Le départ du président Hosni Moubarak, un homme d’Etat
Le président parti à Sharm El Sheikh profiter d’une semi retraite bien méritée, les problèmes de l’Egypte demeurent. Ce sont de véritables défis qu’elle va devoir relever avec des dirigeants qui resteront les mêmes , puisque M. Moubarak a rendu le pouvoir à l’armée qui le lui avait confié après la mort violente d’Anouar el Sadate. Il y a trente ans.
Le président Hosni Moubarak a les qualités d’un homme d’Etat. Il part dans des conditions presque infâmantes car son armée avait, dé le début, sous estimé la détermination d’une foule privée de tout, de travail, d’avenir et d’espoir. Tous les régimes arabes autoritaires se refusent à y penser : leurs peuples respectifs qui doivent nécessairement être tenus par une discipline de fer , se jettent dans les bras des intégristes religieux par désespoir car leur vie est désespérante. Si le président Moubarak avait précédé ces événements dramatiques, s’il avait consenti à améliorer un tant soit peu l’ordinaire de son peuple (qui vivote avec moins de deux dollars par jour) on n’en serait pas arrivé à une telle extrémité.
Mais il serait injuste de ne pas rendre justice à ce chef d’Etat qui ne sut pas partir alors qu’il était encore temps : il a lutté pour son pays, l’a dégagé après Sadate de la triste orbite soviétique, a fait la paix avec Israël, a épargné à son peuple les terribles coups de boutoir de Tsahal, a conclu avec les USA une alliance stratégique qui a sauvé les monarchies pétrolières et pérennisé les Etats arabes dits modérés, enfin, il a donné à l’Egypte une honorabilité qui lui manquait dans le monde. Le Président Sarkozy lui rendait hommage hier encore…
Que va-t-il se passer aujourd’hui ? L’armée a en mains tous les leviers et toutes les commandes. Je la vois mal rétablir toutes les libertés démocratiques et permettre aux Frères musulmans de prendre en main l’avenir du pays. Les USA sont très proches de cette armée qu’ils équipent et dorlotent sans toutefois lui donner les moyens de la parité avec israël. Cette même armée garantit la validité des engagements internationaux de l’Egypte, consciente qu’elle est que le moindre aventurisme militaire lui ferait perdre tout ses acquis.
La démission du président Moubarak va aiguiser les appétits des uns et des autres. L’armée va voir que de nouvelles perspectives s‘ouvrent à elle. Surtout, lorsque dans les prochains jours, la place de la Libération va se vider. On pourra alors faire les comptes et être réaliste.
Comment voulez vous réformer la Constitution, dissoudre le parlement et organiser des élections présidentielles et législatives en 6 petits mois ? Impossible ! D’ici le mois de septembre, le pays des Pharaons n’aura toujours pas un nouveau président. Le régime militaire va durer sans le dire vraiment.
Une ère d’incertitude s’ouvre devant nous. Un abîme qui pourrait être insondable. Souhaitons à l’Egypte une marche harmonieuse vers la démocratie et au Président Hosni Moubarak une retraite paisible. Il ne méritait pas une telle fin de mandat, même si l’on sait que son armée tient toujours à lui et le protègera.