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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1440

  • La Shoah par balles: l'émission de FR3 avec le père Patrick Desbois

     

        Absolument insoutenable, cette émission d'horreur sur ce million et demi de juifs tués par balles par les Nazis dans les villes et les villages d'Ukraine. On croit avoir trouvé l'expression la plus terrible, la plus horrible de l'horreur quand un nouveau témoignage, encore plus horrible que les précédents, rouvre ce cycle infernal. Ces prés d'où affleurent des crânes, des tibias, des restes humains…

        Ces payssans, ces villageois ukrainiens, ce prêtre qui, dans son cermon, incite ses frères dans la foi à aider le père Desbois et son équipe en livrant témoignage afin que ces morts sans sépulture ne soient pas oubliés à tout jamais. Nous avons vu la découverte de ce sceau personnel d'une victime juive, découvert dans un charnier, un être conscient de ce qui allait lui arriver ainsi qu'à sa famille, n'a pas voulu quitter cette terre sans laisser un vestige, une séquelle de son passage sur cette terre.

        Les descriptions sont insoutenables: ces fosses qui contiennent plusieurs couches de dépouilles, ce sang qui coule indéfiniment dans la rivière voisine, cette chaux vive dont on recouvre les charniers qui provoque le gonflement des fosses et donc une sorte de remise à nu des cadavres… Et ces milliers de douilles de balles allemandes jonchant les sites d'extermination et signant les innommables forfaits des nazis. Mon Dieu! Comment tout cela a-t-il pu se produire? 

            Les mots n'ont aucun pouvoir évocateur dans de telles conditions, mais tout de même ce témoignage sur une victime anonyme: un enfant d'environ deux ans, arraché à sa mère et tué sous ses yeux en lui fracassant la tête contre un mur, des torrents de sang, du sang, du sang et encore du sang. Mais pourquoi, odnc, Seigneur?

          Cet ecclésiastique, le Père Desbois, redonne vie (pour ainsi dire) à ce million et demi d'hommes, de femmes et d'enfants sauvagement assassinés au motif qu'ils étaient juifs…Grâce à cet homme si juste et si scrupuleux, tout un pan de la Sjoah nous apparaît. Ils ne reviendront pas, ces êtres tués sans pitié aucune, mais évoquer leur souvenir leur redonne forme et consistance. Tihyé nishmatam tséroura bi-tseror ha-hayyim: Que leur âme soit receuillie dans le sachet des vivants…
     

  • Boualem SANSAL, Le village de l'Allemand ou le journal des frères Schiller (Gallimard)

     

      Boualem Sansal, Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller. Paris, Gallimard, 2008.

    Ce roman fera date car il marque une sorte de reconnaissance de la Shoah par une partie arabe ou arabo-musulmane. L’histoire est compliquée au point de paraître invraisemblable : deux frères, issus d’un mariage entre un Allemand converti à l’islam et une algérienne, se retrouvent dans une cité de la banlieu parisienne, chez leur oncle, un ancien combattant de l’Indépendance, un moudjahid. L’aîné réussit très bien, décroche un diplôme d’ingénieur dans la ville de Nantes et se fait embaucher par une société multinationale. Intégré socialement, il épouse la femme des rêves et s’installe dans un charmant pavillon de banlieue. Le frère cadet, le narrateur principal, est tout le contraire : échecs scolaires, petits boulots, ballotté de cités en tribunal et de tribunal en commissariat de police, il découvre un jour son frère, mort dans son garage. L’homme s’est suicidé au terme d’une longue agonie en découvrant la vérité sur leur père qui, de Hans Schiller était devenu Si Mourad…
    Leur père n’était qu’un ancien officier SS, criminel de guerre, recherché par les Alliés, et qui s’était caché dans un bourg perdu d’Algérie, où il sera victime, avec trente-six autres habitants du lieu, d’une bande d’assassins islamistes. C’est en ouvrant une valise de son père que le fils découvre le livret militaire du père, ses décorations, ses citations pour faits d’armes et aussi des photographies où il apparaît sanglé dans l’uniforme noir des SS…
    Avant de se suicider, le fils aîné se lance sur les traces de son père, depuis son village natal en Allemagne jusqu’aux pays occupés par le IIIe Reich et où son père avait servi Hitler. Les camps de concentration et d’extermination, aussi. Chemin faisant, pour se soulager la conscience, il tient un journal intime que son jeune frère se verra remettre après son suicide : l’ingénieur ne peut supporter l’idée que son père n’était qu’un criminel, recherché pour crimes contre l’humanité.
    Toute la trame du livre fait penser à une reconnaissance de la Shoah par des hommes, à moitié arabes et à moitié allemands, qui ne peuvent pas supporter que les imams fanatisés de certaines cités continuent d’attiser la haine contre la France, l’Occident, les Juifs et tout ce qui n’est pas de l’islamisme ou de l’intégrisme. Voici quelques passages frappés du sceau de l’authenticité, provenant d’hommes encore jeunes, écrasés par un fardeau avec lequel ils ne peuvent vivre : Je me suis levé et les bras en l’air, j’ai hurlé : je suis Malrich, fils de Hans Schiller le SS, coupable d’extermination, je porte en moi le plus grand drame du monde, j’en suis le dépositaire et j’ai honte.  Et j’ai peur, et je veux mourir ! J’implore votre aide, on ne m’a rien dit, tout est retombé sur ma tête et je ne sais pas pourquoi. Mon frère s’est suicidé, mes parents et nos voisins ont été assassinés et je ne sais pourquoi ni par qui, je suis seul, seul comme personne au monde.  ( p 187)
    Ou encore, ce cri du cœur qui montre bien que l’humanité est une bien que ses manifestations sont diverses et variées : p 99 : je me suis dit ; si un seul crime demeure impuni sur terre et que le silence l’emporte sur la colère, alors les hommes ne méritent pas de vivre.
    Et cette reconnaissance, enfin, de la Shoah, accompagnée d’un repentir à la fois profond et sincère :
    p 195 : Il n’a pas été à Jérusalem, au Yad Vashem. Si un jour, les moyens le permettent, j’irai pour lui. Et pour moi. Et je lirai tous les noms à haute voix, et à chacun, je demanderai pardon au nom de mon père.
        Un livre vraiment émouvant qui nous renseigne sur ce qui se passe dans nos banlieues, leur idéologie, leur fanatisme mais aussi elur appel et leur espoir. A lire absolument.

                           


     

  • Le premier tour des élections municipales en France

     

        Ce premier tour a une nouvelle fois montré l'imprécision des sondages. La vague rose n'a pas eu lieu, mais la gauche effectue une petite percée qui s'explique plus par l'impopularité de la droite que par une adhésion aux idées socialistes…

        Certaines villes comme Toulouse, traditionnellement à droite, pourraient basculer à gauche. Strasbour aussi dont la maire paie une certaine manière de gérer et d'adminsitrer.

        Il faut aussi relever que 14 ministres sur 23 sont élus ou réélus, ce qui montre que nous n'avons pas affaire à un vote rejet ou sanction, mais simplement, comme le veut une bonne vieille mentalité française, à un avertissement sans conséquence.

        Dominique de Villepin le rappelle sur un mode poétique dans son livre Hôtel de l'insomnie (Plon, 2007): la Révolution française n'est pas encore achevée, les Français désavouent généralement ceux pour lesquels ils ont voté 1 ou 2 ans plus tôt… Ils ne comprennent pas que gouverner, diriger le pays, que ce soit à droite ou à gauche, implique l'impopularité. C'est la fameuse loi des deux ans.

        En revanche, les résultats à Paris sont loin d'être ambigus: la candidate UMP n'a pas pu rassembler autour d'elle et le maire sortant est pratqiuement sûr de l'emporter au second tour.

        Il y a fort à parier que la droite va se mobiliser pour limiter les dégâts, tandis que la gauche va aussi probablement contracter des alliances (jadis réputées contre-nature) pour tenter de redorer un blason qui en a bien besoin…