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Angela Merkel, superstar
Je me demande vraiment ce que pense Helmut Kohl, celui qui découvrit Angela Merkel et lui donna sa toute première chance, une chance qu’elle a saisie pour ne plus la lâcher. Mais, au gré de son ancien protecteur, elle l’a vraiment lâché, lui Helmut Kohl, détruisant, dit il, ce qu’il avait entrepris de construire.
Ainsi va le monde : on est souvent dépassé par ceux que l’on promeut et le temps qui passe peut nous rendre amer.
Mais en dépit de ces réflexions un peu désabusées, il faut bien rendre hommage à cette fille de pasteur, née et éduquée de l’autre côté du mur, une jeune femme au tempérament bien particulier et si germanique, qui ne s’est jamais accommodée d’un Nicolas Sarkozy trop latin, qui n’arrêtait pas de la toucher, de gesticuler autour d’elle, elle la protestante sévère et rigide, qui ne sourit presque jamais et qui, en dépit des apparences, a un caractère bien trempé. A l’époque, lorsque les politiciens chevronnés d’Allemagne l’ont vue arriver, notamment ceux de Bavière, ils eurent l’impression qu’elle ne ferait pas le poids et qu’elle ne faisait vraiment pas l’affaire. Ce serait, au mieux, un chancelière d transition et voici qu’elle a déjà deux mandatures derrière elle et s’apprête, à moins que tout ne trompe (wenn nicht alles täuscht) à en ajouter une troisième.
Ce qui me frappe aujourd’hui, ce n’est pas que les Allemands s’apprêtent à la reconduire, il faut bien reconnaître que cela va de soi, car si vous regardez le candidat des sociaux démocrates, vous comprenez de suite qu’il ne fait pas l’affaire et constitue une sorte de candidature de témoignage. J’écris cela (bei allem Respekt) mais tout de même, l’autre candidat fait penser à petit notaire de province…
Il y a un indice qui ne trompe pas : c’est que les Français, connus pour leur laisser aller et leur laxisme votent pour Angela, en dépit de toutes les tentatives, plus ou moins sournoises de mettre en évidence les failles et les imperfections du système allemand. Depuis quelques jours, et grâce l’aide des grands media, on voit sur les écrans de télévision des citoyens allemands se plaignant de leur précarité, des difficumtés qu’ils ont à se loger, voire même à manger à leur faim… Certains journaux français, toujours les mêmes, leur emboîtent joyeusement le pas. Mais cela ne suffira pas pour inverser la tendance.
Quand il faut redresser une situation, on recourt à des moyens radicaux et je pense que tous ceux qui, en France, ont posté leur chèque à l’administration fiscale le 16 septembre avant minuit, savent de quoi je parle.
Pour parler d’efforts à fournir, bref de sacrifices à faire, les Français recourent à une image de cuisine : pour faire une omelette, il faut casser des Œufs. Les Allemands y vont bien plus fort et utilisent des références à la menuiserie et au fer. Voici ce qu’ils disent : là où l’on rabote, des copeaux tombent… (wo gehobelt wird, fallen Späne). Quand vous situez ces deux images dans leur contextes respectifs, vous comprenez aussitôt les différences entre les Français et les Allemands. Et surtout vous comprendrez enfin pourquoi les Allemands comme les Français votent Angela.