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Vu de la place Victor-Hugo - Page 336

  • Le phénomène Macron…

     

    Le phénomène Macron…

     

    Voilà un cas intéressant, à l’intersection de plusieurs domaines : la politique spectacle, l’inspiration messianique, variante religieuse de l’homme providentiel, la médiatisation, et surtout un ingrédient qui n’a pas son pareil, l’absence de programme, un flou savamment entretenu par un homme qui ne se dit ni de droite ni de gauche, mais d’ailleurs, un ailleurs comme dirait Raymond Barre qui ne se trouve nulle part.

     

    Mais comme dans toutes les choses qui n’ont pas de contenu, les faits finissent par se venger. Il y a depuis quelque temps un inquiétant tassement des sondages et un début de remontée de François Fillon qui a dit une phrase qui fait la manchette du Figaro, la victoire ! Depuis l’avalanche de révélations sur ses emplois de membres de sa famille, c’est la première fois que le candidat adoubé par des millions de Français parle de victoire. Il a bénéficié des conseils avisés de son ancien patron et a réenclenché une dynamique qui devrait être prometteuse.

     

    Et puis il y a une dynamique qui nous échappe, tant elle est mystérieuse mais qui est agissante, comme si, dans les coulisses, un état des choses tirait les ficelles : Marine Le Pen et Emmanuel Macron se combattent férocement et la lutte ne fait que commencer. Nul doute que François Fillon finira par en être le bénéficiaire. Les deux candidats pourraient se neutraliser. Attendons et voyons.

     

    Mais revenons sur le cas Macron qui concentre sur lui un flot de critiques mais qui a tout de même, avec rien, absolument rien, bâti, à lui seul, un nouveau canal de communication avec les Français. Cet afflux des Français vers Macron s’explique par un désarroi : le missile anti-Fillon qui a atteint de plein fouet la campagne des Républicains, a pris tout le monde au dépourvu. Les électeurs, frustrés par la justice de leur candidat, ont mis du temps à reprendre leurs esprits, tant l’assaut avait été furieux et savamment mis au point. François Fillon est un ressuscité, nul autre que lui que lui n’aurait survécu à une telle attaque. Laquelle a donné des ailes à Macron qui vient de commettre sa première faute, lourde de conséquences : l’accusation contre la France de crime contre l’humanité en Algérie. C’est absolument inouï, c’est la première fois qu’un candidat à l’élection présidentielle ose porter contre le pays qu’il veut diriger, une telle accusation.

     

    Il est évident que E. Macron fera bientôt face à deux défis de taille ; la présentation d’un programme digne de ce nom et la disparition des effets nocifs de cette accusation sur sa campagne.

    La politique est un jeu cruel, imprévisible et surprenant. On ne manquera pas de le constater très prochainement.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 19 février 2016

  • La France traverse une grave crise morale

    La France traverse une grave crise morale

     

    Si un martien nous observait de sa lointaine planète, il se dirait que la France ne tourne vraiment pas rond, et ce à quelques semaines d’une élection censée déterminer son avenir proche. C’est le désarroi le plus complet, alors que ce pays est l’un des plus beaux au monde, les autres nations lui envient son mode de vie, sa protection sociale, la formation poussée de ses citoyens, la beauté et la variété de ses paysages, bref le pays de Molière a toutes les raisons de se sentir bien et d’être heureux. Pourtant, c’est exactement le contraire qui se produit. Pourquoi ?

     

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  • Danger d’une certaine presse: accuser n’est pas informer

     

    Danger   d’une certaine presse: accuser n’est pas informer

     

    Loin de nous la moindre idée de limiter la liberté de la presse ou de faire aux journalistes des remontrances, mais une chose est claire : cette affaire, montée en épingle, laissera des traces dans l’histoire politique de la France des années deux mille…

     

    Pourquoi ? Parce que pour la première fois et d’une façon encore jamais vue, absolument inouïe, cette presse, de contre-pouvoir, est devenue pouvoir. Désormais, elle se sent en mesure de contrecarrer le choix de millions de Français, un choix exprimé en toute liberté et réitéré quelques jours plus tard.

     

    On va croire que je reproche à la presse d’avoir divulgué des choses qui existent ; nullement, je dis simplement qu’elle les a présentées d’une manière très insinuante, au lieu de livrer au public les faits bruts. Un petit exemple de ce qu’il faut bien nommer une manipulation, et appeler un chat un chat : on a présenté les sommes perçues de manière cumulative, ce qui a déchaîné la haine et la rancœur de bon Français qui peinent pour gagner leur vie. Et tout comme eux, je pense comme eux mais ne ressens pas comme eux. Au lieu de présenter des sommes globales, il aurait fallu parler de mensualités, et, dans ce cas, libre à chacun de faire les multiplications nécessaires. On ne présente pas comme un fait brut des sommes étendues sur plusieurs années !

     

    La presse s’est elle-même prise à son propre jeu. Dans la tourmente médiatique, elle ne maitrisait plus le cours des choses. Et ce qui est encore plus grave, c’est l’effet d’entraînement. Un exemple : hier sur une grande radio, j’entendais un journaliste, qui n’en est pas à son coup d’essai, dire, qu’il a eu accès aux procès-verbaux des auditions de Monsieur et de Madame Fillon… Comme ça, tout simplement, et qui se faisait de la publicité en disant qu’il y avait de nouvelles révélations, sur un tel ou tel autre personnage impliqué. Tiens, je croyais qu’il existait dans ce beau pays le respect du secret de l’instruction. Et je ne parle pas de la présomption d’innocence.

     

    Le rôle joué par une certaine presse n’est pas à son honneur. J’ai le regret de devoir le dire. Mais la presse n’est pas la seule coupable, il y a aussi les partisans du propre camp de M. Fillon qui lui raccommodaient publiquement de s’en aller.  Mais une fois que le candidat est remonté sur son cheval et qu’il repart au front, les mêmes, je dis bien les mêmes, jurent qu’ils le soutiennent et que ce n’est plus du bout des lèvres.

     

    Le personnel politique de droite comme de gauche répond aux même critères : soigner la continuité, continuer d’être élu, à tout prix, coûte que coûte. Pourquoi ? Je crois que la philosophie politique est la partie la plus contestable de la philosophie. Regardez même du côté de Hegel, sa philosophie politique a été interprétée par certains comme une justification d’une politique expansionniste en Allemagne. Et on a pu constater les résultats chez Friedrich Meinecke qui a applaudi à l’entrée des troupes nazies en Pologne en 1939.

     

    On a l’impression qu’au cours des dernières semaines, tout un pays, la France, avait perdu la tête. Le principal intéressé a reçu un tel choc qu’on comprend qu’il n’ait pas réagi sur le coup. Au fond, aucun pouvoir n’est vraiment pur. Ou, pour redonner la parole à Hegel : Seule la pierre est innocente… Et pourquoi ? Parce qu’elle ne pompe l’air ni ne fait d’ombre à personne.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 7 février 2017