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Vu de la place Victor-Hugo - Page 336

  • Chroniques New Yorkaises III

    Chroniques new yorkaises III

     

    Le temps s’arrange à New York, ce dimanche matin il fait très beau et le vent ne souffle plus alors qu’il était il y a peu très fort et très froid. New York nous apparait sous un autre jour. Hier samedi, je me suis promené dans les mêmes boulevards et je dois dire que cette ville ne laisse pas d’être étonnante.

     

    Nous sommes entrés dans une sorte de pharmacie tenue pas des juifs qui avaient toutes les marques de la société israélienne AHAVA. Les juifs ici sont si typiques, on les marques tout de suite. Une chose m’a surpris ou plutôt a commencé par me surprendre : en plein samedi matin, je vous une boulangerie ouverte vendant toutes sortes de gâteaux et bien en évidence des paquets de matsot shemourot !! Je suis étonné mais il s’agit de magasins pour tout le monde et il y a tant de juifs sur place.

     

    Plus étonnant cette fois : je vois un homme portant la kippa et portant son téléphone portable à son oreille afin de répondre à un appel. Cela ne me choque pas, j’ai toujours pensé qu’une trop grande observance du sabbat gâchait le sabbat… Et j’ai pensé aussi au livret de Heschel sur The Shabbat and its meaning for the modern man. Je dois le relire pour notre ami M. Claude Sarfati qui voudrait en faire quelque chose.

     

    Après ces petites choses, nous marchons le long de Central Park ; beaucoup de femmes, de couples d’homosexuels faisant du jogging. Cela me rappelle le type qui nous fixait du regard dans un coffee shop. Humeur new yorkaise…

     

    Il nous faut manger car notre hôtesse ne peut rester derrière les fourneaux. Alors nous mettons le cap sur la pizzeria Serafina. Par bonheur, il reste une table pour six personnes, nous l’occupons mais je dois dire une chose : la pizza et les spaghettis ont beau être bonnes, le bruit est insupportable. C’est si différent de chez nous

     

    Nous reprenons notre chemin pour aller manger des glaces chez un Italien réputé dans le secteur,  Après nous rentrons et je me mets à la relecture de ma conférence en allemand pour le début juin à Zurich devant la plus grande loge Bné Brith de la Suisse alémanique, Augustin Keller Loge. J’ai choisi un sujet original : existe-t-il une histoire juive ou simplement un destin juif ? Et j’ai prié mon ami l’Ambassadeur de me relire ; il l’a fait très gentiment. Il a même modernisé mes traductions de versets bibliques en allemand. J’avais choisi la Bible de Luther mais il a opté pour des versions plus modernes…

     

    Je ne pouvais pas finir ma soirée ici sans me brancher sur BFM TV et là j’ai subi un choc : les petitesses de la politique française me sont apparues soudainement. Evidemment, je m’y intéresse, mais j’ai pris nos vraies dimensions. Ici, personne ne s’y intéresse, excepté évidemment l’ambassadeur et l’ancien ministre des finances de Jimmy Carter. Ici tout parait plus accessible, plus simple, plus en avance. J’ai vu un vélo d’appartement qui exige des chaussures spéciales, de la marque Peloton. Même dans les meilleurs Fitnesse clubs de Paris, je n’en ai jamais vu de pareils.

     

    Mais il y a notre culture, notre finesse et notre  art de vivre.  Il y aussi le système hospitalier. La France est imbattable pour ce qui est de la solidarité sociale. L’imitation du système US serait une catastrophe pour le pays. J’ai vu des afro-américains dans de tristes états, mangeant de la nourriture dont personne ne voudrait ; j’ai vu aussi des hommes âges travailler sans relâche.

     

    Mais l’Amérique reste l’Amérique, le pays des possibilités infinies. Das Land der unbegrenzten Möglichkeiten.

     

    A demain

  • Chroiniques new yorkaises: Pessah à New York

    https://www.youtube.com/watch?v=TLzJ2VyIU5I

    Chroniques New Yorkaises : Pessah à New York

     

    Après près de sept heures et demi de vol sans encombre, le gros A  380 se pose délicatement sur la poste d’atterrissage de l’aéroport JFK. Il est près de minuit et demi à Paris mais tout juste dix huit heures trente sur place. Les formalités de débarquement sont expédiées heureusement sans trop de difficulté. Je rappelle qu’on vous photographie, on relève les empreintes digitales des deux mains. Bref, l’Amérique de Donald Trump ne badine pas avec la sécurité, c’était déjà le cas avec son prédécesseur qu’au fon, peu de gens regrettent vraiment.

     

    J’avoue qu’à cette heure là je n’avais qu’une iodée en tete : rejoindre l’appartement de Sophie sur Madison. C’est seulement vers trois heures du matin que notre vœu sera exaucé. Après une nuit de sommeil largement réparateur, on voit la vie autrement. Et on sort se promener dans la ville pour prendre un petit déjeuner. Au 673 Madison Avenue, retenez bien ce numéro, il est un coffee shop, tenu par des Italiens où l’on s’assoit pour prendre son petiot déjeuner. Toutes les places autour d’une petite table sont prises, le directeur nous installe au bar. Tout auteur de nous, les New Yorkais se font servir ders omelettes, des  pancakes arrosées de sirop d’érable (quelle chance !) Moi, je me contente d’un double expresso, remarquable pour le lieu en question, et d’un gâteau. Je goute aussi le magnifique verre d’orange pressée.

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    Ensuite, nous nous promenons tous les quatre. Il s’agit de visiter la ville tout en cherchant un supermarché cacher pour faire des emplettes pour la fête de Pessah. Mais cette ville est une ville juive et son tempérament est tout autre que celui de Paris. Tout d’abord, les gens sont cordiaux et souriants, j’en suis presque gêné car sur les bords de Seine, ce n’est pas toujours le cas.

     

    Nous entrons dans une bijouterie pour regarder les belles montres et le vendeuse me demande d’où je viens. Je lui réponds de Partis. DET voila qu’elle me raconte y avoir passé deux jours la semaine dernière. Motif : elle se rendait dans l’île Saint Louis où son père Monsieur SALOMON avait survécu aux camps nazis, se rendant chez son oncle qui y résidait. M. Salmon vécut à Paris de 1947 à 1960.  Les autorités de police en France avaient mal noté son nom, ce qui fait qu’il conserva cette version en lieu et place de la précédente.

     

    Nos pas nous guident ensuite vers le MOMA de NY mais à l’idée de faire un tour de près de deux heures, nous rebroussons chemin pour revenir à Madison… Le long du chemin, nous croisons de jeunes Afro-américains promenant les chiens de leurs riches patrons. Mais ce qui frappe le plus, ce s ont ces chiens que leurs propriétaires ont muni de chaussettes, oui de chaussettes, afin que ces braves bêtes ne souffrent point du froid.

     

    Nous passons devant le Trump Tower qui est gigantesque. C’est impressionnant, mais une foule de touristes s’arrêtent pour prendre des photographies. Mais par terre, à même le sol, un homme étale des photos du visage de Trump qu’il affuble d’une moustache à la Hitler. Succès d’estime ou de curiosité garanti. L’Amérique et son second amendement !!

     

    Après , je me rends dans une pizzeria tout près d’ici afin de gouter à une bonne pizza dont nous allons être privés durant une bonne huitaine de jours…  Le service est parfait, les serveurs aux petits soins, rien n’est laissé au hasard.

     

    Le décalage horaire commence à se faire sentir… Surtout que les choses sérieuses commencent ce soir. Ce soir, le chabbat dinner se passe chez mon ami l’ambassadeur d’Allemagne auprès de l’ONU qui a réuni un certain nombre de collègues et de convives (Sophie et ses enfants) pour saluer notre passage. Nous irons aussi après la soirée du séder visiter avec lui tout l’immeuble de l’ONU, et notamment le lieu o ù se réunit le Conseil de sécurité.

     

    Mais cela sera réservé à la chronique de demain car nous n’y sommes pas encore… En revanche, j’ai pu voir en grandeur nature les voitures de la police new yorkaise NYPD, cela m’a rappelé les séries américaines dont j’était si friand dans mes jeunes années.

     

    Le temps passe vite et notre vie aussi. La suite sur ce dîner mémorable où j’évoquerai brièvement le sort du judaïsme allemand…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

  • Lénigme Hollande

     

     

    France : une gauche en lambeaux…

     

    Qui est, directement ou indirectement, responsable de l’état lamentable dans lequel se trouve l’ensemble de la gauche française, au point que le Parti Communiste ne peut même plus présenter un candidat issu de ses rangs et que le Parti Socialiste se demande même s’il va continuer d’exister. Evidemment, le contexte compte pour beaucoup dans cette affaire : tout se passe sous la présidence d’un président socialiste, ce qui ne veut pas dire nécessairement à cause d’un tel président.

     

    Mais les historiens finiront bien par analyser le rôle joué par François Hollande qui fut, avant tout, un président non pas normal, comme il se serait tant voulu, mais comme un président atypique/ Ne ressemblant à aucun de ses prédécesseurs. La question majeure, ce me semble, est la suivante : était il fait pour être président ? Ou plus exactement : avait -il les moyens, ou avait il envie de gouverner ? On a l’impression qu’il s’imaginait autrement ce qui l’attendait dans l’exercice du pouvoir.

     

    On se rend compte qu’on quitte imperceptiblement le terrain du pouvoir et de la politique en général pour déboucher sur des recoins intimes de l’âme humaine. Et ceci nous conduit à poser une autre question, encore plus difficile à répondre que la précédente : Qui est François Hollande ? Cet homme qui a passé dix ans de sa vie à déjouer les complots de ses camarades au PS, à inventer toutes les synthèses possibles et imaginables entre des Laurent Fabius et des Henri Emmanuelli et qui, finalement, au pouvoir, amorce un virage libéral qui fracasse sa majorité et finit par se briser sur le roc de ceux qu’on nomme les frondeurs…

     

    Et ce drame en plusieurs actes se poursuit lorsqu’il commet l’erreur de vouloir neutraliser Walls par Macron. Il a cru pouvoir les jouer l’un contre l’autre, encore ce côté infernal de la synthèse, cette façon de faire coïncider les oppositions des alchimistes (coincidentia oppositorum), pour parler comme Agrippa de Nettesheim… François Hollande a cru qu’il était encore à la tête du PS et que le jeu politique était le même, et qu’il suffisait de mettre deux êtres en concurrence pour les neutraliser, voire les détruire. Et voilà que c’est lui qui retrouve pris entre les deux branches de la tenaille. Dans le livre de Job, l’expression est encore plus cruelle, puisqu’il est question des mâchoires de l’iniquité !

     

    Macron a été le plus réactif : quand il découvrit que le roi était nu, il n’a pas tenté de l’aider mais a décidé simplement de le remplacer. Plus fin que Valls qui est un self made man, Macron qui a fait l’ENA est parti le premier. Valls n’a pas compris qu’il fallait en faire de même et a parlé de désertion. Pire, le jour même de son départ pour Tunis, il voit le président et lui tord carrément le bras : il lui arrache la décision de ne pas se représenter…

     

    Mais il était trop tard, le navire Macron avait pris le large et François Hollande, forcé de rester sur la touche, avait prévu que Valls ne franchirait pas l’étape des primaires. Cela aussi, soit dit en passant, fut une erreur capitale de la part de François Hollande : il n’aurait jamais dû dire qu’il s ‘y soumettrait. Certes, il n’aurait pas évité la catastrophe mais il aurait au moins échappé à l’humiliation.

     

    Restait une couleuvre de plus à avaler : accepter que Benoît Hamon devienne le candidat adoubé du PS… Défaire garantie puisque au moment où je rédige les sondages le créditent de moins de 10% d’intentions de votes alors que son concurrent direct caracole avec 15% !

     

    Je me demande ce que dirait François Hollande dans ses Mémoires s’il venait à en écrire. Le fera t il ? Pourquoi pas ? Mais une chose m’intrigue aujourd’hui encore : le livre d’entretiens avec ces deux journalistes du Monde ! Je ne comprends pas qu’un président sous la Ve République, aux pouvoirs assez voisins de ceux d’un monarque républicain, ait éprouvé le besoin de se commettre avec de tels journalistes. Etait-ce un insatiable besoin de reconnaissance ? Est ce que cela ressortit à la psychanalyse ?

     

    Au fond, personne ne connaît vraiment François Hollande. Lui qui se voulait un président normal !! Question faussement naïve : mais comment peut on être un président normal, un homme comme les autres quand on a autant de pouvoirs consentis et garantis par la Constitution ? C’est presque un oxymore.

     

    Un mot aussi sur la vie amoureuse de l’homme : chacun d’entre nous, qu’il soit président ou petit employé, éprouve le besoin et a le droit d’aimer et d’être aimé. Bien des gens, dont un curé célèbre, se sont émus du traitement réservé à une femme qui lui a donné quatre enfants, même si la dame en question est loin de mériter le bon Dieu sans confession. Mais tout de même !!

     

    Alors qui est cet homme ? Je n’arrive pas à le cerner. Je me demande aussi pourquoi l’actuel secrétaire général de la présidence de la République, homme d’une grande finesse et d’une très grande intelligence, un homme que je connais et apprécie beaucoup, a dû attirer l’attention de son patron sur les divers écueils se dressant sur sa route… L’a t il fait ? Ne l’a t il pas fait ? Et s’il l’avait fait, aurait-il été écouté, à défaut d’être entendu ?

     

    Il existe une énigme Hollande. Mais n’accablons pas l’homme qui est digne d’intérêt et de respect. Chaque jour qui passe le rapproche de la fin. Quitter le pouvoir à un si jeune âge ne laisse pas d’être douloureux. Mais pire que le jugement des hommes, plus grave que le jugement de Dieu lui-même, est le jugement de l’Histoire…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 1er avril 2017