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Vu de la place Victor-Hugo - Page 375

  • L’accord Israël – Turquie a été officialisé

    L’accord Israël – Turquie a été officialisé

    Dans un précédent papier on expliquait que l’isolement croissant de la Turquie dans la région et dans le monde lui imposait de procéder à quelques changements, faute de quoi c’était le naufrage, un véritable désastre. La célérité avec laquelle les Turcs ont officialisé l’accord ne laisse pas de surprendre et fait croire que le Grand Turc en avait braiment besoin. Monsieur Erdogan est un émotif et un impulsif. Il avait, il y a moins de six ans, traité Israël de tous les noms, avait eu des mots à Davos avec le Président israélien et voici qu’aujourd’hui il accroit les échanges commerciaux, achète le gaz israélien, s’interpose entre Israël et le Hamas, joue les Monsieur bons offices. Bref, un changement radical.

    Objectivement c’est ainsi que les choses auraient dû être, n’étaient les poussées de fièvre du Grand Turc. Israël a souvent aidé l’armée turque à entraîner ses pilotes de chasse, elle a coopéré avec les services secrets d’Ankara jusqu’au jour où celle-ci a nommé un islamiste à la tête de certains services de sécurité… Impossible alors pour l’Etat juif de poursuivre la collaboration avec un tel homme.

    Aujourd’hui, l’orage est passé. Mais Israël a bien négocié, il a fait preuve de patience et de ténacité, misant sur l’isolement croissant d’Ankara et attendant des jours meilleurs. Un fait a été d’un poids tout particulier : la tension avec la Russie. Le Grand Turc aurait, dit on, regretté la destruction du bombardier russe et présenté ses condoléances pour la mort du pilote… Incroyable ! Quand on se souvient de la réaction courroucée d’Erdogan les jours qui ont suivi cette attaque injustifiée, on croit rêver. L’homme est vraiment imprévisible. Or Benjamin Netanyahou est très proche de Vladimir Poutine avec lequel il entretient des relations très amicales. Il n’est pas exclu que l’Etat juif ait pu jouer le rôle de l’honnête courtier dans l’éloignement des tensions.

    Et puis il y a la situation régionale : Erdogan ne s’entend avec personne dans cette région du monde, pas même avec l’Egypte. Il a donc choisi de renouer avec Israël, constatant qu’il n’était le bienvenu nulle part, ni chez les Arabes, ni chez les musulmans ni chez les Européens.

    Espérons que le bon sens finira par l’emporter.

    Mais cette fois durablement. Après tout, Israël pactise avec la Turquie, pas avec R.T Erdogan

  • Après le brexit, des réveils douloureux, des vols de votes...

    Après le brexit, des réveils douloureux, des vols de votes...

    Les Britanniques prennent enfin conscience du mal qu’ils se faits à eux-mêmes, certains allant jusqu’à dire qu’on leur a volé leur voté par le mensonge et la tromperie. Cas de figure fort intéressant : est ce que l’éthique de vérité finira par triompher de la politique, de ses bas calculs et de ses sordides prévisions en trompant les braves gens et en confisquant leur vote ? Ce serait une première. Changer la politique présuppose qu’on change l’homme, vaste programme ! Au moment où nous rédigeons, il y a pas moins de deux millions de Britanniques qui souhaitent reprendre leur vote et s’exprimer à nouveau sur la question. On commence à se dire que l’émotivité a encore joué un mauvais toit à tout le monde. Mais il est encore temps, puisque David Cameron n’a pas encore écrit à la commission de Bruxelles pour enclencher officiellement le brexit.

    D’un point de vue strictement juridique, c’est possible, ce qu’un vote a fait, un autre peut le défaire. Le problème est de connaître avec certitude la fin du processus qui ne saurait s’étendre ad infinitum.

    Alors que vont faire nos amis britanniques ? Pourront ils vivre et prospérer hors le cadre juridique de l’Union Européenne ? Franchement, j’en doute. Les liens sont tels, les relations et les intérêts sont si imbriqués qu’’il faudra négocier un brexit qui sera autre chose qu’un véritable brexit, en somme un canada dry qui ressemble à de l’alcool mais qui n’en est pas…

    Il y a un autre problème éthique qu’il ne faudra résoudre : punir à vie les politiciens qui ont trahi leur camp pour prendre la place du calife et qui ont délibérément menti au peuple. Il y en a quelques uns mais il y en a deux qui doivent absolument les foudres du châtiment. Il faudra être très attentif à la personnalité qui remplacera Cameron lequel n’a pas fait preuve d’une grande lucidité politique. Tant que la politique relève plus de Machiavel que de Platon et de Socrate il faut agir comme un requin : avec les requins on ne doit pas être un saumon, sinon la fin du match a sonné avant même qu’il n’ait commencé..

    Le parlement britannique devrait faire droit aux demandes protestataires  qui réclament satisfaction. Cela pourrait retarder le brexit, le temps que les tribunaux internationaux et anglais se prononcent..

    Un excellent philosophe français, disparu depuis peu et retombé dans les oubliettes, Jean Guéhenno, excellent penseur mais un peu trop catholique à mon goût, disait que la seule inégalité à combattre était celle des esprits. Songez : la voix d’un professeur d’université de Londres ne pèse guère plus que celle d’un paysan du Yorkshire ! C’est très généreux mais largement utopique. Et dans le pire des cas, comme celui qui nous occupe, cela donne le brexit.

  • Les suites du Brexit

    Les suites du Brexit

    Je note avec une certaine surprise le fait suivant : les philosophes recommandent une chose avant tout le reste : savoir dominer, maîtriser sa émotivité. Quid, qu’est ce à dire ? Ne pas être le jouet de ses émotions, remplacer le sentiment, l’émotion par une réaction fondée sur la saine raison. Ce n’est pas à la porté de tous et c’est ce que nous vivons depuis avant-hier. C’est seulement ce matin que la gueule de bois s’estompe, que les vapeurs de l’ivresse du 23 juin disparaissent. Rien ne va changer dans l’immédiat ; le Royaume Uni va continuer a recevoir sa subvention de l’Europe et à verser sa côte part ; les parlementaires européens britanniques continueront à siéger et il faudra presque deux ans pour couper les liens institutionnels existants. En outre, une fois le coup de massue disparu, on se rend compte, en relisant bien, ce fameux article 50 du traité que l’Etat démissionnaire peut réintégrer l’Union Europe et qui lui faudra pour cela reprendre le chemin d’une toute nouvelle demande d’admission. Dans l’intervalle, les langues se délient et de nouvelles initiatives apparaissent, des plus fantaisistes aux plus sérieuses. Cent mille signataires demandent au musulman maire de Londres de faire sortir la capitale britannique du cadre souverain du royaume (bien désuni désormais) tandis que d’autres, plus sérieux sont plus de six cents mille a demander un nouveau scrutin. D’autres, enfin, dénoncent les mensonges des partis anti UE pour capter les suffrages des électeurs. Il ne faut pas céder à la panique, en revanche, les changements vont se produire, là où on les attend les moins. Un mot, cependant, pour condamner l’attitude de ceux qui sont en pleine déconfiture politique mais qui entendent se relancer politiquement à la faveur de la crise européenne. Ils s’agitent, voyagent, reçoivent à tour de bras, brassent de l’air, mais en vain car les choses effectives se passent à Berlin : comment voulez vous avoir voix au chapitre quand vous êtes mal assurés au sein de l’Euro, quand le chômage augmente, que vous sombrez dans les sondages ? On connaît les défauts de l’Europe réunie sous la bannière allemande, mais on connaît aussi ses avantages. Sans le grand voisin d’outre-Rhin, l’Euro aurait disparu depuis belle lurette. Les partis populistes ou simplement de gauche dénoncent l’Europe de l’austérité, de l’ultra libéralisme mais s’ils arrivaient au pouvoir l’économie sombrerait et la crise financière ferait des ravages. Les pays de l’est européen le savent et ils sont dépendants de l’Europe, mais d’autres continuent à se bercer d’illusions. Même les Grecs qui ont été sévèrement punis ne pensent pas pouvoir tirer profit de la situation pour renégocier je ne sais quoi. L’Europe doit serrer les rangs. En revanche, les dirigeants actuels à Bruxelles devraient partir. Ils ont failli sur toute la ligne.

    Mais revenons un instant sur les conséquences au sein même de la Grande Bretagne. A terme, les électeurs ont voté pour la fin programmée du Royaume Uni. La première leçon à tirer est que les îles britanniques ne sont plus unies entre elles. Les uns veulent rester en Europe, les autres ne sont plus heureux d’y être. On parle déjà de velléités d’indépendance, de séparation, de désunion. Au fond, de Gaulle avait raison face à Churchill qui optait pour le grand large et non pour l’Europe.

    Selon nous, les Britanniques n’ont pas rejeté l’Europe, mais seulement l’Union européenne avec ses eurocrates, sa tyrannie, sa volonté de tout réglementer, de tout contrôler et qui en sont aujourd’hui pour leurs frais. Cela faisait longtemps que les braises couvaient sous les cendres. Rendez vous compte : ces pantins de Bruxelles qui entendaient imposer aux Etats européens des réfugiés syriens, afghans et irakiens dont ils ne voulaient pas. C’est le monde à l’envers. Et qui voulaient imposer des sanctions financières aux réclacitrants.

    On dit que la nuit porte conseil. Le temps a besoin de temps pour faire son œuvre. Le temps passe vite et les peuples finissent par retrouver leurs esprits. Les Anglais disent, I did not have my wits about me : je n’avais pas toute ma tête.

    C’est le cas de le dire. Attendons et ayons ce que le grand Hegel appelait la patience du concept pour déjouer la ruse de l’Histoire.

    Maurice-Ruben HAYOUN in La Tribune de Genève du 26 juin 2016