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Vu de la place Victor-Hugo - Page 376

  • Ce qui se passe en Autriche

    Ce qui se passe en Autriche

    On a l’impression que si le candidat Norbert Hoffer était élu, ce serait la fin du monde. Les institutions européennes, la presse mondiale, tous les médias, bref, une quasi-unanimité nous menace des pires effets si jamais le peuple autrichien élisait démocratiquement son président, un président qui, soit rappelé en passant, a un rôle purement honorifique, même si, dans ce domaine, les symboles comptent.

    Paradoxalement tout le monde s’agite, tout le monde condamne, même par avance, mais personne ne veut explorer objectivement le passé de ce pays qu’est l’Autriche, passé en moins d’un siècle, de grande puissance européenne, regroupant des dizaines de millions d’hommes au sein de la fameuse double monarchie austro-hongroise, à moins de dix millions d’âmes.

    Je connais bien Vienne où j’ai souvent séjourné, donné des conférences et aussi étudié les manuscrits hébreux de la Staatsbibliothek. Et de cette expérience vécue sur place, j’ai retiré quelques enseignements.

    Mais avant d’y venir, jetons un rapide coup d’œil sur les faits historiques dont deux, en l’état actuel, me semblent avoir une importance majeure : a) il y a quelques siècles, l’empire ottoman, donc un islam militant et conquérant, était aux portes de Vienne et c’est d’ailleurs à cette présence invasive que certains attribuent la naissance du croissant que l’on dévore à belles dents chaque matin que Dieu fait. b) Vienne et l’Autriche en général furent la citadelle de la contre réforme, stoppant net l’expansion de la foi évangélique.

    Ces deux faits expliquent un certain conservatisme, mais aussi, hélas, des relents d’antisémitisme qui remontent à très loin, notamment à l’époque de Karl Lueger, le maire antisémite de Vienne, un maire dont la main droite ignorait ce que faisait sa main gauche : en effet, pour ses campagnes électorales, il n’était pas très regardant car, comme chacun sait, l’argent n’a pas d’odeur. Et les grandes fortunes juives y contribuaient largement…

    On peut donc dire que le repli sur soi et la crispation identitaire sont des éléments qui ne sont pas nouveaux dans le beau ciel viennois. A cela vient s’ajouter une ambiance presque palpable de déclin, de grandeur passée, si savamment entretenue par des monuments et des quartiers entiers de Vienne, le Burgtheater, la Ringstrasse le Prater, la majestueuse cathédrale, etc… Lorsque vous vous promenez dans le cœur même de la capitale, dans ce prestigieux premier arrondissement, que remarquez vous sur les panneaux indicateurs ? On ne signale pas la direction de Graz ni de Linz mais de Budapest et de Prague ! Le pays a rétréci, ce qui constituait jadis son hinterland est devenu une entité étrangère. L’Autriche ne regroupe plus que 8 millions d’habitants

    Je vous fais grâce d’un humour viennois mortifère, grinçant (Galgenhumor) du genre : la situation est désespérée mais ce n’est pas grave…

    L’Autriche n’a rejoint l’Union Européenne que très tardivement, il lui reste encore quelques vieux réflexes protectionnistes et régionalistes, pour ne pas dire provincialistes. En une phrase, ce pays a voulu s’accrocher à des mythes du genre le beau Danube bleu alors que le fleuve avait besoin d’un sérieux assainissement pour redevenir présentable. Et le tout à l’avenant, songez au bal et au concert du 1er janvier retransmis à la télévision, aux valses viennoises entraînantes : toutes ces choses ne peuvent pas déserter l’âme autrichienne d’un seul coup. Je me souviens même d’un dîner chez le plénipotentiaire autrichien à Paris au cours duquel un éminent violoniste m’a posé cette étonnante : Selon vous, Monsieur le professeur, qu’est ce qu’un Autrichien… Comme dirait Levinas, quand on commence à s’interroger sur son identité, c’est qu’on l’a déjà perdue !

    Arriva enfin ce déferlement migratoire qui a tout changé. J’ai entendu hier soir une dame vivant dans une zone rurale, décrie le sentiment de panique qui s’était emparé de tous ses concitoyens : au début ce furent quelques centaines de migrants arabes qui traversaient le pays, chaque jour, et soudain ce furent des milliers qui leur emboîtèrent le pas. Les gens se sont sentis envahis, minoritaires dans leur propre pays, entourés d’une population qui ne parlait pas leur langue ni ne partageaient les mêmes croyances… Pas même la même culture !

    En fait, ce que l’Allemagne voisine pouvait se permettre, vu sa taille et ses moyens, la petite Autriche le vivait comme un cauchemar… Les partis traditionnels qui se partagent le pouvoir depuis la in de la guerre ne sont plus adaptés à la nouvelle situation.

    Comment voulez vous que les électeurs ne se tournent pas vers une nouvelle force politique pour laquelle, en mon âme et conscience, je n’ai pas de grande sympathie, tout en respectant le droit des peuples à se doter des gouvernements qu’ils souhaitent.

    Toutes ces raisons me poussent à dire que l’élection de Norbert Hoffer à la présidence ne serait pas la fin du monde. Ne dit on pas qu’en France Marine Le Pen est assurée d’être au second tour de l’élection présidentielle alors que l’actuel président en exercice n’est pas vraiment certain d’y figurer ?

    Les Autrichiens exagèrent sûrement le danger que représente l’islam ; mais si vous observez bien la sensibilité dans notre continent, vous verrez qu’ils ne sont pas seuls : les Suisses ont rejeté les minarets, les Tchèques, les Hongrois, les Bulgares, les Polonais, les Slovaques se sentent eux aussi concernés.

    La crise provoquée par les migrants aurait pu être évitée si l’égoïsme de notre continent n’avait pas prévalu au détriment de la solidarité : au lieu d’intervenir puissamment sur place, on a laissé l’Etat Islamique se renforcer et s’étendre. Et on commet la même erreur fatale en Libye ou le terrorisme risque de s’étendre à la petite Tunisie voisine, laquelle n’est qu’à quelques encablures de l’Italie…

    Alors pourquoi faire la leçon à l’Autriche ?

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 23 mai 2016

  • La France, ingouvernable, à l’abandon…

    La France, ingouvernable, à l’abandon…

    Depuis la présentation de la loi travail et le recours à l’article 49 alinéa 3 de la constitution, la France ne vit pas normalement. La CGT qui est en recul, a envenimé la situation afin de reprendre des forces et de stopper la désaffection dont souffre ce syndicat. Le problème est que ce bras de fer perturbe la vie des gens.

    On ne compte plus les manifestations, les grèves, les rassemblements, les troubles à l’ordre public, les attaques de plus en plus violentes contre les policiers, et à présent c’est la volonté de paralyser le pays puisque la CGT bloque les lieux de ravitaillement, les centrales d’alimentation et aussi, depuis peu, les sources d’énergie.

    La pénurie des carburants se profile à l’horizon car les syndicalistes bloquent les dépôts de carburant et même les usines de raffinage. Ce qui est un véritable acte de sédition civile, une tentative de mettre le gouvernement et le pays à genoux. Les préfets ont dû émettre des arrêtés de rationnement, de restrictions d’offre des carburants. Ces raffineries qui sont à l’arrêt requerront plusieurs jour pour re-fonctionner normalement.

    Est ce que ces moyens de pression sont constitutionnels ? Quel droit permet aux syndicalistes de peser de cette manière sur la vie des citoyens ? Et tout cela parce qu’ils veulent continuer à imposer à l’Etat toute une série de privilèges indus. Les Français continuent de vivre largement au-dessus de leurs moyens et refusent d’affronter la réalité : à savoir ne dépenser que ce que l’on gagne, veiller à l’adéquation parfaite entre les recettes et les dépenses. Une bonne gestion comptable.

    Que cherche la loi dit el Khomri ? Elle cherche à faire confiance aux employeurs afin qu’ils embauchent du personnel et stimulent ainsi la croissance tout en faisant baisser le chômage. Ainsi on a voulu inverser la hiérarchie des normes : c’est-à-dire que chaque entreprise négocie ses relations avec son personnel et on n’a plus à se soumettre à des accords de branche. La persistance de ce dernier système explique que l’on soit dans cette situation déplorable qui caractérise la France depuis de nombreuses années. On achète la paix sociale au prix d’un endettement et de déficits colossaux. Peu importe, à partir du moment où les gens ne manifestent pas dans les rues, ne bloquent pas les trains et les avions…

    Le problème est que la loi travail, ayant été adoptée par le 39-3, va revenir du sénat à l’assemblée nationale où il faudra de nouveau le 49,3. Mais cette fois-ci, les frondeurs auront trouvé les signatures manquantes… Que passera t il ? Un psychodrame de plus.

  • D’un drame à l’autre

     

     

    D’un drame à l’autre

    Précédemment je voulais parler de l’attaque inouïe dont furent victimes en plein centre de Paris deux policiers, âgées de moins de trente ans. Et voici que le terrorisme international fait de nouveau parler de lui puisque la disparition de l’Airbus d’Egyptair est sûrement due à un acte de malveillance. Nous prions simplement, après  une pensée intime et émue pour les victimes et leurs pauvres familles, pour que la bombe n’ait pas été introduite dans l’avion lors de son escale à Roissy !

    Il faut donc parler de ces deux événements en même temps. Et je commencerai dans l’ordre chronologique : comment deux policiers circulant dans un véhicule marqué de la police nationale ont il pu être victimes d’une agression risquant de mettre leur vie en péril ? Comment des manifestants français de souche ont il pu s’en prendre si sauvagement à deux policiers qui ne les menaçaient ni ne le gênaient le moins du monde ? Les policiers qui ont manifesté pour se plaindre de ce racisme, de cette haine anti-policiers, voient à juste titre dans cette agression une parfaite illustration de leurs craintes.

    Ce qui personnellement me trouble au plus profond de moi-même, ce sont les moyens employés pour terroriser ces deux policiers qui, à aucun moment, n’ont songé à faire usage de leurs armes : après tout, leur vie étant mise en danger, c’eût été de la légitime défense. Des vidéos sont apparues plus tard car aujourd’hui tout est filmé, même les choses les plus abjectes ! On voit des gens équipés de barres de fer, casqués et bottés, oserai-je dire, s’acharnant dans le véhicule des deux fonctionnaires qu’ils rouent de coups après avoir mis le feu à leur voiture: c’est la première fois que je vois un tel spectacle à Paris, sur la voie publique, alors que je vis dans la capitale depuis plus d’un demi siècle ! A l’heure qu’il est, les suspects ont été appréhendés et on découvre que ce sont de jeunes Français sans problèmes particuliers, des jeunes fanatisés contre les représentants de l’ordre public.

    Le gouvernement craint une bavure, il a tort, il devrait sévir plus fortement, d’ailleurs les forces de sécurité se plaignent de la retenue dont font preuve les gouvernants.

    Venons en à la tragédie de l’avion d’Egyptair. Les implications sont innombrables. Là aussi, les nations civilisées, le monde occidental n’ont pas compris, ou font semblant de ne pas comprendre que c’est la guerre qui prend des formes nouvelles, mais une guerre totale, tout de même. Les nations ont peur d’affronter l’Etat Islamique sur le terrain et préfèrent l’affronter à distance. En réponse, les terroristes développent leurs ramifications dans ces mêmes états européens et y commettent des attentats sanglants comme à Madrid, Londres, Paris et Bruxelles.. A côté de l’EI Ben Laden fait figure d’enfant de Chœur…

    Il faut changer de stratégie, il faut changer beaucoup de choses. Il faut même réfléchir sur le maintien ou non de l’Euro cette année. Il y va de la sécurité nationale. On a laissé les choses filer, on a accordé la nationalité française à des gens qu’on a oublié, volontairement ou involontairement, d’intégrer valablement. L’Etat et ses agents n’ont pas été à la hauteur, ils ne sont pas allés jusqu’au bout de leur tâche. Tant la France que la Belgique ont laissé se constituer des ghetti où l’EI est venu faire son marché sans trop de problèmes.

    Est il trop tard ? Ne peut on plus inverser la tendance ? Faut il que Marine arrive au pouvoir pour faire le ménage ? C’est ce que pensent de plus en plus de Français qui ne se sentent plus chez eux. Il faut renforcer la coopération sécuritaire avec les pays concernés et reconnus pour leur efficacité dans ce domaine.

    Il n’est pas trop tard si l’on réagit vite et fort. Seules l’Amérique et l’Asutralie semblent sanctuarisées, le reste du monde est menacé.

    Alors ?