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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1438

  • Les lendemains d'une défaite… le cas de Françoise de Panafieu

     

        Madame François de Panafieu, ancienne tête de liste de l'UMP pour les élections municipales à Paris a été très maltraitée. Ceci est absolument injuste. Que s'est-il passé? Cette élue du XVIIe arrondissement, ancienne ministre du gouvernement d'Alain Juppé I, avait été désignée par les militants de l'UMP parisienne pour diriger la liste contre le maire sortant M. Bertrand Delanoé. Cette désignation avait déplu aux candidats masculins, furieux de se voir préférer une femme et de devoir surtout lui céder la direction.

            La suite fut prévisible: Madame de Panafieu est allée seule au combat, guettée par des concurrents qui souhaitaient silencieusement sa chute. Les résultats furent decevants, c'est le moins que l'on puisse dire. Le maire socialiste fut triomphalement réélu et la droite a donc perdu Paris…

             Madame de Panafieu a été très mal traitée: le vide s'est fait autour d'elle. Elle a annoncé qu'elle ne se présenterait pas à la direction du groupe UMP à l'Hôtel de ville et qu'elle renonçait à son mandat dans le XVIIe arrondissement de Paris…

                C'est triste, quand on pense qu'il a fallu une loi pour imposer la parité et que même ainsi les hommes s'évertuent à faire chuter les candidates, au motif que celles ci leur font de l'ombre…

                Monsieur Sarkozy a bien fait de faire revoir les listes de promotion dans l'ordre de la Légion d'Honneur au motif qu'il fallait un partage égal entre les hommes et les femmes.

             J'insiste, je trouve que Madame de Panafieu quitte tristement la scène. Ce n'est pas normal. Elle méritait mieux.
     

  • Hôtel de l'insomnie de Dominique de Villepin (Plon)

     

        Dominique de Villepin, Hôtel de l’insomnie. Paris, Plon, 2007 Si elle l’ignorait jusqu’ici, la France a eu un Premier Ministre poète qui s’appelait Dominique de Villepin. Ce très beau livre, dont le titre se saisit bien, dès lors qu’on se plonge dans la lecture, est un délicat et subtil passage en revue de tout ce que l’esprit humain a produit d’éminent : de poètes, d’écrivains d’artistes, bref d’hommes de lettres. Pourquoi l’auteur a-t-il écrit un tel texte alors qu’il fut intensément plongé dans la vie politique quotidienne ? Diplomate de carrière, ayant suivi son père dans ses multiples déplacements professionnels à l’étranger, l’auteur a pu amasser une grande quantité de sensations, de sentiments, bref un vécu que le Français moyen est loin d’avoir. Mais ce qui frappe le plus, hormis ces pages absolument magnifiques dans l’évocation nostalgique de la vie et de l’œuvre de certains poètes, c’est l’omniprésence de la peur. Pas de la mort, mais de la peur ! Si on le comprend bien, l’auteur écrivait généralement après 21 heures, qu’il fût à l’Elysée, au Quai d’Orsay, Place Beauvau ou rue de Varenne…

        On a presque l’impression de lire le Cantique des Cantiques quand l’auteur putatif Salomon, parlent des ombres qui fuient, au coucher du soleil. Vers cette heure là nous dit l’auteur, le téléphone ne sonne presque plus. Et l’apprenti poète en profite pour se ressaisir, pour penser et pour écrire. Et surtout, pour lire, la lecture des grands poètes et écrivains comme antidote de la bassesse, de l’étourderie des choses politiques… Il est impossible de reprendre point par point les thèmes traités et les personnages évoqués, toujours avec un infini bonheur. Mais considérons cette citation ( p 171 in fine) : Plus que tous les autres avant lui, plus que le siècle des guerres de religion, le siècle dernier fut celui des poètes résistants, des poètes tués. Sur les champs de bataille et dans les prisons, dans l’étouffement des asiles et dans les camps. Dans l’ensauvagement misérable des guerres civiles. J’aimerais dédier ce journal d’insomnie à Trakl, à Mandelstam, à Lorca.

        Ancien ministre des affaires étrangères, l’auteur s’est assurément penché sur le conflit israélo-arabe en évoquant des figures éminentes comme le poète palestinien Mahmoud Darwich (dont certains poèmes en arabe figurent dans les manuels israéliens traduits en hébreu) et Amos Oz, reclus dans son ermitage d’Arad, non loin de la Mer morte. Il consacre aussi à la page de très belles pages qui reflètent une émotion aussi profonde qu’autehntique. Mais c’est le Premier Ministre reprend la parole à la fin du journal, pour dire qu’il n’a pas peur, que nul ne connaît le dernier pont, nul ne connaît l’heure… Avec le ciel et le vent, il y a d’autres vies à vivre.

  • Hélé BEJI, Nous décolonisés. Arléa, 2007

     

     

    Voici un livre comme on aimerait en lire beaucoup! Il s'agit d'un intellectuel tunisien qui ose faire , non point le procès de la colonisation, mais celui de la décolonisation. J'ai rarement vu une critique aussi talentueuse et aussi décapante des élites tiermonidistes ou anticolonialistes.  Sans être frappé d'une admiration béante face à  l'Europe et à ses avances sociales, technologiques et philosophiques, l'auteur brosse un tableau frappant de la situation dans son propre pays, mais aussi dans la majorité des pays d'Afrique ou d'ailleurs, ayant secoué le joug de la la colonisation…

        En fait, son histoire aurait pu avoir le sous titre suivant; l'avenir d'une cruelle désillusion. Alors que la puissance coloniale était considérée comme la source de tous les maux (en arabe (ssar al-asrar), voire même la cause d'une dépersonnalisation pouvant aller jusqu'au génocide culturel (décidément une expression bien à la mode!), son départ, en apparence, n'a rien changé! Pire, les abus, désormais commis par les révolutionnaires d'hier, sont encore plus graves que ceux généralement commis par les persécuteurs d'hier… Ce qui les rend d'autant plus insupportables.
        Il serait imposssible de s'arrêter sur tous les points mais l'élément dominant ne peut être méconnu dans cet ouvrage: c'est la déception, le laisser aller, le recul, le déclin, voire même la décadence. Mais l'auteur ne porte pas assez fermement le fer dans la plaie. De quoi souffrent les musulmans aujourd'hui? D'une exégèse passéiste de leurs textes sacrés, diront les observateurs …
        Depuis près de 60 ans, la plupart des pays arabo-musulmans ont accédé à l'indépendance. Et que se passe-t-il? rien ou presque. En plus d'un demi siècle, quelle est l'œuvre littéraire philosophique, littéraire, technique ou autre, produite dans les anciennes colonies de l'Occident?
        L'auteur fait preuve d'une grande lucidité et d'un non moins grand courage en écrivant ceci sur l'exode forcé des juifs de Tunisie: les Juifs sont presque tous partis, ils ont quitté leur sol natal alors qu'ils y habitaient depuis des générations et qu'ils n'envisageaient l'exil que comme la mort . N'étaient-ils pas aussi des concitoyens?  Ne sommes nous pas capables de cette tolérance qu'en trépîgnant nous réclamons des Occidentaux? ( p 98)
        Un livre très riche. A lire!