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Vu de la place Victor-Hugo - Page 760

  • Mais que se psse t il donc à Marseille ? Faut-il envoyer l’armée ?

    Mais que se psse t il donc à Marseille ? Faut-il envoyer l’armée ?

     

    On a peine à en croire ses propres oreilles : devant la recrudescence des assassinats cibles de malfrats et de trafiquants de drogue, en pleine rue à Marseille, certains ont préconisé l’envoi de la troupe, ce qui ne fut pas même le cas du temps des émeutes des banlieues. C’est tout de même incroyable. Non pas que je renonce à tout recours à l’armée dans tous les cas de figure, mais parce que je réalise que la situation est grave et qu’elle a dégénéré sans qu’on en prenne vraiment la mesure.

     

    Le premier motif d’inquiétude est l »introduction et la circulation d’armes dans les cités, devenues de véritables zone de non droit. Les trafiquants de drogue n’hésitent plus à s’entre tuer dans les rues de la cité phocéenne, au nez et à la barbe de la police qui n’est pas encore arrivé à les arrêter. Si mes informations sont bonnes, on décompte un peu moins de vingt morts depuis le début de l’année. Et l’arme préférée de ces délinquants, c’est l’AK 47, véritable arme de guerre capable de cracher de puissantes rafales.

     

    Ce phénomène en cache d’autres, notamment la non intégration d’une certaine population, perméable aux messages de l’intégrisme et peu disposée à respecter la socio-culture française. Les hauts fonctionnaires qui dirigent ce pays ont cru que les choses finiraient par se tasser d’elles-mêmes, qu’elles rentreraient dans l’ordre, que la France en avait vu d’autres, qu’elle avait intégré les polonais, les juifs, les vietnamiens, les eurasiens, etc…

     

    Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le même genre d population.  Du temps où il siégeait Place Beauvau, M. Claude Guéant avait dépêche sur place le directeur adjoint de son propre cabinet, un préfet aux questions de sécurité. Cet homme a fait ce qu’il a pu et visiblement, cela n’a pas suffi.

     

    Faudra-t-il envoyer l’armée ?

  • Jean-Marc Ayrault : le style et l’homme

    Jean-Marc Ayrault : le style et l’homme

     

    Je me souviens d’une phrase assez désabusée de M. Francis Mer sur les Français du temps où il dirigeait Bercy : les Français, disait-il, sont des êtres assez spéciaux. Pourquoi ce souvenir aujourd’hui ? Tout simplement parce que je prends connaissance depuis deux ou trois jours de l’agitation du monde médiatique qui trouve que rien ne marche, rien n’avance, que l’avenir est menacé, bref tous les ingrédients d’une sinistrose bien française. Et qui juge le premier ministre étrangement absent

     

    Il n’est pas question ici d’encenser qui que ce soit mais quand on lit les couvertures des hebdomadaires (et les quotidiens, eux aussi, ne sont pas en reste) on se demande où passe la ligne frontière entre ceux qui agissent, qui ont la responsabilité des affaires, et ceux qui s’agitent tout en commentant.

     

    Un exemple a particulièrement retenu mon attention : le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault qui ne confond jamais action ferme et réfléchie avec l’agitation chronique des vibrions de tout poil, se voit reprocher son effacement, comme si, pour changer les choses, il fallait absolument s’agiter dans tous les sens. Une telle dérive est précisément ce contre quoi les deux têtes de l’exécutif se sont victorieusement mobilisées. Et cela ne les pas desservies, bien au contraire puisqu’ils ont choisis par les Français, lassés par une hyper présidence et une omniprésence choquante dans les médias. Qui n’ont pas encore pris la mesure du style du nouveau Premier Ministre.

     

    Une immense majorité de Français, y compris des ténors de l’ancienne majorité ont appelé de leurs vœux le retour à l’apaisement et à une certaine sérénité. Faudrait-il retomber dans des travers jugés inacceptables par la majorité du pays ?

     

    Le second exemple nous est offert par le dissentiment de certains, mécontents de voir le Premier Ministre se rendre à l’ouverture du congrès du Medef. D’autres, se croyant en d’autres temps, reprochent à M.M. Moscovici et Sapin d’effectuer la même visite, comme si les chefs d’entreprise ne faisaient pas partie de la nation ou étaient des pestiférés.  On a dépassé ce sectarisme de la lutte (la haine ?) des classes même si un leader syndical somme le gouvernement de choisir entre les travailleurs et le patronat…

     

    On le voit, d’une rentrée à l’autre, les Français ne changent pas ! Je me souviens aussi de la phrase tout aussi désabusée d’un ancien secrétaire général du parti gaulliste des années 70, Alexandre Sanguinetti (pas du tout mon maître à penser) qui déplorait cette mentalité bien hexagonale : que tout, dès la naissance, soit payé et réglé, depuis le berceau jusqu’à la mise en bière. Les temps ont changé, certes, la France doit faire de son mieux pour sauver son modèle social. Mais tout a un coût et on le sent bien aujourd’hui.

     

    La culture politique de ce pays comporte quelques éléments qu’il faut conserver, notamment un certain rôle de régulateur dévolu aux pouvoirs publics. Le pays de la Révolution doit conserver un minimum de solidarité entre les classes sociales. Il est normal que le gouvernement actuel prête l’oreille aux chefs d’entreprise et qu’il veille aussi à répartir équitablement le fardeau fiscal. Il est normal qu’il aide les plus défavorisés tout en suscitant un nouvel élan de la responsabilité individuelle. Ceux qui doivent être aidés, méritent de l’être et le seront.

     

    Mais de grâce que les commentateurs politiques cessent de dire urbi et orbi que nous sommes au bord du précipice et que tout va mal.

     

    L’agitation n’est pas l’action. Jean-Marc Ayrault a son style bien à lui et doit le garder. Il gère la France pas l’opinion que les médias se font de son action.

    Une personne qui a beaucoup compté pour moi, disparue depuis quelques années, me disait quand j’étais enfant : seuls les tonneaux vides font du bruit…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 30 août 2012

  • Fallait-il vraiment libérer Me Michelle Martin ?

     

    Fallait-il vraiment libérer Me Michelle Martin ?

     

     Tout le monde la réplique suivante, adressée aux victimes qui se tournent vers la loi pour demander que justice soit faite : voici vos droits, leur répond on ! C’est exactement ce qui vient de se passer en Belgique avec la libération conditionnelle d’une grande criminelle, coupable d’avoir laissé mourir des enfants. Je dis bien mourir des enfants alors que son époux, le grand monstre pédophile était déjà incarcéré… Cette femme, aujourd’hui élargie, aurait pu avoir pitié de ces deux petites filles qu’elle laissa mourir de faim, causant à leurs parents des souffrances indicibles et des meurtrissures indélébiles.

     

    Je ne suis pas d’un naturel vindicatif, même si je considère que le pardon n’arrange pas et que très souvent les fortes sanctions sont nécessaires, mais je dois reconnaître qu’en voyant le père de l’une de ces petites filles, le visage ravagé, parler de ses souffrances, je ne puis m’empêcher de réclamer plus de rigueur et donc le renvoi de cette criminelle infanticide dans sa cellule. Sans être juriste de profession, je sais bien que la loi est la même pour tous et que l’on ne saurait souffrir la moindre exception. Mais c’est pourtant une erreur, qui me rappelle du reste la grande erreur commise en France il y a quelques années lorsque Papon a pu bénéficier d’une clause prévue par une loi, à savoir échapper à la détention pour raisons de santé.. Pour la Belgique, comme d’ailleurs en France, les peines ne sont jamais effectuées jusqu’au bout. Tous les criminels ont droit à une remise de peine, ce qui fait qu’ils ne purgent jamais leur peine jusqu’au bout. Et le pire est le meurtrier pédophile se prépare lui aussi à faire une demande de remise en liberté. Et au train où vont les choses il finira par obtenir gain de cause.

     

    Est-ce concevable ? Pouvons nous nous abriter derrière l’université de la  loi pour justifier l’injustifiable ? Et que l’on ne me réponde pas que la justice ce n’est pas la vengeance. La justice, c’est d’abord être à l’écoute des victimes, ce n’est pas se préoccuper de la réinsertion de criminels qui n’ont aucun sens de l’humanité.

     

    J’en viens à la seconde partie, concernant l’accueil dans un couvent. Même si si je désapprouve, je respecte la décision de ces sœurs religieuses qui se dévouent au culte divin et veulent admettre une si grande pécheresse dans leur communauté. Je sais que le christianisme opte idéalement pour l’amour de l’autre, même pour l’amour de l’ennemi, mais je suis aussi sensible aux protestations de familles chrétiennes qui vont à la messe dans ce couvent. Des dames d’un certain âge ont refusé de continuer à aller prier dans une église, non loin d’une criminelle, tueuse d’enfants.

     

    Notez bien une chose assez révoltante : on ne parle plus de ces deux petites filles (ni des quatre autres) violées, martyrisées, mourant de faim, coupées du reste du monde, à l’insu de leurs pauvres parents, brisés à tout jamais. Une fois de plus, je n’ose condamner la décision des sœurs dont je respecte infiniment la vocation. Mais je leur dit avec une grande déférence : ne traiter pas les problèmes, les péchés d’ici-bas à l’aune des idéaux d’un au-delà qui relève plus de l’imaginaire que du réel.