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Vu de la place Victor-Hugo - Page 707

  • La politique, l'argent et le journalisme d'investigation

    La démission du ministre français du budget : la politique, l’argent et le journalisme d’investigation

     

    C’est hier que le ministre du budget a remis sa démission afin de pouvoir mieux assurer sa défense sans placer le gouvernement auquel il appartenait dans une situation délicate. Nous n’avons pas à porter ici de jugement sur l’intéressé en raison de la présomption d’innocence. Ce qui est cependant étonnant, c’est que le présumé coupable, ait remis sa démission alors qu’il était en droit de demander une contre expertise sur son empreinte vocale et sur les indices présumés rassemblés par les enquêteurs.

     

    Le retrait d’un ministre, la mise en accusation d’un homme, le déballage de faits plus ou moins avérés par une presse à scandales ne laisse pas indifférent. C’est une véritable tragédie personnelle, même si les hommes et les femmes politiques doivent savoir que dans leur position, une transparence absolue est exigée.

     

    Un mot à présent sur le pouvoir politique et l’argent : dans les pays de culture catholique, on évite ce sujet car l’argent, la puissance économique et financière ont toujours été l’objet d’une suspicion généralisée. Il en va autrement dans les pays à dominante protestante ou chez les Anglo-saxons où la richesse est bien vue et considérée comme un don de la Providence. Voyez les grands industriels flamands, les USA, la Grande Bretagne où le rapport à l’argent est tout autre.

     

    Mais il faut aussi examiner l’influence  de l’argent sur la nature humaine. On dit généralement que l’homme est sensible à trois tentations majeures, dans le désordre : l’argent, les femmes et les honneurs. Or, des trois, c’est bien le premier point qui permet d’acquérir les deux autres… Il fut un temps où les partis politiques devaient magouiller (pardonnez le choix du terme) pour financer les campagnes électorales de leurs candidats. D’où une cascade de procès,  inaboutis pour la plupart, d’annulation d’élections, de fausses factures et de financements litigieux (même l’ancien président français est actuellement sous le coup d’une enquête…)

     

    Ecrasées par une domination masculine sans égale tout au long de l’Histoire, les femmes sont particulièrement sensible au pouvoir et ont subi les caprices de leurs seigneurs et maîtres (expression héritée du Moyen Âge). Elles furent contraintes d’en passer par où les hommes voulaient pour espérer survivre ou simplement tirer leur épingle du jeu. C’est tout à fait anormal et cela doit cesser immédiatement. Mais parviendrons nous à changer le cœur de l’homme ? Souvenez vous de cette phrase de Baudelaire (dans un tout autre contexte) : Le cœur des villes change plus vite que le cœur des hommes…

     

    La presse à présent. Il est vrai que la presse doit être libre, autonome, non inféodée à qui que ce soit, à l’instar de la justice. Mais la presse dépend aussi aujourd’hui de certaines puissance d’argent, notamment par le canal de la publicité. Des politiques éditoriales  ont brusquement changé de ligne du jour au lendemain en raison de changements d’actionnaires… Mais il faut aussi se méfier du lynchage public : que se passera-t-il si l’ex ministre du budget réussissait à prouver son innocence ? Qui réparera le mal commis et l’injustice dont il aura été victime ?

     

    La presse est un contre pouvoir nécessaire dans nos sociétés de plus en plus complexes, mais parfois elle se mue en pouvoir, tout simplement.

    Cette évolution est néfaste.

  • L'intronisation du pape et la renaissance de la prière

    L’intronisation du pape ou la renaissance de la prière…

     

    S’il est une perte absolument incommensurable dont l’Occident, le monde chrétien ou judéo-chrétien ont subi, c’est bien celle de la prière. Faire une prière, adresser une prière à Dieu ou à un congénère ou encore à une autorité quelconque civile ou religieuse, suscite les rires, voire l’étonnement… Et pourtant, c’est la chose la plus belle au monde, tout comme les bénédictions.

     

    Or que voyons nous depuis plusieurs jours, et notamment aujourd’hui à Rome, siège du Vatican et capitale du catholicisme ? Une  place Saint-Pierre, bondée de monde, des chefs d’Eta et des têtes couronnées de l’univers tout entier (y compris quelques arabo-musulmans) se pressent pour assister à cet événement de portée mondiale. Et que fait le pape avant d’être officiellement installé ? Il prie pour lui et pour le peuple des croyants, il invoque la bonté divine dispensatrice de bienfaits, il demande aussi que l’on prie pour que Dieu lui accorde la sagesse et la force de bien juger et diriger son église : toutes proportions gardées, cela n’est pas sans rappeler le chapitre 8 du premier livre des Rois où le jeune monarque Salomon, fils du roi David, inaugure le temple par une longue prière aux accents universalistes puisqu’il demande au Dieu d’Israël d’exaucer même les prières de l’étranger venu prier dans ton temple pour invoquer ton saint Nom (j’espère que dans ma communauté religieuse, ils ne seront pas nombreux à me reprocher le pape François à Salomon)…

     

    Or, dans une vision nocturne, Dieu avait demandé à Salomon ce qu’il souhaitait obtenir ; le roi avait alors demandé d’être investi de sagesse pour bien juger le peuple d’Israël.

     

    Mais disons un mot de l’institution pontificale : pourquoi donc les catholiques ont-ils besoin d’un pape ? Pourquoi vouent-ils à un homme, dit le successeur de Saint Pierre, une dévotion, une admiration et un amour sans limites ? Est-ce que l’église catholique ne s’est pas donnée un pape, l’évêque de Rome, pour mieux revêtir sous les vêtements sacerdotaux ceux de la puissance impériale ?

     

    Mais cette épithète ne me plaît guère car la même racine a donné impérialisme et je ne prête  pas à l’église des telles arrière-pensées… Non, ce qui m’intéresse,  c’est de noter que l’Eglise qui a campé victorieusement sur les cendres de l’empire romain, a voulu ériger face au pouvoir temporel un pouvoir d’une autre nature, le spirituel, apte à défendre la foi contre tous ses ennemis, y compris contre l’empereur.  Tous les élèves des lycées français connaissent les leçons d’histoire aux titres suivants : le sabre et le goupillon, la lutte entre le sacerdoce et l’empire…  En principe, suivant la filiation davidique, c’est Dieu qui délègue à d’humaines mains, celles d’un roi de chair et de sang, la charge de diriger son peuple. Nous touchons là aux racines de la monarchie de doit divin qui a exercé sou pouvoir sur notre vieux continent durant des siècles.

     

    L’Histoire explique pourquoi l’Eglise qui s’appuie sur la Bible hébraïque et sur les Evangiles n’a pas suivi l’exemple de sa mère, la synagogue, qui se situe, elle, à des années lumière de telles institutions pontificales  même si l’expression pontifex maximus est la traduction latine de grand prêtre ou souverain pontife (cohen gadol). Or, même ce grand prêtre n’incarnait pas à lui  seul toute l’inspiration prophétique, il jouait son principal rôle le jour des propitiations (grand pardon) quand il était introduit avec d’infinies précautions dans le Saint des Saints …

     

    Même Moïse, réputé être le transmetteur de toute la législation biblique qui porte son nom, n’a pas fait l’objet d’une telle dévotion. Il fut même interdit d’entrée en terre sainte et sa sépulture demeure inconnue.

     

    Historiquement, suivant l’évolution ecclésiastique, le catholicisme a besoin d’un intermédiaire, d’un intercesseur, d’un médiateur entre Dieu et les croyants. Tous les papes tirent leur autorité religieuse de Saint Pierre qui la tien lui-même de Jésus ! Et c’est Jésus qui explique tout.

     

    Pour le tenant d’une autre obédience, d’une autre sensibilité religieuse, même ami et admirateur de l’église, c’est un peu difficile, non pas à comprendre, mais à vivre de l’intérieur. C’est probablement le mystère de la christologie…

     

    Hier soir, je parcourais de nouveau l’un des écrits de Martin Buber, l’homme juif qui s’est le plus penché sur la question chrétienne,  son livre est intitulé Deux types de foi, foi juive et foi chrétienne, paru en 1950. J’ajoute d’emblée que cet auteur fut le premier avec son ouvrage Je et Tu (Ich und Du, 1923) à poser le problème de la relation et de la rencontre authentiques entre les êtres et à dire que l’intersection de Je et de Tu, prolongée à l’infini, aboutit à Dieu. Dieu devient donc le Tu éternel, une idée dont même le concile Vatican II s’est inspirée, ce concile qui s’acheva en 1965, année de la disparition de Buber à Jérusalem.

     

    Et que dit Buber, qui rejoint d’ailleurs notre présent propos ? Il affirme vouloir défendre Jésus contre l’église (comprenez contre ses interprétations) notamment celles de Saint Paul et de Saint Jean. Le premier se voit reproché d’avoir trop penché vers le judaïsme hellénisé, voire même d’être coupable de dualisme gnostique et d’avoir donné de la Grâce une interprétation réduisant à néant le libre arbitre humain.

     

    Or cette même notion de la Grâce qui divise l’humanité entre deux catégories, celle des rédimés et celle des damnés, est un article de foi incontournable de l’église. Mais voilà, on retrouve Jésus qui est censé représenter à lui seul toute la grâce divine. Et le pape se situe dans la droite ligne de ce processus : d’où la grande dévotion des chrétiens dont il fait l’objet. Pensez que durant des siècles, on a cru à l’infaillibilité pontificale…

     

    Je parlais supra de Buber, citons une phrase du grand théologien Hans Urs von Baltazar (1905-1988) qui déclare que son ami juif était l’une des personnalités les plus éminentes de notre temps. Se référant à son livre Je et Tu, le théologien allemand, promu cardinal par Jean-Paul II a risqué la formule suivante :: Jésus est le dialogue personnifié entre Dieu et l’homme.

     

    Il n’existe pas de plus brillante instrumentalisation d’un texte juif par un théologien chrétien, sage et éminent.

  • Chypre, un hold up gouvernemental sur les comptes bancaires des épargnants

    Chypre : un hold up gouvernemental sur les comptes bancaires des épargnants ?

     

    Dira-t-on que la maladie hellénique contemporaine est contagieuse ? Oui, si l’on pense que l’île de Chypre, véritable carrefour entre les différentes parties de notre monde, se porte de moins en moins bien. Comme la Grèce, la partie libre de l’île (n’oublions pas que la Turquie qui prétend adhérer à l’Union Européenne en occupe une large portion- fait partie de l’Europe et de la zone Euro. Or, chaque jour qui passe nous fait découvrir l’abîme de la faillit de son économie. Si Bruxelles n’ était pas intervenue, le pays sombrait purement et simplement dans la la misère et la faillite la plus totale.

     

    Les instances européennes ont donc décidé de venir au secours de l’île en lui accordant un prêt de 9 milliards mais en contre partie, elles ont exigé une prise de mesures draconiennes. Ne voulant pas réduire les retraites ni baisser les salaires, le gouvernement de l’île a décidé de faire un véritable hold up sur les comptes en banque des épargnants en les taxant à hauteur de près de 6% !

     

    Vous voyez d’ici les réactions d’hommes et de femmes se précipitant aux guichets des banques pour retirer leurs avoirs. Quelle panique et surtout quelle indignation ! On a même vu un agriculteur venir avec son bull dozer vider ses comptes et menacer de détruire la banque si on refusait de lui donner satisfaction. Mais les chypriotes savent à qui ils sont à faire : ils ont prélevé cette fameuse dîme avant même d’en faire l’annonce…

     

    Si l’on met de côté le côté gangster de la mesure, on peut s’inquiéter d’un dangereux précédent car c’est la première fois qu’un pays de la zone Euro agit de la sorte… Suivez mon regard et je ne pense pas seulement aux pays du Club Méditerranée (comme dirait Me Angela Merkel) mais à d’autres, réputés tout aussi dépensiers et surtout bien plus frondeurs. Je n’ose nommer un pays qui mettrait son territoire à feu et à sang si par malheur son gouvernement procédait à une mesure.

     

    Or, le pays auquel je pense est endetté à près de 90% de son produit intérieur brut, il a perdu son triple A et ses perspectives socio-économiques sont sombres. Or, paradoxalement, les bas laine n’ont jamais été aussi pleins, ses livrets de caisse d’épargne regorgent de milliards : qui nous assure que son gouvernement, celui-ci ou un autre, n’agirait pas de la même manière ?

     

    Il suffirait que Bruxelles fronce un peu les sourcils et suspende une aide future à une telle mesure pour que la chose soit faite… Après tout, une chose presque similaire s’était produite en Argentine. Mais ce pays s’est redressé et nous a même donné un pape