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Vu de la place Victor-Hugo - Page 377

  • Les chrétiens d’Orient ont ils encore un avenir?

    Les chrétiens d’Orient ont ils encore un avenir?

    On peut même se demander s’ils vont simplement survivre physiquement. C’est l’impression que nous a laissée l’émission thema d’hier sur Arte. Il est difficile d’avoir un point de vue tranché sur la question, je veux dire sur l’attitude des armées et des gouvernements occidentaux face à l’arabisme et à l’islamisme. On oublie souvent que les chrétiens orientaux sont aussi des Arabes mais ne sont pas des musulmans. D’où l’existence de chrétiens arabes, une espèce en voie de disparition. Ils sont une poignée de millions au milieu de 320 millions de musulmans, de plus en plus gagnés par l’intégrisme et des sentiments anti-chrétiens. Même l’Egypte qui compte quelques millions de coptes penche dangereusement vers l’intolérance et le fanatisme.. On fait tout pour bloquer ou simplement entraver le développement naturel de ces communautés qui se réduisent comme une peau de chagrin.

    J’ai noté le détail suivant : pour tout ce qui touche aux lieux de culte chrétien il faut un véritable décret présidentiel en Egypte, qu’il s’agisse de réparer des latrines, renforcer un mur ou des fondations. Et chacun connaît l’ingéniosité, l’inventivité satanique de l’administration égyptienne.

    J’ai été ému par ces jeunes mamans coptes conduisant leurs enfants au catéchisme plusieurs heures par semaine car elle redoutent, disent elles, des influences venues de l’extérieur et ayant pour objectif de convertir de gré ou de force les enfants ! Cela m’a rappelé la situation des juifs dans les pays arabes au début des années cinquante ou même bien avant. On a aussi évoqué la mise en scène macabre de Daesh en Libye où une vingtaine de coptes, travailleurs émigrés, ont été égorgés devant les caméras.

    Mais on trouve la même volonté d’entraver la vie chrétienne en Turquie. On a entendu des témoignages émouvants d’hommes et de femmes, issus de communautés antiques, syro-chaldéennes, revenant dans des églises fort anciennes où ils furent baptisés ou y célébrèrent leur mariage, mais qui sont, aujourd’hui, fermées, dégradées, vandalisées .

    Alors que les Arabo-musulmans, présents en Europe, continent chrétien, réclament à cor et à cri des mosquées qu’ils finissent par obtenir, quelle que soit la vive opposition des riverains, craignant pour leur sécurité et pour celle de leurs enfants . Vivrons nous le jour où le fanatisme acceptera de se modérer, tolérera ceux qui pensent, croient et prient autrement qu’eux ?

    Il y aurait tant à dire, et notamment sur l’indifférence des puissances occidentales, plus attirées par le pétrole et les ventes d’armes que par la défense de pauvres gens, issus d’un christianisme si ancien : tous ces territoires où les chrétiens ne sont plus les bienvenus furent pourtant ceux où les adeptes du Christ firent leurs premiers pas. On a tendance à l’oublier mais le christianisme comme les deux autres religions monothéistes sont nées en Orient. Et Jésus n’était pas un jeune homme aux yeux bleus et aux belles boucles blondes mais plutôt un beau brun ténébreux… On va vivre la création d’un nouveau terme allemand : ce n’est plus judenrein (sans juifs) mais christenrein ‘sans chrétien)

    Les racines de ce mal antichrétien sont profondément enfouies dans la mentalité d’une religion intégriste : qu’est ce qui sépare un Arabe musulman d’un Arabe chrétien ? Tous deux croient en Dieu mais chacun le fait à sa manière. Un verset des Psaumes fait allusion à cette situation en ces termes : Une chose a dit l’Eternel mais nous en avons entendu deux… En clair, pour reprendre une exégèse de Paul Claudel, l’infinie plénitude de sens, la polysémie incomparable du verbe divin ne peut pas être cernée par l’homme, son intellect n’est pas à la hauteur.

    Je me demande comment nous devons nous y prendre pour convaincre un certain islam que l’essence divine est profondément amour et n’a strictement rien à voir avec la contrainte en matière religieuse. Certes, Averroès l’a dit au Moyen Age, il a quitté cette terre en 1198 et n’a guère eu d’héritiers dans sa propre communauté religieuse. Lo ikraha fi al din : pas de contrainte en matière de foi… C’est pourtant très clair.

    J’avoue que cette émission, si riche, si documentée, si tragique, m’a bouleversé. Il est loin le temps où la France, protectrice des chrétiens d’Orient, envoyait un corps expéditionnaire sur place, comme du temps d’Ernest Renan qui se trouvait au Liban vers 1860, pour défendre une minorité menacée et rétablir l’ordre. Par un surprenant raccourci aux conséquences tragiques, certains musulmans identifient leurs concitoyens chrétiens avec je ne sais quels descendants de croisés, donc avec une sorte de cinquième colonne qu’il convient de neutraliser.

    On comprend mieux, à présent, l’attitude d’Israël et son aspiration à la paix dans l’une des régions les plus dangereuses du monde.

    Même les USA ne considèrent pas que le sauvetage de ces pauvres chrétiens d’Orient a une importance stratégique. Le président Obama fait le calcul suivant : l’Irak est devenu un protectorat iranien, la Syrie voisine n’est maintenue sur pied que grâce (aux Russes) et aux Iraniens… Obama pourrait réduire l’Etat Islamique en deux semaines s’il envoyait une seule division blindée de son armée… Mais s’il le faisait, il ouvrirait un boulevard aux Mollahs de Téhéran qui essuient des pertes de plus en plus lourdes. Alors que fait-on ? On épuise les Iraniens mais parallèlement on permet la mort ou l’exode d’innombrables être humains.

    Avec un tel raisonnement, ces pauvres chrétiens d’Orient ne peuvent plus compter que sur la Grâce et recommander, comme le Psalmiste, leur âme à Dieu.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 18 mai 2016

  • Le concert de Black M: les leçons d’une annulation

    Le concert de Black M: les leçons d’une annulation

    Je ne sais pas s’il fallait ou non annuler ce concert à l’occasion de la commémoration des massacres qui eurent lieu à Verdun lors de la Grande guerre, lorsque près de 380.000 soldats français furent sacrifiés. Je ne sais pas si ce chanteur était vraiment la personne la plus qualifiée pour marquer l’événement d’une pierre blanche. Après tout, cela est le centenaire de cette horrible bataille et certains sont enclins à penser qu’un peu de décence eût été de mise. Mais cela parait contestable : ce que je sais, c’est que ce choix de Black M a suscité de violentes réactions dans tout le pays et ce sont justement ces réactions que je voudrais analyser un petit peu, n’étant pas un spécialiste de la sociologie politique.

    Il y a tout d’abord l’inadéquation entre l’artiste et l’événement. Cette discrépance a été superbement ignorée, ce qui illustre bien l’impéritie des édiles et des décideurs en général. Quand on choisit un artiste pour un tel événement, si crucial dans l’histoire nationale et qui a coûté des centaines de milliers de victimes, on s’entoure de sages conseils, on procède à des consultations. Rien de ce travail exploratoire n’a été fait.

    La seconde raison est plus délicate et pose la question de la liberté artistique. Peut-on se moquer de tout ? Peut-on s’emparer de tout sur un ton badin, voire moqueur, voire même méprisant ? C’est douteux. On a reproché à ce chanteur d’origine africaine des tirades anti-juives, anti-homosexuelles et anti-France (sans que je sache ce que cela signifie au juste…) On lui a reproche aussi –et c’est le plus grave en cette période post attentats islamistes- d’avoir traité la France de pays de Kouffar, de mécréants. Et on sait le sort que les islamistes réservent généralement à ceux qui ne partagent pas leurs propres convictions religieuses.

    Mais tout ceci n’est pas aussi important, ni surtout aussi inquiétant que le troisième point qui me semble émerger avec une insistance de plus en plus forte dans le pays : la crispation identitaire, le refus de plus en plus marqué de vivre ensemble avec des gens issus d’autres cultures, adeptes d’un autre credo que celui du corps traditionnel français qui demeure la couleur blanche et l’adhésion au christianisme dont l’histoire se confond avec celle du pays tout entier. Une forte majorité de Français –et les sondages d’opinion le prouvent- commence à s’interroger sur le devenir de leur pays. D’autres, notamment dans le sud et aussi en région parisienne,, s’inquiètent d’une pression démographique de plus en plus forte qui contribue à changer la physionomie de leurs quartiers. Certains penseurs très marqués à droite ont même théorisé ce sentiment en parlant de la doctrine du grand remplacement…

    En termes plus clairs : en cette période où la France a subi deux attaques meurtrières de la part des islamistes, dont la plupart sont nés sur le sol nationale et étaient donc français, les citoyens de ce pays en viennent à appeler de leurs vœux et de leurs feux la résurrection de la France de toujours…

    Cette expression, passablement suggestive et très évocatrice, n’est pas de moi, je l’ai entendue dans le discours d’un grand leader de droite qui a voulu la tester auprès de l’opinion. Elle signifie que la population vit de plus en plus mal non plus l’éloignement de, mais l’arrachement à ses racines, celles de la France éternelle.

    Le bon sens commande de redresser la barre comme l’a fait le président en acceptant de ne recevoir que 30.000 réfugiés alors que l’Allemagne (pour des raisons tout autres) en accueille près d’un million.

    Il faut restaurer l’identité française ; il faut redonner confiance au pays ; il faut faire preuve d’autorité sinon tout va se déliter. Voyez la semaine qui s’annonce : on court vers la grève générale. Est ce le retour des mauvais génies de mai ?

  • Etat préinsurrectionnel en France: va t on vers la désobéissance civile?

    Etat préinsurrectionnel en France: va t on vers la désobéissance civile?

    Mais que se passe-t-il donc en France ? Non seulement l’exécutif est empêtré dans une situation intérieure inextricable, non seulement certains élus, même des ministres, se voient reprocher des comportements inappropriés vis-à-vis des dames, eh bien, en plus, la jeunesse se transforme en bandes de casseurs qui n’hésitent pas à s’en prendre à des policiers chargés de faire respecter la loi et de rétablir l’ordre.

    Depuis des semaines il y a à Paris, place de la République, ces rassemblements de nuit debout. Des casseurs s’infiltrent régulièrement dans ces groupes et vandalisent les magasins et les banques alentour ; les habitants du quartier ne jouissent plus de la quiétude due à tous les citoyens d’un état de droit. Le gouvernement parait impuissant, son autorité est bafouée, et on est en plus en état d’urgence, c’est-à-dire qu’aucune manifestation ne devrait se tenir et pourtant…

    Et la cerise sur le gâteau, c’est l’état d’épuisement des forces de l »ordre qui sont su remployés ; même l’armée est parvenue au bout de ses possibilités, ce qui veut dire qu’on ne peut plus se projeter vers l’extérieur, ni accroitre l’opération dite sentinelle. Les forces de police et de gendarmerie sont débordées car la crainte de nouveaux attentats reste grande.

    Je ne reconnais plus ce type de manifestants si violents ; on n’avait encore jamais vu cela. Un exemple, le dernier en date : un jeune lycéen de 18 ans, qui a passé sa première nuit en prison, a tenté, avec quelques autres, d’enlever le casque d’un CRS afin de lui porter à la tête un coup à l’aide d’un pavé ! Inouï, du jamais vu. On n’est plus en France mais dans je ne sais quel pays aux mœurs barbares.. Et maintenant, ce jeune homme est accusé de tentative d’assassinat et risque fort de comparaître devant les assises !

    Est-ce cela le résultat de notre éducation nationale, de notre culture et de notre éthique ? Comment des êtres aussi jeunes, non encore confrontés aux aléas de l’existence, peuvent ils s’en prendre ainsi à un policier qui a, à peine, quelques années de plus qu’eux ?

    On entend parler des violences policières et le ministre a bien réagi à ce sujet, mais pour le moment (si on met de côté un cas gravissime où un jeune étudiant de 21 ans a perdu un œil suite à un tir de flash ball), les policiers font preuve de retenue.

    Mais d’où vient ce phénomène des casseurs ? Comment des gens peuvent ils s’équiper, faire des achats pour s’en prendre intentionnellement aux personnes et aux biens, et dénoncer en même temps des violences policières ? Et ce qui m’inquiète encore plus , c’est que ces attaques perdurent, qu’elles sont récurrentes et vont en s’aggravant.

    Cela provient de l’état du pays. Une sorte d’instabilité politique mine les fondements mêmes de l’Etat. Les sondages concernant le président de la république ne sont pas encourageants ; une partie de la majorité socialiste a même tenté de censurer le gouvernement socialiste à l’Assemblée Nationale ; un ministre du gouvernement entretient le flou sur ses intentions pour l’élection présidentielle et va, malgré ses dénégation de pure forme, se présenter, ce qui interroge sur la solidarité et la cohérence de ce gouvernement…

    Il n’est pas impossible que tout ceci contribue à empoisonner le climat. Mais je ne comprends toujours pas pour quelles raisons des villes comme Nantes et Rennes agissent de la sorte. Certains conseillent de pointer le chômage qui sévit depuis tant d’années, et qui s’est accru depuis quatre ans.

    La France est à la veille de choix difficiles. On risque de vivre des moments assez pénibles. Qui va rester au gouvernement ? Que va faire le président de la république en décembre ? Si les sondages ne changent pas, ira t il jusqu’au bout de sa démarche ? Malgré tous ses déplacements en province ou dans la capitale, les sondages restent atones ?

    Mais que se passe t il ? Au terme de l’été, la droite va organiser ses primaires, de très beaux déchirements en perspective. La gauche va devoir en organiser aussi, mais certains en profiteront pour en écarter l’actuel président de la république. Belle empoignade en perspective !

    Alors que faire, oui, vraiment, que faire ?