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Vu de la place Victor-Hugo - Page 337

  • une affaire FILLION

    Une affaire Fillon ?

    L’observateur qui se veut impartial en abordant cette véritable tempête médiatique n’en croit ni ses yeux ni ses oreilles tan cette entreprise de déstabilisation est incommensurable  C’est du jamais vu mais une fois que l’esprit critique reprend ses droits –et cela prend du temps tant les forces lancées dans la bataille sont considérables- deux faits émergent et expliquent largement la situation déplorable dans laquelle nous nous trouvons : d’une part la tyrannie d’une certaine presse, notamment satirique qui  doit sa notoriété et sa prospérité à l’excès et à la démesure, et d’autre part, l’excessive judiciarisation de la vie publique.

    En 1935, Emmanuel Levinas, douze ans après avoir quitté sa Lituanie natale pour devenir français et devenir ce qu’il est devenu, publiait un bel essai philosophique, intitulé De l’évasion. Ce texte fut republié  en 1982 par le regretté Jacques Rolland avec une brillante introduction et des notes très éclairantes. J’extrais de ce traité une phrase qui me semble contenir une façon d’écrire et de parler dont la quasi-totalité des journalistes et des commentateurs auraient dû s’inspirer avant de s’engager dans une opération plutôt navrante : Nous accédons au monde à travers les mots et nous les voulons nobles… (p112)

    Les coups furent rudes et on ne se demande même plus, aujourd’hui, pour quelle raison toutes ces affaires autour du statut de l’assistant parlementaire surgissent maintenant. Au fond, quand cette affaire se dégonflera, que retiendra-t-on ? Simplement que le statut de l’assistant parlementaire n’est pas clair, notamment sur la grille indiciaire et sur le droit ou non d’employer des membres de sa famille (épouse, enfants, cousins ou apparentés). Certains journaux, désireux de vendre un peu plus que d’habitude ou de faire de l’audimat, ont annoncé des sommes globales portant sur de nombreuses années afin d’inciter la France dite d’en bas à s’indigner et à critiquer les élites qui ne vivent pas comme elle.

    Je perdrais mon temps si je faisais l’inventaire de tous les griefs, réels ou imaginaires, formulés contre François Fillon, un candidat sorti vainqueur, haut la main, de la primaire de la droite. Des millions d’ électeurs se sont reconnus en lui et en son ‘programme et voila que tous ces Français ont la désagréable impression qu’on veut les frustrer de leur victoire, édulcorer leur choix, bref invalider leur candidat. Ces millions de Français se disent choqués par ce qu’ils découvrent mais que découvrent ils au juste ? Que l’intéressé n’a pas commis d’infraction caractérisée mais qu’il a fait preuve d’une incroyable légèreté dans un pays comme la France, vieille entité catholique qui entretient avec l’argent des rapports ambigus.

    Mais si le statut de l’assistant parlementaire avait existé, et on espère que l’une des retombées positives de toute cette affaire conduira à en voter un à l’Assemblée Nationale, tout ceci n’aurait jamais eu lieu.

    En France, à l’approche de chaque élection présidentielle, différentes officines s’attellent à constituer des dossiers compromettants sur les candidats afin de s’assurer une victoire qui d’ailleurs est toujours tangente : ce n’est pas un grand écart qui sépare l’élu du battu.

    Je voudrais en guise de conclusion dire ma stupéfaction de voir traîner dans la boue une femme, une mère de famille, visiblement dépassée par tout ce qui lui arrive. Aller exhumer une émission de télévision, vieille de près de dix ans pour exploiter une seule petite phrase arrachée à son contexte, n’est pas très glorieux… Surtout quand on instruit constamment à charge.

    Voici à présent un passage d’un texte d’un homme de lettres français, oublié ou presque aujourd’hui, Maurice Blanchot, un grand ami d’enfance du philosophe Emmanuel Levinas dont il contribua à cacher l’épouse et la fille durant l’Occupation alors que Levinas était en captivité en Allemagne. Cet extrait     provient d’un article intitulé Le dernier mot et fut publié dans Le ressassement éternel en 1951. Je pense que ce texte, presque visionnaire dit bien ce qu’il veut dire, surtout si on en fait une interprétation allégorique : Je m’enfuis. Déjà avait commencé le crépuscule. La ville était envahie par la fumée et les nuages. Des maisons, on ne voyait que les portes, barrées par de gigantesques inscriptions. Une humidité froide brillait sur le pavé des rues. Lorsque j’eus descendu l’escalier, près du fleuve, des chiens de grande taille, des espèces de molosses, la tête hérissée de couronnes de ronces, apparurent sur l’autre rive. Je savais que la justice les avait rendus féroces pour faire d’eux ses instruments occasionnels. Mais, moi aussi, j’appartenais à la justice. C’était là ma honte : j’étais juge Qui pouvait me condamner ?  Aussi, au lieu d’emplir la nuit de leurs aboiements, les chiens me laissèrent ils passer en silence, comme un homme qu’ils n’auraient pas vu. Ce n’est que bien après mon passage qu’ls recommencèrent à hurler, hurlements tremblants, étouffés qui, à cette heure du jour retentissaient comme l’écho du mot : il y a… Voila sans doute le dernier mot, pensais=je en les écoutant

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 4 février 2017

  • Hamon, Montenbourg, Valls et les autres

    Qu'on que dise Manuel Valls et ses comités de soutien, la partie est finie pour lui, ce soir il ne sera pas au-dessus des 40% et encore ce sera peut-être moins. Et le duo Montebourg-Hamon se sera vengé de la plus sanglante des façons: ils lui auront fait payer leur éviction du gouvernement. Les vengeances en politique sont terribles surtout lorsqu'on fait du pouvoir une raison de vivre et d'être. Levinas nous enseigne que la notion même d'être l'est pour la guerre, la lutte contre les autres, l'indomptable volonté de persévérer dans l'être, à quoi sa disciple préférée, Catherine Cahlier, répond par un bon livre intitlé La persévérance du mal...

    Mais retombons sur terre et quittons les horizons étéhriques de la philosophie et de l'ontologie.

    Ce soir, peu après vingt heures, 'ancien Premier Ministre français va devoir faire son deuil de la présidentielle de 2017, ses regards se portent déjç sur 2022 car il sait que son concurrent Hamon n'aura que la quatrième ou la cinquième place au premier tour et su'il sera absent du second. Ce ne sont pas ses promesses faramineuses d'un revenu universel garanti à tous  qui lesuivront. C'est la formule mise à jour de demain on rase gratis. Curieux, mais cette idée n'a jamais quitté l'inconscient des Français.

    Que va faire Valls dès demain matin? Il va tenter de recoller les morceaux au PS et tenter de l'investir de ses prores valeurs, propres à une gauche de gouvernement. Bref, bâtir sur le champ de ruines, les ruines fumantes de l'actuel PS. La gauche pure et dure, qui voit encore en Fidèl Castro un héris va incarner un communisme qui n'ose même plus se présenter sous son vrai nom puisqu'il qu'il fait de Mélenchon son champion. Lequel ne dépassera pas les 10% à l'élection présidentielle à venir.

    Mais comment sommes nous arrivés à cette Apocalypse? On se le demande. Mais si l'on regarde du côté de François Hollande, on se rend compte qu'on tient un facteur ou un principe d'esplication. Hollande aura tué la gauche, se sera fait voler la victoire par l'un de ses poulains qui dit aujourd'hui, sans honte, qu'il a scruté le pouvoir de l'intérieur et qu'il en est ressorté assez ébranlé dans ses convictions et ses projets.

    N'est ce pas là la crucifixion de son maître? L'apprenti-sorcier a décidé de tenter sa chance. Jusqu'où ira t il? Pas très loins et même s'il est le bien aimé des  média.

    Mais il est évident que les vieilles dames du PS auront eu une belle vengeance. Vallas a perdu et il va devoir reprendre tout dé le début, ab ovo.

    Il avait à l'oeil le navir Macron lequel a fini par prendre le large sans lui. Il a essayé de le tarapper mais c'est trop tard...

     

     

     

     

     

     

     

  • Les enfants volés en Israel au début des années cinquante et plus tard...

     

    Les enfants volés en Israel au début des années cinquante et plus tard...

     

    La lecture, par le plus complet des hasards, d’un article en page 12 Figaro daté du 24 janvier, me glace le sang et me conduit à me saisir immédiatement de ma plume pour en parler. Plutôt pour exprimer mon indignation. Il ne s’agit pas d’accabler l’Etat juif, cela je ne l’ai jamais fait ni ne le ferai jamais, mais ce que j’ai lu m’a précipité dans un malaise quasi métaphysique…

     

    En reprenant mes esprits, après avoir saisi la plume, je réalise qu’une émission avait déjà été diffusée sur ce même sujet par la chaîne I24Newas. L’article du Figaro reprend sur toute une page ce qui fut un véritable drame, une tragédie pour de pauvres gens, dépourvus de moyens, privés d’éducation, et auxquels on a enlevé leurs enfants au motif, le plus souvent, qu’ils ne sauraient pas leur assurer un bon départ dans la vie et dans un pays où tout était à construire… Tous ces gens issus de pays arabes sous développés, comme, en l’occurrence le Yémen ou le Maroc, mais sans doute tant d’autres, passaient aux yeux des élites ashkénazes de l’époque, pour une population nettement défavorisée, incapable de donner les soins et l’attention nécessaire à leur jeunesse.

     

    Ce sentiment de supériorité, absolument injustifié au plan éthique, n’est, grâce au Ciel, plus de mise en Israël depuis des décennies. Ashkénazes et séfarades, Russes, Marocains, Libyens ou Tchèques ne forment plus qu’une nation courageuse et unie contre tous ses ennemis. Mais ce que j’ai lu dans l’article est inconcevable. En voici quelques exemples qui me firent penser à ces régimes dictatoriaux d’Amérique du sud qui privèrent leurs opposant politiques de leurs progénitures, offertes à des soutiens de ces mêmes régimes, en gésine d’enfants.

     

    Mais comment un Etat juif, moral, victime de tant de persécutions, a-t-il pu, à son tour se muer en preneur d’enfants pour les remettre à d’autres parents qui devaient les élever comme leurs propres descendants ? Les témoins, souvent septuagénaires aujourd’hui, racontent, comment ces véritables rapts de nourrissons ou d’enfants en bas âge furent organisés. La plupart du temps, cela se produisait lors de l’arrivée dans le tout jeune Etat juif : ces familles nombreuses devaient confier leurs enfants à des nourrisses ou à des infirmières censées s’en occuper. Mais quand les familles revenaient prendre des nouvelles des enfants ainsi confiés, on ne leur répondait rien et quand elles insistaient, on leur disait que leurs enfants avaient succombé à la maladie ou étaient simplement décédés. Sans donner de raison. Cela apparaîtrait comme quelque chose de cocasse, si ce n’était pas tragique ! Car il n y avait ni lieu de sépulture, ni certificat de décès, rien. Et parfois même, quand ces enfants ainsi disparus, atteignaient l’âge de dix-huit ans et qu’ils étaient réclamés par l’armée pour leur service national, les familles recevaient une convocation : mais comment répondre quand les enfants en question avaient disparu presque immédiatement après leur naissance ?

     

    La lecture de ce reportage m’a bouleversé, d’autant que je ne m’y attendais guère. La question que je me pose reste sans réponse : comment cela fut-il possible ? La réponse la plus probable fut la volonté de donner des enfants à des familles qui avaient tout perdu lors de la Shoah, ce qui n’eût pas été immoral si l’on avait demandé régulièrement aux parents ainsi spoliés, leur accord, mais aussi le désir d’européaniser des éléments orientaux, jugés moins bienvenus que les autres. Ces deux motivations sont absolument problématiques au regard de l’éthique universelle  et encore plus condamnables aux yeux de l’éthique juive particulièrement.

     

    Et puisqu’on parle d’éthique, je ne puis m’empêcher de me référer à Emmanuel Levinas qui faisait de l’éthique et non de l’ontologie, la philosophie première. Il a toujours sérieusement attaqué le livre de Heidegger Sein und Zeit (1927), dès 1932 (Martin Heidegger et l’ontologie) et plus tard, à la Sorbonne en 1940, à l’invitation de Jean Wahl, sur un sujet similaire :  L’ontologie dans le temporel, ce qui reprend, presque mot pour mot, le titre du philosophe de Messkirch, Sein und Zeit, Etre et temps

     

    Mais Levinas développe à la fois une philosophie de l’éthique et une philosophie de la responsabilité pour autrui avant tout. Il va même jusqu’à dire, et je ne suis pas d’accord, que la conscience est l’otage du prochain, d’autrui… Même la mort, dit-il, n’interrompt pas cette mauvaise conscience, elle interrompt ma vie physique mais pas ma responsabilité, mon obligation. On a affaire à une véritable métaphysique de la responsabilité, ineffaçable et irrémissible.

     

    Alors sommes nous responsables de certains esprits fous ou immoraux qui ont cru devoir faire ce qu’ils ont fait, en Israël du début des années cinquante et bien au-delà ? Oui, et il faut demander pardon à ceux que l’on a privé de leurs enfants. Jamais je n’aurais cru que l’on serait capable d’agir ainsi. Ce qui démontre bien que l’être est à l’opposé de l’étant, que la conscience intentionnelle est à surveiller et que notre prochain n’est ni thématisable ni réifable.

     

    Mais depuis peu, le ministre en charge de la question, lui-même yéménite, a permis la réouverture des archives. Maigre consolation, mais au moins force est restée au droit. D’aucuns voulaient reporter cette ouverture des archives à une dizaine d’années supplémentaires afin d’être sûrs qu’aucun responsable ne pourrait plus être accusé ni traduit en justice.

     

    Pour finir, cette phrase de Dostoïevski dans les Frères Karamazov, souvent citée par Levinas : Nous sommes tous coupables et moi le plus coupable de tous…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 26 janvier 2016