Mohammed Morsi, la fin du commencement
On peut relever, sans immodestie de notre part, que les choses se déroulent en Egypte conformément aux prévisions. L’armée s’est rangée du côté du peuple, elle a fait défiler dans le ciel cinq ou six hélicoptères ornés du drapeau national, apportant son soutien au peuple. M. Morsi aurait dû saisir cette opportunité pour partir la tête haute, si je puis dire. Têtu et peu animé de discernement politique, il a commis l’erreur de rejeter l’ultimatum de l’armée. Celle-ci n’aura donc aucun scrupule à le bouter hors de son palais, voire même à le mettre aux arrêts pour mauvaise gouvernance et ou pour politique préjudiciable au peuple, sans compter les très nombreux excès et exactions commis contre ceux qui pensent différemment des Frères Musulmans.
Mais faisons un bref retour en arrière et essayons de titrer quelques enseignements de ce qui se passe : pour la première fois, un peuple musulman, mais non arabe à l’origine, rejette fermement le régime des islamistes qu’il avait pourtant porté à sa tête un an plus tôt. Le verdict est clair et net : la religion inspirant la politique, cela ne marche pas. La maturité politique de ces partis politiques est insuffisante. Ce n’est pas la religion que l’on met dans son assiette, ce ne sont pas des prières que l’on récite face aux boutiquiers qui nous vendent du pain, des légumes, de l’eau et de la viande, ce sont des écus sonnants et trébuchants. Or, l’Egypte est ruinée, exsangue, et par dessus le marché, en proie à des troubles. Nul doute que l’exemple égyptien sera scruté par d’autres pays voisins ou lointains, tentés par la même expérience désastreuse.
Au fond, M. Morsi peut se prévaloir d’une élection régulièrement gagnée pour rester au pouvoir. Mais l’armée ne l’entend pas de cette oreille et juge que la situation ne ferait qu’empirer s’il conservait, y compris en apparence, les rênes du pouvoir. Dans l’histoire, c’est bien la première fois qu’un peuple de cette région du monde, si peu habituée à la démocratie, rappelle fermement qu’il est la source absolue de toute légitimité politique et qu’il peut, s’il le juge bon, défaire ce qu’il a fait précédemment.
M. Morsi comment une lourde erreur en rejetant l’ultimatum de l’armée, cette armée qui a vécu trois décennies durant à l’ombre du président Moubarak lequel doit savourer sa revanche dans sa cellule : il a tenu trente ans, a apporté à son pays la paix et un certain renouveau économique. Certes, ce n’était pas la prospérité mais il a su imposer une certaine stabilité.
Quand on jette un coup d’œil circulaire sur la région, on ne trouve que de la haine et du sang : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, l’Egypte, Bahrein, même la Turquie se met à tanguer dangereusement. Mais dans cette région si mouvementée, existe un petit Etat dont le niveau culturel et économique est comparable à celui de l’Europe, un pays démocratique où les généraux gagnent toutes les guerres mais ne menacent jamais le gouvernement en place, un pays à la pointe des découvertes technologiques, médicales et autres. En somme, un Etat qui pourrait être une chance pour ses voisins s’i ces derniers voulaient enfin la saisir et regarder la réalité en face.
Devinez lequel…