Thomas Tanase, Histoire de la papauté en Occident (Gallimard)
C’est une belle synthèse que nous propose l’auteur de cette substantielle histoire de la papauté en Occident, un thème qui est loin de se suffire à lui-même mais qui, au contraire, englobe dans son rayon d’action tant d’autres éléments comme l’empire romain, la ville éternelle, l’Occident, l’Europe, le monde civilisé et même les grandes découvertes. Pourquoi parler de la papauté en tant que telle et non des papes séparément ? C’est parce que cette institution bimillénaire dépasse, et de loin, les hommes qui l’ont incarnée. Ces derniers se considéraient, eux-mêmes, en dépit de nombreuses erreurs de navigation et de confusions des genres (le spirituel et le temporel) comme les chaînons d’une longue tradition qui leur préexistait et, en tout état de cause, leur survivrait.
Je partage le point de vue de cet auteur, lequel connaît bien son affaire, lorsqu’il dit qu’il est très tentant, mais dangereux car on se fourvoie automatiquement, de clouer l’institution pontificale universelle au pilori en l’accusant d’avoir manqué à sa mission qui est de répandre les enseignements de l’Evangile et de vivre sobrement, une sorte d’église de la pauvreté, à la mode de Saint François d’Assise. Cet abandon des valeurs essentielles (l’église des pauvres) a abouti à donner naissance à la Réforme luthérienne.