QUE SE PASSE-il en Iran ?
On apprend qu’une française est emprisonnée sous la fausse accusation d’espionnage. Les autorités françaises sont formelles : la personne ainsi incriminée est innocente et n’a strictement rien se reprocher. Que se passe-t-il donc ? Probablement des tentatives d’intimidation encouragée par le régime qui veut donner l’impression qu’il est assiégé mais, aussi, qu’il veille et sait, au besoin se défendre contre ses ennemis, même imaginaires
… C’est aussi une manœuvre pour faire peur à ceux qui seraient tentés de commettre des ingérences. Mais y a-t-il eu des ingérences ? Tout dépend comment on entend ce mot. Pour le régime actuel, celui des Mollahs, rendre compte de ce qui se passe sur place et dire que les élections ne furent pas régulières, revient tout simplement à commettre une ingérence inadmissible. Du coup, ce sont tous les journalistes indépendants et objectifs qui pourraient être visés. D’où l’expulsion de journalistes de la BBC, accusés d’avoir diffusé des nouvelles fausses, et, partant, de comploter contre le régime.
Les régimes totalitaires interprètent comme des agressions inacceptables le fait de rapporter avec exactitude ce qui se passe chez eux. Ils prennent donc des mesures de nature à décourager les journalistes et les reporters indépendants. A leurs yeux, parler des problèmes, c’est les créer.
On aurait dû se méfier depuis que le pouvoir en place a diffusé à la télévision les pseudo-confessions d’émeutiers repentis qui se sont joints aux manifestations après avoir été abusés par les émissions mensongères de radios étrangères. Mais on ne dit rien ou presque des remarques contestataires d’hommes comme Rafsandjani ou du grand Ayatollah (en résidence surveillées) Montazeri..
Je crains que l’Iran soit en train de s’enfoncer dans la crise, une crise du régime qui ne sait pas que la répression n’est pas une solution durable.
Nikita Kroutchev avait dit un jour qu’on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus. Un propos un peu imagé mais qu’il convient de méditer.
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la délivrance des captifs dans le judaïsme: le cas Shalit
La libération du jeune Gilad Chalit
Hier matin, à la synagogue de Netanya, lors de la prière du samedi matin, les bénédictions habituelles furent récites, notamment celles à destination de Tsahal qui garde les frontières de l’Etat etr garantit la sécurité extérieure de ses habitants. Mais une autre prière fut récite, à l’intention, celle-là, des prisonniers dont on supplie Dieu de hâter la rapatriement en bonne santé : we-yashiv ha-shevouyim le-beytam.
Et à cet instant précis, tous les orants pensent à une seule personne : le caporal Gilad Shalit.
Il est évident que la noblesse d’un pays et la vertu de son armée se mesurent à l’au ne des préoccupations pour leurs prisonniers. Je partage ce souci et dois reconnaître que toute la tradition religieuse juive en fait une obligation, voire une obsession : tout faire pour faciliter les retour des captifs, civils ou militaires, racheter à prix d’or et d’argent, s’il le faut, ceux qui sont tombés en esclavage, bref ne pas laisser ses frères dans des mains étrangères. Même chez Maimonide, le grand philosophe du Moyen Age, nous trouvons dans la Guenizah du Caire, un texte autographe où il charge trois émissaires de collecter de l’argent dans toutes les communautés juives d’Egypte, en vue de ramener les captifs chez eux.
L’intention est fort louable, mais est-elle viable aujourd’hui ? En décembre, lors de l’offensive contre Gaza, le ministre de la défense évoquait le pacte unissant l’armée à la nation : ramener les conscrits chez eux, coûte que coûte. Le problème est que l’ennemi en fait un point faible qu’il convient d’exploiter et cela devient une véritable industrie de guerre. Chacun se souvient encore dans ce pays du jeu macabre du Hezbollah qui garda le secret sur le sort réel des deux soldats de Tsahal, pour ne rendre que leurs cadavres, alors qu’ils avaient été capturés blessés, mais vivants.
Je le répète, il faut tout faire pour libérer le soldat Shalit. Mais comment faire pour que cela ne transforme pas éternel talon d’Achille d’Israël ? Les prisonniers palestiniens dont la détention n’est sûrement pas très facile disposent tout de même de visites de la Croix Rouge et leurs familles savent où ils sont et comment ils se portent. Pour Gilad Shalit, rien ou presque en trois ans : une lettre, si je ne m’abuse. Et c’est peu.
Comment faire pour que dans cette région du monde, les mœurs, même en période de guerre, deviennent plus humaines ? Il ne faut hélas pas prendre ses désirs pour des réalités. Et dans l’intervalle, Israël devra prendre des mesures ou changer de politique. Faute de quoi, il risue d’y avoir d’autres Shalit. -
Jeanna BENCHIMOL nous a quittés
Voici une vie de femme exemplaire. Mais aussi une bonne illustration des tribulations d’une famille juive issue d’Afrique du nord, plus exactement d’Algérie. Née en 1918 à Mascara, première institutrice diplômée à à peine 19 ans, Jeanne Benchimol, de son nom de jeune fille, BETTAN, a servi à un très jeune âge comme institutrice à Colomb Béchar, dans le sud algérien. C’était en 1938. Elle se maria plus tard et fut mise à pied par le régime de Vichy, en raison des lois raciales de ce régime honni. Après la libération de l’Afrique du nord par les Anglo-Américains et les Forces françaises libres, elle fut réintégrée dans ses fonctions et pu poursuivre sa carrière d’enseignante . Elle eut trois filles qui firent toutes de brillantes études universitaires. Attachée à son pays natal, l’Algérie, elle dut prendre le chemin de l’exil à l’indépendance de cette ancienne colonie française.
Etablie dans la banlieue parisienne, elle resta institutrice jusqu’à l’âge de la retraite. Son époux, chef du centre des impôts du Xe arrondissement de Paris, prit sa retraite au même moment qu’elle. Dès lors, les deux retraités de la fonction publique choisirent de s’établir en Israël ; à Netanya, petite cité balnéaire où il fait bon vivre. Pour être aussi près de leurs petits enfants, ces heureux retraités venaient régulièrement en France dont ils avaient gardé la nationalité.
Jeanne Benchimol survécut une bonne dizaine d’années à son époux, qu’elle vient de rejoindre le 30 juin de cette année. Elle repose désormais à ses côtés dans ce cimetière de Netanya.
J’ ai eu à prononcer son éloge funèbre devant une bonne partie de sa famille et de ses amis. Sans oublier sa fille et ses petits enfants. L’émotion se lisait sur tous les visages : une femme de 91 ans reposait définitivement dans la terre de ses lointains ancêtres. Au fond, la mort remet toutes les choses en place. En quelques jours, en quelques heures, tout était fini. Toute une vie paraissait effacée. Mais pas son souvenir, pas sa mémoire.
Dans l’un de ses ouvrages, Renan évoquait la notion de résurrection en expliquant que ressusciter, c’était continuer de vivre dans le cour de ceux qui vous ont aimés.
Tehi nishmatah tserura btseror ha-hayyim