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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1061

  • Les enseignements de l’affaire Bettencourt : temps judiciaire et temps médiatique…

    Les enseignements de l’affaire Bettencourt : temps judiciaire et temps médiatique…

    Avant de sacrifier moi aussi à la grande transhumance estivale, j’ai choisi de faire encore un papier sur cette affaire qui n’en finit pas, véritable feuilleton à rebondissements de l’été, l’affaire de Madame Liliane Bettencourt. Je dois d’abord dire combien je suis choqué lorsque la radio ou la télévision parle de cette dame en disant «la milliardaire», «l’héritière de la fortune de l’Oréal» et aux gentillesses de la même eau… Cela dénrote, au niveau de tout un pays, une sorte de jalousie sociale, une envie qui n’honore pas ceux qui l’éprouvent. Mais que faire ? Les Français resteront toujours français ! Il suffit de jeter un coup d’œil sur ce que paie cette dame en impôts et combien de salariés dépendent en France de son groupe, mais aussi dans le monde. On feint d’ignorer que d’un clic cette dame pourrait délocaliser et alors, adieu veau, vache, cochon etc…

    L’enseignement à tirer de toute cette affaire touche à la différence essentielle entre les journalistes qui nous rassasient de petits morceaux de nouvelles (souvent tronquées, parcellaires et invérifiées) et la justice qui prend son temps, peaufine ses enquêtes, garantit les droits de la défense et ne recherche pas les nouvelles sensationnelles sauf lorsque certains s’ingénient à envoyer à la presse des informations qui ne devraient pas quitter la sphère de la justice.

    Un exemple de ce matin : on apprend que l’ancienne comptable avait demandé une dotation d’un ou plusieurs appartements. On jette en pâture à l’opinion des éléments disparates, sans lien entre eux. Et que retient la vox populi ? Ce qu’elle veut bien retenir. On avait déjà signalé que la même personne avait obtenu des dédommagements des deux côtés… Cela paraissait choquant, mais on apprend aussi qu’on lui avait donné des assurances, fait des promesses.

    Donc, comment disait Boris Vian, c’est l’écume des jours… Mais, en tout état de cause, lorsque le soufflet sera retombé, il faudra bien engager une large réflexion sur le rôle d’un certain journalisme dans la société contemporaine.

  • L’otage français Michel Germaneau est-il mort de mort naturellle

    L’otage français Michel Germaneau est-il mort de mort naturellle ou a-t-il été exécuté ?

    C’est hélas la première hypothèse qui sera confirmée prochainement par les autorités compétentes. C’est un drame, mais qui était parfaitement prévisible, en raison, notamment de la maladie cardiaque de l’otage. Or, celui-ci était privé de soins et de médicaments depuis un certain temps et depuis sa dernière apparition sur une vidéo il disait souffrir de sa maladie et aussi de la chaleur.

    Par ailleurs, il y avait ce flou qui caractérisait les revendications des ravisseurs dont on ne savait pas au juste ce qu’ils exigeaient. Ils voulaient la libération de prisonniers de leurs obédiences mais ne se fixaient guère précisément sur telle ou telle personne. Ce qui fait dire aux enquêteurs qu’ils n’avaient plus, en réalité, de monnaie d’échange. En d’autres termes, que notre compatriote était mort.

    Enfin, après le raid meurtrier qu’ils ont subi, les terroristes, fidèles à leur tradition d’orgueil et de fierté, ont voulu montrer qu’ils gardaient une certaine autonomie de décision et pouvaient, eux aussi, prendre des initiatives. Ils ont donc prétendu avoir exécuté en représailles un otage qui était déjà mort depuis quelque temps. N’oublions pas que l‘homme était cardiaque et avait 78 ans. C’est une triste nouvelle concernant un homme bon et généreux, qui a voulu se consacrer à l’Afrique et à son prochain.

    Désormais, il faudra mener une guerre sans merci contre des terroristes qui menacent la paix et la sécurité des gens. Les puissances du monde livre devraient s’allier avec les pays africains concernés pour unir leurs efforts et traquer les terroristes.

  • La disparition du poète et écrivian Cyrille Fleischmann

    La disparition du poète et écrivian Cyrille Fleischmann

    Mon ami Cyrille Fleischmann nous a quittés le 15 juillet de cette année. Je l’ai bien connu et n’ai découvert l’annonce de sa disparition qu’en parcourant le carnet mondain du journal Le Monde. Cette nouvelle m’a empli de tristesse car je ne m’y attendais point. Je savais Cyrille malade depuis une décennie, victime d’une longue maladie, mais nous échangions des mèls, nous nous voyions à la Grande synagogue Victoire lors des grandes fêtes juives. Il paraissait remis. Il ponctuait toutes se phrases et ses mèls par un vibrant Vive la vie, cette vie qui l’a quitté il a quelques jours à peine.

    Né à Paris en 1941 Cyrille était devenu avocat. Il ne se mit à écrire qu’assez tard et publia son premier recueil chez Gallimard, vers 1986, je crois. C’était un homme apparemment réservé mais en réalité très chaleureux et animé d’une vie intérieure intense. Il m’a souvent parlé de ses parents, de sa naissance et de son père, fondateur de l’oratoire Fleischmann dans le Maris où je me suis souvent rendu sans connaître cette filiation.

    Cyrille se considérait comme le descendant ultime d’un monde disparu à tout jamais : toutes les nouvelles qu’il a publiées mettaient en scène des locuteurs du yddish, des êtres déracinés, réinstallés en France où ils parlaient un français savoureux avec un délicieux accent que Cyrille se plaisait à immortaliser, lui, le grand avocat au barreau de Paris où il a longtemps représenté de grandes compagnies, comme Air India, par exemple.

    Il donnait à ses personnages des noms parlants, un peu comme le fit Thomas Mann dans son inoubliable Doktor Faustus…

    Quand je lui parlais élogieusement des nouvelles qu’il écrivait et de l’ambiance envoûtante qui s’en dégageait, Cyrille se sentait obligé de repousser poliment mes compliments, tout en les sachant sincères. Lecteur exigeant et très attentif, il ne manquait pas de me poser des questions sur certains livres que j’avais écrits. Tant de fois, j’ai vainement essayé de le convier à des conférences, à des lectures de ses propres nouvelles ou à des dîners, il refusait catégoriquement. Il estimait qu’il avait précédemment mené une vie mondaine abondante et ne voulait plus sacrifier à ce rite qui lui paraissait vain.

    Je vous engage vraiment à lire ces recueils ou ses nouvelles régulièrement publiées dans L’Arche.

    Observateur attentif du monde qui l’entourait, ne perdant jamais le moindre détail de ce monde d’adultes, rêveurs éveillés qui vivaient dans ce monde condamné, Le monde d’hier de Stefan Zweig, Cyrille voulait témoigner, rendre vie à des êtres qui ont dû lui sembler bien étranges mais dont il partageait le destin. Saura-t-on jamais ce que signifie vivre et s’exprimer dans une langue qu’on a adoptée mais qui se substitue à une autre, celle que l’on a tété avec le lait maternelle (Mame Loushen…). En fait, en donnant à ses personnages des noms à coucher dehors, Cyrille attirait l’attention de ses lecteurs (et ils sont nombreux) sur les difficultés de l’insertion, de l’adaptation et de l’harmonie au sein d’un monde nouveau. Bien que né à Paris, il se sentait battre en lui le cœur d’un transplanté, celui des juifs d’Europe de l’est et du Shtetel. D’ailleurs, la plupart de ses récits se déroulent dans le Marais, au métro Saint-Paul, rue des Ecouffes, rue des rosiers ou du roi de Sicile, ancien quartier juif de Paris.

    Je souhaite rendre hommage à sa mémoire, à sa amitié qui ne s’est jamais démentie, même dans les moments difficiles.

    Près de dix ans de lutte contre la maladie. Je le croyais guéri et le voilà passé à l’éternité.

    Cher Cyrille, nous ne t’oublierons pas. Ton œuvre te survivra. Ta droiture et ton affection, aussi.