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Vu de la place Victor-Hugo - Page 378

  • Les racines chrétiennes ou plutôt judéo-chrétienne de l’Europe

    Les racines chrétiennes ou plutôt judéo-chrétienne de l’Europe

    Depuis longtemps j’ai été conduit, par mes fréquentations et mes rencontres, à m’interroger sur la culture historique de nos ministres et dirigeants politiques de France et d’ailleurs . Dans contexte, je n’ai jamais oublié la remarque désabusée mais pleine de sens d’un ami préfet de région, aujourd’hui retiré des affaires, qui mit fin à mes illusions sur la lucidité et la culture de nos hommes politiques. Il me tint alors en substance le discours suivant : cher Maurice-Ruben, comme tous les êtres intelligents et cultivés, vous imaginez que ceux qui nous gouvernent, de droite comme de gauche, sont comme vous ; Eh bien, détrompez vous !

    Et je n’ai pu m’empêcher de penser à cette sagace remarque en écoutant les déclarations aventureuses de l’ancien ministre français des finances Pierre Moscovici, aujourd’hui commissaire européen. Et je rejoins sur ce point l’appréciation sensée et très fondée de Renaud Girard dans Le Figaro du 10 Mai : si les racines culturelles de notre contient ne sont pas judéo-chrétiennes, alors d’où viennent-elles ? On se le demande ! En fait, l’ancien ministre, bien qu’énarque, n’a pas révisé ses livres d’histoire. S’il avait lu quelques lignes du philosophe Emmanuel Levinas (ou s’il s’était simplement adressé à l’autre Emmanuel du gouvernement, un certain Macron qui a étudié la philosophie à l’Université, tout en devenant banquier) il aurait trouvé l’éclairante définition suivante de notre continent : l’Europe, c’est la Bible et les Grecs ! Quelle profonde lucidité ! Et j’ajoute pour ma part, moi qui suis à la fois un philosophe médiéviste et moderniste que l’authentique constitution spirituelle de l’Europe n’est autre que le Décalogue, le fameux tu ne tueras point, tu respecteras tes parents, etc… Car au fondement de toute constitution politique gît, comme chacun sait (à l’exception peut-être de Pierre Moscovici qui aurait dû l’apprendre au Talmud Tora), un principe spirituel, L’homme n’est pas seulement un homo economicus mais un être spirituel. Ou pour le dire en termes bibliques, l’homme ne vit pas que de pain (lo al ha-léhém levoda yhyé ha-adam).

    Pourquoi cette amnésie ? Laissons de côté l’ignorance, l’inculture des uns et des autres ; on découvre en creusant un peu une sorte de haine de soi, ce non acceptation de soi, de son histoire et de son patrimoine spirituel. Certes, ce n’est pas à l’auteur de ces lignes dans cette Tribune de Genève, qu’on rappellera les fautes, les crimes graves, impardonnables, inoubliables de cette Europe qui avait nié lors de la Shoah, ses racines vétérotestamentaires et néotestamentaires, perpétrant le plus gigantesque des massacrées de tous les temps. Mais est-il permis, est-il simplement juste de réduire l’Europe à cela ?

    L’Europe chrétienne, nourrie par un humus, un sol nourricier juif, a régénéré les peuples païen, elle leur a appris à vivre, elle leur a enseigné un sens de l’existence humaine sur cette terre, elle leur a appris à mourir, leur inculquant que la mort n’était pas la fin de tout, qu’il y avait un au-delà, une vie après la mort, une immortalité de l’âme. Bref elle implanté dans leur cœur l’idée du monothéisme éthique.

    Un juriste allemand au passé loin d’être sans tache, Carl Scmitt, compagnon de route des Nazis, avait réuni, au début des années vingt, quatre conférences (traduite en français chez Gallimard), auxquelles il donna le titre suivant : Politische Theologie : Théologie politique). Il y expliquait que tous les thèmes politiques de l’Europe moderne étaient le fruit d’une laïcisation, d’une sécularisation d’idées bibliques : solidarité entre les générations, instauration d’un jour de repos hebdomadaire, respect de la vie humaine, respect de la dignité humaine (l’homme créé à l’image de Dieu), sécurité sociale, etc… Même l’idée des Lumières au sujet de l’infinie perfectibilité de l’homme peut se rattacher à l’idée messianique d’un monde meilleur, développée par les prophètes d’Israël. Il est donc permis de parler d’une genèse religieuse de la politique..

    Ceux qui nient les racines chrétiennes ou judéo-chrétiennes l’Europe n’ont pas lu les grands maîtres qui ont façonné l’idéologie du continent : Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Maimonide, Maître Eckhard, Spinoza ; j’ajouterai, pour ma part, des représentants musulmans de la philosophie grecque : Al-Farabi, Ibn Badja et Averroès.

    Pour ce qui est de l’époque moderne, je me contenterai de citer quelques philosophes allemands, juifs, catholiques ou protestants : Moses Mendelssohn, on l’oublie toujours, fut le pionnier de la laïcité dès 1783 dans son ouvrage Jérusalem ou pouvoir religieux et judaïsme. Kant, Fichte et Hegel ont mis en avant l’universalité de la loi morale. Certes, la conscience morale dépassait la Révélation mais elle en demeurant la fille et l’héritière… Et Hegel, ne l’oublions pas, a écrit un essai biographique (Vrin, 2009) de Jésus… Tous ces penseurs ont démontré la compatibilité de l’identité judéo-chrétienne et de la culture européenne.

    On se souvient que Lionel Jospin et Jacques Chirac s’étaient jadis opposés à la proposition allemande de parler des racines spirituelles et religieuses (geistig-religiös) de notre continent. Grave erreur car quand on a des convictions on se mobilise pour les défendre.

    Je finirai sur une note un peu désabusée : je rends hommage au pape François qui nous incite au partage et à l’ouverture à notre prochain. Mais il ne faut pas exclure le prochain quand il est des vôtres. En ramenant dans son avion quelques syriens musulmans le pape aurait dû offrir le même hospitalité à des chrétiens. L’un n’empêche pas l’autre.

    Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ? Et si l’exemple vient de si haut, alors…

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 11 mai 2016

  • Le sort des enfants orphelins ou abaonnés pendant la seconde guerre mondiale

    Le sort des enfants orphelins ou abaonnés pendant la seconde guerre mondiale

    Comme tant d’autres gens, j’ai suivi l’émission d’hier soir sur France 2 intitulée Après Hitler. C’est-à-dire les conséquences immédiates et à très court terme de la folie hitlérienne.. C’était une émission richement documentée qui nous a appris bien des choses. Une seule réserve : Vincent Lindon n’avait rien à y faire et je ne comprends pas qu’on lui ait confié la lecture de commentaires dont il n’est sûrement pas l’auteur. Mais passons, c’est un détail.

    Ce qui m’a le plus ému, ému je l’ai été par tout ce que j’ai vu et entendu, oui, ce qui m’a tant ému c’est le sort des enfants, notamment allemands qui, d’une voix enfantine, lançaient des appels à la radio pour retrouver des parents qu’ils espéraient encore vivants. C’était déchirant. Les enfants donnaient leurs nom et prénom, leur de naissance et de domicile avant d’avoir été séparés de leurs parents par l’horreur de la guerre.

    Il y eut ire, bien pire puisqu’irrémédiable : le million ou plus d’enfants juifs qui furent gazés, tus de différentes manières, parfois même jetés vivants dans des brasiers lorsque les chambres à gaz étaient indisponibles ou à court de … gaz. L’horreur absolue.

    En plus du souvenir de ces enfants juifs assassinés, j’ai gardé, gravé dans ma mémoire, la voix balbutiante de ces enfants blonds, garçons et filles d’un âge si tendre, qui imploraient qu’on leur rende leurs chers parents.

    On se rend alors mieux compte du drame humain que le régime hitlérien a représenté non seulement pour l’Europe dans son intégralité mais aussi pour la population et les familles allemandes.. La cellule familiale avait été détruite par les idéologues nazis qui serinaient aux gens que le parti était au-dessus de tout. On incitait donc les enfants à aller jusqu’à dénoncer leurs propres parents s’ils estimaient que ceux-ci étaient critiques à l’égard du parti nazi… La nation allemande était devenue une nation soldatique. D’ailleurs, on le voit au nom même que prirent toutes les associations ou clubs nazis : tous intégraient à leurs intitulés le terme de lutte et de combat : Kampf. Kampfbund, etc… C’est cette lutte pour la survie, c’est le mythe du plus fort qui finit par s’imposer. Dans mes précédents articles sur le philosophe Martin Heidegger j’en ai parlé. On paralit souvent de l’éclipse de Dieu, il faudrait dire plutôt l’éclipse ou la disparition de toute notion d’éthique…

    La valeur de toute société se mesure à l’aune de la protection consentie aux faibles, à savoir, aux enfants, aux femmes, aux vieillards, ainsi qu’aux malades en général..

    Ces messages d’enfants orphelins ou abandonnés se sont poursuivis jusqu’au milieu des années 50. Après, on estimait que les enfants étaient devenus des adolescents ou des adultes. Et l’Etat a pris le relais.

    N’oublions pas les enfants des autres pays conquis par les Nazis, notamment l’ancienne URSS qui consentit d’énormes sacrifices tant en vies humaines qu’en destructions matérielles.

  • Le cavalier seul d’Emmanuel Macron

     

     

    Le cavalier seul d’Emmanuel Macron

    On dit souvent : il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ajoutons : il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Emmanuel Macron fait cavalier seul et joue avec l’idée suivante qui lui semble non extravagante : et si François Hollande n’y allait pas ? Ministre de l‘économie, Macron sait pertinemment bien que l’inversion de la courbe du chômage n’aura pas lieu d’ici la fin décembre 2016. C’est une hypothèse qu’il prend très au sérieux, d’où son agitation médiatique, d’où la fondation de son mouvement qui correspond à ses propres initiales, signe indubitable qu’il roule pour lui-même et pour nul autre. La question qui se pose est la suivante : pourquoi François Hollande hésite-t-il à faire acte d’autorité et à montrer qu’il y a un seul maître à bord, que c’est lui et personne d’autre. Il y avait eu cette phrase qui résumait tout : il sait ce qu’il me doit, sous entendu d’un trait de plume dans le JO de la République Française, je puis mettre fin à ses fonctions.

    Emmanuel Macron le sait et exécute donc une sorte de danse médiévale, appelée le drapier des lanciers : deux pas en avant et trois pas en arrière. Mais arrivera fatalement le jour où ce petit jeu n’obéira plus à aucune retenue et ce sera le clash, l’affrontement.

    Car François Hollande, malgré tous ces défauts, est un fin politique qui a su s’accommoder de tant de choses car un fin politique est quelqu’un qui sait tirer avantage de toutes les circonstances, même les plus défavorables. Il a pris conscience qu’il était menacé depuis le début par Manuel Valls et il a suscité une autre créature, Macron, pour neutraliser un ambitieux qui frappait avec insistance à l’huis de Matignon. Mais voilà, aujourd’hui, les deux challengers jouent chacun sa partition. Il y eut cette déclaration faussement ingénue de Valls à LCP concernant le projet nécessaire pour une réélection et la visite de Macron à Orléans pour exalter la figure de Jeanne d’Arc, privilège régalien, généralement réservé au chef de l’Etat, lequel a rendu visite tôt ce matin au marché d’intérêt national de Rungis… Etait-ce le bon contre-feu ? Je parie que la presse va se concentrer sur Orléans et délaisser Rungis…

    Dans cette triste partie de poker menteur, que va faire la France, que vont faire les Français ? Cette situation ne peut pas durer indéfiniment, le président doit faire acte d’autorité. Il doit rétablir sa suprématie et remettre un peu d’ordre.

    Pourquoi s’étonner qu’il sombre dans les sondages ? La population n’a pas l’impression qu’il est à la barre. Après tout, le président peut dire qu’il ne rempilera pas si la situation le commande, et continuer à gouverner et à réformer pendant cette année qui lui reste. Et qui pour lui, s’il décidait de ne pas se représenter, ne serait pas une année électorale perdue…

    La France est en vacances, insouciante en apparence, les Français se livrent à leur jeu favori, le farniente, et risquent bien de se retrouver un jour dans la situation des Grecs : incapables de rembourser leurs dettes.

    Il faut réagir, ce pays ne travaille pas assez car il est en vacances et quand il œuvre, c’est toujours entre deux élections. Comment briser cette loi d’airain, cette anneau dans une chaîne d’acier ? _

    Jeanne, au secours !!