L’Etat islamique aux portes de la Turquie
L’hypothèse d’une offensive terrestre se précise, les frappes aériennes butent contre leurs limites : c’est le message de Laurent Fabius à l’Assemblée ce jour et c’est aussi le vœu du président turc Erdogan. On ne comprend pas bien les raisons pour lesquelles les frappes sur cette ville kurde à la frontière syro-turque (Kobané ou ayn el arab) n’interviennent que très tardivement. Ces pauvres kurdes se battent seuls ou presque contre quelques milliers de fantassins un peu dépenaillés mais solidement encadrés par les officiers issus de la fameuse Garde républicaine de Saddam Hussein. Le plus grave, c’est que la nouvelle armée irakienne, constituée presque totalement de Chiites, a fui sans demander son reste, livrant d’imposantes quantités d’armement ultra modernes US à leurs ennemis qui ont su les utiliser, d’où leur avancée foudroyante, et d’où aussi, leur tactique d’enfouissement de leurs artillerie lourde afin d’échapper aux frappes. Au lieu de prendre la poudre d’escampette au premier coup de feu, les soldats auraient dû, comme toute bonne armée, minait les arsenaux qu’lle abandonnait à l’ennemi…
Comment en est on arrivé là ? Je viens d’écouter sur BFM TV un général français dire qu’au fond nul ne connaît les plans véritables des USA. Les américains choisissent leurs cibles sans se concerter avec personne, ils ne mettent pas leurs alliés de la coalition arabe et européenne au courant de leurs objectifs réels. Mais leurs arrière-pensées politiques sont transparentes : ils ne voulaient trop aider les Kurdes car les Turcs, membres de l’OTAN et surveillant les kurdes comme le lait sur le feu, ces derniers pourraient avoir des idées d’autonomie et de remembrement de leurs anciens territoires éparpillés entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie.
Le président turc s’anime enfin et réclame une offensive terrestre parce que l’Etat Islamique est à ses portes. Mais ne nous affolons pas : si les puissances de la coalition l’avaient vraiment voulu, ils auraient liquidé en deux ou trois jours les vingt mille hommes que totalisent l’EI sur le terrain. L’armée turque n’est pas très performante mais elle est très nombreuse : plus de 700 000 hommes, parmi lesquels quelques divisions d’élite, susceptibles de ramener à la raison les djihadistes ; mais voilà, il y a encore peu de temps, la Turquie, comme le Qatar (mais un peu moins) menait un double jeu à l’égard des insurgés islamistes. Mais pourquoi donc empêchent ils les Kurdes d’aller prêter main forte à leurs frères de l’autre côté de la frontière ? Et pourquoi leurs d’assaut font ils du sur place au lieu de se porter au devant des terroristes et de leur infliger la défaite qu’ils méritent ?
Les Etats, disait Karl Marx, sont des monstres froids, ils n’obéissent qu’à leur intérêt. Et pendant tout ce temps, les Kurdes, comme les chrétiens d’Orient, se font massacrer…
Alors allons nous vers une offensive terrestre ? C’est une évidence ! Nul n’a jamais cru que l’armée irakienne, même vertébrée par les bérets verts US pourraient se mesurer valablement aux anciens de la Garde Républicaine de Saddam. La même chose pour ces gentils peshmergas qui suscitent notre compassion à défaut de mériter notre admiration pour leur ardeur au combat. Le déséquilibre est trop grand : pensez aux centaines de véhicules blindés et aux chars d’assaut récupérés par les djihadistes, et que peuvent faire des hommes, courageux mais peu armés, avec leurs armes légères ?
Une fois de plus, M. Obama adopte une posture idéologique ou doctrinaire au lieu de passer à l’action. Tôt ou tard, il devra, comme ses alliés occidentaux, engager des troupes su sol. C’est une grave erreur de ne pas l’avoir fait il y a des semaines de cela. S’il avait agi plus tôt, on aurait évité les massacres des chrétiens et des yazidis, les ventes de femmes sur les marchés de Mossoul, etc…
Des deux côtés de l’atlantique, Diogène a besoin d’une solide lampe torce pour découvrir d’authentiques hommes d’Etat…
MRH