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Vu de la place Victor-Hugo - Page 565

  • Franz Rosenzweig, Les Bâtisseurs. De la loi. A Martin Buber

    Les bâtisseurs, A Martin BUBER

                                                              De la loi

    Pour Monsieur Elie CHETRIT qui est lui aussi, à sa façon, un bâtisseur.

    Tous tes fils seront des disciples de Dieu et grande sera la paix de tes fils (Isaïe 54 ;13). Ne lis pas banayikh, tes fils mais plutôt bonayikh, tes bâtisseurs.

    Très estimé ami,

    En lisant vos Discours sur le judaïsme, je m’étonne de voir qu’ils forment aujourd’hui un petit recueil de toute une décennie et que vous êtes devenu le héraut et le défenseur de nos générations, la mienne autant que la suivante. Dans le vif débat dans lequel une première lecture de ces Discours  a entraîné nos pensée, on pouvait perdre de vue ce fait ; mais en les parcourant de nouveau à tête reposée, sans en faire une lecture objective mais avec, comment dire, une certaine excitation autobiographique, il nous apparaît alors clairement que ce sont là nos propres mots que vous avez été le premier à prononcer.

    Comme le montre l’introduction, vous avez été vous aussi sous l’emprise d’une rétrospective autobiographique en relisant  globalement ces huit discours. Non pas dans l’esprit d’une rétrospective historique  car vous n’aviez pas encore le recul nécessaire, ni par rapport à vous même ni par rapport aux Discours en question. Il s’agit plutôt  d’un examen personnel du passé à l’aune du présent et en vue de l’avenir. Vous savez combien je me sens justement proche de l’auteur de cette introduction. En la lisant pour la première fois il y a quelques mois, j’accueillis en toute bonne foi l’assurance que votre état d’esprit actuel à partir duquel vous vous penchiez sur le chemin parcouru ne représentait pour vous qu’une  clarification et non pas une conversion. C’est seulement ayant maintenant ces paroles en mémoire que je procède à une relecture de vos propos d’alors et que je comprends comment vous avez pu dire ce que vous avez dit et que vous êtes le seul à pouvoir le faire. C’est que la parole ne demeure pas l’apanage exclusif  de son auteur ; celui auquel elle s’adresse, celui qui l’entend et ceux qui la relèvent, tous ceux là  en deviennent les copropriétaires. La fortune que cette parole connaît auprès de ces personnes est bien la leur, voire même bien plus que ce qu’entendait son auteur originel en la prononçant. Or, pour les auditeurs et les lecteurs de ces Discours, cette nouvelle introduction résonne plus comme une conversion que comme une simple clarification. A vos yeux, il ne s’agissait que d’une clarification car vous êtes resté le même, mais pour vos paroles il s’agissait bien d’une conversion, une authentique métamorphose.

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  • Au Front National Le Pen contre Le Pen?

    Au Front National, Le Pen contre Le Pen ?

    Ce qui se passe encore aujourd’hui au Front National est une sorte de phénomène de nature météorologique dont la survenue est incontournable : l’ancien contre le nouveau, les idées reçues contre les promesse de l’avenir. En d’autres termes, le vieux leader, agacé par une mise à l’écart progressive mais ferme, a fini par ruer dans les brancards et se livrer à son passe-temps favori : le calembour douteux, même si dans certains cas, et seulement certains, il ne faut pas lui prêter de noires arrière-pensées qu’il n’a pas… toujours.

    Une phrase en guise d’introduction mais aussi pour être bien clair : ce qui m’inquiète dans ce parti, ce n’est pas vraiment ce qu’il est car comme tous ses frères jumeaux il s’adapte et sa nature est plutôt fuyante. Non, ce qui me préoccupe, c’est que les Français dans une proportion croissante et face à l’incurie et à l’impéritie des autres forces politiques, lui accordent leurs suffrages. Il est stupide de prétendre que la France est devenue fasciste ou d’extrême droite à 25% !!  Ce qui est vrai, c’est que de vastes secteurs du corps électoral ne font plus confiance aux partis traditionnels qui ne se sont pas renouvelés et n’ont pas apporté de réponse convaincante  à deux problèmes qui semblent cristalliser la crainte et les phantasmes de nos concitoyens : l’immigration et le chômage. Oserai-je ajouter que pour ces mêmes électeurs, dans immigration il faut ajouter insécurité, que cela soit fondé ou non…

    Qu’a dit le président fondateur du FN ? Il s’est insurgé contre ceux qui clament urbi et orbi leur opposition à son parti et, pour ce faire, il a utilisé une métaphore, en soi inoffensive, mais dont l’arrière-plan politico-historique est des plus sensibles.. Et qui rappelle cette terrible petite phrase qui a sans doute mis fin à sa carrière politique en le stigmatisant à tout jamais, le fameux détail de la seconde guerre mondiale. On peut dire, sans mauvais jeu de mots que ce détail est de taille et qu’il a fait une nouvelle victime, Le Pen père en personne.

    Voilà un homme qui est largement octogénaire, qui semble assez diminué  par rapport aux années précédentes, qui ne fréquente pratiquement plus les plateaux de télévisions ni les studios des radios et qui trouve le moyen de se rappeler à notre mauvais souvenir en émettant publiquement des appréciations aux conséquences dévastatrices pour lui-même… Est-ce une dégénérescence nerveuse ? Sont-ce les prodromes d’une sénilité prochaine ? Toujours est il que la jeune garde qui l’a évincé en est aujourd’hui à réclamer son départ. D’autres hommes politiques ont même proposé sa déchéance du parlement européen… C’est dire les conséquences incalculables d’un mot dont le chef vieillissant aurait pu s’abstenir s’il avait encore le sens des réalités.

    Que va t il se passer à présente ? Au train om vont les choses, et eu égard à l’incroyable capacité de nos sociétés à digérer tout ce qui survient dans le monde, ce nouvel écart de langage sera vite oublié et surtout il ne freinera pas l’inexorable progression électorale du F.N. En revanche, cela aura servi de révélateur : Marine Le Pen aura compris de la manière la plus claire que son père est désormais un obstacle à écarter d’urgence si elle veut progresser. Toute la jeune garde entourant la président du FN a condamné cette sortie verbale. Quant aux Français, ils continueront à voter dans le même sens car ce qui se passe ne répond toujours pas à leur attente : moins d’impôts, moins de chômage, moins d’insécurité et moins d’immigration.

    C’est peut-être injustifié mais c’est ainsi : on ne peut pas dissoudre le peuple car c’est lui qui a le dernier mot.

  • Egypye, enterrement de la démocratie

    Egypte, l’enterrement de la démocratie… sans tambour ni trompette

    C’est fait, l’Egypte a un nouveau président ou un nouveau pharaon, car si son élection rappelle celle des anciens membres de la nomenlkatura soviétique, ses propres déclarations laissent mal augurer de la suite. En effet, si je résume les propos du nouvel élu rapportés par la presse,  le maréchal-président a dit good-bye à la démocratie, renvoyée, c’est le cas de le dire, ad calendas graecas : au moins vingt-cinq ans, a dit le nouvel élu.

    On peut en tirer de nombreux enseignements. Et en tout premier lieu un constat : tous les peuples, en fonction justement de leur culture et de leur évolution politique, ne peuvent pas prétendre à une part d’adhésion égale aux idéaux démocratiques.. Durant de longues années, une idéologie de gauche a empêché les gens de faire ce constat publiquement au risque d’être traité de réactionnaire. Je me souviens d’un séjour du regretté Philippe Séguin en Tunisie, pays où l’ancien ministre avait vu le jour. Il avait alors dit que le régime jadis en place avait raison de ne pas accorder toutes les libertés généralement en vigueur dans les démocraties occidentales. Il avait alors plaidé pour une adaptation locale des choses. Cette prise de position lui valut de sérieuses prises à parti dès son retour en France. Pourtant, il avait raison.

    Voulez vous d’autres exemples ? Regardez les élections présidentielles en Syrie et en Algérie ! L’Egypte n’a fait que leur emboîter le pas. Regardez ce qui se passe en Libye où la partition menace et où la Cyrénaïque vit sa vie sans se soucier de ce qui se passe ailleurs dans le pays…

    Mais la question qui se pose est la suivante : que devons faire avec l’Egypte ? Quelle attitude adopter à son égard ? Il faut tenir compte de la valeur et du poids stratégiques de ce pays, le plus important du monde arabo-musulman. Et là encore les USA se trompent en malmenant le pouvoir actuel et en ayant parlé de coup d’état militaire contre Mohammed Morsi. Les Egyptiens l’ont très mal vécu. Ils se sont alors tournés vers d’autres alliés des USA, les plus arriérés, les plus conservateurs, l’Arabie Saoudite, mais aussi les plus riches qui leur ont généreusement accordé leur aide en milliards de dollars.

    Pour la stabilité et la paix dans la région, l’apport de l’Egypte n’est pas crucial, il est vital. Tant que le pays du Nil se range du côté de la paix et de la stabilité, il n y a pas d’inquiétude à se faire, mais si la situation venait à changer, le pire serait à craindre. Il nous faut ménager le régime actuel, travailler avec lui et l’aider à surmonter ses difficultés.

    Le seul problème et il est de taille est le risque d’instabilité intérieure. Le président Al-Sissi a lancé une lutte à mort contre les Frères musulmans qu’il accuse, à tort ou à raison, d’avoir cherché à l’assassiner. Et depuis des mois, on constate de nombreux attentats contre les forces de l’ordre.

    Pourquoi donc le peuple d’Egypte a t il accordé sa confiance à un parti islamiste dès que la liberté de s’exprimer lui fut donnée ? C’est tout le problème. Et le maréchal-président l’a très compris.