Dissection des bullteins d’informations quotidiennes
Une telle opération ne laisse pas d’être intéressante, on se rend alors compte du bien-fondé de la remarque de Lénine (qui est loin d’être mon maître à penser) : l’information est un combat. Comprenez par là que l’on sait influencer les gens, choisir leurs modes de pensée et de réaction, peser sur leur vote et leur imprimer une orientation que l’on veut.
On peut se livrer à une véritable psychopathologie de la vie quotidienne, ce qui nous conduit à nous interroger sérieusement sur la diffusion des nouvelles car, pour pasticher une formule célèbre, l’information est une chose trop importante pour la laisser aux seuls journalistes…
Voyons ce qui se passe ce matin, pas grand’ chose mais les journaux télévisés s’arrangent pour donner du relief à ce qui n’en a pas. Voici de quoi on parle :
a) la mort d’Arafat, mort naturelle ou empoisonnement ? Audition de sa veuve qui exprime son scepticisme.
b) L’opération de la prostate de François Hollande avant sa candidature à la présidence. Intervention chirurgicale qui s’est très bien passée, sans suites graves ni même suivi médical.
c) L’infanticide de Berck sur mer qui a horrifié les Français et qui nous pousse à nous interroger sur la compatibilité de certaines pratiques barbares avec nos valeurs.
d) Le décrochage de la France depuis la publication d’un certain rapport sur l’état réel de nos établissements d’enseignement.
e) La pénalisation des clients des prostitués et certains révélations de la part de ces dames qui apprécient leurs usagers clients qui sont, selon elles, tous mariés ou vivant en couple..
f) Les braquages qui se multiplient et qui visent des bar tabac, des superettes, des bijouteries et…, commis par des jeunes gens.
g) Le matraquage fiscal, le chômage et l’inertie du gouvernement
Voici de quoi on nous parle depuis ce matin. Imaginez l’humeur de millions d’hommes et de femmes qui partent vaquer à leurs occupations, avec de telles idées dans la tête.
On a l’impression que nous vivons le règne du fait divers et que l’information est retravaillée, formatée au lieu d’être livrée à l’état brut. Certes, nous avons aussi droit à une presse d’opinion, c’est-à-dire à des commentaires et à des analyses. Mais de grâce, pas sous cette forme. Les gens se préparent à vivre quelques instants privilégiés lors des fêtes de Noël et du jour de l’an, en famille, avec des amis, sur place ou à l’étranger… Mais comment faire quand on apprend chaque jour que des centaines de gens perdent leur emploi chaque jour ?
Hier soir, il s’agissait de véolia qui se séparait de 750 personnes en France même… Et cette information a à peine retenu l’attention des journaux.