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Vu de la place Victor-Hugo - Page 426

  • Le phénomène MArine Le Pen

    Le phénomène Marine Le Pen

    Avant de traiter ce sujet, je ferai référence à l’éducation que l’on nous a donnée et que l’on continue de donner dans les établissements secondaires français, notamment en classe terminale où l’enseignement de l’histoire de la philosophie est dispensé. Certes, les dissertations que l’on nous proposait passaient nettement au-dessus de nos têtes d’adolescents, mais cela a laissé des traces. Et quand je pense à ce phénomène socio-politique qu’est devenu Marine Le Pen, je ne peux pas ne pas penser à un thème philosophique de l’époque, véritable tarte à la crème=  comment naissent les grands hommes ? Sont ils le produit de l’Histoire  ou font ils l’Histoire ? Il y a là un rapport de cause à effet : qui est responsable de l’autre ?

    C’est un peu ce qui s e passe avec cette jeune présidente du FN qui a triomphé de presque tout, des adversités personnelles, des querelles entre ses parents, de la dispute publique avec son père, bref qui fut en butte à toutes les oppositions et qui, pourtant, caracole en tête des sondages. Les sondages, parlons en : le dernier en date la donne vainqueur aux élections régionales dans le Nord Pas de Calais, une région victime d’une désindustrialisation galopante et surtout  abritant une population étrangère qui campe dans un no man’s land, en attente de l’autorisation de pouvoir passer en Grande Bretagne.

    Comment s’explique cette formidable montée en puissance et surtout la logique d’une telle expansion ? Probablement par plusieurs facteurs dont le plus saillant est le discrédit total du personnel politique traditionnel. On ne croit plus personne et les scandales émaillant régulièrement le comportement d’une nombre croissant d’élus n’arrangent pas les choses. Certes, certains esprits malicieux ont tenté de s’en prendre à l’image de la présidente du FN en lui attribuant certains comportements passibles des tribunaux, cela n’a pas suffi. A intervalles réguliers, on parle de telle ou telle autre affaire, mais rien ne tient, et en tout cas rien ne parvient  à stopper cette marche triomphale.

    Il y a aussi la nouveauté de l’offre, gauche et droite n’ont pas réussi à rétablir les choses et le pouvoir actuel a battu des records d’impopularité au point de se demander, il y a tout juste plus d’un et demi, si le quinquennat irait à son terme… Du jamais vu !

    Même le caractère hasardeux, pour ne pas dire aventureux du programme économique de la candidate ne ralentit pas l’enthousiasme de ses supporteurs.  Vouloir quitter l’euro est folie, dans quelle numéraire serait alors libellée la dette de la France ? Ou bien est ce que Marine ambitionne de refuser de l’honorer ? Deviendrions nous comme la Grèce ? Si cette dame amendait enfin son programme économique, elle aurait encore plus de suffrages.

    Au fond, l’électorat français est atterré par deux choses : la situation actuelle qui est presque désespérante et l’impuissance du pouvoir politique à la redresser. Le débat politique ne voit apparaître aucun élément nouveau ; les mêmes têtes continuent d’occuper le petit écran. Depuis des années, on vit un essoufflement, un épuisement de l’idéal politique de gauche comme de droite. Du coup, les gens cherchent un écho nouveau, un nouvel évangile.

    Ils se trompent peut être, l’avenir nous le dira, mais il faut bien reconnaître que ce n’est pas gagné, je veux dire que l’électorat va peut être franchir le pas et donner la victoire à Marine Le Pen.

    On ne peut pas laisser hors du jeu politique une partie de la France qui oscille entre 25 et 27 %. Il faut réagir si l’on veut éviter une grave crise.

  • La Russie a mis les USA hors jeu en Syrie

     

     

    La diplomatie russe a mis Obama hors jeu en Syrie

    Après l’offensive militaire sur le terrain, c’est au tour de l’offensive diplomatique de prendre le relais. On a eu peine à y croire lorsque le ministre Lavrov a indiqué que son pays était prêt à coopérer avec l’opposition dite modérée syrienne, en d’autres termes avec l’Armée syrienne libre. Quel grand écart, mais aussi quel esprit génial, quelle initiative heureuse, dans la mesure toutefois, où il ne s’agit pas d’un ballon d’essai mais d’une volonté profonde de rebattre les  cartes en Syrie. L’initiative russe a eu plusieurs volets. Il y eut d’abord ce voyage surprise d’Assad en Russie. Mais ce voyage ne constituait que le prélude à un train de mesures et de propositions à venir. Le maître du Kremlin voulait imposer ses vues à un dictateur esseulé, à bout de souffle et en somme contraint d’en passer par où son maître et protecteur voulait. Les Russes veulent voir si Bachar a le même sentiment qu’eux : on élimine Daesh mais une fois le travail de salubrité sécuritaire accompli, on organise des élections à la fois législatives et présidentielles. Les Russes ont montré une nouvelle fois qu’ils ne se laissent pas paralyser par des alliés encombrants. Ils ne se laissent pas dicter leur loi, ils ne s’enlisent pas sur place et en moins d’un mois ils ont entièrement changé la situation sur le terrain, même si les Occidentaux et les monarchies pétrolières ont soudain déversé des milliers de missiles Tow dans les rangs de leurs alliés, permettant à ces derniers de ralentir sérieusement l’avancée des troupes loyalistes. Si les choses avancent comme prévu, l’ASL, Bachar et les Russes vont se retrouver du même côté, avec les Iraniens et le Hezbollah libanais, deux forces qui ont subi de lourdes pertes en Syrie. Dans quelques mois, il y aura sûrement une vaste offensive combinée de ces nouveaux alliés pour reconquérir Rakka en Syrie et Mossoul en Irak, deux grandes villes occupées par Daesh. Et tout cela grâce aux Russes dont l’aviation a fait des prodiges. Mais ces succès font face à l’inaptitude et à l’ineptie du président Obama qui s’est laissé mettre hors jeu par une diplomatie russe particulièrement souple et pleine de ressources.. Nous allons vivre un paradoxe dans les prochains mois ; les réfugiés ne seront plus aussi nombreux à affluer en Europe puisque la Syrie deviendra un pu plus sûre. Et cela grâce aux Russes. Du jamais vu : Poutine qui vole au secours de l’Union Européenne, cette même UE qui lui a infligé des sanctions, a refusé de lui vendre les mistrals, etc…

    Vivement l’élection présidentielle aux USA et le départ tant attendu de Barack Obama.

  • Est ce bien l’ancien Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini qui a soufflé à Hitler l’idée de la solution finale ?

     

     

    Est ce bien l’ancien Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini qui a soufflé à Hitler l’idée de la solution finale ?

    J’avais déjà entendu dire cette légende ou bien cet apocryphe célèbre lors d’un précédent séjour en Israël, bien avant que n’éclatent les troubles qui agitent depuis presque un mois les villes et les villages de l’Etat juif. Je n’y avais pas accordé une grande importance, jugeant que l’affaire était trop complexe et que l’apparence de la vérité n’est pas la vérité. Surtout quand il s’agit de vérité historique. Or pour qu’il s’agisse d’une vérité historique, c’est-à-dire quelque chose qui ne soit ni une légende ni une rumeur, il faut des preuves. Et les preuves dans ce cas précis, on n’en a pas, même si cette absence de preuves ne saurait innocenter un mufti qui ne portait pas les Juifs dans son cœur, avait rencontré Adolf Hitler,  faisait le salut nazi et avait lancé un appel aux musulmans de l’ancienne Yougoslavie pour qu’ils s’enrôlent dans les rangs des SS… Même si ce Mufti de Jérusalem n’a peut-être pas soufflé à Hitler l’idée de la solution finale, décidée, je le rappelle, à la conférence de Wannsee, dans la banlieue de Berlin, il ne concevait pas pour les fils d’Israël des sentiments très amicaux. Ses discours enflammés le prouvent largement.

    Pourquoi la presse israélienne revient elle avec une incroyable insistance sur cette filiation qui ne laisse pas d’être scandaleuse, voire horrible ? La réponse est évidente : le premier ministre Benjamin Netanyahou a fait état d’une telle filiation expliquant l’existence de la Shoah par un conseil prodigué par l’ancien Mufti à Hitler. On a fait à Benjamin un procès qui n’a pas lieu d’être ; contrairement à son père, l’éminent professeur Benzion Netanyahou qui fut un grand historien de la philosophie juive (son livre sur Isaac Abrabanel est et demeure excellent), le Premier Ministre d’Israël n’a pas reçu une formation rigoureuse en, science historique. Il a instrumentalisé un fait, l’antisémitisme viscéral du vieux Mufti pour condamner ce qui se passe aujourd’hui où, reconnaissons le, des Palestiniens de Cisjordanie, mais, fait plus grave, des Arabes israéliens, poignardent à tout va le premier Juif qui a le malheur de croiser leur route. Benjamin Netanyahou a donc voulu faire d’une pierre deux coups : d’une part, rappeler que certains Arabes ne sont pas seulement antisionistes mais avant tout des antisémites habités d’une haine recuite à l’égard de tout ce qui évoque, de près ou de loin, le judaïsme, et d’autre part, justifier, par là même, qu’Israël a le droit de se défendre contre des assaillants qui, selon lui, poursuivent le même programme que leur zélé inspirateur, mort, sans être inquiété à Beyrouth, au début des années soixante-dix…

    Certes, sans donner de conseil au premier ministre, il faut admettre qu’il a un peu forcé le trait, donnant ainsi à la presse, même celle qui le soutient généralement, des verges pour le battre.

    L’ancien Mufti n’était pas un saint homme et quand on fréquente Hitler, qu’on s’installe dans le Berlin de la seconde guerre mondiale, qu’on lance des appels en faveur du nazisme, on n’est pas vraiment un homme moralement recommandable. Mais je ne vois toujours pas comment un homme comme Hitler qui détestait les Arabes un tout petit peu moins que les Juifs serait venu prendre conseil chez ce Mufti dont les vues stratégiques et les analyses politico-militaires n’ont pas laissé de trace impérissable ni révolutionné la pensée.

    Donc, Benjamin n’aurait pas dû forcer le trait, mais il l’a fait, car cela fait partie de son plan pour réprimer ce qui ressemble aujourd’hui à un véritable soulèvement. Toutefois, cet épiphénomène ne doit pas nous faire oublier le fond du sujet : il faut absolument éviter que les troubles actuels ne dégénèrent en conflit religieux. La liberté de culte règne à Jérusalem depuis que l’Etat juif a repris le contrôle de la ville sainte dont les Juifs avaient été chassés depuis deux millénaires. Tous les fils d’Abraham doivent pouvoir prier en paix, chacun à sa manière, sans restriction aucune, mais aussi dans le calme et le respect des autres.

    D’ici là, Benjamin pourra toujours préparer un doctorat en histoire. L’université hébraïque de Jérusalem est l’une des meilleures universités au monde. Il pourra ainsi se faire un prénom comme son défunt père (ZaL), mais cette fois en philosophie politique…

    Maurice-Ruben HAYOUN  in Tribune de Genève du 24 octobre 2015