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Vu de la place Victor-Hugo - Page 206

  • Le naufrage des civilisations par Amin Maalouf (Grasset)

    C’est à une longue et profonde réflexion sur les faiblesses de notre monde que nous convie ce grand moraliste franco-libanais qu’est Amin Maalouf. Le livre est largement autobiographique et se présente à la première personne du début à la fin. Et je dois dire que c’est très heureux puisque cela rend cette confession très attachante et empreinte, à certains endroits d’une touchante authenticité. En effet, quand vous prenez  en main ce livre, vous n’avez qu’une hâte : arriver jusqu’au bout, jusqu’à la conclusion, savoir que nous sommes tous condamnés à faire naufrage ou s’il subsiste encore une petite lueur d’espoir pouvant nous rendre confiance en nous-mêmes et en notre monde, qu’il soit à l’échelle de l’univers ou réduit à notre petite espace de vie, et en l’occurrence le Liban, l’Egypte et le monde arabo-musulman en général…

      Celles et ceux qui me font l’honneur de lire toutes mes chroniques savent combien j’aime l’œuvre de ce membre d’Académie française. Il m’en impose par son talent, sa sensibilité et surtout par sa modération et sa pondération quand il traite de sujets hautement inflammables…

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  • Franz Rosenzweig et le miracle de yom kippour…  

     

                       Franz Rosenzweig et le miracle de yom kippour…  

                           Commençons par mentionner deux citations de l’auteur, mort en 1929, des suites d’une longue maladie, lesquelles nous renseignent bien sur ses origines et sa conception du judaïsme :

                       Le fil ténu de la tradition parvenue jusqu’à moi (yom kippour, la soirée du séder, la bar-mitzwa) -car je n’ai pris conscience des prières du vendredi soir qu’à l’âge d’étudiant- est pourtant devenu le lien autour duquel tout a pu s’agréger. (Franz Rosenzweig, Gesammelte Schriften I, p 1197 )

    Mon arrière-grand-père Samuel Meyer Ehrenberg dont Zunz et Jost furent les élèves, a le même lien de parenté avec mes cousins et cousines Ehrenberg. Jadis, cela m’avait fait forte impression. Et si je n’ai pas voulu jeter le manche après la cognée, ni dans un sens ni dans un autre ( à savoir soit devenir sioniste, soit me faire chrétien), il me fallut réfléchir sérieusement à la manière d’amender et de sécuriser la voie médiane (la conjonction de coordination ET entre germanité et judéité) pour la parcourir enfin en toute sécurité… Et le peu que j’ai réussi à sauver je le dois à mon (grand) oncle Adam Rosenzweig ; grâce à lui, et à lui seul, je parvins à me faire une idée de ce que je nomme le monde juif et à en trouver l’accès. Ce sont là les rares impressions, certes peu nombreuses mais pourtant suffisantes qui me servirent de refuge et de source de jouvence afin de résister aux puissantes pressions d’un univers qui nie l’existence ou, au moins, le droit à l’existence de ce précieux patrimoine, le judaïsme. Peut-être un peu plus que la plupart de ceux qui, comme vous et moi, sont demeurés fidèles au judaïsme, je pris conscience de la puissance et de la valeur propre des attaques dirigées contre le judaïsme qui s’était, en toute confiance, aventuré très près de la germanité par le biais de ce ET. (Lettre du 16 janvier 1918, l à Hélène Sommer in Fr. Rosenzweig, GS. I, p 50

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  • Religion et philosophie dans l’Europe contemporaine

    Religion et philosophie dans l’Europe contemporaine

    Le sujet est très vaste mais c’est bien ce qui le rend passionnant. L’Europe d’aujourd’hui ne ressemble en rien à ce qu’elle fut il y a un peu plus d’un demi millénaire. Elle se trouvait alors en pleine période médiévale, dans un véritable autre monde où philosophie et religion se faisaient face et ne touchaient, dans leur union ou désunion, que quelques rares élites, les seules habilitées à les rapprocher, sans risque de tomber dans l’hérésie, l’incrédulité, voire l’athéisme. Nous reviendrons sur cette situation qui a généré la puissance intellectuelle de l’Europe et son hégémonie qui a duré près d’un demi millénaire au cours duquel cette Europe a démontré qu’elle était une culture, une vision du monde, bien plus qu’un simple continent, une adresse géographique.

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