Jacques Attali, Histoires des médias. Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et après (Fayard) (suite et fin)
Comme je l’écrivais dans le précédent papier, JA lance une enquête très vaste, ne s’arrêtant ni aux frontières physiques ni aux bornes chronologiques. On comprend mieux pourquoi , dans le titre, le terme histoire a un s, se dit au pluriel. Le sérieux de la documentation se constate à la fin de cette œuvre qui couvre plusieurs dizaines de pages. Consacrées à la bibliographie et à l’index. On trouve dans ce livre une masse de connaissances, notamment l’emploi du terme «journaliste» par Pierre Bayle en 1694 et son usage à partir de 1702. Les comparaisons et les rapprochements sont bien vus : par exemple la fin du long règne de Louis XIV qui maintint une censure très sévère de toutes les publications dans le royaume. On apprend aussi que le monarque était très curieux de ce qui se disait ou s’écrivait sur lui, et notamment sur sa maladie, à l’étranger, et surtout en Hollande. Et puis, il y a les célébrités littéraires et philosophiques du XVIIIe siècle, sortes d’intellectuels de leur temps (Voltaire, Diderot, Bayle, etc…). Au fur et à mesure que la philosophie des Lumières progresse dans différents pays, le contrôle de la presse, sous quelque forme que ce soit, se fait moins rigoureux. Le monde connu n’était plus le même. Les monarchies absolues cèdent du terrain et le niveau intellectuel des peuples augmente. Enfin, il y eut ce coup de tonnerre qu’a été la Révolution française. Les idéaux de la Révolution étaient incompatibles avec la négation ou même simplement le contrôle de la pensée. Ce fut une sorte de combat pour la culture (kulturkampf) avant la lettre. Les premières décennies du XIXe siècle montrent que la presse est devenue le grand rempart de la liberté du peuple …