Kos Yayine (la coupe brisée sous le dais nuptial)
Introduction
On sait quelle lutte continuelle les rabbins en leur qualité de guides spirituels du peuple d'Israël ont dû mener contre les anciennes pratiques païennes ou superstitieuses sans jamais parvenir à les éradiquer totalement de la mémoire et du cœur des juifs... On va parler ici de la cérémonie nuptiale au cours de laquelle on brise une coupe pleine de vin. Cette cérémonie remonte à une époque très ancienne et fait intervenir des démons ou esprits malfaisants censés jalouser les humains le jour de leur bonheur, à savoir au moment de leurs noces. On se reportera à l'histoire relatée dans le livre de Tobit (voir plus bas) concernant le démon qui tua les maris de Sarah; c'est là l'expression classique de cette très ancienne croyance. Un passage de traité talmudique Berachot (54b) lui fait écho: on y dit que trois catégories d'êtres requièrent d'être gardés et protégés, le malade, le marié et la mariée. Et Rashi de commenter ad locum, shimmur min ha-mazziqin (protection contre les démons et esprits malfaisants)! Beaucoup plus près de nous, dans certaines communautés d'Europe de l'Est on ne laissait pas le futur époux sortir seul durant la semaine de son mariage: on allait parfois jusqu'à couvrir d'un voile le visage des fiancés. Rabbi Eléazar de Worms (ob. 1238) parle d'un taleth (châle de prière) dans son oeuvre Roqéah, § 353.