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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1297

  • LES CRUCIFIX À L’ECOLE

     

    LES CRUCIFIX À L’ECOLE
        Resté à Genève plus longtemps que d’habitude, je n’ai pu réagir en temps et en heure à ce procès en Espagne opposant un particulier à une institution, l’école, en l’occurrence : il s’agissait d’enlever de ce lieu public les crucifix, conformément à la loi.
        Le problème, c’est qu’il s’agit de l’Espagne, pays de la reconquista médiévale, pays du natonal-catholicisme (dit sans nuance péjorative) et où la religion du Christ Roi fait indissolublement partie de l’identité nationale depuis au moins 1492, date de l’expulsion des juifs de ce pays. La justice fait son travail et fait respecter la loi, mais le prélat, à la tête du diocèse de Séville s’insurge et crie à la dés identification, à la dépersonnalisation du pays, voire à un début de déchristianisation. Et à Rome, en haut lieu, on semble lui donner raison.
        C’est un dilemme, un douloureux débat. D’un côté, il y a la séparation de deux ordres, de l’autre il y a le poids du passé qui n’a pas toujours respecté cette séparation… Il est normal que des citoyens sans attache confessionnelle majoritaire souhaitent éloigner des établissements d’enseignement des objets symbolisant un culte qui n’est pas le leur… Mais pour l’immense majorité  de la population, la présence de crucifix à l’école et dans les hôpitaux va de soi. La même chose s’était produite, si je ne m’abuse, en Italie, pays encore plus enracinée dans la tradition catholique.
        Il me semble qu’ici, il faut réagir avec intelligence et comprendre que dans ces pays, le christianisme n’est pas seulement une religion, c’est une matrice culturelle qui a fécondé et déterminé l’histoire  de tous les habitants. Les nouveaux venus ou ceux qui se sont légitimement éloignés de la tradition ancienne, au terme d’une évolution personnelle, devraient aussi comprendre que l’on ne se défait pas aussi facilement de traditions ancestrales.
        Si l’affaire aboutit devant une cour de justice, je suis curieux de voir comment les magistrats vont trancher… Mais en ce qui me concerne, j’étais déjà pour la proposition allemande lors du congrès européen de Nice qui demandait que soient mentionnées les racines judéo-chrétiennes de l’Europe.

     

  • FIN DU MOTEUR FRANCO-ALLEMAND ?

     

     

    FIN DU MOTEUR FRANCO-ALLEMAND ?
        Je sors à l’instant d’un petit déeuner fort agréable qui nous a réunis autour du nouvel ambassadeur d’Allemagne à Paris, Monsieur Reinharz Schäfers, dans le cadre du club diplomatique du Forum du futur.  Il y fut évidemment question des relations franco-allemandes, au lendemain du fameux sommet entre le Président Sarkozy et la Chancelière fédérale.  Nul ne pourra dire qu’une grande convergence et une forte avancée ont marqué cette rencontre puisque les autorités allemandes refusent toujours une baisse, même ciblée, de la TVA, et ne veulent guère entendre parler d’une gouvernance de l’Europe, pas plus, d’ailleurs, de l’instauration d’un fonds souverain. Nos voisins d’outre-Rhin assimilent une telle démarche à une mesure protectionniste ; selon l’orateur de ce matin, les Allemands ont une politique constante : on ne décourage pas les capitaux qui veulent s’implanter chez nous …
        En fait, malgré les assurances données et l’optimisme marqué de ce grand diplomate à la brillante carrière et qui maîtrise admirablement bien le français, les relations franco-allemandes traversent, pour rester prudent, une phase délicate, et la moindre des difficultés rencontrées n’est pas la différence de sensibilité des deux personnalités. Monsieur Sarkozy est un avocat, pragmatique, souple, attentif et très réactif, la Chancelière fédérale est une fille de pasteur, prudente, mesurée, physicienne de métier et très à cheval sur les règles.
        Certes, nous ne sommes pas en crise, mais quand on compare les développements actuels aux époques, pas si lointaines, où l’on parlait du moteur, voire même du couple franco-allemand, on se dit que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Seine et de la Sprée…
        Certes, les deux gouvernements se sont mis d’accord sur un certain nombre de mesures qui vont dans le bon sens pour juguler la crise et réduire les dégâts sur les finances et l’économie ; il demeure qu’on reste encore très loin des résultats jadis atteints et aujourd’hui escomptés.
    Comment faire pour que cela aille mieux ? L’ambassadeur ne l’a pas dit, mais on peut deviner que la disparité des niveaux entre l’économie allemande et française explique bien des choses… La puissance exportatrice de l’Allemagne est incomparable ; plus de 220 milliards d’Euros d’excédent… L’année 2008 aura été excellente pour les PME allemandes, si l’on fait abstraction de celles de l’automobile.  Or, en France, le chômage a déjà augmenté ; ce sera peut-être aussi le cas chez nos voisins, mais pour l’instant, cela va plutôt mieux/
        Quand on entendait égrener les convergence et les divergences on ne pouvait s’empêcher de penser à l’étude d’un véritable contraste.  Et cela  va s’aggraver lorsqu’il s’agira de refonder l’ordre économique mondial.
        Parmi les présupposés jadis mentionnés clairement mais toujours présents à l’arrière-plan entre les deux pays se trouve évidemment la politique à l’est (Ostpolitik). L’Allemagne n’a accepté d’y renoncer qu’à la condition d’intégrer au sein de l’Europe les anciens pays du bloc soviétique avec lesquels elle entretient des relations étroites et qui constituent son Hinterland.
        N’oublions pas aussi que 2009 sera une année électorale en Allemagne, le 27 septembre les Allemands iront aux urnes. Et la Chancelière sera opposée à son actuel… ministre des affaires étrangères !
        Tout cela n’est pas facile à gérer. Mais l’ambassadeur, fin diplomate, s’en est très bien tiré.
        En allemand, marcher sur des œufs se dit Eiertanz.
     

  • ’AFFAIRE FINALY : DEUX ENFANTS JUIFS QUI FIENT TRMEBLER L’EGLISE CATHOLIQUE

     

    L’AFFAIRE FINALY : DEUX ENFANTS JUIFS QUI FIENT TRMEBLER L’EGLISE CATHOLIQUE
        Dans un ouvrage intitulé Quatre lettres sur Ernest Renan, le grand critique littéraire Ferdinand Brunetoère critiquait l’auteur de la Vie de Jésus en lui reprochant de s’en être pris à l’église catholique. Cette église, écrivait-il, est une puissance, on peut s’intéresser à l’histoire de l’Egypte ancienne sans danger pour l’auteur, mais scruter d’un regard critique les fondements mêmes de l’Eglise, voilà une idée saugrenue et, qui plus est,  bien imprudente… Curieuse conception de la recherche de la vérité.
        C’est cette même église (qui, depuis, a Dieu merci, bien changé) s’était arrogée le droit d’aider une mère adoptive chrétienne à soustraire deux enfants juifs Robert et Gérald Finaly, à leur tante vivant en Australie et qui voulait les reprendre puisque leurs parents avaient été tués par les Nazis.
        L’affaire est connue, j’en ai déjà parlé il y a quelque temps dans ce même blog et si je reviens sur le sujet , c’est en raison de la diffusion de ce film à la télévision française..
        Peu de temps avant de mourir, le vénéré grand rabbin Kaplan m’avait prié de rédiger une préface à un livre qu’il consacra à cette affaire peu de temps avant sa mort. J’hésitais, mais il insista et finalement le livre parut aux éditions du Cerf.
        En écoutant les commentaire et en voyant le film, de sombres pensées ont traversé mon esprit : comment pouvait-on, à la faveur d’une guerre d’extermination, prétendre aimer le Christ en ravissant deux enfants, les privant de leur milieu naturel et de leur famille légitime ? Comment pouvait braver la légalité, commettre un crime en prétendant piller deux petites âmes que l’on offrait à l’Eglise ? Bien que ne faisant pas partie de cette Eglise, j’ai pour elle le plus grand et me demande aujourd’hui encore si le message chrétien n’est pas parfois incompris par ceux là même qui s’en prétendent les serviteurs…
    Ce furent surtout des fanatiques confondant amour du Christ et zèle convertisseur. Le grand rabbin Kaplan, mais il ne fait pas oublier le grand rabbin Henri Schilli, jouèrent un grand rôle dans cette affaire ; le premier s’écrira du haut de la chaire de la grande synagogue La Victoire : Israël est soumis au pillage ? Que penser de ce pillage des âmes ?
        Quand on pense que cela se produisit après  la Shoah… Certains estimaient que ce n’était pas suffisant, il fallait, par dessus le marché, voler les enfants qui avaient survécu…
        Heureusement, les forces saines de l’église catholique reprirent le dessus. Les enfants furent rendus et le dialogue judéo-chréttien a repris sa marche. Les chrétiens et les juifs ont établi des liens au plus haut niveau. A la dernière rencontre des cardinaux à Rome, le Vatican a même invité le grand rabbin de Haïfa à participer aux travaux.  Voilà l’amour du Christ, et rien d’autre.