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Vu de la place Victor-Hugo - Page 534

  • Titre de la noteIl est presque impossible de parler sereinement de la manif pour tous et des questions qui en découlent..

     

     

     

     

     

    Il est presque impossible de parler sereinement de la manif pour tous et des questions qui en découlent..

     

     

     

    Pourtant, je vais tenter de le faire tout en protestant par avance de ma bonne foi et en me protégeant de certaines mésinterprétations fondées sur le contestable principe : qui n’est pas avec moi est contre moi.. Ce raisonnement n’est nullement philosophique.

     

     

     

    Je commencerai par prendre acte des changements des sociétés contemporaines. L’homosexualité que je respecte a, par son affirmation presque totale et sans retenue, entièrement fait bouger les fondements mêmes de nos sociétés. Un certain modus vivendi s’est installé, chacun campant sur ses positions, mais avec une sorte d’accord secret entre les parties : on ne va pas plus loin, le mariage pour tous est ans la loi ( même ses adversaires promettent d’y revenir en cas d’alternance), en revanche, pas d’adoption et surtout pas de gestation pour autrui… C’est à peu près ainsi que je résumerais la situation, dans l’espoir de ne pas m’être trompé..

     

     

     

    Aujourd’hui, la question qui se pose ou se repose est celle des mères porteuses. Et je voudrais dire que Hagar, la mère d’Ismaël dans la Bible, peut être considéré comme la première mère porteuse de l’Histoire. Et les fameuses tablettes de Nuzi, près de la ville de Kirkouk actuelle, le confirment : quand une princesse se mariait et qu’elle ne voulait pas d’enfant ou refusait tout simplement la moindre étreinte amoureuse, la règle disposait qu’elle devait fournir à son époux une de ses dames de compagnie ou servante, apte à accomplir la vie conjugale et donner au mari des héritiers..

     

     

     

    Pourrait-on se réclamer de ces mœurs pour avaliser une éventuelle GPA qui considérerait les tablettes de Nuzi comme de lointaines avant-gardes ? Je ne le crois pas car les problèmes posés dépassent –et de loin, ce qui se passait alors dans la lointaine Mésopotamie : je rappelle qu’Abraham, sil a vraiment existé, se situerait vers 1850 avant l’ère chrétienne, c’est-à-dire il y a presque quatre mille ans…

     

     

     

    Qu’on le veuille opu pas, qu’on le sache ou pas, et qu’on l’accepte ou pas, notre civilisation judéo-chrétienne fait fond sur la Bible, Ancien et Nouveaux Testament compris. Or, dès les premiers versets de la Genèse, se dresse devant nous une image miniature du monde et des relations entre les êtres humains. On y parle de la vie en couple, c’est-à-dire du mariage entre un homme et une femme. On y lit expressément : c’est pourquoi on quittera père et mère pour adhérer (davak) à son épouse, et ils (les deux) constitueront une même chair (we-hayou le-bassar éhad).  C’est d’une clarté et d’une simplicité bibliques indiscutables.

     

     

     

    Mais on peut ne pas être d’accord sur le principe. On peut aussi rejeter le verset du Lévitique qui condamne fermement l’homosexualité. Et il n’est pas question dans cet éditorial de condamner qui que ce soit : je ne fais que rappeler des principes bibliques pour ceux qui y croient.

     

     

     

    Et les scripteurs bibliques ne s’imaginaient sûrement pas que c’est le modèle même de la FAMILLE que l’on voulait faire évoluer en admettant, par exemple, la GPA. Je voudrais le répéter : on comprend bien le désir d’enfants par tous, tous les types de couples, encore faut-il prendre en compte le désir et le droit de l’enfant. C’est à mes yeux, le seul obstacle.

     

     

     

    Ma mère nous a quittés quand j’avais 54 ans et aujourd’hui encore je pleure son absence ; chaque fois que j’évoque sa mémoire, même en public, j’éclate en sanglots. Je n’imagine donc pas que l’on puisse compter sans cela.. Que dire à un enfant qui demande où est sa mère ?

     

     

     

    En fin de compte, je répète une nouvelle fois, presque sans illusion, mon respect pour tous, tout en marquant mes préférences.

    J’espère donc du fond du cœur ne froisser personne et que nul ne fulminera d’anathème. Il convient de ne pas remplacer par les arguments par des invectives. On dépassionnerait le débat. Et ce serait déjà quelque chose.

     

     

     

    MRH in TDG du 5 octobre 2014

     

  • Yom Kippour, le jour du pardon, des propitiations

    Yom kippour, le jour du pardon,  le jour des propitiations

    Dans quelques heures, les juifs du monde entier, même les plus éloignés du culte synagogal, vivront durant 24 heures une journée particulière, celle du jeûne, de la prière et de la rémission des péchés. Une journée que le Talmud nomme LE JOUR, l’unique, celui qui compte le plus dans toute l’année, car de lui dépend notre avenir. Le talmud nomme le traité consacré à Kippour YOMA qui veut dire en araméen, le jour, comme s’il n’en existait pas d’autre. En réalité, c’est celui qu’il ne faut pas rater car en lui la spiritualité d’Israël atteint son point culminant. Aucune autre journée ne lui est comparable.

    Mais il y aune dialectique qui mérite d’être soulignée ici : il ne suffit pas que Dieu dans son infinie miséricorde, accorde son pardon des fautes commises à l’endroit de nos congénères ; le préalable au pardon divin est le pardon humain : il faut que mon prochain, mon frère, même ennemi, m’accorde son pardon pour que l’Eternel valide cet acte en accordant la rémission du péché. Yom kippour  se fait ici bas, hic et nunc. Celui des philosophes juifs qui avait le mieux illustré ce relais se nomme Franz Rosenzweig lui qui a symbolisé cette action par un triangle dont le sommet est occupé par Dieu et la base par l’homme et l’autre homme. Pour accéder à autrui, on passe par Dieu mais celui-ci n’accorde pas son quitus si l’autre, autrui, ne l’a pas fait au préalable.

    Un autre point doit être rappelé. Celui de l’exigence de sincérité : le talmud est net à ce sujet : celui qui se dit : je commets un péché et à kippour le pardon me sera accordé ; pour lui, cette journée solennelle de jeûne et de contrition n’accomplira pas l’effet escompté car, à l’origine, son intention, sa kawwana, est viciée. Celui là qui a péché en connaissance de cause, n’obtiendra jamais le pardon.

    Enfin, il y a cette purification de l’homme qui s’obtient après cette longue journée de confrontation avec soi-même, ce véritable examen de conscience. Hermann Cohen, mort en 1918 à Berlin, soulignait la chance, voire le privilège du peuple d’Israël qui n’a pas besoin d’un intermédiaire pour obtenir le pardon de ses péchés, il n’a besoin de personne pour être justifié ou rédimé. La purification est directement effectuée par Dieu. C’était assurément une critique souterraine de la théologie chrétienne qui fait du passage par Jésus un passage obligé..

    Pour conclure, disons que yom kippour anticipe le monde à venir, l’avènement messianique, la vie dans l’au-delà. Ces 24 ou 27 heures qui viennent ne se vivent pas à l’aune du temps habituel, profane, elles sont uniques en soi.

    Une sorte d’éternité avant la fin des temps

  • Georges Steiner sur Israël, les juifs et le judaïsme

    Les étranges déclarations de Georges Seiner dans son livre d’entretiens, Un long samedi

    En lisant des extraits du livre d’entretiens de Georges Steiner et de Laure Adler, extraits portant sur les juifs, le judaïsme et l’Etat d’Israël, publiés par Flammarion sous le titre Un long samedi, j’ai éprouvé un certain malaise. Je me suis aussitôt souvenu d’un colloque à l’Abbaye de Cluny où j’avais pu discuter longuement avec ce très brillant universitaire, même si la minceur de ses connaissances philosophiques, en notamment en matière de sciences du judaïsme (Bible, littérature talmudique ou midrachique, histoire juive, philosophie juive, médiévale et moderne, sans même parler de mystique) m’avait un peu étonné. Et les extraits qu’on peut lire dans le dernier numéro du Figaro-Magazine n’ont pas dissipé ce malaise, bien au contraire ils l’ont renforcé. Certes, il y a les circonstances présentes, le grand âge, une certaine forme d’oubli dans un univers qui ne s’arrête pas, avance sans cesse, alors que votre ardeur, comme disait Bossuet, s’éteint. Mais certains jugements que je ne souhaite pas extraire de leur contexte pour ne pas les mésinterpréter sont vraiment sujets à controverse.

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