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Vu de la place Victor-Hugo - Page 569

  • Les djihadistes américains qui se battent en Syrie, un danger grave pour les USA

     

     

     

     

     

    Les djihadistes américains qui se battent en Syrie

     

    Apparemment, les défaillances de Barack Obama ne sont plus exclusivement perceptibles dans le domaine de la politique étrangère mais touchent aussi, par ricochet, la politique intérieure. Tous les observateurs impartiaux reconnaissent que l’actuel président US qui n’a plus que deux ans à passer à la Maison Blanche, peine gravement à trouver un rythme de croisière, tant les grandes lignes de sa politique sont difficiles à définir. On a déjà maintes fois évoqué ici même la perte d’influence, voire de confiance dont souffre l’Amérique aux yeux de ses alliés traditionnels, Israël et les régimes arabes modérés.

     

     

     

    Ce qui a porté un coup fatal à la crédibilité des USA, c’est le défaut face à la Syrie, alors que M. Obama avait solennellement mis Bachar el Assad en garde. Et puis, il y a les résultats de cette politique mollassonne : Bachar va être tranquillement réélu lors de la prochaine consultation électorale en Syrie. Alors qu’on approche les 200 000 morts dans ce pays. Bien pire : Bachar a reconquis de larges portions de territoire occupées il y a encore peu par les insurgés, ces insurgés qui sont, il est vrai, débordés par les islamistes. Ce qui constitue le seul motif acceptable pour justifier l’attentisme d’Obama.

     

     

     

    Les islamistes, parlons en. Depuis hier soir, les nouvelles parlent d’un jeune Américain qui a commis un attentat suicide en Syrie en se faisant exploser avec un camion dans un restaurant fréquenté par les soldats de Bachar. Outre les USA qui subissent ainsi une grave défaite morale, on peut même parler d’une victoire posthume de Ben Laden. Car les islamistes ont réussi à recruter partout en Europe et maintenant aussi aux USA ; ils se sont donc introduits sans peine au sein même des entités humaines de leurs ennemis : en retournant des citoyens occidentaux et chrétiens contre leur propre pays, ils ont donné à leur combat une dimension nouvelle. C’est dans le cœur d’une partie (marginale) de la jeunesse qu’ils livrent leur combat.

     

     

     

    Mais tout ceci aurait pu être évité, ou considérablement réduit, si M. Obama avait su appliquer la bonne politique au lieu de pratiquer une politique de renoncement et de repli sur soi. Voyez l’exemple de l’Afghanistan= en 2016 il ne devrait plus y avoir de soldats US sur place, mais cela signifie eo ipso le retour des Talibans qui referont de ce pays une base du terrorisme international. Avec une direction républicaine, une telle attitude eût été inconcevable.

     

     

     

    L’Amérique est menacée, on l’a vu, avec ce major US qui a tué plus d’une dizaine de ses camarades quand il a reçu sa lettre d’affectation en Afghanistan… On l’a vu avec les deux Tchétchène qui ont terrorisé le marathon de Boston.. Et il y a tant d’autres exemples…

     

     

     

    Mais aujourd’hui, le danger menace, notamment lors du retour de ces jeunes Américains aux USA. Ils seront indétectables et pourront frapper leur pays, devenu leur ennemi, quand ils le voudront. Certes, on rétorquera qu’il y a le même problème en Europe, en France et en Belgique. Mais ces pays n’ont pas les mêmes moyens que les USA.

     

     

     

    Mais tant que Barack Obama est là, les USA sont paralysés.

     

  • Prier pour la paix au Vatican

     

    Prier pour la paix au Vatican : une résurgence de la fraternité abrahamique

     

     

     

    L’initiative du pape François avait commencé par faire sourire, un peu comme si des gourous proposaient de guérir des maladies graves et contagieuses par la contemplation d’un jet d’eau ou la méditation transcendantale.. et finalement cela a pris. Lorsqu’il était en visite en Israël et chez les Palestiniens, le pape avait invité les deux hommes politiques les plus importants à venir prier avec lui, chez lui, au Vatican pour la paix. Je me souviens avoir été choqué par le ton moqueur et ironique d’un journaliste de radio qui annonçait cette proposition comme si elle venait d’une autre planète. Et pourtant, c’est une excellente initiative. Je ne dis pas que cela va déboucher sur la paix mais cela y contribuera indéniablement.

     

     

     

    Commençons par tenter d’appréhender cette vague de scepticisme, si caractéristique de notre temps, chaque fois qu’il s’agit d’une manifestation de spiritualité ou de croyance à l’invisible. Cette époque où nous vivons a totalement exclu et banni l’idée même de transcendance. Elle ne croit plus en rien, pas même en ce qu’elle fait. Tant le désenchantement est profond et la foi en l’être suprême ou simplement en l’être humain, est labile.  Ce journaliste qui se gaussait du pape et de son initiative n’est pas entièrement responsable de son incrédulité gouailleuse ni de son scepticisme affiché. Chaque jour que Dieu fait, il nous annonce des malheurs, des injustices, des guerres, bref des horreurs de par le monde.. Il promène donc sur le monde qui l’entoure, un regard qui ne rencontre jamais la vertu, l’espérance et l’équité. Je n’aurai aucun mal à énoncer je ne sais combien d’horreurs annoncées à la chaîne ce matin même : quatre jeunes gens morts la nuit dernière dans une course poursuite, un jeune homme dans le coma à Marseille après avoir été poignardé, quinze morts dans une église de Bangui, attaquée etc… Sans oublier, sur la scène politique française, la chute infernale de l’actuel président dans les sondages : les journalistes se complaisent à appeler François Hollande, Monsieur 3%… Et je laisse de côté, par charité, les moqueries des commentateurs de son déjeuner avec les Bleus à Clairefontaine…

     

     

     

    Et voici que dans cet univers où plus rien ou presque ne fonctionne, un vieillard en invite deux autres à venir prier avec lui pour que les hommes réinstaurent entre eux des relations de paix.

     

     

     

    La prière, que vaut elle, que représente t elle aujourd’hui ? Pas grand chose. Pourtant, elle est le lien quasi unique entre l’être humain et la transcendance ou Dieu. Même les païens ont adopté une forme de culte qui se rapproche de la prière en portant des offrandes dans leurs temps dédiés à telle ou telle divinité particulière ou dans un panthéon qui les réunit toutes.

     

     

     

    Toutes les religions, toutes les spiritualités ont conçu des prières et formé des liturgies. Je m’en tiendrai ici aux prières monothéistes puisque les trois hommes qui vont unir leurs prières sont le catholique François, le juif Péréts et le musulman Abbas. Trois branches du monothéisme abrahamique, trois héritiers de la fraternité entre les hommes.

     

     

     

    Le patriarche Abraham est la personnalité la plus consensuelle, la seule qui ait été acceptée sans réserve par les trois grandes églises du monde : judaïsme, christianisme et islam. Moïse ne jouit pas du même statut car c’est à lui que fut remise la Tora tandis qu’Abraham s’est contenté de découvrir l’idéal du Dieu unique. Ce n’est pas rien. Et c’est encore lui qui, dans le chapitre XXII du livre de la Genèse, n’a pas hésité à offrir son propre fils Isaac en sacrifice, ce que Dieu a refusé juste au dernier moment, après cette épreuve inhumaine à laquelle le patriarche fut soumis : on ne lui a pas demandé de mourir en martyre, mais bien pire, de sacrifier ce qu’il avait de plus cher au monde : un fils, son fils tant attendu et qui devait lui assurer une descendance nombreuse.

     

     

     

    Louis Massignon, homme de foi et de science, personnalité controversée, a écrit un ouvrage intitulé les trois prières d’Abraham, montrant que le patriarche a fait de la prière pour les autres sa raison de vivre : la prière pour les villes pécheresses, pour Ismaël et pour Isaac. Mais surtout il n’était pas égoïste mais altruiste. La tradition juive compare l’attitude de Noé, le rescapé du Déluge, à celle d’Abraham : Noé n’a prié que pour lui et ses proches, Abraham a prié pour les autres, tous les autres. Ce qui l’installe dans une spiritualité nettement supérieure à celle de Noé. C’est pour cela que juifs, chrétiens et musulmans parlent d’un être aimé de Dieu…

     

     

     

    Juifs et chrétiens ont élargi l’anneau en introduisant Moïse, porteur des tables de la loi, et l’église en introduisant Jésus. Les Arabo-musulmans ont parlé des prières abrahamiques (al salawat al ibrahimiya) et optent clairement pour la religion d’Abraham. La Bible hébraïque n’a jamais perdu de vue ce grand patriarche qui se situe aux origines de l’identité  religieuse d’Israël (Abraham ha-Ivri). La littérature prophétique adjure les enfants d’Israël de se souvenir d’où ils viennent : levez les yeux vers la mine d’où vous été extraits, regardez votre patriarche Abraham (habbitou el Abraham avikhém)…

     

     

     

    Ce thème sera très probablement l’ossature de la prière des trois dirigeants pour la paix. Mais il y a une coïncidence qui est des plus heureuses : la journée du 8 juin, c’est le lendemain de la fête de chavou’ot (Pentecôte) qui marque le don de la Tora au peuple d’Israël.

     

     

     

    Voilà un pape vraiment sensible aux symboles et qui a la main heureuse. Réussira t il ? Cela dépend de la ferveur des prières.

     

  • Franz Rosenzweig et le renouveau de l'éducation juive

    Franz Rosenzweig et le renouveau de l’éducation juive au début du XXe siècle

                                                                                            A la mémoire du professeur Stéphane Moses  ZaL

    Pourquoi évoquer en ce temps ci le souvenir d’un grand penseur judéo-allemand, fortement attaché à sa tradition ancestrale, l’homme qui, au terme d’une vie hélas abrégée par une implacable maladie, nous donna tout de même l’Etoile de la rédemption (1921), le Livret de l’entendement sain et malsain et d’innombrables contributions de plus petite taille, recueillies dans ses Opera minora ? Pour la bonne raison que la transmission de la tradition juive a toujours constitué un défi pour chaque nouvelle génération.

    Franz Rosenzweig naquit à Cassel en Allemagne en 1887 dans une famille de la petite bourgeoisie juive assimilée. Comme tous les intellectuels juifs de son temps, il veut faire une carrière universitaire et devenir ein Akademiker.. Il jette alors son dévolu sur les idées politiques du plus grand philosophe de l’époque, mort un demi siècle auparavant, Hegel. Il soutiendra donc une belle thèse sur Hegel et l’Etat. Mais cet idéalisme allemand dont Hegel est le couronnement ne le satisfait pas. Il cherche autre chose.. Confusément, il a mal à son judaïsme et à son identité juive. L’Europe va bientôt entrer en guerre et tout l’ordre établi en sera chamboulé. Autour de lui, les juifs désertent la maison du judaïsme, jusqu’à son cousin Eugen Rosenstock-Huessy qui a franchi allégrement le pas et le presse d’en faire autant..

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