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Vu de la place Victor-Hugo - Page 379

  • La France et les grèves, une nation éclatée

    La France et les grèves, une nation éclatée

    Georges Pompidou, aujourd’hui oublié de tous, avait un jour diagnostiqué le mal français, le faisant remonter aux avatars de la Révolution ; il expliquait que les classes défavorisées, la classe ouvrière, les pauvres et assimilés avaient été frustrés de leur victoire par une bourgeoisie qui les coiffa sur le poteau. En gros, le conflit entre les classes sociales n’avait pas été réglé dans le sens espéré. Pompidou concluait son propos en disant qu’un jour, seul un homme casqué et botté serait à même de remettre de l’ordre dans le corps social.

    Presque un demi siècle après, on en est au même point. Mais c’est devenu bien pire puisque même l’Euro, même les tragiques inondations ne font pas entendre raison aux syndicats de grévistes : on a eu beau donner satisfaction aux grévistes sur de nombreux points, rien n’y fait, les grévistes veulent la chute du gouvernement et surtout, sans le dire, ils veulent empêcher François Hollande de candidater en 2017. Une vague d’opposition, inconnue jusqu’ici, a fait du président actuel sa tête de turc. Et les mêmes forces veulent installer Jean-Luc Mélenchon à sa place. Il serait, nous dit-on, l’authentique candidat de la gauche, puisque le PS actuel aurait trahi sa mission et renié les promesses faites aux électeurs.

    Je n’entre pas dans ce scénario compliqué, mais je relève que les intérêts catégoriels, les égoïsmes prévalent sur tout le reste : le président de la République en appelle à la raison, le Premier Ministre en a fait de même, avec un résultat identique : vox clamans in deserto… Que faire ? tout le monde s’y met pour arracher à un Etat faible le plus d’avantages possible : la SNCF, la RATP, Air France, les éboueurs, les cheminots, bref tous les mécontents se joignent au mouvement.

    Mais où allons nous ? J’ai relevé que les bennes à ordures ne passent presque plus dans les rues de Paris où les détritus s’accumulent. Plus personne n’écoute plus personne. Sommes nous encore une nation ? Que faut il faire pour ressusciter cette cohésion nationale qui n’existe que lors de grandes catastrophes dont Dieu veuille bien nous préserver ?

    Oui, que faut il faire ? De simples citoyens disaient la semaine dernière à une terrasse de café Place Victor Hugo que François Hollande devrait prendre une décision courageuse, voire historique, plaçant l’intérêt supérieur du pays au-dessus du sien… Mais ce serait une crise dans la crise. Mais je dois dire, même si cela ne se fera pas, que les derniers sondages (14% pour M. Hollande) ne présages rien de bon. Sauf miracle, je ne vois pas comment la tendance pourrait s’inverser.

    Comment s’est il passé ? Pourquoi aucune cause nationale ne retient plus l’attention des gens ? Les inondations, la tenue des matches de l’Euro, la gêne occasionné par la paralysie des transports, plus rien n’y fait.

    La France est elle encore un pays uni, ou comme le disait le Sage de la Révolution française, un conglomérat in constitué de peuples désunis ? La palme revient aux syndicats CGT et SUD.

  • Emmanuel Levinas, critique du judaïsme de son temps

    Emmanuel Lévinas, critique du judaïsme de son temps.

    L’auteur de Totalité et infini (1961) le grand philosophe français Emmanuel Levinas, ne jugea pas inférieur à sa dignité professorale de rédiger un essai provocateur intitulé Comment le judaïsme est-il possible ? , publié dans la revue L’Arche en 1959. Quand on analyse en profondeur cet article qui passa presque inaperçu à l’époque, on se rend compte qu’il équivaut à un véritable projet de réforme, de fond en comble, du système éducatif juif de l’époque. Et l’on s’aperçoit aussi que Levinas, qui fut l’un des tout premiers lecteurs de Franz Rosenzweig et son introducteur dans notre pays, avait également fait son profit d’une texte sur la réforme de l’éducation juive en Allemagne, adressé par l’auteur de L’Etoile de la rédemption (1921) sous la forme d’une lettre ouverte au coryphée de la science du judaïsme de l’époque, Hermann Cohen, le philosophe néo-kantien de Marbourg, quelques mois avant sa mort en 1918. Certes, Levinas n’a pas repris les détails de la réforme préconisée par Rosenzweig car ceux-ci étaient adaptés au système scolaire allemand, mais il en a repris l’esprit et les grandes lignes. Ce qui frappe aussi, au premier coup d’œil, c’est que ni l’ penseur français ni son maître allemand n’étaient des rabbins, mais des Juifs fervents, viscéralement attachés à la survie et à l’avenir radieux de leur tradition religieuse.

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  • A quoi sert une nouvelle conférence internationale sur le Proche Orient?

    A quoi sert une nouvelle conférence internationale sur le Proche Orient?

    Certains observateurs sont un peu sévères à l’égard de François Hollande et de son premier ministre à l’occasion de la convocation de cette conférence internationale ; ils susurrent que l’exécutif français n’avait plus le choix : face à une dégringolade inquiétante dans les sondages (respectivement 11% et 14% d’opinions favorables), avec de tristes perspectives face aux inondations et à l’Euro, il fallait avoir un sujet où l’on prend l’initiative. C’est d’ailleurs ce que distille certaines sources US proches du Département d’Etat.

    Pour les USA et pour Israël, et même pour certains pays arabes, voire même les Palestiniens, la France n’a pas les cartes en main pour modifier la donne. Seuls les USA pourraient le faire, mais pour l’instant ils sont très occupés par d’autres sujets, sans même parler de la réorientation de la politique US qui cherche à contrer la Chine en Asie. Même le successeur d’Obama sera obligé de poursuivre dans cette voie. Par ailleurs, au plan régional, c’st d’une part l’Iran, et d’autre part, l’Etat islamique qui retiennent l’attention.. Comme l’a dit le président français en le déplorant, le conflit entre Israël et la Palestine est devenu périphérique. Aucun pays arabo-musulman d’importance ne s’en soucie vraiment. Même l’Iran, soutien du Hamas, a d’autres chats à fouetter en Syrie et en Irak. Et les pertes sont lourdes. Sur place, Iraniens et soldats US ont le même ennemi, Daesh qui est désormais sur la défensive. Et l’Iran pense d’abord à lui-même : il attend des investissements étrangers, le renouvellement de son matériel et la satisfaction des besoins de sa population. Du coup, les Palestiniens ne figurent plus au sommet des priorités.

    Enfin, tout a changé au Proche Orient car ce n’est plus Israël qui pose problème mais le monde arabo-musulman qui est en pleine liquéfaction : l’Egypte est instable depuis que Morsi a été démis de ses fonctions, la Syrie est en ruines et ne ressemblera à rien d’ancien à la fin de la guerre, le même constat vaut aussi pour l’Irak. Enfin, il y a la Turquie qui risque de redevenir le nouvel l’homme malade de la région…

    La Turquie risque de payer pour ce qui se passe en Strie, l’émergence d’une puissante milice turque va mettre en péril son intégrité territoriale, d’où le soin mis par la Turquie à surveiller la situation comme le lait sur le feu… Les Turcs vont bientôt s’apercevoir que leur urgence ne porte pas sur l’Europe et l’adhésion à son Union mais plutôt sur le problème kurde qu’ils ont intérêt à régler par la négociation.

    Il faut accorder aux Kurdes une large autonomie interne dans le cadre de la régionalisation au sein de l’Etat turc. Mais l’actuel Sultan Erdogan ne l’admettra jamais. D’où la possibilité d’une grave déflagration. Et cela risque d’être compliqué car les Turcs font partie de l’OTAN…

    Et depuis avant-hier, le Bundestag a courageusement voté la reconnaissance du génocide arménien qu’Ankara s’entête à nier. Si les Turcs mécontentent même le pays d’Angela Merkel, cela n’augure rien de bon

    On le voit, les défis qui se préparent sont bien loin des bisbilles entre Israéliens et Palestiniens, lesquels sont lâchés par le monde arabo-musulman.

    Maurice-Ruben HAYOUN in La Tribune de Genève du 4 juin 2016