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Vu de la place Victor-Hugo - Page 188

  • Heinrich Grätz, Martin Buber, Gershom Scholem et Elie Wiesel

    Au terme de cette longue revue du livre d’Elie Wiesel sur Célébration hassidique*, paru en 1972 et plutôt mal accueilli par la critique universitaire, il était temps de redonner la parole à un grand auteur disparu, et donc incapable de se défendre. Or, dès les premières pages d’introduction de son livre, constamment réédité depuis, Wiesel avait pourtant averti qu’il ne se posait pas en spécialiste d’histoire doctrinale du hassidisme et encore moins en érudit. A l’évidence, cela ne lui a pas évité une volée de bois vert, un peu comme si d’éminents spécialistes considéraient cette parution comme une incursion indue dans  leur domaine, leur chasse gardée. Or, Wiesel a toujours voulu donner la parole à ceux qui ne sont plus là pour s’expliquer ou pour se défendre. Cela me fait penser à une interprétation talmudique d’un verset du Cantique des Cantiques, diversement compris par les uns et les autres : dovév sifté yeshénim… Pour une fois, je ne reprends pas la traduction de la Pléiade  et préfère la version homilétique : remuer les lèvres des gisants. Parler pour, défendre ceux qui ne peuvent le faire par eux-mêmes… C’est le sens du tikkoun que j’ai voulu accomplir tout au long de ces développements.

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  • Wiesel et le hassidisme : Le cas de rabbi Nahman de Bratslav (5)

    Si j’osais, je dirai que le cas de rabbi Nahman de Bratslav (1772-1810), enterré à Ouman en Ukraine, est absolument emblématique ; en Israël, même de nos jours, c’est la figure hassidique la plus connue et la plus célèbre : son nom orne les pare-brises des taxis, des camions et des voitures, ce qui se vérifie par la grande fréquence des vols quotidiens Tel Aviv-Kiev à l’aéroport Ben Gourion.

    Mais c’est aussi la personnalité la plus déroutante qui soit, même aux yeux de ses propres adeptes. On n’osait pas trop le dire mais comme le faux messie Sabbataï Zewi (que les croyants me pardonnent ce rapprochement audacieux), le maître hassidique soufrait de la maladie bipolaire : il oscillait entre des états de profonde détresse intérieure et des accès d’euphorie… On pourrait dire que l’homme cherchait un moyen de surmonter le désespoir qui s’emparait de lui  à intervalles réguliers. Et pourtant, nul n’a songé à s’en séparer ni à s’en éloigner. On faisait avec.

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  •  “Le juif est un homme qui lit depuis toujours...”

     Charles Péguy (1873-1914) et son curieux ouvrage L’argent (1913)

    Au risque de me répéter, pire, de passer pour un radoteur (que j’espère ne jamais être), je vous redirai que le confinement a tout de même quelque avantage, assez rare, car il nous permet de faire des rencontres intellectuelles plutôt improbables, en temps normal.

    Mais voilà, et comme nous le dirons mercredi soir, dans la Haggada (en quoi cette nuit diffère t elles des autres nuits ?), les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. C’est le moins qu’on puisse dire, eu égard à la terrible épreuve que nous subissons depuis quelques semaines.

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