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Vu de la place Victor-Hugo - Page 899

  • l'hébreu et le russe

    breu et le russe en Israël

    Croyez moi ou pas, mais le russe est la première langue des Israéliens ! Hier, sous une chaleur étouffante, nous nous sommes rendus dans un centre commercial afin de faire des courses au supermarché. Heureusement, tout était climatisé. Nous passons les contrôles de sécurité sans peine et nous voila dans une immense surface commerciale où sont entreposées toutes les victuailles de la terre. Evidemment, je me pâme devant le rayon boucherie charcuterie car ici tout est cacher. Une vie juive vraiment normalisée :ici, tout le monde mange cacher pour ainsi dire puisque l’abattage rituel est imposé par l’Etat et que nul n’a droit à un abattage individualisé.

    Mais je vais d’étonnement en étonnement lorsque le client qui est juste devant moi s’adresse directement en russe à la vendeuse du rayon, laquelle lui répond dans la même langue. Le seul mot que je comprends en russe c’est harashow car les russophones disent toujours après be-séder qui signifie en hébreu la même chose… Quand mon tour arrive, je commande ce que je souhaite avoir en hébreu et on me répond dans la même langue avec tout de même une point de russe qui m’a toujours fait rire. On croit être la norme et être dans le vrai, la dame me dit en découpant des tranches fines de pastrami hodou, tu es français, toi (atta tsarfati, ken ?). Que puis je faire ? Je réponds oui

    Et comme à mon âge on ne se refait pas, je me remets à méditer et à me dire mais comment donc participons nous, ici et là bas, à la même identité juive ? Comment font les autorités pour tenir ensemble dans un même territoire, un même peuple, une même armée, 120 nationalités différentes ? Qu’est ce qui rapproche un juif russe d’un juif marocain ou d’un juif yéménite qui sont si typés au point de les confondre avec d’autres, disons, des voisins assez turbulents, pour ne pas en dire plus ? En somme se repose à nousla question de l’identité juive. Pour tenir ensemble tant de gens de cultures et de provenances différentes, il faut des lois civiles très dures. Il faut dire que le pays rassemble le meilleur et le pire, un peu comme la langue d’Esope. Essayer de vous abonner à une société de télévision et vous verrez. Que la banque oublie le virement automatique pour la note de téléphone et vous arracherez les cheveux pour le rétablissement de la ligne, tant la burocratie est effrayante.

    Je vais vous raconter ce qui s’est passé hier lorsque j’ai prié notre charmante voisine de nous abonner à une chaîne de télévision et d’installer l’internet : elle a passé une bonne heure au téléphone et en fin de compte, nous avons dû renoncer tous deux, tant les règles sont rigides. J’en ai profité pour lui faire remarquer que je n’exagérais guère jadis lorsque jed éonçais en termes sévères ces difficultés artificielles et qu’elle me rabrouait vertement. Un mot pour rire : dans la langue hébraïque moderne, on reprend, mais dans un sens ironique, certains oracles prophétiques, notamment une phrase d’Ezéchiel, je pense, récités dans la prière du matin : un Sauveur viendra à Sion (U-va le-tsiyon goél). C’est-à-dire que la rédemption est proche. La voisine a dit cela aux employés de la société de télévision qui demeurèrent inflexibles. Off the record, elle m’a confié qu’il y a dans ce pays tant de gens qui ne respectent ni les règles ni leurs engagements que les formalités sont devenues très dures, voire inflexibles, tant l’inventivité des mauvais payeurs est grande.

    Ce qui nous ramène aux Russes et aux autres. Mais plus sérieusement, aucune identité nationale et religieuse n’est prise dans un tel processus de mutation comme en Israël ! Je me demande comment la définition de la judéité par la matrilinéarité continue d’avoir encore quelque validité.

  • Natanya

    Premiers contacts, à l’arrivée en Israël pour les vacances d’août

    Un excellent vol avec de magnifiques sièges, sans difficultés, ce qui est rare plutôt rare avec ElAl dont le service s’est nettement amélioré et dont l’atout majeur est et demeure la sécurité. Les contrôles sont si fréquents et la surveillance si forte : songez que le parcours jusqu’à l’avion est jalonné de soldats français armés de fusils d’assaut, même à 50 cm de l’appareil.

    Dans l’appareil une délicieuse petite fille, Ammit, âgée de 15 mois, est assise auprès de nous, dans la toute première rangée. Ses parents , jeunes Israéliens bien élevés, vivent à Herzliya, le Neuilly de Tel Aviv. Le bébé ne pleure pas mais manifeste un intérêt soutenu pour mon gâteau lorsque je l’entame sérieusement. Je fais alors ce que je ne fais plus depuis des années car Laura a 18 ans, je prends le bébé dans mes bras et lui donne des petites cuillerées de mon gâteau. Danielle, Laura et Clara Lise se gaussent de moi, voyant que j’abandonne pour quelques minutes mes très sérieuses lectures (livres bibliques de Samuel et des Rois). Nous échangeons quelques mots avec les parents qui, cela devient une habitude, s’étonnent de mon hébreu. Je leur dis qui je suis, ce que je fais et retourne après à mes chères lectures.

    Enfin, nous arrivons, le pilote pose son Boeing avec délicatesse sur le tarmac et nous prenons congé. Le contrôle des passeports se fait en un clin d’œil alors que cela prend généralement une bonne demi heure. Mais le pire était à venir : près d’une heure pour récupérer la voiture de location, belle et neuve, mais qui se fit désirer. Nous prenons l’autoroute pour Natanya dans la chaleur de la nuit mais le véhicule est climatisé. Une fois arrivés à la maison, nous posons les valises, mettons la climatisation en marche et nous rendons immédiatement au kikar pour retrouver notre excellent restaurant judéo-marocain dont les boulettes de poisson relevées me rappellent mo prime enfance à Agadir… Et là, c’est la consternation : j’avais oublié que tout l’immeuble avait sauté suite à une fuite de gaz il y a quelques mois, faisant trois mortes, trois jeunes filles françaises qui venaient fêter leur réussite au bac, passé à Jérusalem. Et à la place du restaurant, un immense terrain vague. Quelle déception car je veux revoir mes amis qui nous accueillaient si gentiment chaque année. Nous le ferons demain si nous n’allons pas dîner à Tel Aviv.

    Nous nous dirigeons vers un autre restaurant tout près dont le patron me reconnaît, il me relate les faits et me demande de prendre place, ce que nous faisons aussitôt. Un jeune homme, solide et costaud, Motti, s’occupe de nous, il parle français à la perfection. Je lui demande d’où il vient, il me répond qu’il est né à Paris qu’il a quitté à l’âge de 13 ans et qu’il n’y est plus jamais retourné. Danielle lui dit que c’est à quatre heures de vol d’Israël. Il répond qu’il aime son pays Israël, qu’il va bientôt avoir dix-huit ans et qu’il attend avec impatience de servir dans Tsahal. Je le regarde avec admiration, il pourrait être mon fils puisqu’il a l’âge de Laura. Mais moi, à son âge, j’étais entré dans les études à la Sorbonne (pour ne plus en sortir) comme on entre en religion.

  • DSK, la dernière cartouche de la plaignante

    DSK, la dernière cartouche de la plaignante

     

    Nous assistons au déploiement de l’énergie du désespoir de la part des avocats de la plaignante et de cette dernière, en personne : voyant que le procureur ne pourra vraiment pas, sauf improbable coup de théâtre, demander un procès ni présenter la plaignante devant le grand jury alors que tout montre qu’elle n’a pas dit toute la vérité, les avocats de cette dame de chambre de NY jouent leur va tout : la bataille médiatique, prendre l’opinion à témoin en lui présentant un spectacle pathétique et pitoyable à la fois : on ne peut pas rester de marbre devant un tel étalage de faits ou de détails qui sentent la préparation intensive destinée à un public américain très émotif.

    Mais voilà, la justice, ce n’est pas cela, ce sont des preuves et des faits bien établis, incontestables. Or, nous en sommes très loin. Et revoyant les scènes de la dame, se cachant le visage, multipliant les dénégations, on est conduit, sans méchanceté aucune ni parti pris, à ne pas en croire un mot…

    Ce n’est pas la télévision ni la presse écrite qui jugent ou rendent un verdict, c’est un tribunal avec un grand jury dont l’unanimité est absolument requise pour prononcer une condamnation : DSK ne sera ni jugé ni condamné. Mais je le répète dans tous mes blogs, il n’en sera pas quitte, pour autant, avec l’éthique. Un homme de cette envergure, de cette stature, ne devrait pas avoir ce genre de problèmes. Une addiction au sexe est un dévoiement de l’amour. Je regrette d’avoir à le dire, mais cela relève de la médecine et une maladie, quelle qu’elle soit, est un phénomène biologique : ce que nous enseigne Hippocrate. Il ne s’agit donc pas de marabouter l’intéressé mais de le soigner.

    Mais commencera alors, après le tintamarre médiatique, le problème de la plaignante, pour reprendre la juste expression de l’un de nos plus éminents juristes, Robert Badinter, qui avait trouvé les mots justes pour qualifier l’attitude de cet avocat new yorkais qui a délibérément voulu se tromper de combat et d’époque : l’esprit colonial et la cause des femmes. Badinter a dit qu’on plaide à l’intérieur du tribunal et non point sur les marches du palais de justice. On se demande parfois si tout le monde comprend bien de quoi il s’agit, si certains ne parviendront peut-être jamais à se hisser au niveau requis.

    Comment des avocats diplômés ont pu penser une seconde que la pression médiatique pourrait influencer le grand jury et peser sur sa décision ou simplement intimider un procureur comme M. Cyrus Vance ?

    En tant que philosophe, donc non-juriste, même si j’ai beaucoup étudié chez Kant les racines métaphysiques du droit et chez Hegel sa pénétrante philosophie du droit, je me demande souvent s’il existe une justice et si cette dernière n’est pas tout bonnement opposée à une chose bien différente que l’on nomme communément le… droit !