LES CHRÉTIENS D’ORIENT ONT-IL UN AVENIR ?
Je viens de suivre un reportage sur France 24 qui porte justement sur ce thème que j’ai mis en titre. Une spécialiste, ayant fait fonction d’experte de la question lors du synode spécial du Vatican sur cette préoccupante question a signalé avec raison que les chrétiens étaient dans ce Proche Orient ancien bien avant l’islam (du premier au VIIe siècle, il n y avait sur place que le judaïsme et le christianisme), que leur présence est vitale en tant que facteur d’équilibre, d’ouverture et de progrès et que, en tout état de cause, cette région fut le berceau de la religion de Jésus. Elle a aussi souligné que les Sunnites et les Chiites se détestent (ce sont ses propres termes) et que le départ complet des chrétiens, déjà amorcé par un exode massif, serait une catastrophe pour tous. Concernant la recherche des causes de cette hostilité qui va croissant, l’experte a été un peu courte puisqu’elle n’a évoqué que le conflit israélo-palestinien et la grande frustration que ce problème générerait dans les masses musulmanes. Ces gens jugent que la politique internationale est injuste à leur égard et trop inféodée aux israéliens… Voire.
En fait, il s’arrêter un instant sur des facteurs internes à cette religion et à sa difficulté à s’insérer dans le processus de la mondialisation. Il y a aussi ce déficit de démocratie qui attise la violence et qui se cherche un exutoire dans le domaine de la politique extérieure. Enfin, il y a une volonté, peut-être inconsciente, d’être toujours en majorité et de ne pas tolérer de minorité qui ne s’assimile, en fin de compte, à la religion dominante. Ce sont des choses que l’Occident ne comprend pas très bien, lui qui lit dans les Evangiles la célèbre formule mon royaume n’est pas de ce monde ou dans le Lévitique aimez vous les uns les autres……
Il y eut ensuite un poignant reportage sur une jeune maman pakistanaise de 42, avec son mari et ses petites filles… Cette femme, en détention depuis un an et demi et condamnée à mort par pendaison pour avoir enfreint la loi dite anti-blasphème, a refusé de céder aux pressions et de se convertir au culte établi dans une république islamique.
On croit rêver, je veux dire, on se croit dans un cauchemar ! Au point de se demander si ces pauvres chrétiens persécutés dans tout le Proche Orient (Irak, Egypte, Liban, Syrie) mais aussi au Pakistan, ont un avenir sur une terre où leurs ancêtres vivaient depuis des temps immémoriaux. C’est incroyable !
Et surtout cette façon de criminaliser l’autre au seul motif qu’il ne croit pas, ni ne prie comme vous, nous ramène au Moyen Age. Pourtant, l’islam officiel accepte le pluralisme religieux, ifraq al-Oudyoun, et devrait pourtant s’accommoder de la présence de minorités religieuses qui ne le menacent guère.
A Cordoue, j’ai eu l’occasion de déjeuner avec le père Paolo Della Oglio qui appartient au rite syro-chaldéen, le plus ancien de tous puisqu’il parle l’araméen, la langue du Christ, et se trouve basé à Mar Mussa en Syrie : c’est une personnalité remarquable, animée d’un réel attachement à ses compatriotes musulmans et désireux simplement de servir Dieu dans un territoire qui vit naître sa foi chrétienne.
Un dernier détail, l’experte a dit qu’à l’origine, avent l’islam et durant toute une longue période, ces Chrétiens d’Orient n’était pas moins de 350. 000. 000 d’âmes alors qu’aujourd’hui ils ne sont plus qu’une poignée de millions.
Mais cela commence à bien faire ; les Coptes en Egypte, la jeune Iranienne condamnée à mort pour un adultère supposé et cette jeune maman pakistanaise condamnée à la pendaison pour blasphème alors qu’elle est chrétienne et souhaite le rester…
La Bible et les Evangiles, le judéo-christianisme en général, nous pnt enseigné qu’il y a d’autres façons de vénérer Dieu et que Sa miséricorde est suffisamment vaste pour accueillir les différentes prières de tous ses enfants. Le Deutéronome, repris par Jésus, ne dit-il pas, vous êtes tous les fils de l’Eternel votre Dieu…
Gottlob Ephraïm Lessing écrivait dans Nathan le sage : Dieu ne veut pas que tous les arbres de la forêt aient la même écorce… Sous entendu : sous cette écorce, on retrouve partout le même bois, la même humanité.
C’est la signification de la célèbre métaphore, être créé à l’image de Dieu.