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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1008

  • Le dogme religieux et le savoir scientifique : le pape et le préservatif

    Le dogme religieux et le savoir scientifique : le pape et le préservatif

    Est-ce le prélude à un vrai changement d’attitude de la part des autorités ecclésiastiques ou un simple ballon d’essai destiné à désarmer certaines critiques, à un moment où les nuages s’accumulent dans le ciel médiatique de l’église ?

    L’Observatore Romano a diffusé le résumé d’un livre d’entretiens entre le pape et un journaliste allemand où Benoît XVI affirme, pour la première fois, que le recours au préservatif est envisageable dans certaines conditions où la sexualité doit retrouver des allures plus humaines. Si nous avons bien compris ; il faisait allusion, nous dit-on, aux hommes qui se prostituent et qui, de ce fait, contribueraient à la propagation de la maladie s’ils ne se protégeaient pas.. C’est déjà ça mais on nous notera que le Saint Père ne parle pas des femmes ni du recours au préservatif pour satisfaire aux désirs d’une société permissive.

    Est-ce étonnant ? Pas vraiment. Tous les papes, même ceux qui n’étaient pas aussi conservateurs que le pape actuel, se sont révélés des gardiens du dogme. C’est normal. Mais là où l’on peut avoir des réserves, c’est quand on voit qu’au fond, le discours religieux, dogmatique, ne peut pas tenir face aux résultats des analyses scientifiques.

    On veut bien admettre que la science ne peut pas tenir lieu de morale mais aucune éthique ne pourrait subsister si elle lui tourne le dos. Pour la bonne raison qu’il existe des lois naturelles que nul ne peut prétendre ignorer. Affaire à suivre.

  • IL Y A SOIXANTE-CINQ ANS, LE PROCÈS DE NUREMBERG

    IL Y A SOIXANTE-CINQ ANS, LE PROCÈS DE NUREMBERG

    A Nuremberg se tient dès à présent une exposition qui exhibe le lieu, le décor ayant vécu le déroulement du procès des grands criminels nazis dont l’action éminemment destructrice a causé la ruine de l’Europe et l’extermination presque totale de sa population juive. Les plus grands coupables avaient hélas échappé à la justice en se suicidant : notamment Hitler et Goebbels. Et par la suite, Hermann Goering lui-même dans sa cellule où un soldat américain, gardien de prison, a, contre l’attitude fort compréhensive d’une belle jeune femme allemande, laissé passer un paquet destiné à ce criminel. Le paquet contenait du poison que Goering a ingéré pour échapper à une humiliante exécution par pendaison.

    Dès le 15 septembre 1935, les Nazis avaient adopté dans cette même ville de Nuremberg, en Allemagne méridionale, les terribles lois raciales qui préparaient en fait la solution finale de Wannsee en 1942. Il était donc normal que les Nazis vaincus fussent ramenés sur le lieu de leur puissance passée afin de payer leurs crimes contre l’humanité.

    Le procès de Nuremberg a aussi jeté les fondements d’une justice pénale internationale, même si certains esprits chagrins ont dit que ce fut la justice des vainqueurs et que les vaincus n’ont pas d’histoire..

    Léo Baeck, le dernier grand rabbin d’Allemagne, qui survécut heureusement à la Shoah, a été le témoin de toutes ces horreurs commises par les Nazis à l’encontre du peuple juif et du reste de l’humanité. Lors d’un voyage aux USA, cet homme, symbole de la résistance spirituelle au camp de Terezin (Theresienstadt), eut le privilège de prendre la parole devant la chambre des Représentants qu’il a bénie.. Il fut applaudi debout par un Congrès enthousiaste.

    Force est restée au droit. Mais à quel prix ! Aujourd’hui, c’est une Allemagne réunifiée et régénérée qui montre l’exemple à l’Europe enfin en paix avec elle-même/

  • LA JEUNE FILLE ET DIEU

    LA JEUNE FILLE ET DIEU

     

    Hier soir, sur le tard, dans un restaurent de l’ouest parisien, alors que la plupart des convives ont quitté les lieux, je perçois assez nettement une conversation plutôt inhabituelle entre une adolescente et son père. Je ne sais pour quelle raison, mais la gravité des visages qui me faisaient face m’a instinctivement poussé à retenir mon souffle et à prêter l’oreille.

    La jeune fille demande à son père pour quelle raison il n’a pas pu assister à l’anniversaire de mort de sa propre mère, c’est-à-dire de sa grand’ mère à elle. Je ne parviens pas à comprendre la réponse. La jeune fille, présente à cette cérémonie du souvenir, relate son déroulement. Le père lui demande ce qu’elle en a retiré. Après un bref silence, la jeune fille dit, sous le coup de l’émotion, qu’elle sentait très bien l’affection profonde que lui témoignait sa défunte grand’mère dont le souvenir continue de vivre en elle.

    Pour éloigner un sentiment de culpabilité qui commence à le gagner, le père signale qu’une nouvelle cérémonie du souvenir, dédiée, celle-ci, à son père, donc au grand ‘ père de la jeune fille, doit avoir lieu aux alentours du 18 décembre. La jeune fille réagit alors de manière étrange en disant : penses-tu que je serai invitée, demande-t-elle ? Mais évidemment, répond le père, interloqué. Mais c’est que je suis né deux ans après sa mort ; je ne l’ai donc pas connu… Le père hésite un instant et replonge le nez dans son crème glacée. Sa fille, visiblement émue, ne lui pas le moindre répit.

    Pourquoi, demande-t-elle, Dieu ne m’a-t-il pas permis de connaître mon grand’ père ? Pourquoi ai-je pu bien connaître ma grand’mère et pas du tout mon grand’ père ? Visiblement, le père ne sut que répondre, tant était grand son embarras… Rassemblant ses idées et visiblement surpris par les questions de sa fille, le père répond qu’il n’est pas dans le secret des dieux et que les mystères de la Providence sont difficiles à déchiffrer. La jeune fille réagit avec une inhabituelle pugnacité : tu ne réponds pas à ma question, lui dit-elle.

    Le maître d’hôtel arrive avec l’addition et le père et sa fille quittent les lieux.

    Leur échange, en soi assez curieux, m’a plongé dans une réflexion abyssale. Une foule de questions se pressaient sur mes lèvres. Je pensais à l’Ecclésiaste, ce sceptique religieux déboussolé par l’énigme humaine et auquel je dois, sir la Providence nous l’accorde, consacrer une conférence prochainement à la mairie du XVIe arrondissement à Paris. Lui aussi se posait ce type de questions, aux alentours du IIIe siècle avant notre ère, si l’on se fie à la datation de sa rédaction selon la critique biblique. Mais même là, je ne trouve pas de réponse valable à la question de la jeune fille.

    Qui connaît les secrets de la Providence divine, avait demandé le prophète Isaïe dans on livre ? Personne. Qui peut déchiffrer correctement les carnets de la providence, demande le prophète Daniel ? Personne. L’aventure humaine, dit-on, finit toujours mal, puisque la mort en marque immanquablement le terme. Pourquoi ? Car il en est ainsi.

    De l’époque de l’Ecclésiaste au questionnement de cette jeune fille, avons nous avancé ? A peine.