La dernière blague du chef du gouvernement grec
Aujourd’hui, il faudrait parler d’autre chose, notamment des actes antisémites, mais cela crée un climat délétère qu’il vaut mieux ne pas alimenter. Toutes les radios, toutes les télévisions, tous les journaux en font leurs choux gras et c’est normal.
Je veux parler aujourd’hui de la désastreuse et très comique initiative du gouvernement de M. Tsipras qui entend présenter une facture de 162 milliards d’euros à l’Allemagne représentant la somme des dommages de guerre causés par l’occupation de la Grèce entre 1941 et 1944. Et comme par hasard, cette requête survient plus de 70 ans après la fin des hostilités mais au moment même où l’Allemagne, marraine de la monnaie unique, rappelle la Grèce à l’ordre…
Comment peut on imaginer pareille blague ? Mais quel gouvernement a bien pu faire une telle chose ? Dans quel cerveau malade une telle revendication a t elle pu germer ?
Mais pour couper court à tout malentendu, je dois rappeler que les atrocités commises par l’Allemagne hitlériennes sont inoubliables et que les victimes ont droit à une réparation qui n’atteindra le niveau requis. Je dois préciser aussi que je soutiens les demandes de toutes les victimes tant polonaises, françaises que grecques.. Et aussi juives. Sans oublier tous les pays occupés par les armées national-socialistes.
Mais je suis choqué de constater que cette demande grecque intervient au moment où l’Allemagne refuse que le nouveau gouvernement d’Athènes se dérobe à ses engagements et espère se servir de cette ficelle un peu trop grosse pour ne pas honorer sa signature, ou celle de ses prédécesseurs. Certains esprits grecs qui se croient aussi intelligents que Platon et Aristote réunis relèvent que cette somme représente la moitié du déficit grec… Par un coup de baguette magique, voilà la dette grecque soulagée de la moitié du fardeau ? Et cela grâce à l’Allemagne qui doit payer.
C’est incroyable !! L’Allemagne a déjà indemnisé les citoyens grecs qui ont été brutalisés ou tués par les Nazis. C’est-à-dire leurs descendants. L’Allemagne en a fait de même, notamment avec Israël et les Juifs réfugiés aux USA. Comment oser lui présenter de nouvelles demandes, 70 ans après les faits ?
Je pense que cette trouvaille est une vraie blague mais qui ne fait rire personne. L’Allemagne a le passé qu’elle a, mais la nouvelle Allemagne a réussi la Vergangenheitsbewältigung, la maîtrise du passé. Il est particulièrement inconvenant (unangebracht) d’imputer à d’autres la cause de ses propres turpitudes. Après avoir fanfaronné des semaines durant, ce nouveau gouvernement grec se heurte à des difficultés réelles. Il a trop promis pour pouvoir tenir toutes ces folles promesses. Mais voilà, le goût du pouvoir a prévalu par rapport à une juste appréciation des choses.
Les Grecs devraient faire attention. Je ne veux pas chanter les mérites du gouvernement allemand, mais sans notre voisin d’outre-Rhin, cela fait belle lurette que l’Euro aurait disparu. C’est un mauvais procès qui peut rouvrir des blessures que l’on croyait cicatrisées. Il est dangereux de plier le passé à ses propres désirs à et à sa propre volonté. Attention à un sentiment anti allemand dans une Europe unie et réconciliée avec elle-même.
Cela me fait penser à une autre tentative, tout aussi maladroite et mal venue de la part de la Pologne : lorsqu’il s’est agi de la pondération des voix au parlement européen, la Pologne a argué qu’elle avait été amputée d’un partie de sa population à cause de la seconde guerre mondiale et qu’elle aurait pu avoir plus de députés : c’est vrai, plusieurs millions de Juifs polonais ont été tués, hélas, par les Nazis. Mais on ne devrait pas utiliser les morts sans sépulture dans de sordides calculs politiques.
Un dictum talmudique énonce intelligemment : met assour be-hana’a : il est interdit de tirer profit d’un mort…
M. Tsipras devrait méditer cette phrase.