La siituation en Irak dicte un rapprochement entre les USA et l’Iran des Mollahs
On ne peut jamais prévoir l’avenir. Et l’Histoire est faite de rapprochements ou d’éloignements aussi inattendus qu’imprévisibles. Ce que l’on entend depuis 48 heures est absolument inouï et si quelqu’un l’avait simplement imaginé dans ses rêves les plus fous, tous ses auditeurs l’auraient regardé avec le plus grand désarroi : un rapprochement, certes objectif et dicté par des faits incroyables, est en train de se produire entre deux ennemis irréductibles : L’Iran des Mollahs et les USA. Depuis plus de trente ans, ces deux pays n’entretiennent plus aucune relation officielle (en dépit de quelques négociations secrètes même du temps d’Ahmaninedjad) et ont même failli se faire la guerre. Depuis l’assaut de l’ambassade US à Téhéran et l’emprisonnement de longs mois durant de tout son personnel diplomatique, rien n’allait plus entre ces deux pays. Et les sanctions économiques et bancaires à l’encontre des Mollahs n’avaient pas arrangé les choses. Sans même parler de la saisie de plusieurs milliards de dollars d’avoirs iraniens dont Téhéran réclamait la restitution, la gorge sèche, sans que cela n’émeuve le moins du monde Washington…
Il y eut aussi les cyber attaques coorganisées par Tsahal et l’armée US qui paralysèrent les avancées nucléaires des Iraniens. Et causèrent d’immenses dégâts.
Certes, M. Obama qui est un exemple parfait de l’attentisme diplomatique US lorsque les Démocrates sont au pouvoir aux USA, avait toujours entretenu une diplomatie parallèle et discrète, notamment à Oman avec le régime des Mollahs car il espère toujours que la génération montante et l’élection de M. Rouhani instilleront des changements pour aboutir enfin à un changement de régime sur place. C’est un véritable pari sur l’avenir qu’une conjonction absolument imprévue de faits est venu confirmer : la situation déplorable de l’Irak qui risque d’être conquis dans sa quasi totalité par les fanatiques de l’Etat Islamique en Irak et au Levant.
On sait que depuis son élection, l’actuel premier ministre chiite de ce pays pratique une politique qui évince de tous les postes importants les sunnites, la minorité du pays qui avait porté Saddam au pouvoir et avait abouti de longues années durant à l’oppression des chiites. Depuis la chute de Saddam, Nouri al Maliki se venge et tient les oppresseurs d’hier à l’écart. Ce sont ces mêmes Sunnites qui ont ouvert leurs bras et leurs villes aux islamistes, encadrés par d’anciens officiers de Saddam qui rêvent de prendre leur revanche.
Téhéran qui s’est nettement rapproché de Bagdad regarde avec inquiétude ce qui se passe à ses frontières et se montre très inquiet sur l’avenir des sanctuaires chiites en Irak. Les USA, sollicités par Nouri al-Maliki veulent bien ralentir l’avance des djihadistes sur la capitale irakienne, appellent de leurs vœux une alliance militaire ponctuelle avec les Mollahs contre les colonnes de l’EIIL fonçant sur la capitale irakienne Apparemment, cette alliance de fait est déjà entrée en action.
Il est encore trop tôt pour se prononcer sur les conséquences de cette fraternité d’armes (si j’ose dire) entre les ennemis d’hier. Sur place, les Mollahs sont contraints à la plus grande prudence car comment expliquer du jour au lendemain que l’on se bat désormais aux côtés du grand Satan ? Je sais bien que cette nation est l’héritière des plus grands exégètes que la terre ait jamais portés…… Ils sont même plus forts que les Florentins . Mais tout de même ! Dans ce cas d’espèce, même les raisonnements les plus subtiles, les contorsions exégétiques les plus risquées n’y parviendraient pas. Et surtout, quelles conséquences une telle action militaire combinée aura t elle sur l’avenir des relations avec Israël ?
On a l’habitude de dire qu’en politique rien n’est jamais définitif. Je pense qu’il faudrait en dire autant en matière de politique étrangère.
MRH