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Vu de la place Victor-Hugo - Page 563

  • Faut il remanier ou supprimer certains passages de la liturgie juive?

    Faut il remanier ou supprimer certains passages lirurgiques juifs ?

    La dernière livraison de l’excellente revue SENS (n° 390, pp 445-457) de mes amis Bruno Charvey et Yves Chevalier m’a permis de lire un intéressant article concernant la liturgie juive dans ses relations avec l’amitié judéo-chrétienne.  Son auteur, rabbin à Bruxelles, a déployé de louables efforts pour exposer le problème. Ayant écrit un Que sais je ? intitulé La liturgie juive, il me paraît bon d’intervenir sur ce sujet.

    La notion de tefillah ne reflète pas vraiment l’unique notion de prière, elle en englobe beaucoup d’autres. Et dans l’inauguration du temple de Jérusalem par le roi Salomon, on totalise pas moins de cinq ou six autres termes pour désigner une sorte d’abandon confiant à Dieu. Le-pallel signifie soumettre son cas à quelqu’un, en l’occurrence à Dieu. C’est ce qui ressort d’un passage du premier livre du prophète Samuel qui souligne que si un différend oppose deux êtres, il est facile de trouver une solution, mais si l’homme se trouve confronté à Dieu, il en va tout autrement.

    Cette prière juive a évolué au cours du temps mais elle a toujours comporté trois parties statutaires, c’est-à-dire indispensables : le shéma Israël, les dix-huit bénédictions (qui en comptent en réalité dix-neuf) et le tahanum, prières pénitentielles et pétitions privées, afin de laisser à l’âme de l’individu un espace où exprimer ses propres demandes privées, sous forme d’oraisons jaculatoires (par exemple, la prière pour une guérison : El na réfa na lo : Seigneur ! guéris le…).

    C’est dans le traité talmudique de Berachot que l’on peut prendre connaissance de la genèse de certaines prières. Et en particulier une d’entre elles qui pose problème puisqu’il s’agit de la malédiction des minnim (apostats ? Hérétiques ? Judéo-crhétiens, Délateurs calomniateurs ?), désignée par l’euphémisme bénédiction des minnim (bénédiction des hérétiques). Le talmud parle de Samuel le jeune qui l’aurait rédigée. Mais le même folio talmudique attire notre attention sur la distinction à observer entre deux verbes hébraïques qui ne veulent pas dire la même chose : hitkin (fonder, instituer) et hisdir( mettre en ordre).

    Au fond, qui était désigné par le vocable MIN n’est pas vraiment controuvé aujourd’hui car cette appellation a pu recouvrir différentes catégories de «déviants» religieux, par rapport à l’axe centrale de la pensée rabbinique. Ce fut une époque où le judaïsme rabbinique était en formation et il fallait se poser en s’opposant. L’une des méthodes destinées à couper court à tout syncrétisme religieux fut de réciter cette prière à haute voix afin d’éloigner des synagogues les judéo-chrétiens.

    La question qui se pose et qui fut même très nettement posée par les partisans de la réforme en Allemagne au XIXe siècle fut la suivante : devait on maintenir une telle partie de la prière ? Des rabbins théologiens comme Samuel Holdheim et Abraham Geiger jugeaient que cette séparation hermétique d’avec les autres (notamment pour la prière terminale Aléinou) n’avait plus lieu d’être puisque les juifs devenaient une confession, une communauté religieuse et non plus une communauté nationale, un peuple.

    Si l’on pouvait bien articuler une défense pour cette birkat ha-minnim et dire, comme Mendelssohn, qu’elle ne visait pas les chrétiens mais les païens et les idolâtres, il en allait tout autrement puisqu’Israël s’attribuait ici le seul culte divine qui fût juste et agréé par Dieu. Ce qui, effectivement, pourrait porter atteinte au dialogue interreligieux et faire le lit d’un exclusivisme de même nature. Cette seconde prière est nettement plus ancienne que la précédente et n’a pas manqué d’évoluer avec le temps. Le rabbin Daniel Meyer cite certains rituels de prière pour l’illustrer.

    Mais ici aussi il faut repérer avec minutie la date de naissance afin d’identifier ceux que l’on dénonçait comme des idolâtres. Je dois rappeler que cette prière de aleinou est fondamentale et qu’un groupe de juifs brûlés à Blois en 888 moururent en martyrs en la chantant. Depuis des temps immémoriaux, elle clôture les trois prières quotidiennes. Au fil des siècles, on lui adjoignit même un supplément qui commence par :’al kén nekawweh la (C’est pourquoi nous plaçons en toi notre espoir…)

    Alors, faut il faire le ménage ? Les adeptes de la réforme entreprirent de le faire depuis 1818, date de la première publication du nouvel rituel de prière du temple de Hambourg..

    Mais je ne sais pas si nous devons les imiter.

    Au mois d’octobre 2014 doit paraître mon livre sur Le judaïsme libéral : Les grandes étapes d’une évolution religieuse (Hermann, 2014). Voir notamment le chapitre III de cet ouvrage.

  • La politique intérieure de la France

    La situation politique à l’intérieur de la France.

    De plus en plus de commentateurs n’hésitent plus à envisager des changements au plus haut niveau dans ce pays. Un article paru dans Le Figaro d’hier se demandait clairement si François Hollande ne devrait pas s’appliquer à lui-même la règle de clarification qu’il réclamait de l’ancien chef de l’Etat en 2006. En clair, de s’interroger sur sa légitimité au regard des sondages qui restent désespérément bas. Ce matin I-Télé donnait moins de 16% d’opinions favorables et tout juste 41% pour le Premier Ministre. C’est vrai, la situation est difficile mais tout de même.

    La question qui se pose est la suivante : Peut-on gouverner avec des sondages ? Qu’est ce qu’un sondage face à un mandat constitutionnel accordé à un homme politique ou à une majorité parlementaire pour une durée déterminée ? Peut-on arguer juridiquement de l’impopularité sans précédent pour lui demander de dissoudre l’Assemblée, voire de remettre en jeu son mandat ? Aux  Constitutionnalistes de répondre. Pour certains, orientés à droite, la réponse est toute trouvée. Mais il faut souligner que cela pourrait créer un précédent.

    En fait, la démarche la plus consensuelle et qui est prévue par la Constitution, c’est de revenir vers les électeurs. Et en effet, des voix s’élèvent pour douter que les Français aient la patience d’attendre trois ans avant de changer de politique et de régime.

    On se souvient qu’aux lendemains des élections européennes, Français Hollande avait habilement contourné l’obstacle et interprété les résultats comme un désaveu de la politique d’austérité dictée par Bruxelles et Madame Merkel. Il avait alors dit que les institutions étaient fortes, ce que d’autres avaient interprété dans le sens suivant : elles me protègent, quoiqu’il arrive, quels que soient les résultats des élections…

    Qui départagera les protagonistes ? Le peuple ?

    Je me souviens quand j’étais étudiant, il y avait eu un discours de Georges Pompidou déplorant l’instabilité politique du pays et la versatilité de ses électeurs. Il rappelait aussi que la France était le pays qui avait usé le plus de constitutions. Celle de 1958 était censée porter remède à ces maux congénitaux de la France.

    Mais peut on encore, en 2014, soit plus d’un demi siècle après, gouverner la France de cette manière ?

  • L'humiliation méritée du Brésil au mondial

    L’humiliation méritée du Brésil au mondial

    Certains trouveront peut-être ce titre et l’ensemble de ce papier d’une excessive sévérité. C’est possible mais le but poursuivi n’est pas d’accabler toute une nation mais de la sortir de l’ornière où elle s’est elle-même enfoncée depuis plus d’un demi-siècle. Songez que pour galvaniser les foules et surtout leur sélection, des Brésiliens, et non des moindres, ont dit qu’ils avaient le choix entre la victoire et la mort… Mais quelle imprudence ! Et j’espère qu’aucun esprit faible ou malade ne mettra cette menace à exécution… Comment oser dire de telles choses ? Il faut vraiment avoir une vie vide, peuplée de fantômes et d’illusions, pour s’exprimer ainsi.

    Mais revenons au fond du débat. Le Brésil est une grande nation de 200 millions d’habitants, un géant d’Amérique latine. Une des meilleures nations émergentes. Cette nation n’a réalisé son unité, elle ne s’est soudée que par le football. Jusque là rien à redire. Mais lorsqu’une certaine classe politique de droite comme de gauche, a exploité cette veine inépuisable pour faire ses petites affaires et transformer le football en un nouvel opium du peuple (Luc Ferry dans Le Figaro). Revoyez les émeutes au Brésil où les pauvres gens contestaient des dépenses pharaoniques alors que les secteurs de la sécurité, de la santé et de l’éducation sont cruellement délaissés. Mais pourquoi donc cette immense gabegie alors que les économiquement faibles manquent de tout ?

    Que vont devenir tous ces stades, toutes ces installations flambant neuves, surtout qu’elles rappelleront aux Brésiliens leur humiliante défaite face aux Allemands, si supérieurs en qualité et méthode ? Car le score est irréel, quand je l’ai découvert ce matin sur l’écran de mon téléphone portable, je n’en crus pas mes yeux. 

    Quelles leçons tirer de cette défaite ? Voir la vie avec réalisme, chasser les illusions, même vitales,  et affronter les situations sans chercher refuge dans des paradis artificiels. Le Brésil est encore un pays en voie de développement et ce ne sont pas des footballeurs (même de très grand talent) qui y réaliseront un miracle économique. Je me suis toujours demandé comment certains intérêts bien précis avaient pu exploiter avec tant de détermination cet engouement pour le football… Par exemple, qu’est ce qui change dans la vie d’un Brésilien moyen lorsque des joueurs, grassement payés, gagnent une coupe mondiale de football ? Oui, qu’est ce qui change dans sa vie ? Gagne t il plus, assure t il un meilleur avenir à ses enfants, son couple s’en porte t il mieux ? Franchement, j’en doute, j’en doute très fortement. Je crois plutôt que tous ces gens sont victimes d’un conditionnement médiatique : songez à ce que représentent les droits de retransmissions télévisuels, les publicités et les réclames ! Les rues de Genèse et de Paris sont vides en prévision des matchs…

    Tout le monde sait ce que je pense de l’Allemagne et de la culture germanique. J’ai passé ma vie à l’étudier, à la mettre en valeur et à l’encenser, sans jamais confondre nazisme et germanité. C’est un symbole qu’une telle nation ait vaincu une nation comme le Brésil. Quelle détermination, quelle efficacité, quelle discipline. C’est aussi un peu la même chose qui se déroule en Europe, face à la crise économique et à celle de l’Euro… L’Allemagne se distingue aussi bien dans le sport que dans l’économie et la finance… Et à elle au moins on ne fait pas passer des vessies pour des lanternes. Evidemment, on va m’opposer le bonheur, la musique, la joie de vivre…