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Vu de la place Victor-Hugo - Page 891

  • Le discours de François Fillon

    LE DISCOURS DE FRANÇOIS FILLON DEVANT L’UMP A MARSEILLE

    En véritable homme d’Etat, François Fillon vient de nous faire l’aubaine d’un très beau discours, prononcé devant le campus de l’UMP à Marseille. Laissons de côté les attaques ou les pics à l’égard du programme électoral du PS pour nous concentrer sur l’essentiel : une analyse globale et très pertinente des problèmes de la France d’aujourd’hui et des défis auxquels elle doit faire face.

    Enfin, un Premier Ministre qui en authentique homme d’Etat qu’il est, n’hésite pas à dire à ses compatriotes d’être fiers de ce qu’ils sont, des Français, un Premier Ministre qui exalte justement et avec le ton qui convient, les réalisations de ce peuple, à la fois vieux et grand, dont l’âme, dit-il, a toujours été partagée entre un fond pessimiste et un volontarisme qui lui a permis de franchir les siècles sans trop d’encombre. 

    Pour une fois, un chef de gouvernement qui fait appel au patriotisme sans que l’on n y voie la moindre note de xénophobie, ni de rejet de l’autre. En un mot, un discours rassembleur, adressée à la nation française dans son ensemble, qui rappelle à ses auditeurs que la désunion et les dissensions partisanes occupent trop de place dans l’histoire ancienne et présente de la France.

    En écoutant le chef du gouvernement, on percevait nettement des accents rappelant le fameux discours de JF Kennedy fixant à la nation une nouvelle frontière, un grand projet mobilisateur, une raison de continuer à espérer et à croire en l’avenir.

    On a rarement vu un chef de gouvernement aussi convaincu, aussi déterminé et aussi clair que près de cinq années passées à Matignon n’ont guère usé ni affaibli. Pas l’ombre d’une dissension avec les leaders de la majorité ni avec le président de la République auquel François Fillon a maintes fois rendu un vibrant hommage. Les partisans de l’intégration européenne apprécieront aussi l’articulation subtile de la nation française au sein de ce grand ensemble qu’est le vieux continent. En termes mesurés, François Fillon a fustigé le nombrilisme hexagonal auquel peu de nos compatriotes résistent vraiment. La France doit vivre l’Europe comme un moteur et non comme un frein

    Il y a dans ce discours un souffle qui nous entraîne, on sent un homme animé d’une vision et porteur d’un projet, un homme qui occupe mieux l’espace, qui a pris du poids (et pas seulement politique, mais cela lui va bien) et qui a les coudées plus franches…

    Les nations dont les racines, comme c’est le cas pour la France, plongent dans un lointain passé, ont régulièrement besoin qu’on les rassure, qu’on les rassérène en leur rappelant que leur avenir n’est pas derrière eux, que leur futur n’est écrit nulle part et que ce sont leurs hommes et leurs femmes qui le graveront dans le marbre, pour peu qu’ils consentent à s’en donner les moyens. En somme, un discours qui confère à l’action politique un arrière-plan moral et intellect que l’on n’espérait plus.. Les hommes politiques commettent une erreur en occultant ce volet éthique dans l’action politique, alors que complément est absolument indispensable.

    Je pense au texte de Renan intitulé La réforme intellectuelle et morale (1871) où le célèbre philosophe-historien voulait préserver l’avenir de son pays face à une Prusse victorieuse. Renan, tout comme Nietzsche de l’autre côté du Rhin, tenait à montrer que la défaite militaire de la France n’impliquait nullement une défaite de la culture française face à la culture allemande. En somme, que l’âme du peuple français recelait encore suffisamment de ressources et de richesse pour se redresser et affronter l’avenir.

    Parler des valeurs, de l’intellect, de l’esprit, comme vient de le faire François Fillon, enrichit le discours politique qui ne devrait plus se limiter à des algarades ou à des déclarations cyniques : le Premier Ministre tourne résolument à ce genre de discours qui n’a plus sa place dans la France d’aujourd’hui. Espérons que d’autres l’imiteront.

    L’avenir, la foi en l’avenir, en l’ingéniosité et en la sagesse du peuple français : c’est ce qu’on retiendra d’un discours si inspiré.

  • LA TURQUIE ET ISRAËL

    LA TURQUIE ET ISRAËL
    Ceux qui pensaient que la publication par l’ONU du rapport tant attendu sur le grave incident maritime opposant la flottille turque à la marine de guerre israélienne apaiserait les tensions entre les deux pays, en seront pour leurs frais ! Rien n’est réglé, tout au contraire, la Turquie et surtout son Premier Ministre qui se prend encore pour Soliman le magnifique, se dressent sur leurs ergots pour donner le change à une opinion publique chauffée à blanc…

    Le premier Ministre turc n’a pas suivi l’avis des diplomates chevronnés de son pays qui lui conseillaient la modération face à Israël et plus de discernement dans le choix de ses allié régionaux. Or, l’homme, d’un tempérament bouillonnant, s’est cru assez fort pour renverser les alliances, se rapprocher des deux régimes les plus pestiférés  du coin et isoler Israël afin de se gagner les faveurs d’un monde arabo-musulman, jadis simple satellite de l’empire ottoman, jusques et y compris la Terre sainte. Mais les temps ont changé, ou comme disait jadis Alexandre Soljenytsine : essayez la poussière qui masque le cadran de votre montre…
    On connaît la suite : l’Iran est dans le collimateur de l’ONU et des USA qui guettent la moindre occasion pour le ramener à la raison, quant à la Syrie, il suffit de relever que l’on approche hélas des 2500 morts depuis le soulèvement des opposants dans ce pays et que désormais même l’option militaire est désormais à l’étude ! Et j’allais oublier : pour la première fois, un président des USA en exercice a exige le retrait de son homologue syrien… Du jamais vu.

    Au lieu de se saisir du rapport de l’ONU pour calmer la situation, le Premier Ministre qui était manifestement allé trop loin dans la surenchère, met littéralement le feu aux poudres : pour ne pas perdre la face devant l’opinion, une opinion orientale hyper susceptible et accordant tant d’importance à l’apparence et au nationalisme, notre homme décide  de renvoyer l’ambassadeur d’Israël et de geler les accords militaires entre les deux pays. Et pourquoi donc ? Parce que le rapport de l’ONU n’exige pas des excuses d’Israël et reconnaît enfin la légitimité du blocus israélien de Gaza,  nommée entité terroriste.

    Que faut-il retenir de tout cela ? Avec tout le respect pour la grandeur passée de l’empire ottoman, il faut bien reconnaître que la Turquie contemporains ne se trouve plus dans la même situation : confrontée, au plan militaire, à la sécession kurde, empêtré, au plan diplomatique, dans la reconnaissance du génocide arménien, frappant désespérément à l’huis de l’Europe qui ne veut pas l’accueillir en son sein, il lui fallait bien trouver une issue, se raccrocher à quelque chose pour redonner confiance à une opinion un peu désorientée.

    On peut la comprendre, mais est ce vraiment la bonne voie ? Grâce à Israël, allié indéfectible des USA, eux mêmes bailleurs de fonds d’une Turquie en perte de vitesse, ce pays pouvait subtilement émergence comme le leader incontesté de la région, surtout à un moment où les Arabes traversent une crise après l’autre et où l’Iran est en voie de neutralisation par l’Occident (USA et UE).. Or, c’est le contraire que fait l’actuel Premier Ministre, et de manière tonitruante.

    Que l’on ne se méprenne point sur nos propos. On ne devient pas une puissance hégémonique, même dans ce petit coin du monde, en claquant dans ses doigts, ni en se prenant pour la réincarnation de tel ou tel grand personnage du passé. Vous rendez vous compte que cet homme avait même caressé le projet fou de forcer le blocus en empruntant l’un des bateaux de la flottille, mais heureusement des gens sains d’esprit (et la Turquie en a beaucoup) l’en ont dissuadé.

    Il est temps de se ressaisir et de méditer ce mot de l’authentique sagesse de Haroun al-Rachid, le gouverneur de Bagdad aux IX-Xe siècles, selon lequel l’approche politique des problèmes et le recours à la sagesse ont raison des machines de guerre…… (al-kiyassa wa al fahama yaghlaboun harakat al harb….

  • Pour ou contre l’euthanasie ? Quel dilemme

    Pour ou contre l’euthanasie ? Quel dilemme…

     

    Je pense assurément à la controverse qui fait rage à Bayonne et dans le reste de la France : un médecin urgentiste a aidé un patient gravement atteint à mourir afin de lui éviter d’indicibles douleurs. Jusque là rien de spécial, mais voilà, le conseil de l’ordre de ce lieu a été saisi et a décidé, à la majorité, de ne pas poursuivre le médecin qui a donné la mort afin d’alléger les souffrances d’un malade condamné…

    Le président de ce conseil de l’ordre a crié au scandale et a même dit qu’il avait honte. Le conseil national a, quant à lui, décidé de prendre des sanctions contre le médecin incriminé. Tels sont les faits.

    Que fallait-il faire ? Assister imperturbable à l’agonie douloureuse d’un patient, lui injecter de la morphine en attendant sagement que mort s’ensuive ? OU, au contraire, hâter la fin en vue de lui épargner d’insupportables douleurs ? Impossible de trancher.

    Le respect de la vie est intangible, mais quand la personne est condamnée et que rien n’est plus à espérer, faut-il nous laisser subir de telles souffrances ? D’un autre côté, si l’on s’en remettait au bon vouloir ou à l’appréciation des médecins, ne risquons nous pas des débordements et de graves bavures (le mot est faible) ?

    J’avoue ne pas savoir. Dans le milieu médical que je connais un peu, on me susurre à l’oreille que cela arrive tous les jours, que le personnel médical débranche les appareils, ne donne plus d’eau, plus d’alimentation et attend un peu que la vie s’arrête. Si l’on s’interroge soudainement aujourd’hui, c’est à cause d’une médiatisation excessive ou, peut-être, pour forcer les pouvoirs publics à légiférer de nouveau.

    Je ne sais absolument pas ce qu’il faut faire. Mais il faudra bien, un jour, réviser notre conception de ce qui gît au fondement même de notre existence.