Maimonide et l’Islam : les limites de la symbiose judéo-arabe.
par Maurice-Ruben HAYOUN
Conférence à la Mairie du XVIe arrondissement
Le jeudi 11 février 2010 à 20h 15
Pour saisir Maimonide dans son intégralité, il faut l’appréhender sous ses deux aspects : judéo-hébraïque (biblique, midrachique et talmudique) d’une part, et judéo-arabe (la falsafa, i.e. le legs philosophique gréco-musulman), d’autre part. Outre les méthodes d’investigation intellectuelles nécessaires pour découvrir le vrai, Maimonide a été influencé par l’usage qu’il convenait d’en faire : fallait-il garder la vérité pour soi et pour les membres de la confrérie, c’est-à-dire respecter strictement la discipline de l’arcane ? Ou pouvait-on, au contraire, confier la vérité philosophique au tout venant ? Maimonide s’inscrit ici dans la tradition judéo-arabe de son temps qui recommande de ne pas livrer au vulgaire des vérités qu’il ne saurait appréhender correctement et qui pourraient le conduire à l’impiété, voire à l’hérésie. Le seul cas où Maimonide s’écarte de cette discipline de l’arcane concerne l’incorporéité divine : alors que les falasifa -et notamment ibn Rushd- interdisaient de communiquer aux masses la vérité sur l’incorporéité divine, Maimonide, lui, viole cette règle et statue que cette doctrine philosophique est le seule qui doive être communiquée impérativement aux masses. Ceci les vaut d’être exalté par Moïse de Narbonne (1300-1362) qui s’exclame : sans cela, il n’aurait pas mérité d’être appelé le Guide…