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Vu de la place Victor-Hugo - Page 424

  • Moïse revisité par Thomas Römer

    Moïse revisité par Thomas Römer (Patis, Bayard, 2015)

    Le lecteur profane qui parcourt ces textes de la Genèse et de l’Exode en pensant presque à autre chose ne se rend pas compte des difficultés ni des questions qu’ils soulèvent. C’est pourquoi même les non spécialistes doivent lire doucement ce dernier livre de M. Thomas Römer qui est l’un des meilleurs biblistes français actuels.

    Son sujet principal, central, voire majeur, n’est autre que Moïse, sa naissance, ses origines véritables, son adolescence et la découverte de son «hébréité». Les gens cultivés savent ce que la Bible hébraïque doit à l’Egypte. Mais peu se rendent compte, en passant de la Genèse à l’Exode, que les deux livres divergent fondamentalement quant à leur attitude à l’égard de l’hyper puissance de l’époque ; on passe franchement d’une égyptophilie remarquable à une égyptophobie caractérisée.

    Pourquoi, comment ? L’explication se trouve peut-être chez les hauts fonctionnaires de la cour du roi Josias qui furent chargés de faire œuvre d’historiographes ; ce sont eux, vraisemblablement, qui retouchèrent le portrait de cette figure semi légendaire de Moïse, trouvée dans des sources anciennes, après de successifs remaniements, notamment de la part des sources sacerdotales ou deutéronomistes

    1. Rômer a eu la bonne idée de retraduire lui-même les premiers chapitres du livre de l’Exode. Il dissèque (c’est le mot qui convient) chaque verset, traquant le moindre indice pointant vers une source primitive ou attestant un remaniement de la part de rédacteurs ultérieurs. : là où les vieux scripteurs ont patiemment construit une image, une histoire ou simplement des mythes fondateurs (e.g : la sortie d’Egypte), notre auteur déconstruit tout aussi patiemment à la recherche d’indications fiables sur les milieux producteurs ou une éventuelle datation.

    Certes, certains rapprochements me laissent songeur, mais tous suscitent dans mon esprit de nouvelles idées auxquelles je n’avais jamais pensé auparavant. Par exemple, le compte-rendu, éminemment judéophobe de Manéthon, prêtre égyptien hellénisé du IIIe siècle avant notre ère, qui parle d’un chef lépreux conduisant des nomades sauvages hors d’Egypte : en effet, lorsque Moïse converse avec Dieu, celui-ci lui enseigne deux ou trois miracles à produire devant le Pharaon. Et lorsque Moïse retire son main, elle retrouve sa couleur de peau initiale après avoir été lépreuse quelques instants auparavant. Mais ce fameux chef avait été identifié avec Joseph et non avec Moïse. Est ce suffisant pour dire que l’auteur du passage de l’Exode connaissait cette accusation ?

    Mais il s’agit de détails, les vraies questions portent sur les origines réelles de Moïse, ses relations avec la fille du Pharaon, tous deux anonymes, la rencontre providentielle avec la sœur du nouveau-né et la coïncidence non moins miraculeuse qui fait de sa mère putative la femme qui va l’allaiter. Ensuite, il y a ces versets sibyllins concernant l’évolution du jeune prince qui grandit, qui sort vers ses frères…

    A t il reçu une éducation au palais de son grand père le Pharaon ? ET que veut-on dire en lisant que la fille de ce dernier considérait Moïse comme son fils, ? Est ce une façon de nous dire qu’il l’était vraiment et que toute cette histoire de corbeille sur le Nil n’était qu’une mascarade ?

    Une autre passage retient sérieusement l’attention, il s’agit de deus sages-femmes, aux noms difficiles à identifier et dont l’épisode revêt un caractère crucial : les deux femmes se moquent du monarque auquel elles expliquent que les femmes hébraïques accouchent très vite et seules (ce sont des bêtes, ki hayyot hénna) et on se demande comment elles ont cette crainte de Dieu (Elohim).

    Dans ce même contexte, Th. Römer s’arrête un instant sur le rôle de ces femmes étrangères qui ont joué un grand rôle dans la survie de Moïse et du peuple d’Israël en général. IL rapproche de cela l’incident du début de l’Exode lorsque Dieu veut attenter aux jours de Moïse en personne ! C’est bien Sepphora qui sauve la vie de son mari en procédant à la circoncision et en marquant le cercle de sang qui éloigne le démon ou la divinité ennemie. Ne nous posons pas la question des avoir si une femme, non-juive de surcroît, avait le droit de procéder à cet acte rituel et s’il était effectué dans les conditions requises. Il s’agit probablement, comme dans l’histoire de Joseph (encore un grand «Egyptien»), de montrer que le monde non-hébreu n’est pas nécessairement mauvais, qu’on peut s’en rapprocher et y trouver des éléments pouvant servir la bonne cause.

    L’autre épine dorsale de ce livre concerne évidemment la sortie d’Egypte avec les plaies, le miracle de la Mer rouge, le passage à pied sec des Hébreux et la noyade de l’armée égyptienne dont les chars lourds se sont probablement embourbés dans les marécages… Mais ces explications rationalisant es n’intéressaient pas nos rédacteurs antiques.

    L’institution de la Pâque et la confusion entre deux événements originellement distincts, le sacrifice de l’agneau pascal et la consommation de pain azyme sont examinés avec grande attention. Bömer cite même une fois Martin Buber qui avait repris une explication des spécialistes de son temps : la Pâque, avant d’être orientée vers le Dieu d’Israël, était une fête champêtre entre bergers lesquels partaient de chez eux pour plusieurs jours ou plusieurs semaines… Or, le pain qui se conservait le mieux dans leur besace était l’azyme, un pain non levé.

    Mais le livre de l’Exode précise bien que la veillée pascale est à Dieu, et que le sacrifice pascal est lui aussi à Dieu. Sous entendu, ce n’est plus une orgie païenne où l’on boit et mange pour fêter le retour des beaux jours.

    Tout peuple se crée une série de mythes fondateurs qui finissent par devenir des moments importants dans sa vie. Mais alors ce n’est plus de l’histoire mais une mémoire. Or, celle-ci ne conserve que des traces de ce qui s’est passé.

    Lisez ce livre de Th. Römer, vous y apprendrez beaucoup de choses

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 8 décembre 2015

  • Délégitimer le Fron National: Mission impossible?

     

     

    Délégitimer le Front National : mission impossible

    Il faut bien se rendre à l’évidence : rien n’arrête ni n’arrêtera le FN. Visiblement, les Français ne veulent plus du pouvoir actuel ni des forces politiques traditionnelles. Nous vivons, que cela nous plaise ou non, l’émergence d’un nouvel environnement politique où des politiciens blanchis sous le harnais ne représentent plus rien et se font renverser avec des scores incontestables par de jeunes nouveaux venus !

    Franchement, la messe est dite et le volontarisme de Manuel Valls ou les astuces de François Hollande n’y changeront rien. C’est la nième fois qu’ils perdent les élections, c’est la énième fois qu’ils cherchent des échappatoire, mais rien n’y fait. Et cette attitude de retrait est véritablement suicidaire : un parti qui gouverne et qui reconnaît que ses listes doivent se retirer dans trois très grandes régions françaises , privant ses militants de tout élu dans des zones qui totalisent près de 15 millions de Français.

    Un mot peut-être de ce rejet de la gauche mais aussi de la droite par une très large portion du corps électoral… Je l’emprunte à Bruno Le Maire qui fait preuve de lucidité dans son autocritique. En fait, le PS n’est pas le seul à mordre la poussière, les Républicains eux aussi font grise mine, eux aussi  pensaient moissonner plusieurs régions et n‘en remportent aucune. Même en Île de France, leurs résultats sont mitigés et la gauche pourrait l’emporter. L’enseignement est clair : Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal Le Pen sont les deux grandes gagnantes de la consultation. Et il faut bien reconnaître qu’elles récoltent ce que leur père et grand père a semé. Encore une fois que cela nous plaise ou non. C’est le FN qui a gagné. Jean-Marie Le Pen fut hélas le premier à dire, il y a des années, dans certaines banlieues , les islamistes allaient s’armer… Que cela nous plaise ou non, il faut regarder les choses en face…

    Mais pourquoi donc et comment ? Je n’ai pas la réponse, je ne suis qu’un observateur mais j’ai bien regardé les sourires et les soupirs de soulagement des votants pour le FN : c’est la France profonde, catholique et qui veut le rester, qui a peur, qui ne se sent plus chez elle en France à cause du communautarisme, des attaques contre la laïcité, des reculs de la République… Tous disent qu’il y a trop d’étrangers, de population allogène et criminogène, de chômage, de fraudes par les étrangers, etc… Ont ils raison ou ont ils tort ? A de plus experts de juger, mais il faut bien reconnaître que l’exécutif aura du mal à redresser la barre.

    Que répondre à des Français qui se plaignent de l’insécurité, de l’islamisme, du chômage, de la submersion des migrants ? Si vous dînez en ville, vous entendrez toutes sortes de choses, on croit même rêver parfois tant les récits sont incroyables.

    Une chose demeure incontestée, la France veut se retrouver, elle ne veut plus accueillir personne, au contraire elle veut retrouve ses racines judéo-chrétiennes, européennes et ne plus être ouverte aux quatre vents. C’est ce que Nicolas Sarkozy a nommé la France de toujours. Une vraie France qui se développe dans le sillage naturel de son Histoire pluriséculaire.

    C’est un peu triste mais vote après vote, la tendance se confirme. Et surtout comment M. Hollande peut il continuer à gouverner avec si peu d’adhésion du peuple ? Même son embellie dans les sondages ne touchait que son fonction de nature tutélaire et pas d’adhésion à sa politique. Sinon cela se serait fait sentir dans les votes, notamment celui d’hier qui a aggravé l’écart. Est il normal que le parti au pouvoir soit toujours à la troisième place ? S’il y avait un vote demain, moins de 40 députés socialistes reviendraient au Palais Bourbon. Mais cela signifie surtout qu’à dix-sept mois de l’élection présidentielle, le candidat socialiste ne sera pas présent au second tour… Et comment s’appuyer sur une majorité qui n’est plus la majorité mais une minorité ?

    Ne faut il pas agir, donner un électrochoc au pays en changeant de premier ministre et en dissolvant l’Assemblée ? Si François Hollande temporise encore et trouve des astuces, la France profonde qui confirme son rejet ne le lui pardonnera pas.

    C’est triste de voir la classe politique ainsi défaite. De simples militants d’un parti qu’on tente de délégitimer sont aux portes du pouvoir. Une seule explication qui vaut ce qu’elle vaut : le ras le bol des Français, leur exaspération croissante. Voyez ce qui s’est pas passé en PACA, dans le nord et dans le grand est : les scores des challengers ont impressionnants. Ce n’est plus une vague, c’est un raz de marée. Peut-être est il plus sage de remettre le pouvoir en d’autres mains avant que les Français, furieux et revenus de tout, ne le leur arrache.

    La France est une vieille nation qui sait faire preuve de patience mais elle ne restera pas calme indéfiniment. Les observateurs sont unanimes : l’embellie sondagière de François Hollande ne s’est pas traduite en intentions de vote pour son parti. C’est même le contraire qui s’est produit.

    Répétons le une nouvelle fois : rien ne peut faire baisser le Front National car les Français ont perdu patience avec la droite et surtout la gauche. François Hollande a cru sauver la mise en se concentrant sur l’international et son nouvel habit de chef de guerre.

    Les résultats sont éloquents. Peut-il continuer dans la même voie ? La question est hélas posée.

  • L’attentat terroriste sur le sol US/ Barack Obama est il l’homme de la situation ?

    L’attentat terroriste sur le sol US/ Barack Obama est il l’homme de la situation ?

    Tous ceux qui suivent ce blog savent quelle est ma réponse à la question : l’actuel occupant de la Maison Blanche qui ne part hélas que dans onze mois, n’est pas à la hauteur de la situation. IL tergiverse sans cesse et se confine constamment dans des postures idéologiques. Comme il n’a été élu que grâce à la défiance témoignée à son prédécesseur et comme il n’a été élu, aussi, qu’en promettant de sortir son pays des bourbiers d’Irak et d’Afghanistan, il se refuse absolument à se déjuger et à envoyer des troupes au sol. En restant fidèle à ses inconséquences il ne protège plus vraiment le peuple US alors que c’est sa mission première.

    Quand il ne sera plus là et que les historiens analyseront qu’il a instillé des troupes sur place à des doses homéopathiques, au lieu de frapper un grand coup, l’histoire portera sur ce président le jugement qu’il aura mérité.

    Si l’on avait eu un républicain dans le bureau ovale, cela fait longtemps qu’il aurait envoyé sur place une division aéroportée qui aurait tout nettoyé. Or, ce que nous vivons est très inquiétant : le monde libre a un leader, les USA et ces derniers sont menés par un homme qui hésite et tergiverse. Ce qui devait arriver est arrivé : Daesh contamine désormais des gens en Amérique même : quatorze morts et des dizaines de blessés sont à déplorer. Obama aura beau tenté de minimiser ce grave incident, rien ne se serait produit s’il avait agi en Syrie plus vite et plus fort.

    On a eu en France le même problème, l’actuel ministre des affaires étrangères se tuant à répéter que Bachar doit partir avant toutes choses. Eh bien, il n’est pas parti et en prime, nous devons l’aider, pour le faire partir plus tard. Nouvel exemple de posture idéologique avant une analyse saine et objective des réalités sur le terrain.

    On a encore perdu deux ans et qui sait, peut-être aurions nous pu éviter tous ces morts.

    La politique, ce n’est pas la loi et les prophètes. Cela évolue, cela bouge. Et pas toujours dans le sens qu’on veut ou espère.