L’opposition syrienne à Istanbul
La diplomatie turque justifie sa bonne réputation traditionnelle et renoue avec son brillant passé, sans vraiment faire son mea culpa et revenir ses récentes erreurs. Le pouvoir turc a accueilli à Istanbul les dirigeants de l’opposition syrienne qui étaient plus de quatre cents à dénoncer les méfaits sanglantes du pouvoir baassiste en place. On dit qu’à Damas, là où devait se tenir la même conférence contre le pouvoir près de 30 personnes auraient été tuées, empêchant ainsi la tenue de la réunion.
Le gouvernement syrien s’entête et plus il retarde son départ plus la crise s’aggrave et ses membres devront rendre des comptes devant la justice pénale internationale. Au rythme où vont les choses, on aura bientôt dépassé les 1500 morts dus à la répression de l’armée qui tire à l’arme de guerre contre des manifestants désarmés.
Mais revenons à la courageuse décision turque et au recentrage de la diplomatie d’Ankara. M. Erdogan s’est enfin calmé, il faut dire qu’il a atteint ses objectifs : gagner les élections et pour cela il avait besoin de blesser la partie la plus dure de son électorat islamiste en s’en prenant –verbalement- à Israël, son allié d’hier et qui est en train de retrouver son ancienne place. Dans cette affaire, le malaise syrien est un hasard providentiel : alors qu’une sorte de trio diabolique était en train de se mettre en place et unissait la Turquie à deux autres pays douteux, la Syrie et l’Iran, voilà que l’opposition syrienne se bat pour sa liberté, dévoilant à la face du monde la vraie nature de ses dirigeants. Directement concernée, la Turquie se voit contrainte d’accueillir des milliers de réfugiés et voit des blindés syriens se rapprocher de sa frontière qui s’étend , rappelons le, sur plus de 800 km…
C’est un nouveau pas que M. Erdogan franchit en accueillant cette nouvelle conférence de l’opposition qui demande désormais ni plus ni moins que le départ de Bachar du pouvoir. Les ponts sont coupés et l’on a atteint le point de non retour.
Quelles conclusions tirons nous de l’affaire ? Le pouvoir turc n’est pas indifférent à la démocratie. Certes, cela n’est pas un ticket d’entrée dans l’UE mais cela contribue à en faire un allié de poids dans la région. La seconde conclusion est que les Turcs redécouvrent Israël, son régime absolument démocratique et sa puissance sur tous les plans. Il est évident que les USA reviennent eux aussi sur les devants de la scène, ce qui explique que Madame Clinton ait été présenté à Ankara ce week end, lors de la réunion de l’opposition.
Est-ce suffisant pour chasser Bachar du pouvoir ? J’en doute. En revanche, les insurgés libyens, aidés par l’OTAN, avancent. Quant au Yémen et à l’Egypte, les choses en sont au statu quo