de la défense a symptomatiquement dit, récemment, que la sécurité de l’Afrique devait être assurée par les Africains. Ce n’est pas certain qu’il soit enfin entendu.

    Alors que faire ? Nous redoutons la multiplication d’attentats similaires à celui du Kenya qui a duré pas moins de quatre jours, offrant à ses auteurs une couverture médiatique supérieure à celle des premiers d’Armstrong sur la lune !! Et même avec l’aide d’experts israéliens, les autorités locales ont mis quatre jours pour en venir à bout. Comment donc les services spéciaux n’ont ils rien décela ? Comment a t on pu dissimuler dans ce centre commercial autant d’armes, de munitions et d’d’explosifs sans être inquiété ?

    Je crains fort que les Occidentaux qui s’apprêtent tout juste à sortir d’Afghanistan ne soit confrontés prochainement à la multiplication d’Afghanistans plus ou moins étendus dans toute l’Afrique.

  • Les attentes des Occidentaux, déçues à l'ONU

    Les attentes des Occidentaux, déçues à l’ONU

    Enfin, un vrai soupir de soulagement, le Pr Obama a compris qu’il n’avait rien à gagner d’une rencontre avec l’actuel président iranien qui ne cachait pas sa volonté de redorer le blason de son pays en dupant une nouvelle fois les Occidentaux comme il s’en était lui-même vanté en 2006. C’est la judicieuse remarque que vient de faire l’ancien maire de New York, M. Guiliani.

    En fait, le nouveau président iranien joue une partition écrite d’avance : il stigmatise publiquement son prédécesseur, ce qui n’engage à rien mais jette de la poudre aux yeux des Occidentaux, toujours friands de ce genre d’exercice. Et surtout la presse occidentale qui souvent tient lieu de conseiller et d’analyste des grands de notre monde,  se charge de trouver au nouvel élu des charmes et des qualités qu’on ne lui aurait jamais soupçonnés. Ainsi va le monde, comme dirait le présentateur de l’émission de LCI.

    Mais, au moins, cette fois ci, le Pr Obama n’est pas tombé dans le piège. Il a tenu un discours ferme assurant ses alliés qu’il se porterait à leur secours s’ils étaient attaqués, il a compris qu’il fallait restaurer un peu sa crédibilité mise à mal, et de manière très sérieuse, par ses atermoiements répétés. Pour ne pas dire ses reculades.

    M. Guiliani a donné une bonne , une très bonne idée : il faut traiter l’Iran des Mollahs comme on traite la Syrie, qui est son alliée : exiger qu’il mette son arsenal nucléaire sous contrôle de l’ONU. Au fond, s’il n’a rien à cacher, cela ne devrait poser aucun problème.

    Les inspecteurs de l’ONU devraient pouvoir faire leur travail tranquillement et comme le pays n’aurait, dit on, rien à cacher, les sanctions seraient levées, l’Ian renouerait avec la prospérité et la stabilité et toute la région en profiterait.. Mais voilà, on est loin, très loin, de ce tableau idyllique… L’Iran ne l’entend pas de cette oreille. Certes, quelques milieux politiques se sont enfin rendus compte que leur pays n’avait pas à se mêler de politique internationale, qu’il devrait réintégrer le concert des nations civilisées et fréquentables et cesser de frayer avec les terroristes… Pourquoi ne pas emprunter cette voie qui arrangerait tout le monde ? La nature même de ce régime iranien le lui interdit.

    Et nous en venons à la personnalité de ce M. Rouhani. Un fait que nos diplomates ignorent totalement en raison de leur formation héritée de la vieille école : cet homme est avant tout un théologien, rompu à la dialectique et aux méthodes herméneutiques héritées d’une autre époque, et surtout un théologien persan, formé à l’exégèse des textes religieux. De tout temps, et depuis le Moyen Age, les théologiens iraniens ont exercé leur ingéniosité exégétique –et Dieu sait qu’elle est grande- sur les relations internationales. Ils ont donné naissance à d’interminables lignées de penseurs et d’exégètes qui ont analysé, sous toutes leurs coutures, le moindre mot, le moindre verset… C’est cette méthode exégétique que M. Rouhani met en application dans son approche des relations internationales. Comment voulez vous qu’il en  soit autrement ? C’est la seule formation qu’il a et elle a façonne son atelier mental.

    Un fait demeure incontestable : en plus de dix ans de négociations, de menaces et de mises en garde, l’Iran a avancé considérablement dans son arsenal nucléaire tandis que l’Occident n’a rien obtenu de concret. Et aujourd’hui encore, les plus grandes puissances se laissent berner par de bonnes paroles : qu’ a dit de concret M. Rouhani à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU ? Rien.

    Cela rappelle fâcheusement la manière dont même John Kerry s’est fait berner à Genève par les Russes. Il a lui-même donné à ses adversaires des verges pour le battre car c’est bien lui qui a soufflé cette solution de placement des armes chimiques sous contrôle international… Cerains pensent même à une sorte de machination en vue de tirer les USA de cette mauvaise passe dans laquelle ils se seraient imprudemment engagés… Syriens et Iraniens savent désormais qu’ils n’ont plus rien à craindre des USA

    Or, si l’Iran avait en f ace de lui des puissances déterminées, si ces mêmes puissances avaient simplement pris à partie son allié syrien, lle pays des Mollahs se serait dit qu’il était la prochaine cible sur la liste.  Et voici qu’une nouvelle fois il s’en tire à bon compte.

    Dans le domaine de la fermeté, M. Hollande a étonné tout le monde. Il a indiqué qu’il attendait des actes. C’est bien et cela montre que sa politique étrangère est indépendante (dans une certaine mesure) et n’est pas à la remarque des USA… Mais malheureusement, c’est toute la formation des diplomates du Quai d’Orsay qu’il faudrait revoir. Vaste programme !

    En arabe pour dire des actes et pas des paroles, on utilise une expression qui fournit une allitération qui n’échappe pas aux locuteurs de cette langue. Et les Iraniens dont la langue, le persan, est proche de l’arabe : le savent bien :

    af’al la aqwal

  • La fin de l’existence légale des Frères musulmans en Egypte ?

    La fin de l’existence légale des Frères musulmans en Egypte ?

    Un tribunal égyptien vient de mettre fin à l’existence officielle des frères musulmans sur les bords du Nil, tout en laissant ouverte la possibilité de faire appel de cette décision pour le moins étonnante ! Cependant, quand on voit l’impéritie du gouvernement de Mohammed Morsi rétrospectivement, on se demande comment on peut commettre autant d’erreurs quand on est au pouvoir.

    Ce jeune et fringant ministre de la défense qui se faisait passer pour un sympathisant des Frères, effectuant sans faute ses cinq dévotions quotidiennes et s’abstenant de vivre à l’occidentale, a bien caché son jeu. D’ailleurs, le président Moubarak qui lui doit sa libération a dit de lui qu’il était très futé, ce qui est l’avis d’un connaisseur ayant eu la haute main sur toute l’Egypte durant trois décennies.

    On revient à la case départ puisque les Frères n’auront plus aucune existence légale en Egypte. Leurs biens ont été saisis, leurs institutions dissoutes et il ne restera plus rien de leurs activités politiques, ce qui signifie que toutes les négociations en vue de dégager une aile modérée de la secte ont échoué. Et, dernier mais non moindre, le général Aboul Fatah al Sissi va sûrement se présenter aux élections présidentielles, sans avoir en face de lui, un candidate islamiste. Le nouveau Hosni Moubarak est né.

    J’avais écrit ici même que M. Morsi avait commis une erreur qui lui serait fatale en limogeant sans ménagement le vieux maréchal (al mouchir) al Tantawi qui n’avait pas dit son dernier mot. L’armée n’a pas accepté ce camouflet, elle est intelligente et sait tout ce qui se passe dans le pays dont elle assure la surveillance et la sécurité. Ce qui veut dire que toutes les conversations gouvernementales, notamment celles des chefs islamistes, étaient écoutées, ce que les principaux intéressés firent mine d’ignorer. Après le limogeage de son chef, l’armée a décidé de réagir à l’égyptienne en faisant semblant de se taire et de se réfugier dans ses casernes. Mais en réalité, le clan du président Moubarak, très puissant tant au sein de l’armée que dans la société civile, tissait sa toile.

    Les dés étaient jetés. Le sort de Morsi était scellé. Mais l’Egypte a perdu près de deux ans et demi. Beaucoup de choses se sont déréglées, d’autres prendront autant de temps pour se remettre en place. Mais une chose est sûre : l’armée tient les choses bien en main et ne lâchera plus jamais le pouvoir. L’islamiste politique en Egypte ne sera plus qu’une petite, toute petite parenthèse dans l’histoire de l’Egypte moderne.

    Au début du coup d’Etat, les USA ont fait mine d’émettre des réserves et de demander la libération des détenus et de leur chef, M. Mors.i En réalité, ils observaient la situation et craignaient qu’elle ne vire à l’iranienne, ce qui constitue à leurs yeux un véritable cauchemar … Cela n’a pas échappé aux généraux égyptiens qui en conçurent une certaine méfiance à l’égard de leurs alliés.

    L’armée égyptienne stimulera les investisseurs, elle est adossée aux Saoudiens et aux Emirats arabes unis qui redoutaient l’installation des islamistes au pouvoir. Ils ont même fait savoir aux généraux égyptiens qu’ils leur offriraient dix fois plus d’argent que l’aide américaine. Là aussi, la crédibilité US en a pris un coup, Washington refusant de cautionner un coup d’état pourtant rendu nécessaire par les projets de constitution islamiste des amis de M. Morsi. Souvenez vous de ces barbus installés dans les travées du parlement égyptien ou des avocats des parties civiles vociférant lors du procès du Pr. Hosni Moubarak…

    Il existe des pays qui n’ont pas de tradition démocratique enracinée ni même de formation politique sérieuse de leurs citoyens. Or, l’armée égyptienne est la seule institution vraiment organisée du pays. Et depuis Nasser, c’est elle qui dirige le pays. Jetez un coup sur la biographie de Sadate, écrite par Robert Solé, qui vient de paraître aux éditions Perrin.

    Certes, les victimes, nombreuses, de ce coup d’Etat sont à déplorer et il y aura certainement de lourdes peines de prison à l’encontre des islamistes et de leurs chefs. Il est presque certain que les généraux n’auront pas trop besoin de manipuler le résultats des élections présidentielles tant le général ministre de la défense fait figure de héros et de sauveur.

    Au fond, la religion comme instrument de la gouvernance de la politique, cela ne marche pas. C’est la grande leçon de cette aventure.