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Vu de la place Victor-Hugo - Page 655

  • Angela Merkel à Dachau

    Angela Merkel à Dachau

    J'aime bien la chancelière allemande que je nomme souvent avec gentillesse la fille du pasteur. Et là, les conseils avisés de son père lui ont fait défaut. Il lui aurait sûrement décosneillé de desservir dans la même journée, que dis je, dans la même plage horaire et le sinistre camp de déconcentration et d'exermination de Dcahua et un Bierzelt, une tente à bière où les Allemands, grands et petits, ingurgitent des futs de bière, à toute heure.

    Les hommes et les femmes politiques et Madame Merkel en est une, ne font pas dans le détail lorsqu'il s'agit de se promouvoir et de tenter de se faire élire ou réélire. C'est dommage mais c'est ainsi.

    Même de ce coté ci du Rhin on a parfois déploré que des hommes politiques se fassent photographier aux côtés d'une veuve d'homme politique dont ils reveaient de prendre la place.

    La nature est ainsi faite. Et la politique est ce qu'elle est et a toujours été.

  • Jean Kahn, président d'honneur du Consistoire central israélite de France, in memoriam.

    Le président Jean KAHN est mort dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 84 ans. Son œuvre immense dans d'innombrables domaines lui survivra. Il fut jusqu'au dernier jours de sa vie le véritable paytriarche du judaïsme français, l'un de ses plus grands leaders laïques.

    Sauf erreur de ma part, il a été le seul à avoir successivement présidé aux destinées du CRIJF et du Consistoire, c'est-à-dire de deux institutions, l'une de nature politique et la soleconde d'inspiration religieuse.

    Je poublierai (D- voulant) en ce même lieu un hommage plus persponnel dès la fin du mois d'août, à la mémoire de ce grand homme, un inlassable militant et défenseur des droits de l'homme.

    MRH

    Jean KAHN, L’obstination du témoignage. Plon, 2003, 18 E 50.  250 pages.

     

             Une fois la lecture de ce beau livre de mémoires et de témoignage achevée, on ne peut s’empêcher de bénir la providence qui a permis à des hommes tels que Jean Kahn de mettre leur talent au service de la communauté juive qu’il a toujours servi. Il ne s’agit pas ici d’une prose dont certains hommes, nostalgiques d’un passé glorieux, se croient autorisés à régaler un public prévenu. En s’attachant à une telle lecture, j’ai découvert beaucoup de choses concernant un homme, un grand dirigeant que je croyais déjà bien connaître et dont l’action va bien au-delà des quatre coudées de la communauté qui l’a vu naître…  Mais il y a aussi et surtout dans cet ouvrage des passages poignants sur la Shoah qui revient comme un leitmotiv, mais sans mièvrerie. Qu’on en juge : Ces enfants que l’on chassait, nus, tremblants, effrayés, vers les chambres à gaz, ce sont nos enfants. Nous, survivants, qu’avons-nous à répéter aujourd’hui sinon que la Shoah est une tragédie juive, exclusivement juive, et qu’Auschwitz est exclusivement un lieu de mort. (p 36)

    Jean Kahn n’hésite pas à énoncer clairement ses choix et à affirmer ses convictions : Je n’ai absolument aucune envie de me réveiller demain citoyen allemand. (p 38)

    Au plan de la biographie intérieure et des années de formation, on apprend des détails sur la famille de ce fils unique, obligé de se replier avec d’autres fugitifs vers des régions plus accueillantes durant l’Occupation. Il y a aussi l’évocation émue du rabbin Abraham Deutsch et du professeur André Neher qui lui font partager les idéaux d’un judaïsme authentique et éclairé, sans omettre de lui insuffler l’amour d’Israël où le célèbre universitaire strasbourgeois ira finir ses jours. Jean Kahn rappelle aussi l’engagement total d’André Neher en faveur de l’accueil et de l’insertion des rapatriés d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. Néher, auteur d’une thèse remarquable sur le prophète Jérémie et introducteur de la pensée du Maharal de Prague en France, ne se voulait pas uniquement un grand penseur mais entendait aussi agir hic et nunc pour le bien-être de juifs si différents de ceux nés dans son Alsace natale. En ce sens, il a ouvert la voie à l’auteur qui a toujours su discerner l’essence profonde derrière le transitoire et l’apparent.

    Cet amour d’Israël, ce dévouement à la cause sioniste seront mis en œuvre à Strasbourg même, la ville natale de Jean Kahn où le Conseil européen et le Parlement européen ont leur siège. A ce sujet, l’auteur nous livre quelques réflexions désabusées sur le personnel diplomatique israélien dont il stigmatise à juste titre l’impéritie ; à l’exception notable de Shimon Pérés. Dont il loue les capacités d’analyse et le savoir-faire diplomatique.

    Mais c’est le choc de la guerre de 1967 qui stimula fortement en l’auteur cette idée de communauté de destin entre les juifs de la Diaspora et Israël. Certes, les convictions sionistes de Jean Kahn étaient bien ancrées, sans être toutefois partagées par le plus grand nombre. Il y  eut ce témoignage émouvant de Raymond Aron qui, dans un rare élan de solidarité avec son peuple, reconnaît qu’il est impossible d’atteindre la stricte objectivité lorsqu’il s’agit d’Israël…

    C’est un noble représentant de la grande lignée –hélas éteinte, depuis- de dirigeants communautaire, en l’occurrence Alain de Rothschild  qui sut donner à cette vocation juive d’un brillant avocat strasbourgeois les prolongements qu’elle méritait. Réduisant volontairement ses activités professionnelles  pour mieux s’occuper de la communauté (d’abord de Strasbourg puis du Consistoire du Bas-Rhin) Jean Kahn suivra une voie toute tracée mais non dépourvue d’épreuves : Vice-Président du CRIJF, puis Président de cet organisme et enfin Président du Consistoire Central de France. A ces différents titres, l’auteur eut à s’occuper de tant de problèmes et notamment de l’affaire du Carmel d’Auschwitz. Certains témoignages personnels –et donc incontestables- recueillis par Jean Kahn auprès de quelques ecclésiastiques chrétiens réputés proches d’Israël et du judaïsme nous laissent pantois…  Evoquant les souffrances indicibles du peuple juif durant la seconde guerre mondiale, Jean Kahn se voit répondre que les cendres qui subsistent au fond de l’âtre ne sont autres que celles du… Christ !

    L’affaire du Carmel d’Auschwitz a manqué de réduire à néant les efforts les plus puissants du dialogue judéo-chrétien. Jean Kahn nous apprend qu’il réussit à débloquer la situation en permettant à l’Eglise polonaise, considérablement endettée, d’obtenir un prêt de 300.000$ contracté par l’Eglise de France, afin de permettre le déménagement des religieuses dont la Supérieure, réfractaire au départ, fut opportunément remplacée par une personnalité moins rigide…  Mais cette christianisation de la Shoah, cette tentative de réappropriation de la souffrance juive, comme si «le christianisme était la vérité du judaïsme» reste inquiétante : Jean Kahn a raison de souligner que l’affaire n’est guère achevée tant que la croix domine de sa taille le lieu des morts sans sépulture…

    Bien avant cette affaire et aussi, hélas, après, Jean Kahn eut à condamner et à combattre les négationnistes, ceux qui niaient tout simplement l’Holocauste. Ce combat se poursuit, mais l’auteur a montré que son engagement ne connaissait pas de frontières idéologiques ni religieuses. Lorsque la guerre des Balkans éclata avec son cortège d’horreurs, il se sentit mobilisé et rencontra maintes fois Bernard Kouchner sur place afin d’apporter de l’aide et de rapprocher des communautés que la haine et la guerre avaient séparé pour longtemps.

    Il y eut aussi les affaires de boycott, dénoncé par les autorités françaises (notamment François Mitterand) mais qui avaient la vie dure. Jean Kahn parvint à régler celle opposant l’Etat d’Israël à une célèbre marque de parfum. Mais il y eut aussi l’inlassable lutte contre l’extrémisme ici même, au sein de l’hexagone. Jean Kahn paya de sa personne puisque le leader de l’extrême droite française l’assigna devant deux ou trois juridictions (la cour de cassation y compris), mais en vain : Jean Kahn sortit victorieux de cette confrontation. Dans ce même contexte, il s’est mobilisé en faveur d’une association d’homme politiques locaux et nationaux, soucieux de refuser toute alliance avec le Front National.

    Mais une activité si débordante a fini par avoir des conséquences sur la santé de celui qui la déployait : alors qu’il revenait d’un voyage du Mexique où il s’était rendu au nom de la commission nationale consultative des droits de l’homme qu’il présidait et qu’il prit immédiatement après un autre appareil pour se rendre au Luxembourg ce 17 décembre 1997, Jean Kahn s’écroula à la tribune, victime d’un accident cérébro vasculaire. Au terme d’une convalescence et armé d’une volonté indomptable, l’auteur parvint à surmonter cette nouvelle épreuve : la naissance d’un nouveau petit-fils vint panser sa blessure et lui assurer que l’existence avait encore maintes joies à lui offrir.

    Voici une vie passionnante, bien remplie et exaltante. La preuve aussi que l’on peut œuvrer inlassablement en faveur de sa communauté religieuse, sans jamais tomber sous la coupe d’un communautarisme désuet. L’auteur incarne un judaïsme digne, conscient de lui-même et largement engagé dans le siècle. Maintes valeurs juives gisent au fondement même de la culture universelle. N’oublions jamais qu’Israël qui a offert le monothéisme à la conscience humaine lui a aussi fait don de la Bible et du Décalogue, lequel ne contient qu’une référence intrinsèquement juive, le respect du repos et de la solennité du chabbat. Un fait qui mérite d’être médité

     Mais le combat exaltant et prenant, continue…

  • Y a t il une vie entre 2007 et 2025?

    Entre ceux qui ont les yeux fixés sur 2025 et ceux qui scrutent les années Sarkozy, mais qui donc se préoccupe de la France d’aujourd’hui ?

    Alors que nous n’avons pas encore émergé de la torpeur de l’été, les préoccupations des hommes politiques français, de droite comme de gauche, nous entraînent dans un monde onirique car tous se retirent de la réalité : le gouvernement qui a la charge de conduire les affaires ne tarit pas d’éloges et de promesses sur ce que sera ce beau pays qu’est la France en 2025, grâce à la révolution numérique, et l’opposition d’aujourd’hui, qui n’a toujours pas digéré sa défaite de 2012, a les yeux tournés vers les années Sarkozy afin, dit elle, d’en faire l’inventaire… Belles perspectives. Mais qui donc  veut bien se préoccuper de la situation hic et nunc ?

    Ou alors la situation est si grave, si peu récupérable que l’on préfère faire le gros dos en attendant que les choses se passent et se tassent puisqu’on ne dispose apparemment d’aucun levier, de nature à peser sur la situation actuelle. Il faut faire des efforts pour rester objectifs.

    D’un côté, vous avez un président de la République qui, tout en se démenant, est le seul à croire en une inversion de tendance, mais vraiment le seul dans ce pays, et de l’autre, une opposition à court d’idées et de projets et qui veut revenir sur le passé au lieu de faire preuve d’inventivité. Un chroniqueur a fait ce matin un jeu de mots entre inventaire et inventivité. Il a bien raison.

    En fait, le pays a besoin d’un électrochoc qui le redresse et lui explique qu’un effort violent doit être fourni, au moins durant toute une législature avec une réduction des dépenses, une distribution des minima sociaux à ceux qui en ont vraiment besoin et respectent les lois françaises, et surtout plus d’augmentations d’impôts. Cela serait fatal et au gouvernement actuel et à l’économie.

    Il est de tradition depuis quelque temps de citer l’Allemagne en exemple. Et d’expliquer que si l’outre-Rhin va bien mieux qu’ici, c’est parce que l’ancien chancelier Gerhard Schröder a pris de courageuses mesures de redressement. Cela lui a coûté les élections et la perte du pouvoir. Mais il l’a fait, plaçant le bien être général avant ses visées partisanes. Aujourd’hui, l’Allemagne se porte bien. Ne faudrait-il pas en faire autant, coûte que coûte ( es koste, was es wolle).