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Vu de la place Victor-Hugo - Page 641

  • François Hollande va t il changer de politique ou de majorité.... ou les deux?

    François Hollande, va t il changer de politique ou de majorité ? Ou les deux ?

    Sans exagération aucune, c’est la question que tout le monde se pose. Même l’homme de la rue. Même les militants socialistes qui sont inquietsd e voir un président issu de leurs rangs friser les côtes de popularités les plus basses jamais atteintes par un président de la Ve République. Ils s’alarment car, selon la côte a été atteinte sans réaction de l’exécutif. Tout le monde se défend mal de l’impression qu’il n y a pas de cap, qu’on procède au coup par coup, on recule quand il y a de la résistance, on maintient quand on se sent soutenu, etc Est-ce diriger ? Est-ce gouverner ?

    Pierre Mendes France nous acait enseigné que gouverner c’est prévoir ! Or, on se demande qui conseille vraiment le chef de l’Etat et s’il calcule politiquement les risques encourus avant d’agir. Prenons quelques exemples : le cas Léonarda relevait d’un simple sous préfet, le président de la République n’aurait jamais dû s’impliquer, même les dirigeants socialistes s’en sont émus.  Le cas de l’écotaxe, bonne en soi, n’aurait jamais dû être imposée à la Bretagne, région sinistrée au plan économique et dont il faut aider au renouveau et au redressement. L’imposition à 75% des revenus de plus d’un million d’Euros va contenter quelques esprits grincheux et ignorants les réalités économiques mais dissuadera nombre de grands dirigeants de venir travaillet gérer leurs affaires dans l’Hexagone.

    A décharge, on doit reconnaître que l’épidémie de fermetures d’usines et de licenciements est à peine croyable. Et même le retour en France de quatre otages du Sahel vient d’être terni par l’exécution de deux journalistes de RFI à Kidall…… Ni François Hollande ni personne n’est responsable. Mais cela contribue à créer un climat où l’on pense que rien ne réussit, rien ne marche, quoiqu’on fasse…

    Il faut donc revoir la composition du gouvernement et ne plus tenir à cette majorité plurielle : les écologistes et les communistes peuvent partir le PS gardera la majorité. Mais il faudrait que ce gouvernement monochrome fît une politique oscillant entre le centre gauche et le centre droit.

    Certains pensent que c’est la seule voie praticable et que pour y arriver il faudra dissoudre. Mais qui s’y risquera ?

  • L'attaque du port de Lattaquié d'avant-hier

    L’attaque contre le port de Lattaquié d’avant-hier

    Les nouvelles en provenance du Proche Orient sont toujours contradictoires et pour le moins inattendues. Alors que l’on apprend de manière surréaliste que les inspecteurs de l’ONU ont détruit les installation de production de gaz toxiques dans les 21 sites que le gouvernement syrien a bien voulu leur révéler, et ce avec un jour d’avance sur le délai prévu, on apprend qu’un étrange raid a frappé une base de missiles dans le port de Lattaquié. Etait-ce un raid aérien ou une attaque à partir de la mer, ou bien les deux. Même l’idée des assaillants ne semble pas claire même si les soupçons se portent à juste titre sur Israël qui fera tout pour que des missiles pouvant atteindre son territoire ne tombent jamais entre les mains de son ennemie le Hezbollah

    Au fond, dans cette région du monde, on peut dire qu’un conflit chasse l’autre. La guerre civile en Syrie continue de faire rage mais cette fois ci les troupes de Bachar el Assad sont nettement mieux placées qu’il y a quelques semaines. Je n’exclus pas, pour ma part, une reconquête totale du territoire syrien par les soldats loyalistes, car les Occidentaux se refusent à armer des islamistes réputés incontrôlables et anti occidentaux. Et on comprend cette prudence quand on voit ce qui se passe en Libye et en Tunisie.

    Pourquoi donc Bachar continue t il à s’attirer les foudres d’Israël alors qu’il a déjà bien du mal à gérer la situation intérieure de son pays ? C’est très probablement l’allié iranien qui n’a pas digéré les coups que lui assènent la CIA et d’autres services dans cette guerre de l’ombre qui décime un certain nombre d’ingénieurs atomistes iraniens. La présence iranienne en Syrie est telle que l’on n’observe plus la moindre défection d’un général ou d’un colonel. Et même sur le terrain, les troupes marquent des points, preuve qu’elles sont mieux commandées et par des officiers absolument sûrs…

    On apprend aussi que la tension monte du côté de Gaza où des soldats israéliens ont été blessés lors d’une opération de dégagement d’un tunnel. La réponse de Tsahal a neutralisé les assaillants.

    Décidemment  on n’arrivera jamais à changer de méthode, à remplacer la violence par le verbe et la haine par l’harmonie. Si cela continue, on ira au-delà de la guerre de cent ans, dans une région du monde qui a vu naître le monothéisme éthique… Incroyable !

  • Anouar el Sadate, le retardataire qui avait rendez vous avec l'Histoire

    Anouar El Sadate, le retardaire qui avait rendez vous avec l’Histoire

    Quand on pose ce beau livre de Robert Solé, ancien journaliste au Monde, on se demande comment un homme à la peau si noire, aux origines si modestes, à l’intelligence prétendument limitée, a pu imprimer sa marque à l’histoire de son pays, faire la paix avec Israël (ce qui lui coutera la vie), braver le fanatisme des autres Etats arabes et renverser l’alliance de son pays avec l’URSS pour l’amarrer durablement aux USA, une politique que poursuivra son successeur le vice-président Hosni Moubarak.

    Robert Solé relate cette vie dans un style élégant et clair, corrigeant souvent certains  traits hagiographiques de l’autobiographie officielle de son auteur. Né dans un petit village loin du Caire, dans une famille des plus modestes, le jeune Anouar suit ses parents qui s’installent dans la capitale. Un mariage qui ne durera pas mais lui donnera plusieurs filles est contracté avec une jeune femme qui ne supporte pas la comparaison avec le futur amour de toute sa vie, la célèbre Jihane dont les origines anglaises sont connues.

    Au cours de la seconde guerre mondiale, cet homme devenu soldat et ensuite officier alors qu’il voulait ardemment monter sur les planches (Solé fait état de pièces de théâtres ou de romans écrits), flirte quelque peu avec les puissances de l’axe dans l’intention de chasser l’occupant britannique du sol égyptien. Au terme de péripéties qu’il serait trop long de résumer ici, il est jeté en prison, parvient à s’enfuir, finit par obtenir sa grâce et sa réintégration dans l’armée.

    En ce temps là, le roi Farouk régnait sur l’Egypte et les jeunes officiers libres complotent pour le renverser. Sadate est mis dans la confidence mais le jour dit, il arrive en retard. Ce laisser aller, cette imprécision ne laissent pas Gamal Abd el Nasser indifférent qui, après le coup d’état militaire du 25 juillet 1952, cantonne son compagnon d’armes à des rôles subalternes. Sadate transitera par des postes de second plan avant de parvenir aux premières places : il lui faudra patienter 12 ans avant d’accéder à la vice-présidence de la République, poste largement honorifique du vivant de Nasser mais précieux emplacement à la mort de celui-ci. Sadate parviendra à la magistrature suprême alors que le clan des Nassériens était d’avis qu’il serait tout juste un bon président de transition.

    Ce ne sera pas le cas ; patiemment mais systématiquement le nouveau raïs se débarrassera de ses concurrents et de ses ennemis. Solé relate qu’après avoir donné ses instructions au chef de la sûreté publique, il ajoute d’un ton égal : et voici la liste de ceux qu’il vous faut arrêter ; coffrez les  moi (lamm houm).

    Sadate régna comme le pharaon d’Egypte de 1970, date de la mort de Nasser à 1981, le 6 octobre, date de son assassinat. Le fait le plus marquant fut la signature d’un traité de paix avec Israël et auparavant sa visite surprise à Jérusalem qui provoqua la stupeur du monde arabe, et même bien au-delà. Et puis ce furent les longues négociations de Camp David sous l’égide du président Carter . Au sujet de ces longues négociations, voici une anecdote assez incroyable : la délégation israélienne comprenait, entre autres, le ministre de la défense, Ezer Weizmann, qui trouvait Sadate éminemment sympathique. Un jour, alors qu’il faisait du vélo dans Camp David, Weizmann tombe sur Sadate qui se promène avec ses collaborateurs. Le ministre israélien de la défense descend de vélo et va embrasser Sadate qui en éprouve une grande fierté. Une fois que Ezer s’est éloigné, Sadate se tourne vers ses proches et leur dit ceci : Weizmann n’est pas un juif, il est mon frère…

    Intéressant, non ?

    Maurice Ruben in Tribune de Genève du 31 octobre 2013

    Robert Solé, Sadate, Perrin. 2013