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Vu de la place Victor-Hugo - Page 531

  • Nicolas Sarkozy, le retour

     

    Nicolas Sarkozy, le vrai retour

    Hier, dans la banlieue de Lille, il y avait comme une impression de déjà vu : NS tenait son premier meeting qui rappelle justement la précédente campagne électorale. On a vu un NS dans son véritable élément, comme s’il était toujours aux affaires. Ce sont les critiques acerbes à l’encontre de l’actuel président de la République qui nous ont rappelé que NS était désormais le challenger. Près de 6000 personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la salle, c’est considérable pour une première rencontre. Et quand on voit l’énergie de l’homme, on ne se fait aucun doute sur la suite : NS sera élu, plébiscité président du grand parti de droite (qui ne s’appellera plus l’UMP) et il aura très probablement raison de ses concurrents pour la primaire de 2016. Pas même Alain Juppé ne pourra résister à cette déferlante.

    Il faut dire que la scène politique intérieure souffre d’un grave déficit, voire d’un vide grandissant. Dans ses prochaines prises de parole NS va concentrer ses attaques sur con successeur, ce qui ne va pas manquer d’animer la vie politique mais donner aussi l’impression que la France ne sort d’une campagne électorale que pour entrer dans une autre.. les nouvelles pour la majorité actuelle ne seront pas bonnes : perte de la présidence du Sénat,  défaite aux régionales, etc… Avec NS aux portes du pouvoir, l’actuel président ne pourra pas se contenter de rester sans agir, il faudra relever le gant, réagir et NS n’a pas l’intention de se calmer. On a vu comment son naturel avait repris le dessus lors de son interview sur France 2.

    Si la classe politique, de droite comme de gauche avait le sens de l’intérêt public, elle sonnerait le rassemblement à la suite du drame que représente l’odieuse exécution de l’otage français en Algérie.. Ce serait le moment de faire un gouvernement d’union nationale puisque la côte de popularité du président est au plus bas. Et apparemment, rien n’a changé.

    Attendre en restant inerte n’est pas une bonne option. Car à l’immobilisme ou à la paralysie du pouvoir actuel, NS, lui, n’a pas l’intention de s’arrêter.

  • L'Histoire est tragique...

     

     

    L’Histoire est tragique…

    A la suite à la décapitation de l’otage français en Algérie

    En apprenant ce qui s’est passé hier en Algérie, cette affreuse mise à mort d’un citoyen français parfaitement innocent, ouvert sur le monde et sur l’autre, j’ai aussitôt pensé à la philosophie de l’Histoire, telle que développée par celui des philosophes allemands du XIXe siècle qui l’avait mise à l’honneur, Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Le philosophie qui occupa la chaire de philosophie de l’université de Berlin jusqu’à sa mort en 1831. Notre grand universitaire français de cette époque, Victor Cousin, était allé lui rendre visite en son temps et c’est lui qui dispensa en Sorbonne les premiers cours sur la philosophie de l’Histoire .

    J’ai l’air de m’éloigner du sujet mais il n’en est rien, ma tournure d’esprit me permet simplement de décrire un vaste cercle avant de revenir vers son centre. En fait, cet assassinat qui est horrible, affreux, inimaginable et abject à la fois, n’est qu’un assassinat. Mais il va peser considérablement sur la suite de l’histoire ; il va nous jeter tous, tant que nous sommes, dans une confrontation armée qui va durer des années, provoquer des conflits à l’échelle mondiale, rompre des consensus nationaux dans de nombreux pays d’Europe et dresser les civilisations les unes contre les autres.

    Quand je dis que c’est un assassinat, je ne le réduis guère et j’éprouve au plus profond de moi-même ce que ce pauvre innocent a subi comme calvaire. Et sa mise à mort qui nous touche et nous révolte tous, aura l’effet et le souffle de plusieurs bombes atomiques. Cette mise à mort pèsera sur l’Histoire à venir, sur l’Histoire immédiate.

    Déjà, au plan international, aujourd’hui, on dit géostratégique pour faire chic, les cartes ont été rebattues : sans le dire, les puissances occidentales volent au secours de Bachar el Assad, le boucher de son peuple, car sa défaite signerait la victoire et la suprématie, porteuse de mort, de ses adversaires islamistes, en gésine d’un califat. L’Iran, jusqu’à hier ennemi public numéro 1, réintègre subrepticement le concert des nations civilisées et ne fait presque plus peur puisque ses forces spéciales, à l’œuvre en Irak, disposent de quelques renseignements tirés des satellites d’observation américains et… israéliens ! Il faut dire que l’Iran, grande puissance chiite de la région, voit l’Etat islamique s’approcher dangereusement de ses frontières (plus de 1000 km) et ne peut pas ne pas réagir. Quant à la Turquie de M. Erdogan, elle a envoyé des messages indéchiffrables dont le tout dernier a consisté à ne pas avertir les autorités françaises du lieu exact où devaient atterrie trois djihadistes présumés… Et quand on pense que ce dirigeant dirige un pays membre de l’OTAN et désireux de rejoindre l’Union Européenne, on se pince les joues pour se dire qu’on ne rêve pas. Comparé à ce qui se prépare, même le conflit entre Israël et les Palestiniens apparaît soudain comme un foyer résiduel de tension et non plus comme une bombe dangereuse, susceptible d’exploser à tout moment.

    Mais ce n’est pas tout : les Kurdes, cible privilégiée des islamistes de Daesh (initiales arabes de E.I. Dawla islamiya), et qui se battent courageusement avec l’aide et l’appui logistique des Occidentaux, n’accepteront pas, après la fin des hostilités, de rentrer gentiment à la maison : ils auront envie de se constituer en un Etat libre et indépendant, ce qui mettra à mal plusieurs pays frontaliers : l’Irak, l’Iran, la Syrie et surtout la Turquie. Belle empoignade en perspective…

    Même à l’intérieur de l’Hexagone, les choses vont évoluer : François Hollande se découvre une fenêtre de tir à travers laquelle il peut enfin agir ( en tant que chef suprême des armées) et pour la première fois, un dirigeant politique d’importance, François Fillon, a parlé d’union nationale. Certes, il n’est pas encore question d’un gouvernement d’union, mais on pourrait en prendre le chemin.

    Un mot sur le développement personnel de Hegel, ce grand philosophe qui avait partagé ses années d’études au Stift de Tubingen avec ses compagnons Schelling et surtout le grand poète Hölderlin qui avait déjà perçu que l’Histoire était tragique, notamment dans son émouvant poème intitulé An die Deutschen (Aux Allemands). Hegel, on l’oublie souvent, avait commencé par caresser un projet qu’il ne mit jamais à exécution : une biographie de… Jésus ! Il a commencé par être un admirateur de la Révolution française  (il naquit en 1770) pour évoluer par la suite vers une sorte de divinisation de l’Etat prussien dont la concrétisation par Guillaume II et Bismarck a dévoilé la vraie nature. Il pensait pouvoir ainsi obvier à l’éparpillement de l’Allemagne en petits états (Kleinstaaterei) et surtout concrétiser hic et nunc ce qu’il appelait avec une crainte révérencielle quasi religieuse l’Idée avec un I majuscule. Ne fut il pas celui qui dit de Napoléon Bonaparte qu’il était l’Idée à cheval ?

    Du jour au lendemain, la France se retrouve projetée dans une zone de combats où rien n’est rationnel mais où tout est tristement réel. Quel cinglant démenti à la doctrine d’un grand penseur qui nous a appris que l’Histoire suit un projet, un dessein et s’avance vers un idéal. La cruelle mise à mort de notre pauvre compatriote nous confronte à tout autre chose.

  • Un otage français en Algérie entre les mains d’un groupe islamiste : sommes nous en guerre ?Titre de la note

     

    Un otage français en Algérie entre les mains d’un groupe islamiste : sommes nous en guerre ?

    Il y a, à l’évidence, une accélération encore inimaginable il y a seulement quelques jours, comme si les puissances occidentales prenaient enfin conscience de la gravité du danger qui menace notre civilisation et notre culture : la une du journal Le monde d’avant-hier indiquait que l’Etat islamique recommandait de s’en prendre partout dans l’univers aux citoyens français et américains. Ceci équivaut à une véritable déclaration de guerre. Et nos dirigeants politiques affichent une inquiétude qui en dit long sur le danger qui pointe à l’horizon. Et c’est aussi cette accumulation qui ne laisse pas d’inquiéter : le raté des services français qui ont laissé se volatiliser trois djihadistes, censés être cueillis à leur descente d’avion, la capture de l’otage français en Algérie, les bombardements massifs des USA contre les bases des islamistes en Irak et en Syrie, bref tous les ingrédients sont réunis pour une véritable guerre. Rendez vous compte, certains vont jusqu’à évoquer l’envoi de troupes au sol, se rendant enfin compte que pour vivre libres et non point à genoux, il faut parfois, hélas, consentir à verser son sang. Même les Américains ont, sans le dire vraiment, dépêché plusieurs centaines de membres des forces spéciales en Irak, et peut-être même en bordure de la Syrie où ils éclairent les cibles à bombarder par leurs avions.

    Dans cette affaire, toute l’Europe est suspendue au bon vouloir et aux décisions de B. Obama ; et ce dernier a trop attendu, il ne pouvait plus rester les bras croisés, après que les islamistes avaient publiquement décapité deux de ses compatriotes. Une barbarie à l’état pur. Enfin, l’Occident a trouvé la bonne réaction face à cette inhumanité flagrante : d’où les discours si durs de B. Obama qui ne cache plus sa volonté d’en finir avec ces ennemis de l’Amérique et du monde libre.

    L’Etat islamique ne ressemble à aucun des groupements terroristes que l’on connaissait jusqu’ici. Il a un projet et est animé d’une vision salafiste claire : restaurer le califat comme aux débuts de la religion de l’islam, écarter les musulmans tièdes et contaminés par les mœurs de l’Occident et aller encore plus loin..

    Ce qui est nouveau et singulièrement inquiétant, c’est sa capacité à attirer de jeunes musulmans du monde entier. Même Ben Laden n’y était pas arrivé de son vivant. La France à elle seule compte déjà près de 1000 djihadistes partis se battre en Irak et en Syrie. Certains y sont même morts les armes à la main.

    Cette affaire va prendre du temps, beaucoup de temps. Nous allons vivre des moments difficiles. A la crise sociales et économique s’ajoute la guerre.
    Une guerre pas si lointaine.