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Vu de la place Victor-Hugo - Page 974

  • Le départ du président Hosni Moubarak, un homme d’Etat

    Le départ du président Hosni Moubarak, un homme d’Etat

    Le président parti à Sharm El Sheikh profiter d’une semi retraite bien méritée, les problèmes de l’Egypte demeurent. Ce sont de véritables défis qu’elle va devoir relever avec des dirigeants qui resteront les mêmes , puisque M. Moubarak a rendu le pouvoir à l’armée qui le lui avait confié après la mort violente d’Anouar el Sadate. Il y a trente ans.

    Le président Hosni Moubarak a les qualités d’un homme d’Etat. Il part dans des conditions presque infâmantes car son armée avait, dé le début, sous estimé la détermination d’une foule privée de tout, de travail, d’avenir et d’espoir. Tous les régimes arabes autoritaires se refusent à y penser : leurs peuples respectifs qui doivent nécessairement être tenus par une discipline de fer , se jettent dans les bras des intégristes religieux par désespoir car leur vie est désespérante. Si le président Moubarak avait précédé ces événements dramatiques, s’il avait consenti à améliorer un tant soit peu l’ordinaire de son peuple (qui vivote avec moins de deux dollars par jour) on n’en serait pas arrivé à une telle extrémité.

    Mais il serait injuste de ne pas rendre justice à ce chef d’Etat qui ne sut pas partir alors qu’il était encore temps : il a lutté pour son pays, l’a dégagé après Sadate de la triste orbite soviétique, a fait la paix avec Israël, a épargné à son peuple les terribles coups de boutoir de Tsahal, a conclu avec les USA une alliance stratégique qui a sauvé les monarchies pétrolières et pérennisé les Etats arabes dits modérés, enfin, il a donné à l’Egypte une honorabilité qui lui manquait dans le monde. Le Président Sarkozy lui rendait hommage hier encore…

    Que va-t-il se passer aujourd’hui ? L’armée a en mains tous les leviers et toutes les commandes. Je la vois mal rétablir toutes les libertés démocratiques et permettre aux Frères musulmans de prendre en main l’avenir du pays. Les USA sont très proches de cette armée qu’ils équipent et dorlotent sans toutefois lui donner les moyens de la parité avec israël. Cette même armée garantit la validité des engagements internationaux de l’Egypte, consciente qu’elle est que le moindre aventurisme militaire lui ferait perdre tout ses acquis.

    La démission du président Moubarak va aiguiser les appétits des uns et des autres. L’armée va voir que de nouvelles perspectives s‘ouvrent à elle. Surtout, lorsque dans les prochains jours, la place de la Libération va se vider. On pourra alors faire les comptes et être réaliste.

    Comment voulez vous réformer la Constitution, dissoudre le parlement et organiser des élections présidentielles et législatives en 6 petits mois ? Impossible ! D’ici le mois de septembre, le pays des Pharaons n’aura toujours pas un nouveau président. Le régime militaire va durer sans le dire vraiment.

    Une ère d’incertitude s’ouvre devant nous. Un abîme qui pourrait être insondable. Souhaitons à l’Egypte une marche harmonieuse vers la démocratie et au Président Hosni Moubarak une retraite paisible. Il ne méritait pas une telle fin de mandat, même si l’on sait que son armée tient toujours à lui et le protègera.

  • Les soubresauts du printemps égyptien et les maladresses du Pr Obama

    Les soubresauts du printemps égyptien et les maladresses du Pr Obama

    J’ai lu ou entendu quelque part un journaliste dire que l’actuel président américain était pire que son lointain prédécesseur M. Jimmy Carter. Cela pourrait s’avérer. Si l’on analyse, même sans approfondir le discours nocturne du Président Hosni Moubarak, on discerne qu’il se maintient pour faire pièce aux tentatives d’ingérences et aux pressions inacceptables des USA.
    Ces derniers, on le répète, sont obsédés par l’équation suivante : si le mouvement de la Place de la Libération devait perdurer, nul ne peut prédire qu’il ne virerait pas à l’iranienne, nul ne peut garantir que des agents de la subversion n’en prendraient la tête pour en tirer profit, frustrant ainsi la jeunesse égyptienne de sa révolution.

    En effet, à quoi se limite le programme des protestataires ? A un seul point, le départ immédiat de l’actuel président. Voulant les récupérer, le président US tente d’aller dans leur sens et réclame lui aussi le départ de l’homme fort d’Egypte. Ce dernier, fier général, d’une autre trempe que celle de Ben Ali, a redit qu’il mourra et sera enterré en Egypte, cette Egypte pour laquelle il a toujours vécu et s’est sacrifié.

    C’est vrai.

    Intervient alors une série de mesures dont l’Orient a le secret qui sont autre chose que ce pour quoi elles se donnent. Notre Occident, coulé dans le moule du cartésianisme, ne comprend pas cela, arc-bouté qu’il est sur les principes de l’identité et de la contradiction. Le Président égyptien transfère une partie de ses pouvoirs à son vice président, et parallèlement, l’armée dit qu’elle prend la situation en main. Et pour compliquer les choses, le Pr Moubarak prend la parole pour dire qu’il est toujours là et ne démissionne pas. Alors entre les mains de qui repose le pouvoir ? Nul ne le sait.

    Ou plutôt, si : entre les mains de l’armée qui manœuvre en finesse tout en renforçant ses positions pour évacuer le foyer de la contestation.

    Que retirer de tout cela ? Un nouveau fiasco de la diplomatie américaine au Proche Orient. Ce n’est pas le Pr Moubarak qui est le grand perdant, le grand perdant se situe de l’autre côté de l’Atlantique.

     

  • En Egypte, l’armée prend le pouvoir

    En Egypte, l’armée prend le pouvoir

     

    Suivi cet après-midi sur Al-Djazira . Un journaliste visiblement en désarroi apprend qu’un conseil supérieur des forces armées a pris le pouvoir en Egypte. Lorsqu’il demande au correspondant au Caire ce qu’il est advenu du Président Moubarak, ce dernier ne sait que répondre mais souligne que c’est le chef de l’Etat égyptien qui a transmis à l’armée les pleins pouvoirs.

    En somme, l’armée siffle la fin de la récréation. Ayant vu que rien n’incitait les protestataires à quitter la Place de la Libération, l’armée s’est inquiétée des troubles de plus en plus graves qui gagnent l’ensemble du pays.

    J’ai entendu en direct le chef d’etat major de l’armée annoncer la nouvelle qu’il a motivé par la nécessité de défendre la patrie et les habitants de l’Egypte.

    Que s’est-il passé ? Hier, déjà, j’avais cru comprendre que le ministre des affaires étrangères était opposé à une révision de la constitution dont certains articles empêchent certains partis (i.e. les Frères musulmans) à se porter candidat à la présidence. Il semble que le pouvoir ait été moins désemparé qu’il n’y paraissait ou, en tout cas, qu’il ait repris ses esprits et organisé en douceur la reprise en main.

    Que va-t-il se passer à présent ? Si cela se vérifie, l’armée va administrer le pays, ce qui signifie la loi martiale, la suspension de certaines libertés pour hâter un retour à la normale. C’est que les pertes économiques sont déjà énormes et le tourisme, véritable poumon du pays, est exsangue. Mais l’armée ne reviendra pas sur certains acquis, même fragiles, de la révolution des jeunes (Thawrat al-Chabab).

    Au plan diplomatique, cela signifie une cuisante défaire du président Obama qui a dû céder devant ses propres conseillers et ses généraux du Pentagone. Lui qui voulait une transition démocratique en bon ordre et rapidement, en est pour ses frais. Que l’armée soit appelée à la rescousse n’est pas un bon signe et on la voit pas faire la courte échelle aux Frères musulmans, ses ennemis jurés.Cela n’augure rien de bon pour le renouveau démocratique.

    Je laisse à de plus experts que moi le soin de déterminer ce président US est en mesure de dénouer des crises ou simplement de les gérer au mieux.

    Il faut dire que ce mouvement avait de quoi inquiéter : dépourvu de chef, n’ayant aucun programme sinon le vide du pouvoir, il symbolisait l’aventurisme le plus dangereux. En outre, rien ne garantissait que la situation, si elle venait à perdurer, n’évoluerait pas à l’iranienne… L’obsession des USA et on les comprend. Finalement, c’est cette crainte qui a conduit à la décision de mettre l’armée en première ligne.

    Personnellement, je pense qu’après une certaine période, l’armée optera pour une timide libéralisation du régime, sans remettre ses bases en cause. Or, c’est ce que voulaient les manifestation de meydane al-Tahrir. Est-ce à dire que la révolution a échoué avant même que de commencer à récolter ses premiers fruits ?

    Attention à l’armée ! Vous vous souvenez de ce que disait Nikita Kroutchow : vous pouvez tout faire avec des baïonnettes, sauf vous asseoir dessus…