Le peuple juif et la souffrance
Notre Shoah de Amir Gutfreund (II)
Je poursuis la lecture de ce grand roman qui se veut une approche nouvelle et originale de la Shoah. Je suis arrivé à des pages où l’auteur se livre à des réflexions saisissantes sur le sens de la souffrance et la place qu’elle occupe, hélas, dans l’histoire juive.
L’auteur raconte comment lui-même et sa petite amie ont décidé de s’affamer pour ressentir ce que ressentirent leurs parents et leurs proches dans le camp de Buchenwald. Les descriptions incroyables ; les deux adolescents ont vraiment entrepris de se priver de nourriture. Ils s’imaginaient en train de ronger les moceaux de bois de leurs lits, ils ne mangeaient que des trognons de pommes, des peaux de banane, ne buvaient qu’au robinet, etc.. Incroyable tentative d’incorporer cette Shoah qui accompagne chaque pas de leurs parents. Je pense surtout à ce grand avocat polonais, spécialiste renommé dans son pays natal mais qui dut, après la Shoah, émigrer en Israël où il ouvrit une petite quincaillerie. Cet homme a développé une théorie intéressante sur la manière de punir les criminels nazis.
Selon lui, les jugements et les exécutions n’étaient pas adaptés. Il eût fallu enfermer les grands criminels nazis dans les mêmes lieux de détention que leurs anciennes victimes et leur faire vivre les mêmes traitements afin qu’ils puissent subir ce qu’ils firent subir aux autres. Les pages concernées sont très émouvantes car l’auteur , encore très jeune, semble avoir suivi ces échanges avec une exceptionnelle attention. Le peuple juif, souligne t il, aurait bien pu disparaître lors de la période nazie.
Et cela donne lieu à une vaste réflexion de l’auteur les relations entretenues par les juifs avec la souffrance en général. Pourquoi les juifs ? Et pourquoi Isqraël ? Pourquoi le sort s’est il acharné sur ce peuple au point sue son histoire n’en est pas vraiment une tant elle ressemble plutôt à une martyrologie ?
On comprend mieux le mur infranchissable qui sépare hermétiquement les enfants de leurs parents, rescapés de la Shoah : les enfants buttent sur un silence obstiné bien que tout dans la vei quotidiennes de leurs géniteurs renvoie indistinctement aux expérience de la Shoah.. D’où la volonté des enfants de s’affamer pour vivre ce que leurs parents et grands parents ont pu endurer.
Il est vrai que cela n’a aucune commune mesure ce que les Israéliens d’aujourd’hui, dits les indignés de Tel Aviv, prétendent subir. Question d’époqueet aussi de tempérament..