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Vu de la place Victor-Hugo - Page 978

  • L’envolée des prix des matières agricoles : vers des émeutes de la faim ?

    L’envolée des prix des matières agricoles : vers des émeutes de la faim ?

    C’est hélas ce que redoute depuis quelques semaines la FAO qui assiste, impuissante, au renchérissement des denrées alimentaires de base : céréales, sucre, etc. Que va-t-il se passer et comment s’explique cette hausse continue et qui ne semble pas fléchir dans les mois qui viennent ?

    Il y eut d’abord les catastrophes climatiques, les incendies en Russie, les inondations en Australie, la hausse du prix du pétrole etc…

    Le monde n’a vraiment pas de chance : il sort d’une crise pour plonger dans une autre, un peu comme le navire qui va de Charybde en Scylla.

    Imaginez ce qui risque de se produire, même en Egypte, si les émeutes devaient se poursuivre et l’activité économique se ralentir toujours plus au point de passer à la paralysie complète : comment nourrir toute cette population ? Certes, de ses greniers à blé, l’Amérique pourra par un pont aérien déverser sur le marché égyptien, du blé, de l’orge et toutes sortes d’autres céréales. Mais voilà, ce pays ne sera pas le seul touché. En plus de ces pauvres pays d’Afrique, victimes habituelles de maux endémiques, il y a, pour ne citer qu’elle, la petite Jordanie où les troubles ont commencé pour dénoncer la vie chère. Et aussi la Tunisie dont les manifestants ne demandaient que de l’eau, du pain et du travail…

    A l’évidence, notre temps requiert une gouvernance économique mondiale. Bientôt, il faudra veiller sur les denrées alimentaires comme on surveille le lait sur le feu. Mais certaines grandes puissances ont bien pris la mesure de ce phénomène : voyez la Chine qui achète un peu partout le moindre champ de céréales pour en récolter la moisson et engranger chez elle des denrées alimentaires. Inversement, cette boulimie d’achats risque de provoquer l’arrivée prochaine d’une pénurie et entretient aussi un niveau élevé des prix.

    Quand les crises menacent, des concours de circonstances défavorables en accentuent les déséquilibres.

  • L’ingérence impardonnable du Pr Obama, selon les Egyptiens

    V

    L’ingérence impardonnable du Pr Obama, selon les Egyptiens

     

    Au vu des derniers développements, les commentateurs se disent presque tous que le Pr Obama a perdu le capital de sympathie dont il disposait chez les Arabes en raison de son ingérence grossière dans les affaires intérieures de l’Egypte. Comment en est-on arrivé là ?

    Comme on le remarquait dans une précédente note, la phobie, l’obsession des Américains est la perte du plus puissant allié dans le monde islamique et, par voie de conséquence, l’émergence d’un second Iran : toute la stratégie américaine n’y résisterait pas et l’US Army serait contrainte de faire la guerre. Ce dont personne ne veut. Et on comprend cela très bien.

    Barack Obama qui confond souvent les grands principes avec les dures conditions de la Realpolitik s’est imaginé que son seul discours du Caire (justement, quelle coïncidence !) suffirait à lever les inhibitions d’un monde arabo-musulman replié sur lui-même, ruminant ses humiliations passées et appelant de ses vœux et de ses feux une étincelante revanche sur les puissances occidentales. Laquelle tarde à venir…

    On peut comprendre ce ressentiment même si on peut tout faire avec du ressentiment sauf une politique.

    Le Pr Obama a osé s’adresser directement au peuple d’Egypte, par dessus l’épaule de ses dirigeants, ceux-là même qui se sont conduits en alliés fidèles des USA depuis plus de trois décennies ! On imagine la rancœur du Pr Moubarak, vexé de se voir rejeté comme un pestiféré et sommé comme un vulgaire sous fifre de s’en aller ; le tout pour que l’actuel président US passe aux yeux de l’opinion publique égyptienne comme le défenseur de ses droits humains et démocratiques… Le calcul de M. Obama était simple : montrer aux Egyptiens que les USA sont leurs amis, qu’il ne faut pas en changer et qu’un Iran second ne doit jamais voir le jour dans la région. Mais il n’a pas choisi le meilleur instrument pour arriver à ses fins. L’Egypte n’est pas un protectorat US m$eme si les subsides des Américains lui permettent de maintenir la tête hor de l’eau et d’équiper son armée…

    Naïf, le Pr Obama a pensé qu’il pourrait cajoler la haute hiérarchie militaire du Nil et la détachait ainsi du Pr Moubarak. Erreur, erreur fatale. Le vieux président s’en est rendu compte et a opposé plus de résistance que prévu. En Egypte, l’armée c’est le pouvoir et le pouvoir c’est l’armée.

    Evidemment, je déplore que le pouvoir ait lancé ses nervis contre de pauvres gens qui manifestaient pacifiquement et qui, somme toute, ne le menaçaient guère. Un vieux briscard de la politique française en Afrique, habitué aux coups d’Etat, me disait qu’un coup bien mené aboutit avant le coucher du soleil, sinon ses auteurs sont appelés soit à fuir comme des pleutres soit à se balancer au bout d’une corde.

    Et que se passe-t-il ? Le ministre de la défense, aussi Vice Premier Ministre, est allé voir les manifestants qu’il caressa dans le sens du poil leur disant que le Président avait promis de partir au terme de son mandate et de ne pas se représenter… Et en conséquence, il les pria de s’en retourner à la maison.

    Et les Américains ne comprennent pas cela ; croyant qu’ils ont affaire à des gens comme eux. Mais depuis le début l’armée joue sur plusieurs tableaux car si elle avait voulu se défaire du président, croit on le chef d’Etat major aurait accepté de rentrer au gouvernement ?

    Bref, en raison des maladresses répétées du Pr Obama, l’antiaméricanisme prend forme en Egypte et c’est cela qui est très grave. Aucun autre gouvernement ne s’est conduit de la sorte, pas même l’ONU. Or, les Egyptiens tiennent par dessus tout à leur dignité et à leur indépendance. Même les membres de l’élite qui doutaient de M. Moubarak se rassemblent autour de lui.

    C’est à se demander de quel côté de l’Atlantique se trouvent les grands hommes d’Etat… Il est temps que l’Amérique renoue avec la vieille et glorieuse tradition des Truman, Roosevelt et Eisenhower.

  • Le président Moubarak ne partira pas

    Le président Moubarak ne partira pas

    J’ai attentivement écouté hier soir sur Al-Djazira l’interview du vice-président égyptien Omar Souleymane. L’homme est calme, posé et fait très bonne impression. Pas d’envolée enflammée, pas de diatribes haineuses contre des opposants politiques, un excellent arabe qui vire vers la langue dialectale populaire afin de toucher les masses et se présenter comme une autorité très proche d’elles et sensibles à leurs demande. Mais aussi, et surtout, un hommage soutenu et remarqué à la jeunesse, à ses idéaux et à son amour de l’Egypte, donc à son patriotisme.

    Le Vice-Président a évoqué une bonne dizaine de fois le nom de son président, on a bien l’impression qu’il n’y aura ps dans l’immédiat de révolution de palais : tous ces hommes qui sont aux commandes portent le même uniforme et sont issus du même moule, l’armée égyptienne. Certes, celle-ci donne l’impression de ne pas savoir vraiment ce qu’elle veut, d’hésiter… En vérité, il n’en est rien car nous sommes en Orient où les Cartésiens ne sont pas légion. On peut le déduire des déclarations courroucées du président Moubarak qui reproche aux USA et à leur président Obama une méconnaissance totale des réalités en Egypte. En effet, M. Obama croit naïvement qu’il a affaire à un pays comme le sien où la mentalité est la même qu’en Europe et où, comme le disent les Evangiles le oui est un oui et le non un non…

    M. Omar Souleymane a ensuite souligne qu’il ne restait plus que 200 pour organiser des élections présidentielles et législatives et pour opérer des réformes constitutionnelles. C’est peu. Il est entré dans les détails, parlant de la suppression ou de la modification de certains articles qui empêchaient certaines candidatures. Mais il a aussi, et surtout,  affirmé que ni lui, ni le président ni le fils de ce dernier ne se présenteront à l’élection présidentielle. Il a, aussi, en conclusion, demandé aux manifestants de rentrer chez eux et de prouver par leur conduite calme et disciplinée, leur amour de l’Egypte et leur patriotisme.

    Cet homme n’a pas la réputation de parler pour ne rien dire. Son dernier appel laisse prévoir que l’armée va, dans les toutes prochaines heures, siffler la fin de la partie. Surtout depuis qu’on a vu les pro Moubarak s’organiser et attaquer leurs adversaires sur la Place de la Libération, sous les yeux d’une troupe qui reste l’arme au pied.

    En fait, et en dépit des apparences, l’armée ait bloc autour des dirigeants, car, contrairement à la Tunisie où la troupe était à la marge, en Egypte, le pouvoir c’est l’armée et inversement.

    Reste une inconnue, la diplomatie américaine. Les USA ont abattu leurs cartes trop rapidement et sont allés trop vite en besogne. Pourquoi ? Parce qu’ils ont une appréhension quasi obsessionnelle, l’émergence d’un Iran bis qui s’implanterait au cœur même du monde musulman. CE serait la catastrophe : l’Iran, d’un côté, le Liban et le Herzbollah de l’autre, et au centre, l’Egypte avec ses 80.000 000 d’habitants.

    On comprend que M. Obama n’en dorme pas la nuit. Mais dans toute cette affaire, où est et que fait l’Europe ?