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  • Ernest Renan et le judaïsme (fin) 

    Dans mon ouvrage intitulé Renan, la Bible et les juifs (Arléa, 2009) j’ai répondu sérieusement à cette triple question qui ne laisse pas d’être complexe en raison du côté  chatoyant, voire fuyant, des développements de notre auteur. Cette attitude d’esprit a même donné naissance à un substantif, le renanisme, censé cacher sa vraie pensée afin d’échapper aux fourches caudines de censeurs éventuels.

    Et on se souvient des terribles controverses qui ont salué, pour ainsi dire, la publication de la Vie de Jésus… On se souvient aussi de cette leçon inaugurale au Collège de France qui fut très mouvementée au moment où le nouveau professeur a parlé de Jésus, cet homme admirable (je cite de mémoire). C’tait une provocation car pour les orthodoxes Jésus a une forme divino-humaine. Aussitôt les ecclésiastiques présents dans la salle tapèrent du poing contre leur pupitre pour marquer leur mécontentement. Il était évident que l’exercice académique de Renan serait de bien courte durée.

    Les prélats allèrent trouver l’impératrice Eugénie pour lui demander de convaincre son impérial époux de suspendre l’académicien (il était membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). La manœuvre se fit en deux temps : d’abord la suspension immédiate pour calmer les orthodoxes, ensuite, un peu plu tard, la révocation avec, en guise de compensation, une nomination comme directeur à la Bibliothèque Impériale.

    La réponse de Renan ne se fit pas attendre : d’abord, il continua à donner ses cours chez lui à quelques fidèles lecteurs et disciples. Puis, il lança une bombe, il publia cette Vie de Jésus qui fut un succès mondial. Puisque même en Orient, au Liban lors d’une mission officielle de recherche, un Libanais lu a demandé s’il était bien ce Renan que l’Eglise avait chassé de son sein. Il ajouta que son propre père lui avait dit que cet homme était le diable en personne puisqu’il avait osé porter une main sacrilège sur notre Seigneur… Renan avait brûlé ses vaisseaux comme le Hagen de la mythologie wagnérienne : plus aucune voie de recours,  plus aucune chance de retour.

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  • Renan, un esprit qui s’émancipe de la Tradition et de l’orthodoxie (VI)

                                          La foi disparue, la morale reste… ( Renan)

    Nous approchons du dénouement : Renan a rompu avec cette sainte mère, l’église, qui l’a nourri, adopté, protégé, formé, lui a ouvert presque tous les horizons et voilà que lui, en guise de reconnaissance, lui tourne le dos ;  et il la critiquera au cours des années suivantes avec une violence inouïe.Mais au sein de l’église catholique, Renan ne veut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il s’en prend exclusivement à l’orthodoxie qu’il qualifie de barre de fer : elle ne cède sur rien, ne recule pas d’un pouce, veut tout conserver même les dogmes les plus invraisemblables.  Une telle position est absolument intenable selon notre philosophe-historien.

    Les gens blasés, ou simplement les cyniques, diront qu’il n y a dans cette vive ingratitude rien d’étonnant, que c’est l’absence généralisée d’éthique, et que  Renan ne fait pas exception à la règle. Triste vérité,  affligeant constat.

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  • Renan à la recherche de l’essence du christianisme (V)

    On voit que notre jeune Breton, enfin arrivé et scolarisé à Paris au petit séminaire, justifie tous les espoirs que ses vieux maîtres avaient placés en lui. La vie n’était pas facile, non d’un point de vue matériel puisqu’il ne manquait de rien, mais au niveau de l’essence du christianisme, de sa doctrine fondamentale et des défis que lui posaient la société et les gens. La cléricature, comme dit Renan, n’avait pas partout la même approche. Bien qu’ayant commencé par admirer sans borne le père Dupanloup, le jeune Renan devenait désormais en mesure d’exercer un œil critique sur ce qu’on lui avait appris en tant que Nicolaïte et discernait les faiblesses du système qui l’avait formé. Toujours les mêmes critiques, la crainte de faire entrer dans l’école un peu d’air frais, un esprit nouveau, ne plus ressasser les mêmes formules éculées, renouveler le magistère, vivre en accord avec son temps. Il isole des phrases assassines qu’il applique à ce qu’il voit autour de lui : la vérité sort bien plus de l’erreur que de la confession…

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