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Vu de la place Victor-Hugo - Page 899

  • Quel avenir pour la Syrie ?

    Quel avenir pour la Syrie ?

    Il semble bien que les jours de Bachar el Assad soient désormais comptés. Un indice qui ne trompe pas : le rappel des ambassadeurs des pays du Golfe, Arabie saoudite en tête. Certes, le royaume wahabite qui décapite et punit corporellement les déviants n’est pas un parangon de démocratie mais tout de même ! Il fut le premier à demander d’arrêter la machine à tuer (sic).

    Ce rappel d’ambassadeurs arabes pour cause de répression est inédit : auparavant, en d’autres temps, réprimer les mouvements de révolte et de contestation était monnaie courante. Aujourd’hui, les temps ont changé : on ne tue plus les citoyens dans l’indifférence générale.

    Que va-t-il se passer ? Même si la répression s’arrêtait comme par enchantement, du jour au lendemain, on ne voit pas les contestata ires négocier ou pactiser avec leurs bourreaux d’hier. C’est une impossibilité quasi mathématique. Alors quel avenir pour la Syrie de l’après Baath et de l’après el Assad ?

    Un article lu hier dans la presse israélienne n’a pas cessé de me préoccuper. En voici les grandes lignes, résumées le plus fidèlement possible, même si personnellement je ne partage pas toutes ses conclusions.

    La Syrie, comme son voisin libanais, est un conglomérat de communautés religieuses et ethniques, unies ensemble de force et jamais consultées pour déterminer librement leur avenir. Il y aurait donc un effilochage de la Syrie, une sorte de décomposition suivie d’une recomposition, un peu comme les Tchèques se sont séparés des Slovaques. Mais dans le cas de la Syrie, c’est plus vaste, plus grave et plus profond.

    Les Alaouites se regrouperont autour de Damas et des régions les plus densément peuplées par cette ethnie. Ils se préserveraient et constitueraient ainsi une entité à part, ayant son armée, son territoire et sa souveraineté. Les Syro-Chaldéens en feraient de même et se regrouperaient ainsi autour de certains centres. Les Sunnites, le groupe le plus important (près de 70%) conserveraient la plus grande partie du pays.

    Ce serait une sorte de reconstitution ou de recomposition confessionnelle de ce pays. Le Liban voisin pourrait en profiter pour modifier la carte politique et religieuse de la région…

    Est-ce que cette analyse du journal israélien est crédible ? Est-ce que ce n’est pas plutôt une vue de l’esprit qui conforterait en quelque sorite la position d’Israël dans la région ? Après tout, dit l’article, la géographie actuelle de la région est un héritage de la période coloniale… Que représente par exemple la Jordanie, surtout si on tente de voir ce qui sépare un Jordanien d’un Palestinien ?

    Le problème est que le moindre changement de cet ordre provoquerait de graves troubles. C’est pourquoi la solution du problème syrien ne sera pas aisée ni sans conséquence. Il n’est pas exclu, aussi, que certaines de ces communautés ethnico-religieuses se tournent alors vers l’ennemi d’hier pour solliciter son aide et son soutien…

    Vue de l’esprit. Mais si cela se produisait, on ne serait pas sorti de l’auberge…

  • La femme de chambre du Sofitel de New York retire son masque

    La femme de chambre du Sofitel de New York retire son masque

    Ce que les avocats de DSK avaient prévu apparaît au grand jour : toutes cette affaire, si sordide soit-elle et qui comporte tant de zones d’ombre, apparaît enfin sous son vrai jour : une vaste entreprise d’extorsion de fonds. Attention ! Je ne dis pas que DSK est blanc comme neige dans cette affaire, mais je souligne qu’on ne peut pas prouver qu’il a fait violence à cette femme, même si, dans mon esprit, un tel homme n’aurait jamais dû se conduire de cette façon.

    Chez nous, les juristes disent que le pénal tient le civil en l’état. Or, la Guinéenne et son avocat ont compris que le procureur ne veut ni ne peut poursuivre et qu’il fait traîner l’affaire afin que l’essoufflement médiatique arrive enfin. Car, si le dossier contenait des charges sérieuses, pourquoi repousser la comparution plus tard ? De plus en plus, il apparaît que l’on s’oriente vers une sorte de non-lieu, même si, je le répète, DSK n’en sera pas quitte vis-à-vis de la morale.

    Hier sur France 24 que nous recevons à Tel Aviv, j’ai pu entendre l’interview d‘un journaliste qui a écrit un ouvrage sur Anne Sinclair. Elle semble être un personnage central dans la décision de DSK de se présenter à la présidence. N’a-t-elle pas, ainsi, causé la perte de l’homme qu’elle aime ? N’est ce pas une sorte d’instrumentalisation de l’amour ? Il y a parfois des bonnes intentions qui mènent en enfer..

    Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui l’est, à mes yeux, c’est la suite. Que va-t-il se passer entre les époux ? Que vont-ils faire ? ET DSK pourra t il rebondir ?

    Pour finir, je pense aussi que la justice américaine devra réviser ses procédures pénales en s’abstenant notamment d’exhiber des hommes menottés pour rien. Mais ce chapitre sera sûrement évoqué lorsque l’Etat de NY devra payer des dommages à des gens injustement accusés.

  • Ankara vient à résipiscence…

    Ankara vient à résipiscence…

    Ce qui ne laisse pas de retenir l’attention avec le gouvernement turc actuel, c’est à la fois sa naïveté et son manque de discernement des nuances. Il s’était jeté de manière irréfléchie dans les bras de l’alliance maléfique syro-iranienne tout en demandant de rejoindre l’Union Européenne. Dans l’esprit des concepteurs de cette curieuses démarche il y avait l’idée suivante : nous allons montrer aux Européens qu’ils ont tout intérêt à nous recevoir et à nous traiter comme l’un des leurs, faute de quoi nous rejoindrons le camp qu’ils combattent et qui les préoccupe tant.

    M. Erdogan avait aussi un autre fer au feu, il voulait jouer les grands intermédiaires, un peu comme Otto von Bismarck jadis et s’était même mêlé du nucléaire iranien, dans l’intention de ménégaer aux Iraniens une sortie honorable

    . Aujourd’hui, les fronts sont renversés. Un journal iranien, proche des gardiens de la révolution, menace indirectement la Turquie, l’accusant d’ingérence dans la crise syrienne..

    Le Premier Ministre turc ne sait plus comment sortir de ce guêpier : avec l’aplomb des matadors, il dit à la télévision qu’il dépêche en Syrie son ministre des affaires étrangères et s’adresse à son voisin comme s’il était encore une province de l’empire ottoman… Résultat, le Syrien publie un communiqué disant qu’il n’a d’ordre à recevoir de personne et que toute autre attitude sera considérée comme une inacceptable ingérence. Il faut dire que M. Erdogan oublie un peu vite ses précédentes démarches : le régime de Damas n’a pas oublié qu’il cherche à rendre respectables les Frères musulmans, honnis et violemment combattus en Syrie…

    En gros, la politique étrangère des islamistes d’Ankara ressemble au cours en zigzag de Guillaume II. Un coup à droite, un autre à gauche et ensuite on a visera si cela ne marche pas.

    Une telle attitude est regrettable car la Turquie, par son histoire, son emplacement stratégique et ses richesses pourrait jouer un rôle à l’exacte mesure de ses légitimes ambitions. Disons le honnêtement : elle ne fera pas partie de l’Union Européenne avant longtemps, si tant est que l’adhésion puisse un jour se produire. Et puis, sa politique étrangère actuelle (qui déplaît à l’armée) fait peser sur elle bien des soupçons. Reconnaissons aussi, pour être équitable, que ce pays a fourni de gros efforts, même si on est encore assez loin d’une vie démocratique normale. Et je ne parle même pas des problèmes kurde et arménien..

    Mais revenons à la crise actuelle syro-turque : le ministre turc a été fraîchement accueilli à Damas. Or la Turquie a fait d’énormes investissements en Syrie et les sociétés turques sont très présentes en Syrie, comme, d’ailleurs, en Irak. C’est cet intérêt économico-commercial qui a aidé M. Erdogan à jouer ses nouveaux amis syro-iraniens contre l’alliance avec Israël. Or, aujourd’hui, cette nouvelle politique butte de manière scandaleuse contre ses limites et le Premier Ministre amorce, à sa manière, un retour vers la case départ. Il sait bien que le régime syrien ne saurait se déjuger ni partir en exil en abandonnant le pays à la révolte et au chaos. Mais il se rend compte que tout au long de sa frontière (plus de 800km) les chars syriens manœuvrent et répriment dans le sang des manifestations..

    Et puis, il y a les exigences des USA, un pays sans lquel la Turquie ne pourrait pas fonctionner plus ou moins normalement. Si l’on a dépêché un émissaire turc à Damas, c’est parce que Washington l’a demandé fermement.

    M. Erdogan n’avait pas prévu tous ces bouleversements. Mais gouverner, c’est prévoir.

    ll fallait réfléchir un petit peu avant de s’en prendre publiquement à Israël à Davos, il fallait réfléchir avant de lancer cette flottille vers Gaza. Bref, pour finir ce billet sur une note à la fois respectueuse et optimiste, citons un passage du prologue du Faust de Goethe : Wer strebend sich bemüht, den werden wir erlösen.