LES USA ET LA SYRIE : LES DESSOUS DE L’ATTAQUE COMMANDO À LA FRONTIÈRE IRAKO-SYRIENNE…
Retour de Genève hier soir tard, j‘ai pu prendre connaissance du discours en anglais du ministre syrien des affaires étrangères Mouallem qui accusait sur France-Info les Américains de crime de guerre et de terrorisme. C’est vraiment inverser les rôles. Mais par delà les rhétorique habituelles des régimes autoritaires et anti-démocratiques, essayons de voir ce que cache cette opération militaire qui ne tombe pas hasard…
Bref rappel des faits : depuis l’invasion de l’Irak et la chute de Saddam, les Irakiens et leurs allés américains considèrent que deux Etats sont majoritairement responsables de la recrudescence du terrorisme dans le pays du Tigre et de l’Euphrate : l’Iran et la Syrie qui alimentaient les insurges en hommes et en armes. Il suffit de se souvenir des mises en garde des chefs militaires américains basés en Irak adressées à l’Iran mais surtout à la Syrie. Cette dernière, isolée sur la scène internationale et craignant pour la survie de son régime, ne savait que faire jusqu’au coup de génie de Nicols Sarkozy qui sut la séduire et lui montrer que sa réintégration dans le concert des nations civilisées passait par une distanciation avec l’Iran.
C’est, fort de ce soutien et de cette nouvelle mais éphémère respectabilité, que les Syriens se sont crus autorisés à se plaindre bruyamment dans la presse mondiale et à jouer les victimes. L’Etat auquel on reproche depuis des décennies des conduits inqualifiables au Liban et ailleurs au proche Orient a enfin l’occasion de jouer la victimisation. Renversement de situation assez spectaculaire !
Pourtant, ce modèle de réaction est calquée sur les précédentes : lorsqu’Israël bombarda il y a plus d’une année un centre réputé nucléaire et servi par des ingénieurs nord-coréens, Damas a commencé par nier les faits et lorsqu’elle a reconnus, ce fut pour dire que le site était civil et que l’agression israélienne était une violation caractérisée de sa souveraineté. Mais lorsque les inspecteurs de l’ONU ont voulu inspecter le site, ce n’est, comme par hasard, plus possible…
En effectuant leur dernier raid (car ce n’est pas le premier, les Syriens ont porté la chose sur la place publique car ils y avaient intérêt cette fois ci), les Américains savaient ce qu’ils visaient : un centre qui facilitait l’introduction en Irak d’armes et d’hommes destinés au soutenir les insurgés, au moment que les attentats terroristes dans le pays de Saddam stagnent à un niveau résiduel.
Quels objectifs poursuivaient les Américains en agissant ainsi soudainement ? Probablement plusieurs. D’abord, il ne faut pas oublier que cette attaque pourrait renforcer l’un des deux candidats à l’élection présidentielle (devinez lequel !) en montrant qu’il faut un homme, un vrai, un soldat, un héros, à la tête des USA, qui sache traiter les crises et prendre les bonnes décisions.
Ensuite, il ne faut pas oublier que les Syriens sont unis aux Iraniens par une sorte de contrat de défense et d’alliance mutuelles. Or, les USA attendaient peut-être une réaction de Téhéran, voire une riposte de la Syrie contre Israël, ce qui aurait permis aux Américains et aux Israéliens de donner une leçon à Téhéran en bombardant ses sites nucléaires.
Au fond, Georges Bush n’a plus rien à perdre, il part dans un peu plus de 65 jours et aimerait bien régler une affaire qui lui tient à cœur.
En conclusion, cette région du monde doit absolument être pacifiée par tous les moyens tant son impact sur le reste du monde est grand. Que l’on prenne garde à ce petit incident, inoffensif seulement en apparence car il ressemble étrangement à ce genre d’escarmouches aux frontières, annonciatrices de grands chambardements. C’est donc un double avertissement aux Syriens et aux Iraniens : a) les USA sont aux portes et frappent où ils veulent. B) les Syriens sont pu prendre la mesure de leur solitude et donc de leur vulnérabilité. Aucun pays arabe ne viendra à leur secours et l’Iran, lui, déjà troublé, par le drapier des lanciers de Damas, n’ont pas bougé. Sans même parler d’Israël qui n’en a toujours fini avec son voisin du nord.
A quoi la paix, enfin ?
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LES ELECTIONS ISRAÉLIENNES
LES ELECTIONS ISRAÉLIENNES
C’est désormais officiel, les élections législatives auront lieu en Israël au mois de février 2009. D’un point de vue purement objectif, on peut parler de l’insuccès (ne disons pas échec) de Madame Livni, Présidente de Kadima. Elle n’est pas parvenue à convaincre les petits partis dont l’appoint était nécessaire pour former une coalition viable. N’épiloguons pas sur ces infructueuses tentatives et voyons plutôt comment les choses vont se présenter dans les prochaines semaines.
La campagne électorale risque fort de réserver des surprises pour la raison suivante : comme les partis vont d’abord penser à eux-mêmes, les forces qui ambitionnaient de gouverner ensemble risquent fort de s’entre déchirer, notamment Kadima et le parti travailliste, qui, en principe, devraient être appelés à gouverner ensemble. Sauf à faire d’entrée de jeu une plateforme commune, une sorte de programme commun à l’israélienne, ces deux partis vont développer des thèmes électoraux différents. Cette division va probablement renforcer le likoud de Benjamin Nentayahu qui semble avoir le vent en poupe. Ce dernier n’aura guère de mal à convaincre les partis religieux dont les voix sont cruciales. Or, ces partis ont généralement deux desiderata sur lesquels ils ne transigent jamais ; la question du statut définitif de Jérusalem et les allocutions familiales destinées à cette frange de la population qui a charge d’âmes et qui est en voie de paupérisation relative au sein d’une société israélienne touchée par la crise économique mondiale. Les préoccupations des partis religieux rejoignent en gros celles du likoud qui est partisan d’une durcissement face aux Arabes. Et les récents attentats en plein cœur de Jérusalem risquent fort de leur donner raison.
Sauf retournement de la situation, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
Reste un dernier obstacle inhérent à la formation de Kadima en soi. Il s’agit d’un nouveau parti qui se veut centriste et qui n’a pas encore affronté de crise grave pouvant galvaniser ses troupes : le risque est que celles-ci se délitent. Et il n’ y a plus un Ariel Shraon dont le charisme et l’intelligence politique auraient changer la donne.
A qui la faute ? Au système de coalition en Israël. Avec une dynamique majoritaire mettant aux prises deux grands partis, la situation eût été autre.
Madame Livni aura-t-elle la sagesse de laisser à un autre le soin de diriger le parti et de mener la campagne électorale ? J’en doute fortement.
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NGELA MERKEL ET NICOLAS SARKOZY
ANGELA MERKEL ET NICOLAS SARKOZY
Mais qu’est ce qui ne va pas entre la chancelière allemande et le président français ? Pourquoi le courant ne passe-t-il pas ? Déjà la France avait dû changer l’axe de sa politique méditerranéenne pour complaire à la demande allemande de faire de la relation avec les pays de la Méditerranéenne une affaire européenne et non point spécifiquement française. Et les Français s’étaient inclinés.
Nicolas Sarkozy a montré qu’il avait incontestablement une stature d’homme d’Etat ; il l’a prouvé lors de la crise russo-georgienne et nous venons d’apprendre par les indiscrétions d’un ancien conseiller de W. Poutine que celui-ci avait échafaudé un plan plusieurs années à l’avance pour attaquer le président pro-occidental de ce pays, organiser des incidents de frontière, foncer sur Tbilissi et mettre en place un Géorgien affidé de Moscou. Nicolas Sarkozy a pris tout le monde de vitesse, en plein été. Il a contraint les Russes à se retirer et le régime géorgien a été sauvé. Madame Merkel lui a emboîté le pas à Tbilissi bien plus tard…
Dans un précédent article, j’ai eu l’occasion de rappeler qu’en l’espace d’un week-end, en apprenant qu’une importante banque allemande spécialisée dans l’immobilier, Madame Merkel a changé de position, du tout au tout… Et c’est tant mieux car elle n’avait tout simplement pas la mesure de la menace.
A présent, Nicolas Sarkozy sait que la crise ne sera pas derrière nous fin décembre 2008. Il propose donc de continuer à présider l’Eurogroupe, avec tout le respect et la considération qu’on peut avoir pour nos amis tchèques, qui prendront la présidence en ce temps là. Et voilà que Madame Merkel demande des explications au président français…
Ayant recueilli l’avis des meilleurs experts, Nicolas Sarkozy décide d’instituer un fonds souverain chargé de sauver les entreprises françaises susceptibles de devenir la proie de prédateurs étrangers. Madame Merkel marque son opposition… Mais que se passe-t-il ?
Enfin, il semble que cette dissonance, pour ne point dire cette opposition, remonte à l’élargissement de l’Europe aux anciens pays de l’Europe de l’est qui constituent –et c’est normal- le hinterland de l’Allemagne. Cet élargissement, disons le nettement, n’arrangeait pas les affaires de la France qui dut s’en accommoder…
Tous ces petits différends remontent à la surface au point que l’on ne parle plus que rituellement du couple ou du moteur franco-allemand. Il faut se ressaisir.
Mais franchement comment les Tchèques auraient-ils pu parler aux Russes pour la Géorgie ? Et comment feront-ils pour réorganiser le système financier mondial !!??