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Vu de la place Victor-Hugo - Page 978

  • LES SUITES DE LA RÉVOLUTION EGYPTIENNE : DU NATIONALISME AU BELLICISISME ?

    LES SUITES DE LA RÉVOLUTION EGYPTIENNE : DU NATIONALISME AU BELLICISISME ?

     

    Ce matin, les radios et les télévisions se font l’écho des inquiétudes qui assaillent tous les esprits : que vont faire les militaires, détenteurs exclusifs du pouvoir ? En fait, le monde occidental est vraiment pris de court par tout ce qui arrive car il a toujours voulu, consciemment ou inconsciemment, ignoré les Arabes, leurs caractère, leur religion et leurs mœurs en général. Quand on entend certains commentateurs autorisés, même ceux venant du Quai d’Orsay, on se demande comment on peut être si mal informé de l’âme arabe, de ses réactions, de sa sensibilité et de son altérité par rapport aux valeurs occidentales. Seuls quelques universitaires de haut vol savant, mais on ne leur demande jamais leur avis. Et lorsque les catastrophes fondent sur le monde, on leur alors de les commenter. En latin cela s’appelle logificatio post festum

    Un exemple dans le cas égyptien qui nous occupe et nous préoccupe depuis quelques semaines : le rôle de l’armée, son ambiguïté, le jeu trouble joué par elle etc…

    On dit aujourd’hui qu’elle a pris le pouvoir, mais elle ne l’avait jamais rendu ni perdu. On peut simplement dire qu’elle agit désormais au grand jour et qu’elle apparaît en toute première ligne. Le président Moubarak n’a pas pu, à lui seul, tenir tout un pays de près de 85. 000 000 d’habitants s’il n’était pas relayé par d’innombrables infrastructures dont l’armée a toujours été l’âme. Depuis le début des années 50, aucun haut dirigeant de l’Egypte ne fut un civil, tous les chefs sont issus de l’armée de Naguib à Moubarak. S’il existe un pays où le complexe militaro-industriel est présent, c’est bien l’Egypte. Il est vrai aussi que même en Israël tant de premiers ministres ont fait une longue et brillante carrière dans Tsahal ; mais la différence, et elle est de taille, c’est qu’en Israël le régime a toujours été démocratique. Même David Ben Gourion a dû plier lorsque la majorité de Kenését lui retira sa confiance… Ce n’est pas le cas dans ce monde arabe en ébullition.

    Je ne redoute nullement une action militaire aventureuse contre Israël, ni même une mesure au profit du Hamas à Gaza car la haute hiérarchie militaire égyptienne ne veut pas le développement du Hamas ni son extension vers l’extérieur. Non, ce qui me préoccupe, c’est la renaissance d’un nationalisme qui pourrait aboutir à un bellicisme lequel ramènerait quatre décennies en arrière.

    L’Egypte va nous réserver bien des surprises dans les semaines à venir. Mais nous regardons avec une appréhension certaine ce qui va se passer ce samedi à Alger, ce qui risque aussi d’arriver en Syrie… Et dans ces deux pays où la situation est critique, le pire, hélas, est à craindre…

    L’armée algérienne n’est pas l’armée égyptienne. Elle ne reçoit d’ordre que de ses chefs et ne dépend de personne d’extérieur pour ses équipements. Les milliards provenant du pétrole et du gaz lui assurent une autonomie considérable.

    Mais après tout, peut-être existe-t-il une force, une intelligence cosmique qui favorise, sans qu’on le sache, l’émergence, la victoire de l’esprit et de la justice sur les forces maléfiques de l’oppression et de l’iniquité.

  • Le départ du président Hosni Moubarak, un homme d’Etat

    Le départ du président Hosni Moubarak, un homme d’Etat

    Le président parti à Sharm El Sheikh profiter d’une semi retraite bien méritée, les problèmes de l’Egypte demeurent. Ce sont de véritables défis qu’elle va devoir relever avec des dirigeants qui resteront les mêmes , puisque M. Moubarak a rendu le pouvoir à l’armée qui le lui avait confié après la mort violente d’Anouar el Sadate. Il y a trente ans.

    Le président Hosni Moubarak a les qualités d’un homme d’Etat. Il part dans des conditions presque infâmantes car son armée avait, dé le début, sous estimé la détermination d’une foule privée de tout, de travail, d’avenir et d’espoir. Tous les régimes arabes autoritaires se refusent à y penser : leurs peuples respectifs qui doivent nécessairement être tenus par une discipline de fer , se jettent dans les bras des intégristes religieux par désespoir car leur vie est désespérante. Si le président Moubarak avait précédé ces événements dramatiques, s’il avait consenti à améliorer un tant soit peu l’ordinaire de son peuple (qui vivote avec moins de deux dollars par jour) on n’en serait pas arrivé à une telle extrémité.

    Mais il serait injuste de ne pas rendre justice à ce chef d’Etat qui ne sut pas partir alors qu’il était encore temps : il a lutté pour son pays, l’a dégagé après Sadate de la triste orbite soviétique, a fait la paix avec Israël, a épargné à son peuple les terribles coups de boutoir de Tsahal, a conclu avec les USA une alliance stratégique qui a sauvé les monarchies pétrolières et pérennisé les Etats arabes dits modérés, enfin, il a donné à l’Egypte une honorabilité qui lui manquait dans le monde. Le Président Sarkozy lui rendait hommage hier encore…

    Que va-t-il se passer aujourd’hui ? L’armée a en mains tous les leviers et toutes les commandes. Je la vois mal rétablir toutes les libertés démocratiques et permettre aux Frères musulmans de prendre en main l’avenir du pays. Les USA sont très proches de cette armée qu’ils équipent et dorlotent sans toutefois lui donner les moyens de la parité avec israël. Cette même armée garantit la validité des engagements internationaux de l’Egypte, consciente qu’elle est que le moindre aventurisme militaire lui ferait perdre tout ses acquis.

    La démission du président Moubarak va aiguiser les appétits des uns et des autres. L’armée va voir que de nouvelles perspectives s‘ouvrent à elle. Surtout, lorsque dans les prochains jours, la place de la Libération va se vider. On pourra alors faire les comptes et être réaliste.

    Comment voulez vous réformer la Constitution, dissoudre le parlement et organiser des élections présidentielles et législatives en 6 petits mois ? Impossible ! D’ici le mois de septembre, le pays des Pharaons n’aura toujours pas un nouveau président. Le régime militaire va durer sans le dire vraiment.

    Une ère d’incertitude s’ouvre devant nous. Un abîme qui pourrait être insondable. Souhaitons à l’Egypte une marche harmonieuse vers la démocratie et au Président Hosni Moubarak une retraite paisible. Il ne méritait pas une telle fin de mandat, même si l’on sait que son armée tient toujours à lui et le protègera.

  • Les soubresauts du printemps égyptien et les maladresses du Pr Obama

    Les soubresauts du printemps égyptien et les maladresses du Pr Obama

    J’ai lu ou entendu quelque part un journaliste dire que l’actuel président américain était pire que son lointain prédécesseur M. Jimmy Carter. Cela pourrait s’avérer. Si l’on analyse, même sans approfondir le discours nocturne du Président Hosni Moubarak, on discerne qu’il se maintient pour faire pièce aux tentatives d’ingérences et aux pressions inacceptables des USA.
    Ces derniers, on le répète, sont obsédés par l’équation suivante : si le mouvement de la Place de la Libération devait perdurer, nul ne peut prédire qu’il ne virerait pas à l’iranienne, nul ne peut garantir que des agents de la subversion n’en prendraient la tête pour en tirer profit, frustrant ainsi la jeunesse égyptienne de sa révolution.

    En effet, à quoi se limite le programme des protestataires ? A un seul point, le départ immédiat de l’actuel président. Voulant les récupérer, le président US tente d’aller dans leur sens et réclame lui aussi le départ de l’homme fort d’Egypte. Ce dernier, fier général, d’une autre trempe que celle de Ben Ali, a redit qu’il mourra et sera enterré en Egypte, cette Egypte pour laquelle il a toujours vécu et s’est sacrifié.

    C’est vrai.

    Intervient alors une série de mesures dont l’Orient a le secret qui sont autre chose que ce pour quoi elles se donnent. Notre Occident, coulé dans le moule du cartésianisme, ne comprend pas cela, arc-bouté qu’il est sur les principes de l’identité et de la contradiction. Le Président égyptien transfère une partie de ses pouvoirs à son vice président, et parallèlement, l’armée dit qu’elle prend la situation en main. Et pour compliquer les choses, le Pr Moubarak prend la parole pour dire qu’il est toujours là et ne démissionne pas. Alors entre les mains de qui repose le pouvoir ? Nul ne le sait.

    Ou plutôt, si : entre les mains de l’armée qui manœuvre en finesse tout en renforçant ses positions pour évacuer le foyer de la contestation.

    Que retirer de tout cela ? Un nouveau fiasco de la diplomatie américaine au Proche Orient. Ce n’est pas le Pr Moubarak qui est le grand perdant, le grand perdant se situe de l’autre côté de l’Atlantique.