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Vu de la place Victor-Hugo - Page 703

  • Un espoir de guérir de la maldie du sida?

    Un espoir de guerir de la maladie du Sida ?

     

    Aujourd’hui, je devais parler de l’action combinée des troupes françaises et africaines (enfin celles qui ont bien voulu se présenter au combat)  contre les terroristes islamistes et m’interroger sur la neutralisation réelle ou supposée de deux chefs Abou Zaïd et Mokhtar Belmokhtar. Mais en entendant parler du cas de ce bébé de moins trois ans sauvé d’une mort certaine, suite à l’infection par sa mère du virus du sida, j’ai décidé d’évoquer ce même sujet de l’immense espoir qu’il représente pour l’humanité.

     

    On se souvent des différentes réactions suscitées jadis par l’apparition de cette terrible maladie que certains voulaient présenter comme une sorte de punition divine pour pratiques sexuelles condamnables. Au fur et à mesure, on s’est souvenu de la définition scientifique de la maladie par Hippocrate : un dérèglement de l’équilibre biologique dans lequel une quelconque intervention surnaturelle n’a rien à faire. Certes, cela est vrai, mais il convient tout de même d’avoir un comportement digne d’un être humain.

     

    Aujourd’hui, D- soit loué, nous sommes loin de tous ces préjugés et c’est l’espoir d’une guérison qui apparaît. Que s’est-il passé aux USA ? Les médecins ont constaté qu’un bébé de moins de trois ans, contaminé par sa mère, survit sans aucun trace de cellules cancéreuses alors qu’on a interrompu le traitement depuis plus de dix mois. Le bébé, une petite fille, est-il guéri ? C’est ce que nous espérons de tout cœur. J’espère seulement qu’il ne s’agit pas que d’une rémission.

    Mais c’est déjà ça et du coup les médecins pousseront un peu plus loin leurs recherches qui seront alors couronnés de succès.

    Möge Gott uns erhören !

  • L'Egypte traverse une très mauvaise passe

    L’Egypte traverse une très mauvaise passe…

    Hier soir je regardais al-Arabiya qui rendait de troubles sérieux qui éclatent dans la zone de Port Saïd où une voiture des forces de police a écrasé par deux fois le corps d’un manifestant dont le frère est intervenu à chaud sur l’antenne. Des manifestants surexcités demandaient la traduction en justice du président Morsi, ils se plaignaient de ne rien avoir ni travail ni logement etc.. et se demandaient s’ls devaient mourir puisque sous peu, ils n’auraient même plus rien à boire et à manger… Même le journaliste qui rendait compte in situ des affrontements avec la police avaient les yeux embués de larmes en raison des tirs par les policiers de gaz lacrymogènes.

     

    Visiblement, l’Egypte ne se fait pas à l’idéologie des Frères musulmans et s’installe dans un état de profond mécontentement (ghadab).  Parallèlement à cela, on a pu voir les chefs de l’armée et le ministre de la défense exprimer leur inquiétude tout en faisant semblant de ne pas interférer dans le cours des événements. On ne fait pas de politique, disent-ils…

     

    Mais il est évident que cette armée, le seul corps vraiment organisé et structuré de la société égyptienne, laisse le régime s’enliser dans le marasme économique et le désordre social (pas un jour ne passe en Egypte sans des manifestations soit contre la politique des Frères soit le marasme économique). Le moment venu, elle rependra les rênes du pouvoir. C’est ce que semble croire le nouveau secrétaire d’Etat US M. John Kerry qui est allé jusqu’à s’immiscer dans les affaires intérieures égyptiennes : il a conseillé à l’opposition de prendre part aux élections alors que celle-ci le refuse en raison de l’opacité et des irrégularités héritées de l’ère Moubarak. Les USA conduisent une diplomatie à la Janus dans la région, ils se rendent compte du peu de fiabilité de leurs alliés dans la région.

     

    Mais leur allié le plus fidèle dans la région arabe de ce point du monde, c’est l’armée égyptienne qu’ils forment et équipent. M. Morsi a beau dire, il a les mains liés par la situation économique dramatique de son pays. Si cet homme réussit à se maintenir jusqu’au terme de son mandate, l’expérience islamiste en Egypte aura été une parenthèse de bien courte durée.

  • M. Erdogan, le sionisme, «un crime contre l'humanité»?

    M. Erdogan : le sionisme est un «crime contre l’humanité» ?

     

    Pour l’actuel premier ministre turc, les jours se suivent et se ressemblent étrangement. Voici belle lurette qu’il n’avait fait des déclarations tonitruantes qui lui donnent le sentiment d’exister  enfin sur la scène internationale. Avant-hier, même le secrétaire d’Etat US, John Kerry, en visite officielle  à Ankara, n’a pas hésité à livrer son étonnement en prenant connaissance de telles déclarations.

    Evitons les réactions cutanées même si la nature impulsive de M. Erdogan ne laisse pas d’indigner l’opinion publique internationale. Ce matin, une chaîne de télévision US a consacré un commentaire à la situation de la Turquie actuelle et à la personnalité assez énigmatique de son premier ministre islamiste.  Le journaliste s’est livré à une impressionnante énumération des faux pas, des fautes d’appréciation et des erreurs de cet homme qui a de grandes ambitions pour son pays.

    Parvenu au pouvoir à la suite d’une très délicate situation économique de son pays, M. Erdogan a commencé par suivre la ligne diplomatique de ses prédécesseurs qui entretenaient des relations chaleureuses avec Israël, y compris sur le plan militaire, l’Etat juif ayant entraîné les pilotes turcs et équipant certains secteurs de l’armée d’Ankara (drone, hélicoptères de combat, etc…). M. Erdogan a même abrité chez lui des négociations secrètes entre Israël et la Syrie du temps de M. Ehud Olmert. Et puis soudain, ce fut le revirement, brutal et imprévisible mais qui s’explique par les échecs, reconnus ou pas, de la diplomatie turque au niveau de l’Europe et de son rôle de puissance régionale au Proche Orient.

    On se souvient de l’algarade à Davos en présence du président israélien Shim’on Pérés qui n’en croyait pas ses oreilles tant les  récriminations du Turc étaient effarantes.

     

    En fait, M. Erdogan avait compris que son pays était dans une impasse : face au refus de l’Europe de l’accueillir, il comprit que le seul débouché qui lui restait était le monde arabo-musulman. Et l’unique façon de s’y faire une place et de s’y frayer un chemin, était d’enfourcher le vieux dada de la cause palestiniennes. Ce qu’il fit avec l’enthousiasme débordant qui le caractérise. Mais dans ce domaine, il n’était pas seul et les obstacles ne tardèrent pas à se dresser sur son chemin :

     

    a)           d’abord l’Iran qui nourrit les mêmes ambitions de puissance régionale et qui est mieux implanté dans les lieux grâce au régime syrien et à son allié libanais, le Hezbollah

    b)           ensuite l’Arabie saoudite qui a pris la tête des monarchies pétrolières du Golfe, connues pour leur alignement sur la politique US qui garantit leur sécurité

    c)           et enfin le refus des musulmans arabes de se voir représentés par des Turcs qui ne suivent pas les mêmes traditions. N’oublions pas le rôle trouble joué par Ankara dans les négociations autour du nucléaire iranien. Ici aussi, M. Erdogan n’a pas réussi à s’imposer.

     

    M. Erdogan s’est trompé maintes fois : il a misé sur son alliance avec la Syrie, a tressé des couronnes à Bachar el Assad et voici que depuis près de deux ans celui-ci a mis à mort près de 80 000 de ses concitoyens, a jeté sur les chemins de l’exil plusieurs centaines de milliers d’autres (en Turquie, en Jordanie, en Irak et au Liban) et se trouve aujourd’hui mis en accusation devant les instances internationales… Et M. Erdogan l’a traité de la pire des façons devant l’opinion internationale, mais sans jamais se livre à la moindre autocritique.

     

    N’est ce pas ici qu’il faudrait chercher le crime contre l’humanité ? Toutes les institutions non-gouvernementales le pensent, mais M. Erdogan n’en a cure. Il semble qu’il ait une affection particulière pour les erreurs…

     

    L’étonnement atteint son point culminant lorsque les journalistes américains ont mentionné les crimes reprochés depuis des décennies à la Turquie moderne, contre les Arméniens (qui demandent réparation et la reconnaissance par la Turquie des crimes commis contre son peuple) et enfin les Kurdes avec lesquels M. Erdogan tente d’établir un modus vivendi acceptable pour son pays.

     

    Tout observateur attentif et objectif comprend immédiatement qu’un tel homme, avec un tel arrière-plan historique devrait se garder à tout jamais de parler de crime contre l’humanité. On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu…

     

    Il existe d’autres moyens d’occulter ses échecs et il est même dangereux de tout faire pour parvenir à ses objectifs. La fin ne justifie pas les moyens. Frappant avec insistance à l’huis d’une Europe passée aux abonnés absents, le premier Ministre turc se retrouve face à un arrière-pays misérable constitué d’anciens satellites de l’ex URSS… C’est moins prestigieux que l’Europe. Et Israël est devenu pour lui un confortable abcès de fixation, un exutoire, oserai-je dire, une tête de Turc…

     

    La Turquie est une grande nation, elle a eu à ses tête de grands hommes tel Ata Turc, qui était, lui, l’authentique père des Turcs. En plus, l’empire ottoman a joué un rôle des plus positifs après l’infâme décret d’expulsion des juifs de toute la péninsule ibérique, en 1492. Bajazet II avait accueilli les expulsés juifs les bras ouverts. Et mes propres ancêtres en faisaient partie.  L’un des meilleurs kabbalistes d’Espagne, un certain Moshé Elmosnino  (XVIe siècle) s’y était réfugié avec sa famille et y avait publié ses écrits.

     

    C’est un ancêtre de ma propre mère (ZaL).

     

    Les juifs purent s’épanouir sur tout le territoire ottoman, y développer une vie juive authentique. Vous connaissez tous l’aventure du faux Messie Sabbataï Zewi (1626-1676), natif de Smyrne. Certaines villes turques devinrent de véritables centres d’érudition juive où furent imprimées maints ouvrages kabbalistiques…

     

    Le peuple turc a le droit de nourrir de grandes aspirations. Il a la légitimité pour occuper la place d’honneur qui lui revient. Il a toujours eu une politique d’accueil et d’entraide. Il ne devrait pas avaliser une politique qui est attentatoire à un glorieux passé, fait de paix et de belle coexistence entre l’identité juive et la culture ottomane.

     

    Le premier ministre turc devrait se ressaisir et surtout sa calmer. Il faudrait aussi offrir à M. Erdogan une version en turc des Lumières de Cordoue à Berlin.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 2 mars 2013